Qualifier de surprenant le premier quart de saison du Canadien serait, comment dire... un euphémisme.

 

Malgré l’absence de Shea Weber, malgré un corps défensif ô combien perméable, malgré les fluctuations du niveau de confiance de Carey Price et les conséquences négatives de ces fluctuations sur ses performances, le Canadien a signé 11 victoires à ses 20 premiers matchs.

 

En prime, il n’a pas encore encaissé deux revers de suite en temps réglementaire et n’a perdu deux fois de suite qu’à une reprise alors que je m’attendais à pire. À bien pire je dois l’admettre.

 

Les 25 points récoltés après 20 matchs dépassent donc, et de beaucoup, mes projections du début de saison. Surtout que ces 25 points laissent poindre, si la tendance se maintient, une récolte de 100 points pour la saison. Une récolte qui devrait être suffisante pour assurer une place en séries au terme d’une saison qui devait en être une de transition.

 

Est-ce que le Canadien peut maintenir la tendance des 20 premiers matchs?

 

Ma première réaction est d’écrire non.

 

« Un gros but en avantage numérique au bon moment »

Sauf qu’avec le retour imminent de Shea Weber qui donnera du mordant à une attaque massive édentée depuis le début de la saison – le but gagnant de Jonathan Drouin a sauvé la mise en fin de match samedi à Vancouver, mais quand même : c’était seulement le 3e du Tricolore à ses 40 dernières attaques massives et le Canadien n’a marqué que 10 fois en 74 occasions cette saison (13,5 %) – tout en solidifiant la défense, avec Carey Price qui semble avoir retrouvé confiance ce qui calmera l’épidémie de très contagieuse fièvre bleu-blanc-rouge qui déferlait sur la province depuis deux, trois semaines, le Canadien pourrait continuer à surprendre.

 

Surtout que Max Domi, l’une des belles surprises du début de saison du Canadien, sinon la plus belle, récolte des points au même rythme que le Canadien.

 

Avec une passe sur le but égalisateur en milieu de troisième période, Domi a gonflé à 24 points, dont 10 buts – c’est déjà un de plus qu’à chacune de ses deux dernières saisons en Arizona – sa récolte du premier quart de saison. Domi surfe sur une séquence de neuf matchs consécutifs avec au moins un point. Séquence au cours de laquelle il a marqué cinq fois et récolté 13 points.

 

Ce n’est pas rien. C’est énorme en fait pour un gars qui a raté les matchs préparatoires et qui apprivoise son rôle de premier centre avec le Canadien.

 

Il ne faudrait pas non plus oublier les performances de Tomas Tatar qui a marqué son 9e but de la saison samedi et affiche 17 points en 20 matchs.

 

Sans oublier que Brendan Gallagher donne le ton tous les soirs, ou presque, que Jonathan Drouin récolte lui aussi sa part de points malgré des performances moins régulières que les autres leaders du Tricolore, que Jesperi Kotkaniemi continue de forcer l’état-major à l’assurer d’une place au sein du grand club et que les joueurs de soutien permettent au Canadien de marquer beaucoup plus de buts qu’on l’anticipait en début de saison.

 

Surtout à cinq contre cinq.

 

Imaginez si l’attaque à cinq était simplement bonne...

 

Belle revanche pour Bergevin

 

En plus de trôner au sommet des marqueurs du Canadien, Max Domi et Tomas Tatar marquent des buts importants.

 

Cinq fois depuis le début de la saison – un sommet d’équipe – Domi a marqué le premier but du Canadien. Quatre fois, ce premier but du Canadien était aussi le premier de la rencontre. Tatar suit tout juste derrière avec quatre premiers buts du Tricolore dont trois premiers buts de la partie.

 

Brendan Gallagher et Jonathan Drouin suivent avec trois alors qu’Artturi Lehkonen, Jeff Petry, Jesperi Kotkaniemi et Charles Hudon ont marqué les autres «premiers buts» du Tricolore.

 

Ces buts importants et les points associés aux fiches de Domi et Tatar permettent au directeur général Marc Bergevin de savourer une douce revanche après le premier quart de saison.

 

Critiqué de toutes parts pour de ce que plusieurs qualifiaient de mauvaises décisions répétées au fil des deux dernières années, de mauvaises évaluations de joueurs, de mauvaises embauches aussi, Bergevin est en voie de se racheter avec les acquisitions de Domi et Tatar.

 

Bon! Il est toujours dangereux d’arrêter des conclusions trop hâtives en matière d’analyses de transactions. Mais pour le moment, Domi et Tatar affichent des productions nettement supérieures à celles de Galchenyuk dans le désert de l’Arizona et de Pacioretty dans le désert du Nevada.

 

Cela dit, même si Galchenyuk et Pacioretty se mettaient à marquer et à mousser leur production offensive, les acquisitions de Domi et de Tatar devraient toujours être considérées comme de très bons coups du DG du Canadien.

 

Car au-delà les simples statistiques, Domi et Tatar amènent une dimension bien différente de celles qui caractérisaient les joueurs qu’ils sont venus remplacer.

 

Domi se fiche éperdument de ses statistiques personnelles. À New York où il venait de marquer dans un troisième match de suite pour maintenir la cadence de sa séquence actuelle de matchs consécutifs avec au moins un point, Max Domi refusait de commenter ses performances personnelles.

 

«Le hockey est un sport d’équipe. On vient de signer une belle victoire, on vient de démontrer du caractère avec une remontée gagnante en troisième période, c’est tout ce qui compte à mes yeux. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous voudrez sur mes performances, mais je n’aime pas parler de moi. Je refuse de parler de moi. Je vais toujours parler de l’équipe», avait plusieurs fois répété Domi en esquivant les questions répétées sur ses performances personnelles.

 

Quand je lui avais souligné qu’en dépit sa grande humilité j’allais quand même souligner l’importance de ses performances individuelles sur le rendement collectif de l’équipe, Domi m’avait regardé droit dans les yeux avant de trancher : « Tu peux bien écrire ce que tu veux. Je n’ai pas de contrôle là-dessus, mais ça ne changera rien à ma philosophie qui est : l’équipe d’abord et avant tout. »

 

Le lendemain soir, après une défaite aux mains des Rangers, défaite au cours de laquelle il venait quand même de marquer dans un quatrième match de suite, Domi refusait de trouver un quelconque réconfort avec ce but.

 

« On vient de perdre un match alors qu’on avait une avance de deux buts. Il n’y a pas de marque personnelle pour faire contrepoids à cette défaite », avait-il répliqué.

 

C’est cette attitude, tout autant que les buts et les passes, qui m’incite à conclure que les prochaines et les prochains mois continueront à donner amplement raison à Marc Bergevin d’avoir sacrifié le talent d’Alex Galchenyuk au profit du caractère de Domi.

 

Idem dans le cas de Tatar. Peut-être que Max Pacioretty, une fois que Paul Statsny sera de retour au centre de son trio, aidera l’ancien capitaine du Canadien à se faire justice sur le plan des statistiques dans les comparaisons avec Tomas Tatar.

 

Mais Tatar est et sera toujours un joueur avec lequel il sera plus facile à composer – autant pour ses coéquipiers que pour les entraîneurs – que c’était le cas avec Pacioretty.

 

Sans oublier que Nick Suzuki viendra renflouer le Canadien l’an prochain et que le choix de deuxième ronde acquis en prime pourrait devenir un vrai joueur de hockey de la LNH…

 

Deux en deux pour Price

 

Carey Price contraint ses détracteurs au silence avec une deuxième victoire de suite, et surtout une deuxième performance solide consécutive.

 

Bon! Price a été beaucoup mieux protégé samedi à Vancouver qu’il ne l’avait été jeudi à Calgary. Et à vrai dire, après deux périodes, on ne pouvait pas lancer qu’il était un facteur dominant chez le Tricolore. Il n’avait rien à se reprocher sur le seul but accordé jusque-là aux Canucks, mais deux ou trois de ses 18 arrêts pouvaient être qualifiés de difficiles.

 

L'avantage numérique du Canadien débloque

En troisième par exemple, Price s’est solidement imposé. Et son meilleur arrêt, c’est après le deuxième but des Canucks qu’il l’a réalisé. La sensationnelle recrue Elias Pettersson venait d’inscrire son 11e de la saison à son 16e match avec un foudroyant tir sur réception.

 

Price a réagi avec un gros arrêt quelques instants plus tard sur une poussée de Markus Granlund. Cet arrêt et les six ou sept autres sur les 17 réalisés au dernier tiers ont gardé le Canadien dans le coup et surtout préservé l’avance après qu’Andrew Shaw et Jonathan Drouin eurent marqué coup sur coup.

 

Price a encore du chemin à faire pour effacer ses baisses de régime du début de la saison et ses performances en deçà des attentes de l’an dernier.

 

Mais au cours des deux derniers matchs il a limité les Flames et les Canucks à deux buts et il a stoppé 78 des 82 tirs qu’il a affrontés. Ce qui lui donne une efficacité de 95,1 %. Comme quoi il lui arrive encore de connaître de bons matchs de temps en temps...

 

Price encaissera d’autres défaites cette saison. Il connaîtra des soirées plus difficiles et oui il lui arrivera encore d’accorder de mauvais buts. Mais les deux dernières rencontres démontrent qu’il est encore, et sera encore longtemps, un rouage important des succès de cette équipe.

 

N’en déplaise à ses détracteurs…

 

En bref

 

  • Jeff Petry a disputé un de ses meilleurs matchs de la saison samedi à Vancouver. Utilisé à profusion – 27 :49, soit près de 4 minutes de plus que Jordie Benn qui vient au 2e rang – Petry a démontré ses habiletés offensives en servant une longue passe parfaite à Tomas Tatar pour lui offrir une échappée au terme de laquelle il a marqué le premier but du match. Petry affiche maintenant un but et 14 passes en 15 rencontres. C’est beaucoup. Son différentiel de moins-5 trahit le fait qu’il joue trop en raison de l’absence de Shea Weber. Une anomalie qui sera bientôt corrigée. Si Petry fait damner bien des partisans avec ses tirs de la pointe qui rate bien trop souvent la cible, il s’est bien débrouillé samedi cadrant quatre des sept rondelles qu’il a dirigées sur la cage des Canucks...

 

  • Bien que les Canucks et le Canadien étaient à égalité 1-1 après 40 minutes, la victoire arrachée à Vancouver a coiffé une autre remontée gagnante en troisième période. Le Canadien affiche maintenant un dossier de 3-1-3 lorsqu’il amorce la dernière période sur un score égal et un dossier de 3-4-0 lorsqu’il tire de l’arrière après deux périodes...

 

  • Bo Horvat et Phillip Danault ont disputé 34 des 69 mises en jeu déposées samedi soir. Horvat a gagné 23 d’entre elles pour une efficacité remarquable de 68 % alors que Danault s’est «contenté» de 14 victoires pour une efficacité de 44 %. Danault a toutefois remporté autant de mises en jeu (15) que tous ses coéquipiers envoyés aux cercles des mises en jeu alors que les sept Canucks qui ont appuyé Horvat ont conjointement gagné 16 duels...
« On a montré du caractère »