« Savoir saisir l’opportunité », c’est ce qu’il faut faire lorsqu’on est appelé à faire le saut dans la LNH, un milieu qui ne pardonne pas. En fin de compte, seule la présence de résultats mesurables peut influencer le cours des choses dans un milieu où il y a peu de place pour les sentiments. Voilà la réalité de Dominique Ducharme.

 

Dans la confrérie des entraîneurs, personne ne se réjouit d’un congédiement, et encore moins lorsque le successeur vient de l’intérieur, car la plupart du temps ce dernier se sent habité par des sentiments partagés.

 

Or, comme le dit le vieil adage, quand le train passe il faut embarquer. C’est exactement ce que Ducharme, cet ancien entraîneur de la LHJMQ, a compris lorsqu’on lui a offert le poste d’entraîneur-chef du Canadien de Montréal sur une base intérimaire.

 

À tort ou à raison, pour une rare fois depuis qu’il est en poste à titre de directeur général, Marc Bergevin a démontré publiquement un signe de panique de l’intérieur en procédant à ce geste. Possiblement nourri par plusieurs indicateurs pas nécessairement tous mesurables, Bergevin a tenté de « sauver » la saison.

 

Cette odeur de vestiaire où le sentiment que tout n’était pas nécessairement au beau fixe revenait de plus en plus dans l’actualité. Bergevin a donc décidé d’agir et donné une chance à Ducharme.

 

Au-delà de ses connaissances et de ses compétences, Ducharme a possiblement profité d’un « bon timing » pour être embauché. Entraîneur de la nouvelle génération, amenant une nouvelle vocalise et habité par une approche de la « game » qui laisse place à un peu plus de liberté et de créativité aux plus talentueux, l’instructeur de 47 ans amène un vent de fraîcheur.

 

Provenant de l’intérieur, Ducharme était aussi en connaissance de cause sur ce qui clochait dans sa formation. Cela était d’autant plus important dans cette saison hors de l’ordinaire où le temps n’aura jamais été aussi précieux.

 

En évitant d’essayer de réparer ce qui n’est pas nécessairement brisé, mais en s’attardant tout simplement sur certains petits changements – sur le plan tactique et mental –, le nouvel entraîneur du CH tente de redonner confiance à ses joueurs et leur redonner un certain plaisir perdu.

 

D’ici la fin de la présente saison, Ducharme se devra de réussir cette audition qu’on lui offre et saisir cette occasion de démontrer qu’il peut être l’homme de la situation, et ce, pas seulement sur le court terme, mais aussi sur le moyen et le long terme.

 

Ducharme est un homme de hockey qui dégage une grande confiance en ses moyens. Je suis convaincu qu’il a tout ce qu’il faut pour redresser une formation se nourrissant de grandes ambitions. Sa passion, sa détermination et son désir d’aller au bout de ses convictions lui permettront d’avoir du succès dans ce circuit féroce qu’est la LNH.

 

Des perdants dans cette nomination

 

Joël BouchardMême si publiquement ils sont tous fort possiblement heureux de se retrouver là ou ils se retrouvent actuellement, soit au niveau professionnel mineur (Ligue américaine), au niveau junior, ou dans les médias à titre d’analyste/collaborateur, plusieurs autres candidats auraient bien aimé avoir la chance de Ducharme.

 

On pense ici à Joël Bouchard, Benoit Groulx, André Tourigny, Guy Boucher ou même Gerard Gallant, tous des entraîneurs de carrière qui auraient également représenté d’excellents candidats. Est-ce que dans un contexte normal, sans pandémie, un de ces candidats aurait devancé Ducharme? On ne le saura probablement jamais...

 

Chose certaine, tout le monde est heureux pour Ducharme et on souhaite que ce soit partie remise pour les candidats mentionnés ci-dessus qui caressent l’ambition d’un jour diriger ou diriger à nouveau dans la cour des grands.

 

Stéphane Waite : professionnel sur toute la ligne

 

Sans grande surprise, l’ancien entraîneur des gardiens de but chez le Canadien de Montréal aura fait preuve de grande classe lors de sa tournée médiatique des derniers jours.

 

Stéphane WaiteCertains auraient aimé voir Stéphane Waite cracher un certain venin sur Marc Bergevin, mais cela aurait été mal connaître le principal concerné.

 

Respectant les règles d’usage, Waite aura tout de même démontré une assez grande transparence sur le déroulement des derniers jours qui ont mené à son licenciement.

 

Que l’ont soit en accord ou non avec la décision du DG du Canadien, et avec sa façon de procéder, la teneur des propos de Waite laisse peu de place pour des interprétations que certains auraient pu faire.

 

Malheureux qu’il en soit ainsi, l’instructeur sherbrookois aura su faire preuve d’une certaine droiture lors des derniers jours, ce qui l’honore grandement considérant les circonstances entourant son départ. Et ça, ça ne passe jamais inaperçu.

 

Les Sénateurs à la recherche de solutions sur la route

 

Malgré leur victoire de 4-3 en fusillade dimanche soir à Calgary – une belle victoire même s’ils ont échappé des avances de 2-0 et 3-1 – les Sénateurs d’Ottawa présentent une fiche de 33-84-13 sur les patinoires adverses depuis la saison 2017-2018. Disons que ce n’est pas très reluisant.

 

Colin WhiteCe rendement nettement insuffisant et inacceptable ne les aide pas à retrouver un certain niveau de respectabilité, et ce, même si on doit reconnaître que les dernières années ont servi la plupart du temps à faire des ventes de feu, question de rebâtir sur de nouvelles bases.

 

Pour la saison en cours, on sait que les Sénateurs n’ont pas de grandes ambitions au niveau des résultats et des points au classement, et ce, même s’ils connaissent de bons moments dernièrement.

 

Les Sens sont davantage concentrés sur le processus de progression des jeunes. Par contre, le contexte actuel nous rappelle que la LNH n’est pas nécessairement un laboratoire. Une réalité qui force les jeunes joueurs plus talentueux à faire certaines concessions pour avoir du succès.

 

Sans nécessairement s’éloigner de leur identité première, soit celle de grandes habiletés offensives, Josh Norris, Tim Stützle et Erik Brannstrom, pour ne nommer que ceux-ci, devront rapidement faire la démonstration de cette prise de conscience dans la gestion de la partie 101. Ils devront apprendre à gérer les bons et les moins bons moments dans les situations critiques de la partie.

 

Au cours des derniers matchs, on a pu voir que D.J. Smith et son personnel avaient clairement défini la ligne entre l’acceptable et l’inacceptable dans le développement à long terme de plusieurs de ces jeunes talentueux, et ce, pour le bien organisationnel.

 

Le fait de placer certains jeunes dans des conditions à succès lors de leur arrivée dans la cour des grands, sans se casser les dents, est une chose. Or, le fait de placer ces mêmes joueurs dans des situations de grande adversité peut aussi contribuer au cheminement de ceux-ci. Je trouve que D.J. Smith a trouvé un bon équilibre entre ces deux facettes dernièrement.

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