Le changement d’attitude promis par Marc Bergevin à la fin de la saison désolante que son équipe a connue l’hiver dernier est à la base de la transaction qui chasse Alex Galchenyuk de Montréal et ouvre la porte du vestiaire du Canadien à Max Domi.

Max Domi était dans la mire du Tricolore depuis le dernier sprint menant à la date limite des transactions le 26 février dernier. Il y a alors eu des discussions entre le Canadien et les Coyotes. Ces discussions n’ont toutefois pas mené à des offres concrètes. Que ce soit d’un camp ou de l’autre.

Parce qu’il voulait changer d’air, quitter le marché difficile de l’Arizona sur le plan hockey pour un marché où son sport est plus omniprésent, Domi avait signifié son désir de quitter les Coyotes. L’information s’est rendue jusqu’à Montréal. Marc Bergevin et son homologue des Coyotes John Chayka ont repris les discussions au cours des derniers jours et la transaction a été conclue vendredi soir.

Des années en prime

La grande question maintenant : est-ce que l’arrivée de Domi qui s’amène en tant qu’ailier et non à titre de centre et le départ de Galchenyuk font du Canadien une meilleure équipe?

La réponse est : le temps le dira.

Ce qui est clair c’est que le Canadien obtient, en Domi, un joueur moins nébuleux que Galchenyuk. Un joueur plus impliqué, un joueur qui a lui aussi de très bonnes mains, qui est rapide, qui est plus physique.

Il est aussi plus jeune. En âge, les 23 ans de Domi ne sont pas une grande amélioration sur les 24 printemps de Galchenyuk. Mais en expérience, les six saisons déjà écoulées par l’ancien du Tricolore le placent à deux ans de l’autonomie complète.

Domi, qui vient de compléter son contrat d’entrée dans la LNH, a signé un pacte de transition de deux saisons avec le Canadien qui profitera des services de son nouvel ailier pour au moins quatre ans avant qu’il n’obtienne le droit à l’autonomie complète.

Dans les paramètres actuels de la LNH, cette flexibilité contractuelle a une grande valeur.

Galchenyuk : une bombe à retardement

Parlant de valeur, les fans d’Alex Galchenyuk n’ont jamais réalisé la valeur sur le marché des transactions de leur favori était bien plus faible que celle qu’ils anticipaient.

Le Canadien ne pouvait pas obtenir un centre de premier plan pour Galchenyuk. Bon! Le Tricolore aurait pu le faire jouer au centre, j’en conviens, mais sur le marché des transactions, Galchenyuk a toujours été miné par le nuage qui flotte au-dessus de sa tête depuis son arrivée dans la LNH.

Le talent de Galchenyuk est indéniable.

Mais son attitude l’est moins. Beaucoup moins.

« On est conscient que c'est un ailier »

Ses frasques hors patinoire ont fait la manchette. Et ça, ce ne sont que les événements connus. Bien que l’information n’ait jamais été confirmée par le Canadien ou par son agent Pat Brisson, Galchenyuk a dû avoir recours à de l’aide extérieure l’été dernier pour composer avec ses ennuis hors patinoire. Une décision qui, soit dit en passant, aurait mérité d’être soulignée, car il s’agissait d’un geste d’une grande responsabilité de la part du jeune homme. D’un geste témoignant d’une nouvelle maturité que tout le monde au sein de l’organisation a accueilli avec soulagement.

Mais ce n’est pas tout.

Galchenyuk, malgré ses six années d’expérience dans la LNH et ses 24 ans, répond autant – certains croient même davantage – aux directives de son père Alexander qu’à celles de ses entraîneurs. Après chaque match à domicile du Tricolore, Galchenyuk va rejoindre son père hors du vestiaire pour échanger sur ses performances. Témoins réguliers de ces rencontres, les journalistes ont pu voir le jeune joueur être semoncé à plusieurs reprises par son père qui a fait carrière au hockey et dont le seul emploi aujourd’hui est de «parrainer» son fils. Au fil des dernières saisons, des joueurs dont je tairai volontairement les noms, ont souligné que Galchenyuk consultait son téléphone cellulaire lors des entractes pour y lire les observations et directives envoyées par son père lors des périodes.

Un non-sens complet!

Autour de la LNH, Galchenyuk est associé par plusieurs hommes de hockey au qualificatif : bombe à retardement. Et c’est très vrai. La question toutefois est de savoir si cette bombe va exploser ou imploser?

Galchenyuk revendique 108 buts et 255 points en 418 parties. Des chiffres qui voilent la vérité. Car lorsque Galchenyuk est sur une bonne séquence, il donne sérieusement l’impression d’avoir une place bien à lui au sein de l’élite de la LNH. Ses détracteurs insistent sur le fait que plusieurs de ses buts et de ses points sont obtenus dans des causes qui ne veulent rien dire. Ce qui est un brin, ou deux, injuste, car Galchenyuk les marque tout de même ces buts. Il les récolte tout de même ces points.

Inversement, quand il tombe au neutre, il devient ma foi presque inutile. Et c’est une des raisons qui font que sa valeur sur le marché des transactions était loin de permettre au Canadien de réaliser un grand coup. Même si l’acquisition de Domi demeure un bon coup pour l’organisation.

Domi-Galchenyuk : production équivalente

Galchenyuk explosera-t-il maintenant en Arizona? Moussera-t-il sa récolte de points? Guidera-t-il sa nouvelle équipe vers des victoires et des séries éliminatoires qu’elle a ratées pour une sixième saison consécutive cette année? Pour une 12e fois en 14 ans?

On verra.

Quant à Domi, il a encore tout à prouver. Il doit en fait prouver que sa saison recrue, saison au cours de laquelle il a marqué 18 buts et récolté 52 points en 81 matchs, était bien plus qu’une question de chance du débutant. À sa première saison, Domi a maintenu une production que les Coyotes anticipaient lorsqu’ils l’ont sélectionné au 12e rang de la première ronde en 2013 en se basant sur ses résultats exceptionnels dans les rangs juniors.

« Il y a un contraste entre les deux joueurs »

Le jeune homme s’est calmé offensivement au cours des deux dernières saisons. Mais avec une production de 36 buts et 135 points en 222 matchs, on arrive en effectuant une règle de trois bien banale à une production équivalente à celle de Galchenyuk sur une base de 418 matchs disputés dans la LNH.

Le Canadien s’attend à plus. Avec raison. Car Domi, comme Galchenyuk, devrait être plus productif qu’il ne l’a été au cours des deux dernières années. Du moins, plus constant.

Mais il n’a que trois ans d’expérience dans la LNH. L’échantillon est donc beaucoup moins fidèle que celui offert par Galchenyuk au fil de ses six premières saisons.

C’est, je crois, le point le plus important de cette transaction : après six ans, le Canadien était convaincu de ce que Galchenyuk pouvait donner autant que de ce qu’il ne pourrait jamais offrir. Les Coyotes, eux, sont prêts à miser sur lui.

Dans le cas de Domi, le Canadien est prêt à lui ouvrir toutes grandes les portes vers le succès

D’où l’importance de donner au temps, le temps de permettre une analyse détaillée des points positifs et négatifs qui découleront de cette transaction, autant pour le Canadien que pour les Coyotes.

Plusieurs s’accrochent sur le fait que Galchenyuk a été le troisième joueur sélection de la cuvée de 2012 alors que Domi est sorti 12e seulement un an plus tard.

Personnellement, je n’accorde pas une grande importance à cet écart qui semble favoriser Galchenyuk. La cuvée 2012 – du moins en première ronde – n’avait pas la qualité de celle de 2013. Même qu’elle était loin de là.

Galchenyuk (3e) et Filip Forsberg (11e) sont certainement les deux meilleures sélections de cette première ronde alors que les Nail Yakupov et Ryan Murray sont devenus des choix gaspillés. Ou presque.

En 2013, Domi a été devancé par Nathan MacKinnon, Alexander Barkov, Jonathan Drouin, Seth Jones, Elias Lindholm, Sean Monahan, Darnell Nurse, Rasmus Ristolainen, Bo Horvat, Valeri Nichushkin et Samuel Morin. Du groupe, seul Nichushkin ne fait pas le poids devant Domi. Quant à Morin, il faudra lui donner le temps de prouver ou non qu’il méritait d’être sélectionné tout juste devant le nouveau porte-couleurs du Canadien.

Au tour de Papa Domi

Si le père de Galchenyuk a peut-être nui plus qu’il n’a aidé son fils au cours de son passage à Montréal, est-ce que le Canadien doit s’inquiéter du fait que Domi est lui aussi le fils d’un ancien joueur de la LNH. Surtout que son père Tie n’a jamais eu peur de s’imposer et de défendre ses coéquipiers au cours de sa longue carrière.

« Oui c'est un top-6! »

Selon ce que je comprends, la réponse est non.

Non seulement Tie semble être un père plus réservé qu’Alexander Galchenyuk, mais le fils serait aussi bien plus rigide dans le respect de la muraille de Chine qui doit exister entre les rôles de père et de conseiller dans le monde du hockey.

Ce qui est clair, c’est que le Canadien commence à avoir de l’expérience dans sa gestion père-fils au sein de son organisation.

En plus de duos Domi et Galchenyuk, le Canadien a dû composer avec les duos Thomas – Steve et Christian – Beaulieu – Jacques et Nate – et Tinordi – Mark et Jarred – au fil des dernières années.

ContentId(3.1280182):Alex Galchenyuk : « Le Canadien représente beaucoup pour moi » (Coyotes)
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Max Domi commente son arrivée à Montréal