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MONTRÉAL - Vingt-deux heures après avoir disputé, à Vancouver, son meilleur match sous l’ère Ducharme et certainement l’un de ses meilleurs de la saison, le Canadien a disputé, jeudi, à Calgary, l’une de ses pires parties de l’année.

Les jambes lourdes, les mains molles, la tête ailleurs, les joueurs du Tricolore affichaient tous les symptômes associés à un niveau de fatigue extrême. On a eu droit à des tas de revirements – dont l’un attribuable à Shea Weber qui a coûté le but gagnant – à des cascades de mauvaises passes, à du jeu brouillon en zone défensive, à un manque de conviction dans plusieurs facettes du jeu, à des décisions complètement disjonctées comme celles qui ont poussé Corey Perry et Jeff Petry à rentrer au banc pour effectuer de vilains changements qui ont ouvert toute grande la porte à une contre-attaque des Flames qui a mené au premier but de la rencontre. Il faut dire que sur ce jeu, Josh Anderson n’a pas été plus allumé en remettant la rondelle vers Perry qui ne l’attendait pas et la voulait encore moins...

Ça vous donne une idée de l’allure du spectacle...

Les vétérans ont fait des gaffes. Beaucoup de gaffes. Les jeunes aussi. Je pense ici à Jesperi Kotkaniemi qui a tellement pris son temps en fonçant vers la zone ennemie qu’il s’est fait soutirer la rondelle par-derrière avant d’avoir traversé la ligne bleue.

Je pense à Nick Suzuki qui a encore jeudi affiché un manque de vigueur sur la patinoire. Il était tellement au neutre que Dominique Ducharme a chambardé ses trios en troisième afin de fouetter son groupe. Ou de tenter de le fouetter.

Cela dit, aussi difficile ou carrément mauvais ait été le match offert par les patineurs du Canadien, je m’attendais à pire encore.

Je m’attendais à bien pire parce que je croyais que les Flames, reposés qu’ils étaient après un congé de quatre jours en plus d’être motivés par l’arrivée de Darryl Sutter derrière le banc, mangeraient le Canadien tout rond dès les premiers instants du match.

Mais voilà : en dépit un manque flagrant d’opposition de la part du Tricolore, les Flames ont été loin d’afficher la fougue et la conviction qu’on était en droit de s’attendre de leur part. Cette équipe qui stagne au milieu du classement alors qu’elle devrait se battre pour la première place de la division canadienne, cette équipe qui n’affichait que trois victoires à ses 11 dernières parties (3-6-1-1) a à peine mieux joué que le Canadien.

De fait, c’est à Josh Leivo, à ses compagnons du quatrième trio qui l’ont aidé à marquer ses deux buts, et aux autres joueurs de soutien que les Flames doivent la victoire aux dépens du Tricolore. Car on a très peu vu les Gaudreau, Monahan, Tkachuk s’illustrer sur la patinoire du Scotia Bank Saddledome.

À un but d’un point tombé du ciel

C’est ça qui est dommage pour le Canadien.

Car en dépit les circonstances qui favorisaient grandement les Flames, le Tricolore est demeuré dans le coup. Même qu’avec un brin plus de synchronisme lors de la deuxième attaque massive obtenue en deuxième moitié de troisième période, tout juste après que Corey Perry eut marqué un but que personne n’attendait vraiment, il aurait pu niveler les chances et soutirer un point tout droit tombé du ciel.

ContentId(3.1384911):LNH : Canadiens 1 - Flames 2 (hockey)
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Mais lors de cette attaque massive, la fatigue qui minait le Tricolore a pris le dessus sur tout le reste. Le Canadien a perdu les deux premières mises en jeu, il s’est rendu coupable d’un hors-jeu, il a perdu une bataille pour une rondelle libre et s’est contenté d’un tir qui ne peut être qualifié d’occasion de marquer.

Et comme si ce n’était pas assez, Paul Byron a ensuite écopé une pénalité qui a pratiquement miné toutes les chances du Canadien de niveler les chances. Déjà qu’il peinait à générer de l’attaque digne de ce nom à cinq contre cinq, il devenait utopique de croire qu’il y arriverait à quatre contre cinq.

Et il a perdu.

Vingt-deux heures après avoir décoché 79 tirs – un sommet cette saison – en direction de la cage défendue par Thatcher Demko et avoir cadré 45 de ces tirs, le Canadien s’est contenté de dégainer 35 fois en direction du gardien Jacob Markstrom qui a effectué 17 arrêts sur les 18 tirs que le Tricolore a cadrés.

Les 35 tirs décochés représentent le plus faible total jusqu’ici cette saison. Les 18 tirs cadrés représentent aussi le plus faible total cette saison. De fait, c’était la première fois que le Canadien se contentait de moins de 21 tirs cadrés dans un match cette année.

Cette statistique offre un bon reflet de la performance du Canadien. Et malgré tout ça, il n’a perdu que par un but.

Cela devrait servir de baume et aussi, et surtout, de source de motivation en vue du match de samedi alors que le Canadien croisera à nouveau les Flames à Calgary. Mais cette fois, le Canadien sera reposé alors que Dominique Ducharme accordera un congé à ses joueurs vendredi. Ce qui voudra dire que la fatigue ne pourra être brandie comme explication des ennuis du Tricolore s’il dispute samedi un match aussi brouillon que celui qu’il a disputé jeudi.

Chiarot difficile à remplacer!

En plus de la fatigue qui minait sa troupe, le Canadien a dû composer avec l’absence de Ben Chiarot qui est rentré à Montréal pour soigner la main droite qu’il s’est fracturé lors du combat inutile qu’il a livré avec J.T. Miller mercredi à Vancouver.

Chiarot jouait bien en deçà des attentes élevées qu’il a lui-même créées en offrant du hockey solide l’an dernier lors de sa première saison avec le Tricolore.

Mais Chiarot, en dépit ses défauts, occupait une place importante à la gauche de Shea Weber. À la lumière du match de jeudi, Chiarot pourrait être plus difficile que plusieurs le croyaient à remplacer.

C’est Alexander Romanov qui a amorcé le match à la gauche de Weber. De retour à sa position naturelle sur le flanc gauche, Romanov a démontré beaucoup de fougue et d’implication. Des fois trop. Il s’est sorti du jeu et s’est placé dans des situations perdantes en voulant tout faire en même temps sur la glace.

On pouvait s’attendre à ce genre de réaction du jeune arrière qui flairait l’occasion d’impressionner son capitaine, les coachs et le reste de l’équipe. Et il est hors de question de lui reprocher cette volonté de vouloir en faire beaucoup sur la glace.

Mais parce qu’il doit aussi s’assurer de remplir les mandats qui lui sont confiés, Romanov a cédé sa place à Victor Mete par moment. On a aussi vu Brett Kulak avec le capitaine et même Joel Edmundson qui s’est retrouvé avec Weber pour écouler des désavantages numériques et parfois même à cinq contre cinq.

Dans le cadre d’un match que son équipe avait peu d’espoir de gagner, il est normal d’avoir vu Dominique Ducharme multiplier les expériences à la ligne bleue. Chiarot sera à l’écart du jeu pour une période sans doute prolongée. Il faut donc que le nouveau coach trouve la meilleure façon de pallier son absence.

Ou les façons...

Car je ne suis pas convaincu que Romanov soit, du moins pour le moment, la solution à ce problème. Pas plus que Victor Mete qui a déjà eu l’occasion d’évoluer à la gauche de Weber avec les conséquences dont on se souvient.

Je me demande si la meilleure manière de remplacer Chiarot ne serait pas de muter Joel Edmundson avec Weber.

Je sais : Edmundson complète le meilleur duo d’arrières du Canadien avec Jeff Petry depuis le début de l’année. Pourquoi alors modifier cette combinaison gagnante?

Parce que Jeff Petry, qui a besoin de se savoir bien appuyé, a connu du succès avec Brett Kulak l’an dernier. Il ne serait donc pas – ou pas trop – déstabilisé s’il se retrouvait à nouveau avec son ancien partenaire de jeu.

Ça laisserait Mete et Romanov derrière. Ce qui pourrait être périlleux en raison de la jeunesse de Romanov et des carences défensives de Mete.

C’est là où Xavier Ouellet pourrait entrer en action.

Le vétéran défenseur québécois serait, du moins à mes yeux, un meilleur partenaire de travail pour Romanov que Mete. Plus calme que Mete, plus fort le long des bandes, plus solide devant le filet, Ouellet pourrait « protéger » Romanov d’une bien meilleure façon que Mete. Vrai que Victor ait de meilleures aptitudes offensives que Ouellet. Mais ces aptitudes, Romanov les a lui aussi. Et il pourrait les mettre à l’avant-scène avec plus de succès en étant appuyé par Ouellet que par Mete.

J’ai bien hâte de voir quelle direction Dominique Ducharme prendra dans sa gestion des défenseurs. Car si Chiarot est à l’écart pour un bon bout de temps, le nouveau coach ne pourra jouer à la chaise musicale comme il l’a fait jeudi à Calgary.

Il devra élaborer un plan et l’adopter afin d’offrir à ses défenseurs une certaine stabilité sans laquelle il devient difficile de bien performer.

Qui eût cru que Ben Chiarot pourrait être si difficile à remplacer?

Entre les lignes

-      Si les patineurs du Canadien ont tous connu un match difficile, voire mauvais, jeudi face aux Flames, il est impératif de soustraire Jake Allen de l’équation. Envoyé en relève à Carey Price pour une 10e fois cette année, le gardien auxiliaire a fait le travail devant la cage du Tricolore. Il a stoppé 27 des 29 tirs des Flames et ne peut être blâmé sur les deux buts...

-      Après avoir amorcé la saison avec trois victoires lors de ses quatre premiers départs, Jake Allen a encaissé un cinquième revers de suite (0-2-3-0) à Calgary jeudi...

-      Le Tricolore a écopé sa première pénalité pour avoir eu trop d’hommes sur la patinoire de l’ère Ducharme. Ces pénalités ne sont pas plus la responsabilité du nouveau coach du Tricolore qu’elle ne l’était alors que Claude Julien était derrière le banc. Ces pénalités sont d’abord et avant tout attribuables aux joueurs...

-      Au lendemain de la bagarre qui a envoyé Ben Chiarot sur la liste des blessés, Josh Anderson a joué avec le feu en jetant les gants devant Milan Lucic. Cette décision aurait peu avoir de conséquences néfastes puisque le franc-tireur du Canadien a évité quelques solides crochets qui auraient pu le mettre K.-O.! Anderson est plus utile au Canadien sur la patinoire qu’au cachot pour cinq minutes en compagnie de Milan Lucic où sur la liste des blessés...

-      Le Canadien a été victime d’un calendrier serré lors du match de jeudi. Il devra toutefois s’y faire alors qu’il disputera ses 11 prochaines rencontres en 20 jours. Et pour ce qui est des aléas associés aux décalages horaires, le Canadien n’est pas plus mal fichu que les Sénateurs d’Ottawa et les Maple Leafs de Toronto qui doivent eux aussi se taper des virées dans l’Ouest canadien ou que les Canucks de Vancouver lorsqu’ils mettent le cap sur l’Est du pays...

-      Parlant des aléas des décalages horaires, le Canadien doit composer en cette année COVID avec les réalités auxquelles sont confrontées la majorité des équipes de l’Ouest dans le cadre d’une saison normale. Ça devrait remettre les choses en perspective pour les fans du Tricolore qui vociféraient contre le traitement défavorable réservé à leurs favoris par la LNH...