QUÉBEC - Parce que les joueurs de la LNH ne sont pas payés durant le camp d’entraînement, Max Domi ne perdra pas un sou en marge de la suspension imposée par la LNH pour son coup de poing sournois asséné au visage d’Aaron Ekblad, mercredi soir, au Centre Bell.

 

Sur le plan hockey, la suspension qui empêchera Domi de disputer les quatre derniers matchs préparatoires est toutefois très coûteuse. Car maintenant qu’il est confiné à la galerie de presse pour les deux parties contre les Maple Leafs de Toronto et les deux autres face aux Sénateurs d’Ottawa, Domi ne pourra développer quelque chimie que ce soit avec Jonathan Drouin ou les autres ailiers des deux premiers trios entre lesquels il est susceptible d’amorcer la saison.

 

Pis encore, Domi ne pourra profiter de ces quatre matchs pour convaincre ses coéquipiers, son entraîneur-chef, les membres de l’état-major, les partisans et peut-être un peu lui-même qu’il est bel et bien en mesure d’assumer le rôle de premier centre du Tricolore. Un rôle qu’il est loin d’avoir rempli avec brio lors des deux premières périodes disputées mardi contre la Floride avant qu’il ne soit chassé du match pour son coup de poing au visage du défenseur vedette des Panthers.

 

Parce qu’il n’a pas accompagné l’équipe à Québec pour le match opposant le Canadien aux Capitals de Washington, Max Domi n’a pas répondu aux questions des journalistes.

 

Il le fera en temps opportun a assuré l’entraîneur-chef Claude Julien qui a aussi ajouté que son jeune attaquant réalisait la gravité de son geste et qu’il regrettait l’avoir posé.

 

S’il s’est porté à la défense de Domi après la rencontre de mardi, l’entraîneur-chef du Canadien s’est bien gardé de contester la sanction de la LNH. Une réaction qui démontre qu’après révision de l’incident, Claude Julien convenait maintenant que le geste était illégal et méritait une suspension.

 

Pourquoi Julien et tous les entraîneurs de la LNH ne condamnent pas à l’unisson ce genre de coup alors qu’ils claironnent toujours que ces gestes n’ont pas leur place dans le hockey d’aujourd’hui lorsque c’est l’un des leurs qui est victime et non agresseur?

 

«Comme entraîneur, tu défends toujours tes joueurs. Mais quand je vous dis que dans la situation actuelle on se doit de respecter la décision de la Ligue et que j’ajoute que Max regrette le geste qu’il a porté, je crois que vous pouvez facilement lire entre les lignes et comprendre ma position. Cela dit, il ne faut pas oublier que dans le feu de l’action tu poses des gestes que tu regrettes ensuite. Dans le cas de Max, le regret est là», a plaidé Claude Julien.

 

Les regrets c’est bien beau. Mais ça ne change rien au problème important auquel Claude Julien doit maintenant faire face : comment s’assurer que Max Domi peut vraiment assumer le rôle de premier centre du Canadien?

 

Avec Jonathan Drouin libéré du carcan du joueur de centre et en mesure de profiter de sa vitesse sur l’aile pour foncer davantage au filet, celui qui hérite du rôle de fer de lance de l’attaque devrait être en mesure de faire contrepoids aux buts perdus avec les départs de Max Pacioretty à Vegas et Alex Galchenyuk en Arizona.

 

Mais pour foncer au filet et marquer des buts, Drouin doit recevoir des passes alors qu’il file à vive allure sur la glace. Il doit développer une complicité avec un centre qui saura comprendre quand et où acheminer ces passes pour maximiser les chances de réussite. Mardi dans le match contre les Panthers, Drouin a trop rarement pu profiter de sa vitesse et de son talent brut, car la rondelle ne venait pas, ou ne venait pas assez vite.

 

Domi, reconnu pour sa fougue, son implication, la qualité de son travail, sa vitesse et aussi un talent qui lui a permis de marquer à profusion dans les rangs juniors et de connaître une très bonne première saison dans la LNH, n’a jamais rempli un rôle de premier centre dans la grande ligue.

 

Les matchs préparatoires devaient permettre d’évaluer ses chances d’y arriver avec le Canadien et d’orchestrer des ajustements dans l’éventualité qu’il ne puisse être ce premier centre tant recherché.

 

Un rôle qui pourrait bien retourner sur les épaules de Jonathan Drouin qui a rempli ce mandat difficile tant bien que mal l’an dernier.

 

La suspension écopée pour son geste irréfléchi et sournois obligera Domi et le Canadien de procéder à ces évaluations en début de saison. Avec les risques que cela entraînera.

 

« Domi mérite plus que 5 matchs de suspension »