SOMMAIRE

 

MONTRÉAL - La plus grande injustice encaissée par le Canadien, jeudi soir, à Philadelphie, n’a rien à voir avec la pénalité pour avoir retardé le match dont il a écopé en milieu de troisième période.

 

Rien à voir avec les cinq autres infractions décernées par les arbitres ou le tir de pénalité accordé en fin de match aux Flyers; rien à voir non plus avec le fait que le Tricolore qui s’est défendu six fois à court d’un homme – et même à court de deux joueurs pendant 12 secondes – n’a pas obtenu la moindre attaque massive.

 

La plus grande injustice encaissée par le Canadien est reliée au fait qu’après avoir réalisé 39 arrêts dont six, huit, voire dix arrêts sensationnels, Carey Price a très mal paru sur le 43e tir des Flyers. Un tir qu’il n’a pas été en mesure de contrôler laissant la rondelle glisser sous son bras gauche avant de la voir franchir tout doucement la ligne rouge pour donner une victoire de 3-2 aux Flyers en prolongation.

 

Comprenez-moi bien : le Canadien ne méritait pas le moindrement de gagner, jeudi, après la performance lamentable offerte face aux Flyers.

 

Il ne méritait pas vraiment non plus le point prime obtenu en prolongation.

 

Mais parce que le Canadien et ses partisans n’auraient jamais même pu rêver à ce point, n’eût été des arrêts multipliés par Price dans le cadre de sa meilleure performance jusqu’ici cette saison, le vétéran gardien ne méritait pas d’être pris en défaut comme il l’a été sur le but gagnant.

 

Pas surprenant que Price était livide dans le vestiaire alors qu’il répondait aux questions des journalistes. Des questions qui devaient bien sûr être reliées au but décisif. Un but qui a porté ombrage à une performance très solide. Sa meilleure de la saison. Une performance qui justifie des éloges tant Price a été 

Carey Price peu bavard après le match

abandonné par des coéquipiers qui avaient encore la tête et les jambes au Centre Bell où ils ont battu les Bruins de Boston mardi alors qu’ils auraient dû les avoir au Wells Fargo Center.

 

Car si le duel face aux Flyers attisait moins les passions que celui associé à la première visite des méchants Bruins, il était tout aussi important.

 

Peut-être même plus.

 

Ce n’est pas contre les Bruins de Boston que le Canadien livrera le sprint final menant aux deux dernières places donnant accès aux séries. Peut-être même la dernière.

 

C’est contre les Flyers. Les Flyers et quelques autres clubs. D’où l’importance des deux points qui étaient à l’enjeu jeudi. L’importance de tous les points qui seront à l’enjeu lorsque les deux équipes se croiseront plus tard cette saison.

 

C’est ce qui rend aussi incompréhensible le fait que le Canadien ne se soit pas présenté à Philadelphie jeudi. Qu’après un début de match honnête, il soit tombé sur les talons avant de tomber à plat. Qu’il ait multiplié les mauvaises pénalités. Qu’il ait offert beaucoup trop d’attaques en surnombre à un adversaire qui n’a pas su en profiter. En grande partie en raison du brio de Carey Price, mais aussi en raison d’un manque d’implication et d’exécution des meilleurs éléments des Flyers qui auraient pu, et dû, marquer deux, trois, quatre buts de plus tant le Canadien a été généreux dans sa distribution d’occasions en or de marquer.

 

Acharnement des arbitres?

 

Aux yeux de plusieurs partisans du Tricolore, leurs favoris ont été victime d’un acharnement de la part des arbitres.

 

Vraiment?

 

Les deux pénalités écopées par Tomas Tatar étaient le résultat d’un mélange évident d’indiscipline et de manque de combativité. Artturi Lehkonen a été coupable des mêmes maux que Tatar sur les deux pénalités qu’il a essuyées. Il a sorti la jambe sur la première et le fait qu’il ait cassé le manche du bâton de son adversaire sur la deuxième minait toute demande de clémence.

«Il n'était pas bon ce soir», à propos de Tomas Tatar

 

Est-ce que les arbitres auraient dû fermer les yeux sur le fait que trois défenseurs du Canadien étaient impliqués dans le jeu simplement parce qu’ils avaient déjà décerné quatre pénalités au Canadien?

 

Auraient-ils dû fermer les yeux sur le geste de Shea Weber qui a privé Carsen Twarynski d’un tir au but en l’accrochant au terme d’une échappée?

 

Même un débordement de partisanerie ne pourrait justifier qu’on réponde oui à l’une ou l’autre de ces questions.

ContentId(3.1346632):Carey! Carey! Carey!
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Quoi penser de la pénalité décernée pour avoir retardé le match en milieu de troisième période?

 

Celle-là mérite réflexion. Surtout qu’il n’était pas clair si les juges de ligne avaient signifié un dégagement refusé ou non. S’il y avait dégagement refusé, Claude Julien avait raison de réclamer qu’un joueur confiné au banc puisse retourner sur la patinoire où il était lors de l’infraction. Mais si, comme l’a prétendu Brendan Gallagher, le Canadien avait touché à la rondelle en zone neutre et qu’il n’y avait pas matière à dégagement refusé, l’action devait reprendre avec les cinq joueurs sur la patinoire en dépit du fait qu’il n’y avait aucun centre.

 

Il est donc vrai ici que les arbitres, comme le réclamait Gallagher, auraient pu se réunir au centre de la glace afin de déterminer la position à prendre.

 

Mais comme ils ne l’ont pas fait et que tous les joueurs étaient en position et prêts à disputer la mise en jeu, les deux joueurs campés sur la bande au lieu d’être assis sur le banc ont étiré les limites au point de justifier l’imposition d’une pénalité.

 

Il s’est écoulé 56 secondes entre le coup de sifflet et l’imposition de la pénalité. Une éternité qui justifiait la sanction imposée.

 

L’ennui avec cette pénalité, et je donne raison au Canadien quant à ses doléances sur ce point, c’est que la règle associée à la pénalité imposée en milieu de troisième période est clairement écrite. Mais elle est nébuleusement appliquée.

 

C’est cette manière aléatoire d’appliquer ce règlement qui justifie les hauts cris du Canadien et de ses partisans.

 

Mais attention! Que la sixième pénalité ait été exagérée ou non, il n’en reste pas moins que les cinq premières tout comme le tir de pénalité étaient pleinement justifiés.

 

En plus, l’excellence de Carey Price et le travail plus qu’adéquat des joueurs qui ont multiplié les mandats défensifs en désavantage numérique a permis au Canadien de non seulement éviter le pire, mais bien de blanchir les Flyers lors des six attaques massives et du tir de pénalité qu’ils ont obtenus. 

ContentId(3.1346678):Canadiens : Carey Price vole un point à Philadelphie
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Un rare point fort du Canadien jeudi.

 

Pendant que le Canadien se défendait avec succès durant les 11 minutes 48 secondes disputées à court d’un homme, Claude Julien ne pouvait envoyer sur la patinoire ses meilleurs éléments offensifs.

 

Ou du moins ceux qui devraient l’être.

 

Car les gros joueurs offensifs du Tricolore ont été bien passifs jeudi. Domi et Drouin ont été ordinaires dans un deuxième match de suite. En plus d’avoir écopé deux pénalités, Tomas Tatar a été mauvais jeudi. Son entraîneur-chef l’a d’ailleurs reconnu candidement pour justifier sa décision de le rétrograder au sein du quatrième trio et de le remplacer par Nick Cousins.

 

Une décision qui a d’ailleurs fouetté le Canadien et mené au premier but du Tricolore dans cette rencontre qui semblait perdue d’avance.

 

Les pieds dans le ciment

 

Est-ce que les Flyers auraient mérité des pénalités?

 

Au moins une. C’est vrai. Il est d’ailleurs difficile de comprendre que le coup de bâton asséné au visage de Jonathan Drouin en fin de rencontre soit demeuré impuni.

 

Mais attention, le double-échec asséné aux côtes d’un défenseur des Flyers par Nick Cousins dont le bâton s’est d’ailleurs brisé en deux sous la force de l’impact est lui aussi demeuré impuni. Ce double-échec a précédé de quelques secondes le premier but du Canadien marqué par Ben Chiarot. Un but sur lequel Cousins a même récolté une passe alors qu’il aurait plutôt dû être chassé avant même que le but ne soit marqué.

ContentId(3.1346593):Price répond à son premier gros test
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Comme quoi il est important de regarder des deux côtés de la médaille lorsqu’on y va de doléances à l’endroit des officiels.

 

Et s’il est vrai que le geste aux dépens de Drouin aurait dû être pénalisé, il est bien difficile de retracer une autre infraction commise aux dépens du Tricolore que les arbitres auraient laissé passer.

 

Pourquoi?

 

Parce que le Canadien n’a rien fait pour pousser ses adversaires à la faute. Avant un certain regain de vie démontré en troisième période, les joueurs du Canadien se sont rendus coupables d’immobilisme sur la patinoire.

 

Ce ne sont pas eux qui donnaient le ton au match. Loin de là. Ils se contentaient d’être à la remorque des joueurs des Flyers. Quand tu passes ton temps à courir après l’adversaire au lieu de le forcer à te courir après, tu t’exposes à être puni bien plus souvent qu’à obtenir des attaques massives.

 

Et c’est exactement ce qui est arrivé hier.

 

Encore du gaspillage

 

C’était la quatrième fois déjà cette saison que le Canadien s’écrasait dans le match suivant une solide performance ou une victoire.

 

Il a perdu à Philadelphie comme il avait perdu à Dallas et au Minnesota après des victoires à Las Vegas et St. Louis. Il a perdu jeudi comme il avait perdu aux mains des Red Wings de Detroit après avoir sauvé un point dans le cadre d’une remontée orchestrée en troisième période, à Buffalo, aux dépens des Sabres qui avait ensuite gagné en prolongation.

 

À l’exception de Carey Price, personne chez le Canadien ne méritait d’être auréolé du point obtenu dans le cadre de la défaite en prolongation.

 

Je me demande d’ailleurs si ce point prime représente une si bonne affaire pour le Canadien. Je sais : tous les points sont importants. Même ceux qui ne sont pas mérités. Et le Canadien affiche quand même quatre gains à ses six derniers matchs et a récolté au moins un point dans cinq de ses six dernières rencontres.

 

Mais c’est justement parce que ses joueurs ont obtenu un point qu’ils ne méritaient pas à Philadelphie, après les deux points offerts gracieusement par Tuukka Rask, mardi, à Montréal, que je me demande si Claude Julien pourra faire comprendre à ses joueurs qu’ils ont été chanceux de si bien s’en tirer jusqu’ici cette semaine. De leur faire comprendre qu’ils ne peuvent pas jouer aussi souvent avec le feu en écopant des mauvaises pénalités comme ils l’ont fait jeudi, en se contentant d’offrir du jeu solide durant une demi-période et de croire qu’il sera toujours possible de s’en sortir.

 

On devrait avoir une partie de la réponse rapidement alors qu’il semble impensable que le Canadien puisse prendre la chance de perdre aux mains des Kings de Los Angeles qui sont lamentables cette saison et qui feront leur visite annuelle au Centre Bell samedi.

 

Surtout que les Kings auront aussi l’occasion de visiter leurs bars et restaurants favoris dans le cadre de la fièvre des vendredis soirs au centre-ville de Montréal.

 

De quoi aider la cause du Tricolore. Du moins, ça devrait aider...

 

En bref

  • Les troisièmes buts de Ben Chiarot et de Shea Weber leur ont permis de rejoindre Victor Mete au premier rang des buteurs chez les défenseurs du Tricolore cette saison...
     
  • Bien qu’il ait connu quelques matchs difficiles cette saison, le capitaine Shea Weber revendique maintenant trois buts et 11 points en 16 matchs. Il affiche le même nombre de points que Max Domi au deuxième rang des marqueurs du Tricolore derrière Tomas Tatar, Brendan Gallagher et Jonathan Drouin qui partagent la tête avec 13 points...
     
  • Les défenseurs du Canadien ont obtenu 11 des 24 tirs cadrés sur la cage défendue par Carter Hart jeudi, et décoché 25 des 45 tirs décochés par l’ensemble des joueurs du Tricolore. Une indication du net manque d’implication offensive de la part des attaquants...
     
  • Avec ses deux pénalités mineures écopées jeudi, Tomas Tatar a déjà passé 20 minutes au cachot en 16 matchs cette saison. Il n’est qu’à 14 minutes de son record personnel de 34 minutes de pénalité écopées l’an dernier à sa première saison avec le Canadien...
     
  • Tomas Tatar (20 minutes) est suivi par Artturi Lehkonen (14 minutes) dans la section réservée aux joueurs les plus punis chez le Tricolore. C’est le monde à l’envers quand on relève le fait que Max Domi et Brendan Gallagher n’ont pas encore passé une seconde au cachot cette saison...
     
  • C’est congé chez le Canadien vendredi. Pas parce que les joueurs le mérite vraiment ou que Claude Julien a décidé d’y aller avec la pédale douce au lendemain de leur effort loin d’être satisfaisant de jeudi. Mais bien simplement parce qu’il s’agit d’un des quatre congés mensuels qui doit être fixés au calendrier pour respecter les paramètres de la convention collective...

 

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