Encore cette année, c’est avec son tournoi de golf que le Canadien donne aujourd’hui le coup d’envoi à la reprise de ses activités.

Je sais : les joueurs revenus à Montréal depuis un bon bout de temps s’entraînent et patinent à Brossard quotidiennement. Le camp des recrues bat son plein. Et avec tout le tintamarre créé par Jesperi Kotkaniemi et l’offre hostilement généreuse que lui ont offert les Hurricanes de la Caroline, on dirait que le Canadien a fait parler de lui tout l’été.

Mais bon!

C’est aujourd’hui que ça commence pour vrai.

Quoique pas vraiment. Car cette année, la rentrée est un peu spéciale. Un peu moche. Et cette rentrée nous rappelle que nous sommes encore à quelques coups de patin et quelques doses de vaccins d’un retour à la vie normale.

COVID oblige – en raison des protocoles imposés par la LNH – les joueurs du Canadien brilleront par leur absence au Club de golf Laval-sur-le-lac aujourd’hui. Au lieu de défiler devant les journalistes et de démontrer leur talent sur les verts en jouant avec des partisans qui ont payé le gros prix pour avoir le privilège de passer la journée avec eux, les joueurs du Tricolore feront ce qu’ils font de mieux : ils patineront. Ils patineront pour vrai et pas seulement dans les réponses qu’ils offriront.

Même chose pour Marc Bergevin qui n’aura pas, du moins pas pour l’instant, à dresser le bilan de son été de travail – un fort bon été de travail considérant les circonstances en passant – et de répondre aux questions liées à son avenir à Montréal.

Idem pour Geoff Molson qui n’aura pas à expliquer comment diable il n’a pas encore offert de prolongation à son directeur général qui entreprend sa dernière année de contrat. Si Molson veut garder Bergevin à Montréal, il y a longtemps que le contrat aurait dû être présenté. Si le proprio considère qu’il est temps de donner les clefs du bureau du DG à un autre architecte, il aurait déjà dû effectuer ce changement pour lui permettre de mettre l’organisation à sa main au cours de l’année.

Mais bon : ce flou administratif qui n’a rien d’artistique persiste toujours...

Il ne restera que Youppi! pour rappeler aux golfeurs qu’ils sont bel et bien au tournoi annuel du Canadien et non à leur match amical du samedi matin.

C’est comme si les élèves débarquaient à l’école le matin de la rentrée et que les professeurs étaient tous à la maison laissant au pauvre concierge le soin de sauver la journée.

Cela dit, je fais confiance à Youppi! Car au sein de l’organisation tout entière, il est le seul à être toujours «sur la coche» et à combler les partisans jeunes et vieux qui l’approchent.

Drouin fait le point

Jonathan Drouin a pallié l’absence de joueurs du Canadien pour cette journée de la rentrée en levant le voile sur les raisons qui l’ont poussé à quitter ses coéquipiers en fin de saison à Calgary, de rater les dernières parties de la saison régulière et à se priver de l’aventure des séries qui s’est prolongée jusqu’en finale de la coupe Stanley.

Drouin devait parler. Il devait le faire pour lui tout d’abord afin de mettre un terme à la reprise des spéculations qui ont défilé au cours des dernières semaines. Des spéculations malsaines. Des spéculations qui nous ramenaient à la case départ alors que ses détracteurs les plus acharnés avaient fait leur mea culpa en reconnaissant qu’ils étaient allés trop loin dans les critiques acerbes lancées à l’endroit du joueur de hockey et des rumeurs plus malsaines encore pilonnées sur le jeune homme qui se cache derrière le joueur de hockey.

L'anxiété chez les hockeyeurs

Le joueur de hockey n’en pouvait plus de composer avec les critiques. Avec comme résultat, que le jeune homme qui se cache sous le joueur de hockey a craqué d’anxiété.

Pas besoin de tout reprendre. Vous avez vu l’entrevue réalisée par ma collègue Chantale Machabée comme moi.

Tout ce que j’espère, c’est que les colporteurs de rumeurs ne tourneront pas le dos aux propos de Drouin simplement pour tenter de donner un brin de valeur à leurs prétentions. Et que ceux et celles qui consomment ces spéculations donneront plus de valeur aux propos du principal intéressé qu’à quelques guignols de la désinformation…

Mais bon!

En prenant la parole comme il l’a fait, Jonathan Drouin a bien sûr admis qu’il avait frappé un mur. Mais il a surtout démontré qu’il s’était relevé et qu’il avait profité des dernières semaines pour retrouver ses jambes, pour retrouver son aplomb.

J’espère qu’il aura aussi réalisé à l’aide de ses proches qui l’ont épaulé, de ses coéquipiers et des spécialistes qui l’ont aussi appuyé qu’il est essentiel de trouver une façon de séparer le joueur de hockey du jeune homme qui se cache sous l’équipement.

Jonathan Drouin le joueur de hockey sera toujours critiqué. Ça vient avec le job. Et c’est pire quand tu touches un salaire de 5,5 millions annuellement.

Qu’il vienne en relève au centre – ce qui serait une bonne idée selon moi bien que le coach Dominique Ducharme ne soit de pas de cet avis – ou qu’il demeure à l’aile, Jonathan Drouin devra composer avec les critiques. S’il ne récolte que des passes et se fait varloper parce qu’il ne marque pas assez – ce qui est arrivé en début de saison dernière – il devra comprendre que les critiques font partie de la vie de joueur de hockey.

Elles sont parfois injustes. Parfois exagérées. C’est un fait. Mais c’est la rançon de la gloire. Et ces critiques, Jonathan Drouin le joueur de hockey devra apprendre à les encaisser, mais à surtout éviter que le jeune homme qui se cache sous l’équipement soit lui aussi affecté.

Drouin a retrouvé le sourire au cours de l’été. J’espère qu’il a retrouvé le goût de jouer, de bien jouer et de performer comme il en est capable. Car son équipe et ses coéquipiers auront bien besoin de lui.

J’ai bien hâte de voir quels seront les rôles que Dominique Ducharme confiera à ce joueur de hockey qu’il connaît depuis ses grandes années dans les rangs juniors.

J’ai hâte parce qu’en s’offrant le repos dont il avait grand besoin, en prenant ouvertement la parole pour lever le voile sur ce qu’il a vécu ou à tout le moins sur une partie de ce qu’il a vécu – comme tout le monde, il a le droit de garder quelques éléments qu’il juge trop personnels pour lui et ses proches – Jonathan Drouin s’offre la possibilité de repartir à neuf cet automne.

Après quatre saisons qui ne lui ont pas permis de convaincre tout le monde – j’oserais ajouter ici lui le premier – de sa véritable valeur comme joueur de hockey, Jonathan Drouin peut repartir à zéro pour maximiser un avenir qui ne pourra qu’être meilleur : autant sur la glace que dans sa vie privée.

Le Canadien dans tout ça?

À l’image de son jeune joueur vedette, le Canadien au grand complet devra repartir à zéro dans quelques jours.

À la veille des derniers tests médicaux qui seront complétés mercredi, à l’aube du vrai camp qui s’ouvrira jeudi et des matchs préparatoires qui débuteront dès samedi, le Canadien ne peut se croire meilleur qu’il ne l’est vraiment en raison du fait qu’il s’est rendu en finale de la coupe Stanley.

Pas question de lui enlever le mérite de s’être hissé jusqu’à la grande finale. Pas question non plus d’être réducteur et de prétendre qu’il a été chanceux de se rendre si loin. Car le CH a pleinement mérité sa place face au Lightning de Tampa Bay.

Mais s’il passe trop de temps à flatter dans le sens du poil en raison de cette finale, le Canadien vivra un très dur retour à la réalité.

On aura bien du temps pour en reparler.

L’automne arrivera officiellement mercredi après-midi.

Mais comme c’est aujourd’hui jour de rentrée pour le Canadien, on peut dire que l’été est déjà terminé.

J’espère que le vôtre a été beau et bon.

J’ai profité du mien pour jouer au golf le plus souvent possible. J’ai amélioré certains aspects de mon jeu, mais je suis toujours le plus mauvais «putter» au sud du Pôle Nord. C’est dit!

Bon retour. Bonne saison!