Jonathan Drouin est un ailier. Il le sait. Ses parents aussi. Ses coéquipiers le savent également, tout comme son entraîneur-chef Claude Julien et son directeur général Marc Bergevin.

Pourquoi joue-t-il au centre alors? Pourquoi cet ailier, qui serait sans l’ombre d’un doute bien meilleur à sa position naturelle, a-t-il le mandat ingrat d’assumer le rôle de premier centre en plus?

Parce qu’à défaut d’avoir un véritable centre de premier plan, l’état-major du Canadien se contente de cette solution de rechange.

« Dans un monde idéal, Jonathan jouerait à l’aile », a d’ailleurs convenu Marc Bergevin qui a accepté de céder son plus bel espoir à la ligne bleue l’été dernier – Mikhail Sergachev – pour faire l’acquisition de Drouin qui a tout le talent au monde pour devenir un attaquant prolifique, mais qui voit sa saison et ses statistiques personnelles être minées par le fait qu’il évolue au centre. Une position qu’il a occupée dans le hockey mineur, c’est vrai. Avec succès, c’est vrai aussi.

Mais jamais dans la Ligue nationale... avant de débarquer à Montréal.

Drouin a récolté une passe sur le but en avantage numérique d’Alex Galchenyuk en période médiane du match qui opposait le Canadien aux Canucks de Vancouver. Match que le Canadien a gagné 5-2 en passant. Eh oui! Deux victoires en ligne pour le Tricolore. On va d’ailleurs y revenir un peu plus bas.

Avec cette passe, Drouin revendique maintenant 5 buts et 19 points. À l’aube de la deuxième moitié de saison, on sera tous d’accord – du moins je l’espère – que c’est timide comme production. Que c’est même décevant.

Est-ce la faute de Drouin? Certainement un peu, car il lui arrive d’afficher un brin de nonchalance et deux brins de manque de conviction.

Mais c’est tout aussi certainement la faute d’un état-major qui est prêt à sacrifier des buts et des passes en confiant, je me retiens pour ne pas écrire en confinant, le jeune hockeyeur de 22 ans au centre, avec les responsabilités qui viennent avec ce rôle, plutôt que de lui offrir plus de latitude à l’aile.

Et à ce titre, je suis de ceux qui se demandent si le Canadien n’est pas en train de gaspiller la première saison de Drouin à Montréal.

Une question que Marc Bergevin balaie du revers de la main tout en assumant une part de responsabilité.

« Je ne suis pas d’accord pour dire que Jonathan gaspille sa saison, car il apprend beaucoup », a d’abord répondu. Il ne fait aucun doute que dans un monde idéal, si nous avions à notre disposition un vrai centre numéro un, Jonathan jouerait à l’aile. Pour le moment, il joue au centre parce que c’est là qu’il aide le plus l’équipe. Ce n’est pas sa position idéale, on le réalise tous, mais ça ne peut pas lui nuire, car il apprend beaucoup », a indiqué Marc Bergevin.

L’honnêteté de Marc Bergevin l’honore. En même temps, elle lui saute au visage, car à titre de directeur général du Canadien depuis bientôt six ans – il a été nommé le 2 mai 2012 – c’est lui qui doit trouver un centre capable d’assumer le rôle de numéro un et de donner des ailes – excusez le jeu de mots – à Jonathan Drouin en le retournant à sa position naturelle.

Crainte d’être congédié

Au fait : Marc Bergevin considère-t-il qu’il a les coudées franches pour travailler? Est-il paralysé par la crainte d’être congédié?

« Pour faire mon travail, tu dois avoir la peau épaisse (le dos large si vous préférez, NDLR) et j’ai la peau très épaisse. Je sais qu’il y a beaucoup de monde dans cette pièce – il aurait pu ajouter dans le bassin de partisans de son équipe également – qui me critique et c’est normal. Je peux vivre avec les critiques sur le plan professionnel. Mais je suis ici et mon seul objectif demeure de travailler pour faire de cette équipe une meilleure équipe à court, à moyen et à long terme », a indiqué Marc Bergevin.

Bon! Bergevin n’a pas vraiment répondu à la question à savoir s’il craint son congédiement. De toute façon, ce n’est pas à lui de le dire, mais bien au propriétaire Geoff Molson qui, avec ses associés, décidera du sort de Bergevin.

Le point de presse de Marc Bergevin

Mais avec le spectre d’une élimination des séries, le Canadien aura des décisions importantes à prendre : il faudra déterminer la possibilité d’échanger des joueurs, peut-être même de gros noms, pour obtenir des choix, des espoirs et/ou de jeunes vedettes en devenir pour bâtir – Marc Bergevin n’aime pas le mot reconstruction, il aime mieux parler de relance – une équipe gagnante autour de Carey Price et Shea Weber. Deux vétérans en qui Bergevin croit dur comme fer. Deux vétérans dans la jeune trentaine autour de qui Bergevin est convaincu de pouvoir bâtir un club gagnant en y greffant quelques bons joueurs au fil des prochains mois, des prochaines années.

« Avec la parité qui existe dans la Ligue, ça ne prend pas grand-chose pour changer une situation », a d’ailleurs ajouté le directeur général en invitant les partisans à demeurer patients et confiants.

Je veux bien.

Mais il faudra d’abord que Geoff Molson offre une réponse rapide à la question la plus importante. Car avec toutes les décisions cruciales qui se pointent dans le futur rapproché du Canadien, il est impératif de savoir si Bergevin a le feu vert pour jongler avec l’avenir du club.

Si Geoff Molson a perdu confiance et qu’il songe à effectuer un changement de DG une fois la saison complétée, il doit impérativement bouger rapidement. Car il serait imprudent, injustifié même, voire impardonnable, de laisser un gars qui vit sur du temps emprunté de prendre des décisions aussi importantes que celles que l’état-major aura à prendre d’ici le 26 février, date limite des transactions.

Au fait, Marc Bergevin ne sait pas encore s’il sera acheteur ou vendeur à la date limite des transactions.

« On est dans une situation difficile. C’est clair. Mais je continue à croire qu’il est possible d’y arriver. Il faudra mieux jouer. Mais nous avons maintenant le Carey Price qu’on connaît. Si je pouvais aider l’équipe immédiatement je le ferais. Je l’ai d’ailleurs fait en concluant plusieurs transactions. Mais il n’y a pas de solutions à court terme. Je suis un ‘’fighter’’ et je vais me battre jusqu’au bout. Je vais me battre et je m’attends à la même chose de la part des joueurs. »

Galchenyuk? Hudon? Shaw?

Comme son patron Marc Bergegin, Claude Julien a lui aussi reconnu que la présence de Jonathan Drouin n’était pas idéale au centre.

« Il nous offre la meilleure solution », a aussi insisté l’entraîneur-chef du Canadien qui, avec les Bruins de Boston, était beaucoup mieux nanti avec le duo David Krejci – Patrice Bergeron.

Mettons!

Claude Julien pourrait toutefois tenter des expériences. La plus simple, et plus évidente, serait de permuter Alex Galchenyuk et Jonathan Drouin.

Une solution qui semble toutefois en être une de tout dernier recours tant l’état-major semble convaincu de l’incapacité de Galchenyuk d’évoluer convenablement au centre. Ou de le faire mieux que Drouin.

Une autre solution serait d’offrir cette place – sur une base temporaire – au vétéran Andrew Shaw qui a déjà rempli un rôle de premier plan au centre avec les Blackhawks de Chicago. Contrairement à Drouin et Galchenyuk, Shaw est très solide aux cercles des mises en jeu. C’est d’ailleurs lui qui dispute la majorité des mises en jeu en territoire adverse lors des avantages numériques auxquels il prend part. Avec son expérience, il pourrait ralentir ses ardeurs offensives pour se consacrer plus en défensive et laisser des gars comme Galchenyuk et Drouin combiner leurs efforts et leur talent pour étourdir l’adversaire, marquer des buts et satisfaire les partisans.

Je rêve peut-être...

Troisième option, j’aimerais aussi avoir un aperçu de ce que Charles Hudon pourrait offrir comme centre au sein d’un trio offensif.

Je sais, il est très jeune. Il est encore vert. Encore une recrue. Mais il est rapide, combatif, bon avec la rondelle. J’admets qu’il devrait être parfois un brin plus patient et qu’il faudra qu’il profite davantage des occasions de marquer qui s’offrent à lui.

Mais le petit gars m’inspire confiance.

Je ne sais pas ce que ça donnerait, mais au lieu de museler offensivement Drouin comme le rôle de centre numéro un semble arriver à le faire – notez ici que je n’impute pas au joueur, au coach ou au système, l’odieux du manque à gagner offensif de Drouin, mais bien à son rôle de premier centre avec les responsabilités qui viennent avec – des tentatives impliquant Shaw, Hudon, voire Galchenyuk pourraient mousser l’offensive du Canadien.

Une offensive qui en a bien besoin malgré les cinq buts inscrits dimanche aux dépens des Canucks.

Mes observations en marge de cette victoire qui permet au Canadien de partir en congé le cœur plus léger et la tête moins pleine de tracas. De se reposer, mais pas trop, parce que les Bruins de Boston seront au Centre Bell pour la reprise des activités samedi prochain. Des Bruins qui ont comblé un recul de 4-1 hier soir contre Pittsburgh avant de voir les Penguins l’emporter 6-5 en prolongation.

1 - Jouer au centre : qu’en pense Drouin
2 - Alzner se rachète offensivement
3 - Pacioretty marque... dans un filet désert
4 - Mete revient
5 - Portrait des séries

Chiffre du match : 27 – Bien qu’ils encadrent un joueur de centre qui remplit des missions défensives match après match, Brendan Gallagher et Paul Byron continuent de marquer sur une base régulière autour de Tomas Plekanec. Gallagher a marqué son 16e filet dimanche et Byron son 11e. Ils occupent toujours les premier et deuxième rangs des meilleurs marqueurs du Tricolore.

Jouer au centre : qu’en pense Drouin

Jonathan Drouin n’a pas profité des aveux d’impuissance offerts par Marc Bergevin et Claude Julien quant à sa présence par défaut au centre du premier trio pour excuser sa production timide en première moitié de saison.

« C’est le rôle qu’on m’a offert et c’est à moi de le relever. Ce n’est pas toujours facile, mais il y a des soirs où ça fonctionne bien. J’ai encore des ennuis avec les mises en jeu – il n’a gagné que deux des neuf mises en jeu qu’il a disputées dimanche contre Vancouver – mais j’apprends à tous les matchs. Que ce soit à l’aile ou au centre, je dois trouver les moyens pour produire », a indiqué Drouin.

Tout ça est bien beau. Mais il est clair que son manque d’aisance au centre l’amène parfois à rater des jeux parce qu’il est pris entre deux chaises. « C’est vrai qu’il m’arrive parfois d’hésiter en zone offensive parce que je me dis que je dois revenir aider la défensive au lieu de tenter ma chance à l’attaque. Mais ça fait partie de l’apprentissage et ça fera de moi un meilleur joueur, peu importe où je me retrouverai dans un, deux ou trois ans », a plaidé Drouin.

Va pour l’apprentissage, mais les partisans qui jugent un joueur de sa trempe en fonction de sa production offensive peinent à se contenter de ses 5 buts et 19 points après 42 rencontres.

« Je suis bien conscient de ça. Mais il y a des matchs où j’ai bien joué et que tout a bien fonctionné avec mon trio même si nous n’avons pas obtenu de points. Il faut que je produise davantage, mais je compose avec la situation dans laquelle je me trouve. Et même si ce n’est pas toujours évident, j’aime mieux composer avec le défi d’évoluer au centre tous les soirs, que d’être muté entre l’aile et le centre selon les matchs. »

Alzner se rachète offensivement

Karl Alzner fait partie des nombreux joueurs du Canadien qui ont connu des premières moitiés de saison en deçà des attentes. Pour ne pas dire carrément décevante.

Le vétéran défenseur acquis à fort prix l’été dernier – il a signé un contrat de 5 ans d’une valeur de 23,125 millions $ à titre de joueur autonome – a lancé sa deuxième moitié de saison avec une soirée de deux points. Il a ouvert le pointage avec son premier but de la saison. Il a ensuite ajouté une passe sur le but de Brendan Gallagher qui a redonné une avance de 2-0 au Tricolore après que les Canucks eurent nivelé le score, en début de troisième.

« Les buts et les passes sont certainement la meilleure façon de satisfaire les partisans. Mais je suis surtout satisfait de la victoire et d’avoir terminé la soirée avec un différentiel positif (plus-3) et d’avoir limité les occasions de marquer aux adversaires. »

S’il est le premier à convenir qu’il n’a pas connu un bon match lorsque c’est le cas, Karl Alzner a une fois de plus fait preuve d’une grande honnêteté quand on lui a demandé de commenter son premier but dans l’uniforme du Canadien. « Ma seule intention sur ce tir était d’obtenir un retour. Je voyais Brendan (Gallagher) foncer au filet et je me suis dit de viser les jambières pour qu’il puisse sauter sur un retour. Quand la rondelle est partie, j’étais content. Je me disais que j’obtiendrais le rebond que j’espérais. Mais quand j’ai vu la lumière, j’ai été surpris. Si j’avais voulu tenter de marquer, j’aurais décoché un tir frappé. Même là, mes chances auraient été minces », a analysé Alzner qui n’a pas cru bon demander la rondelle en souvenir.

« Mon sous-sol est déjà assez en désordre... »

Pacioretty marque... dans un filet désert

On l’a souvent dit : Max Pacioretty est un gars de séquence. Que ce soit positif ou non...

Jeudi, il a marqué un premier but en après une disette de 13 matchs. Dimanche, il a marqué dans un deuxième match de suite.

Bon! Ses détracteurs diront qu’il ne s’agissait que d’un but dans un filet désert. Ce qui est vrai. Mais au-delà ce but, Pacioretty avait connu jusque-là un bon match, s’offrant deux ou trois bonnes occasions de marquer. Il a d’ailleurs cadré six des huit tirs qu’il a décochés.

Le capitaine accuse un gros manque à gagner offensif cette saison. C’est évident. Et il lui faudra plus qu’un but dans un filet désert pour apaiser les critiques à son endroit. Mais malgré tous ses ennuis, Pacioretty – et Alex Galchenyuk – partage le premier rang des marqueurs du CH avec Brendan Gallagher. Ils revendiquent tous 23 points. Remarquez que je ne sais pas s’il s’agit là vraiment d’une bonne nouvelle...

Mete revient

Médaille d’or au cou, Victor Mete reviendra donc avec le Canadien une fois le congé terminé. Il sera donc en uniforme face aux Bruins de Boston samedi.

Grand bien lui fasse.

Je comprends le Canadien de le ramener avec le grand club. Après tout, malgré ses 19 ans, il est meilleur que la majorité des arrières du Tricolore. Avec Shea Weber sur la touche, il devient même le second en lice derrière Jeff Petry dans la hiérarchie des défenseurs du Tricolore.

Ce n’est pas un compliment pour les autres.

Parce que Weber est sur la touche jusqu’à la fin du mois et que d’ici là, le Canadien sera sans doute aussi loin d’une place en série qu’il ne l’est, j’aurais opté pour un retour dans les rangs juniors pour Mete.

J’aurais même tenté de mousser sa candidature au sein de l’équipe canadienne qui se rendra aux Jeux de Pyeongchang le mois prochain.

Mais bon. L’état-major croit que le développement de Mete ne sera pas affecté par les ennuis qui minent la saison du Tricolore.

Les prochains mois le diront, car Marc Bergevin a indiqué que Mete revenait avec le grand club et que les chances étaient grandes, que ce soir pour y terminer l’année.

Portrait des séries

Malgré ses deux victoires consécutives, le Canadien n’a pas fait de gain dans la course aux séries. Ou si peu.

Le Tricolore s’est rapproché à 12 points des Maple Leafs de Toronto et du troisième rang de la division atlantique. Il a même un match en mains sur les Leafs...

Ailleurs dans l’Est, trois scénarios négatifs sont survenus alors que les Penguins ont battu les Bruins en prolongation, pendant que les Islanders et les Blue Jackets ont battu les Devils et les Panthers en tirs de barrage. Ces six adversaires directs du Tricolore ont donc ajouté des points au classement, tout comme les Flyers qui ont battu, sans surprise, les Sabres de Buffalo.

Seuls le Lightning et les Golden Knights ont rendu service au Canadien en battant Detroit 5-2 et les Rangers 2-1.

Résultat : le Canadien accuse un retard de sept points sur les Penguins qui se sont hissés en séries à titre de deuxième club repêché derrière les Rangers qui affichent 49 points. Neuf de plus que Montréal.

Les Hurricanes, les Flyers, les Islanders, qui ont tous six points d’avance, les Red Wings (un point) et les Panthers (à égalité avec Montréal, mais avec un match de plus à jouer) doivent toujours être rejoints et devancer pour permettre au Canadien de frapper à la porte des séries.

Difficile vous dites...

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