La défaite fait mal. Dans le cadre du Match du centenaire, un match en plein air présenté d’un océan à l’autre à « Hockey Night in Canada », contre un adversaire que le Canadien se devait de battre pour le distancer dans la course aux séries, les joueurs de Claude Julien n’ont rien trouvé de mieux que de s’incliner 3-0. De se faire blanchir pour une cinquième fois déjà en 33 matchs cette saison.

 

Peut-être que la 15e défaite encaissée cette saison n’a pas fait assez mal. Car dans ses commentaires d’après-match, Carey Price a préféré parler du «plaisir» qu’il venait de vivre que de la défaite qu’il venait d’encaisser.

 

Price n’a rien à se reprocher dans la défaite. De fait, sans ses arrêts, dont deux qui me viennent principalement à l’esprit aux dépens de Duchene et Phaneuf, les Sénateurs se seraient envolés bien plus rapidement vers la victoire.

Mais de voir Price mettre de côté les conséquences de la défaite au profit de la « belle expérience » qu’il venait de vivre, du fait qu’il avait trouvé le moyen de rester au chaud, que les matchs en plein air étaient bons pour les amateurs et pour les partisans, a de quoi inquiéter les fans du Canadien qui se demandent si leurs favoris veulent vraiment sortir de leur torpeur ou s’ils se complaisent dans la médiocrité qui caractérise leurs performances jusqu’ici cette année.

 

Car au-delà la défaite encaissée à Ottawa pour amorcer bien mal un voyage de sept matchs qui se poursuivra à Vancouver, Calgary, Edmonton, en Caroline, à Tampa Bay et en Floride, c’est la performance désolante offerte à Ottawa qui fait encore plus mal.

 

On peut même parler d’absence de performance.

 

Le Canadien a mis Craig Anderson à l’épreuve 28 fois samedi. En fait non. Le Canadien a cadré 28 des 53 rondelles tirées en direction de la cage des Sénateurs. De ces 28 tirs, trois ou quatre tout au plus ont vraiment mis Craig Anderson à l’épreuve.

 

Après 40 minutes de jeu, le Canadien n’avait donc pas plus de deux bonnes occasions de marquer. Il en a ajouté deux, peut-être trois, au dernier tiers.
 

Non seulement les meilleurs joueurs du Canadien, ceux qui devraient marquer des buts ont une fois encore été blanchis, mais Max Pacioretty et Jonathan Drouin ont été directement responsables des deux premiers buts.

 

Pacioretty et Paul Byron ont gaspillé une rare mise en jeu gagnée par le Canadien samedi. Ils ont été incapables de s’emparer de la rondelle libre derrière Jonathan Drouin. Plus combatif que les deux joueurs du Tricolore, Mark Stone en a profité pour remettre à Erik Karlsson qui a décoché un tir de la pointe que Jean-Gabriel Pageau a fait dévier dans l’enclave.

 

Drouin a été le seul responsable du deuxième but. Dernier joueur en zone du Canadien, en possession de la rondelle, Drouin a tenté de déjouer Bobby Ryan. Erreur! Ryan lui a soutiré le disque et a filé seul vers Price qu’il a déjoué avec un bon tir.

 

Le but dans le filet désert n’était pas même nécessaire pour sceller l’issue du match tant que le Canadien a été inerte offensivement encore hier.

 

Max Pacioretty n’a que huit buts et 18 points cette saison. Jonathan Drouin n’a que cinq buts et 17 points. C’est tellement mince comme production, que Pacioretty et Drouin ne peuvent se permettre des bourdes aussi coûteuses en défensive.

 

Ils ne peuvent se permettre des performances aussi désolantes.

 

Arrangez ça comme vous voudrez, mais après 33 matchs, le Canadien est toujours la seule formation de la LNH à ne pas compter sur un seul joueur affichant au moins 20 points cette année. Oui! Oui! Même les pitoyables Coyotes et les tout aussi pitoyables Sabres ont des joueurs comptant déjà 20 points.

 

De fait, Nikita Kucherov (22), Alexander Ovechkin (22) et Anders Lee (20) ont plus de buts que Brandon Gallagher et Phillip Danault – les meilleurs chez le Canadien – ont de points (19).

 

Avec sa passe récoltée sur le premier but des Sénateurs, Erik Karlsson est l’un des 127 joueurs qui revendiquent plus de points que les deux meilleurs marqueurs du Canadien jusqu’ici cette saison.

 

Désolant vous dites? Mettez-en!

 

Dans ces circonstances, les partisans seraient en droit de s’attendre à ce que les Pacioretty, Drouin, Galchenyuk et autres porte-couleurs du Canadien se défoncent sur la patinoire. Qu’ils prennent tous les moyens au monde pour se donner le minimum de chance de gagner.

 

Mais non!

 

Ils se sont encore une fois contentés de très peu samedi à Ottawa. De trop peu. Avec les résultats qu’on connaît.

 

Au moins, Carey Price a apprécié son expérience. Il a eu beaucoup de plaisir. Il s’est gardé bien au chaud et a apprécié le fait de jouer dehors.

 

J’imagine qu’on se console comme on peut!

  1. Haché finement aux cercles des mises en jeu
  2. Les Bruins se détachent
  3. Pour ou contre les matchs en plein air?
  4. Les menaces d’Eugene Melnyk
  5. Mario Lemieux honoré

Chiffre du match : je ne sais pas s’il était partisan des Sénateurs ou du Canadien, mais celui – ou celle – qui a mis la main sur le coupon 4367033 à fait main basse sur un magot de 140 972 $ dans le cadre du tirage moitié-moitié.

 

Haché finement aux cercles des mises en jeu

 

Vous avez l’impression que le Canadien a été à la remorque des Sénateurs du début à la fin du match samedi soir?

 

Ce n’est pas juste une impression. C’est une réalité.

 

Les deux clubs ont disputé 65 mises en jeu samedi. Le Canadien en a gagné 19. Ça veut dire qu’il en a perdu 46.

 

Ça veut surtout dire que 46 fois, les Sénateurs ont les premiers eu le contrôle de la rondelle. Sans oublier que la fougue des ailiers des Sens à l’opposé de l’inertie de ceux du Canadien a permis aux Sénateurs de s’emparer de rondelles initialement perdues lors de la mise en jeu.

 

Les mises en jeu ne sont qu’un des baromètres servant à analyser les matchs de hockey. Parfois, elles ne disent pas tout.

 

Dans le cadre du match de samedi, les résultats sont si éloquents qu’on peut sans l’ombre d’un doute assurer qu’elles affichent aussi bien la domination des Sénateurs que le score final.

 

Les Bruins se détachent

 

On s’approche de la mi-saison ce qui veut dire qu’il est encore bien trop tôt pour certifier qu’une équipe est assurée d’une place en séries ou définitivement larguée de la course.

 

Bon! On peut lancer sans risque de se tromper que quatre, six, voire huit clubs de tête ont de grandes chances d’accéder aux séries. Que trois, cinq, voire sept équipes du bas de classement ont autant de chances de les rater.

 

Mais pour plusieurs clubs comme le Canadien qui sont capables du meilleur un jour et du pire dès le lendemain, il est trop tôt pour célébrer ou lancer la serviette.

 

Ce qui est clair toutefois, c’est qu’en jouant lamentablement comme il l’a fait hier, le Canadien a donné une poussée aux Bruins au lieu de se rapprocher d’eux.

 

Les Bruins ramassé un point sur la patinoire en comblant un recul de 0-2 pour finalement perdre 3-2 en prolongation aux mains des Rangers.

 

Boston, qui a toujours trois matchs en mains sur le Canadien, affiche donc 35 points en 30 matchs. Trois de plus que Montréal qui a disputé 33 matchs. Au lieu de se réveiller à un point des Bruins et de forcer Boston à maximiser ses matchs en mains, le Canadien offre non seulement une marge d’erreur à  ses grands rivaux, mais voilà que les Sénateurs se rapprochent à trois points avec deux matchs en mains.

 

Rien pour aider la cause du Tricolore qui n’a que lui-même à blâmer cela dit…

 

Pour ou contre les matchs en plein air?
 

J’aime les matchs en plein air. J’étais au premier disputé à Edmonton alors que la Tuque à Théo est passée à l’histoire. J’étais à Calgary et à Boston où le Canadien a visité les Flames et les Bruins.

 

J’ai eu le plaisir d’en couvrir un autre à Philadelphie et au Dodgers Stadium qui a mes yeux a été le plus réussi de tous les matchs disputés en plein air avec celui de Buffalo où Sidney Crosby a marqué le but gagnant pour les Penguins aux dépens des Sabres alors que de beaux gros flocons de neige tombaient du ciel.

 

Je n’étais pas à Ottawa samedi. Mais le décor était féérique et la fête semblait tout à fait réussie.

 

Je conviens que les matchs en plein air ne sont pas idéaux. Que les aléas du temps, que la température et les conditions de la patinoire peuvent influencer le cours de la rencontre qui est toujours elle importante.

 

Parce que les conditions sont les mêmes pour les deux équipes, je partage l’avis de Claude Julien qui assurait après la rencontre effectuer le même genre d’analyse que lors d’une partie disputée au Centre Bell ou au Centre Canadian Tire.

 

Cela dit, je conviens que la LNH a fait dans la surdose en ajoutant aux classiques hivernales et classiques héritages les matchs stadium aux quatre coins de la LNH.

 

Trop c’est comme pas assez.

 

À mes yeux, la LNH devrait maintenant s’assurer que ces matchs spéciaux soient disputés dans le cadre d’événements tout aussi spéciaux.

 

Le centenaire de la Ligue valait un match du genre. C’est clair. Mais peut-être qu’il serait temps de les mettre en évidence dans le cadre de matchs des étoiles disputés dans un endroit où la LNH a l’intention de s’établir, genre Seattle ou Houston ou carrément en Suède, en Finlande, en Russie ou Tchéquie pour tisser des liens plus étroits avec les amateurs d’outre-Atlantique.

 

Les menaces d’Eugene Melnyk

 

Eugene Melnyk a profité des projecteurs pointés sur Ottawa dans le cadre du Match du centenaire pour refroidir les ardeurs des fans de son équipe.

 

Que doit-on tirer des propos du propriétaire qui menace de déménager son club si les partisans n’affichent pas plus d’intérêt aux guichets?

 

Qu’il a su profiter de l’occasion de faire passer un message.

 

Melnyk a raison de fouetter un brin ou deux les fans des Sens. Des fans qui doivent porter le blâme pour les nombreux sièges vides remarqués en deuxième ronde des séries le printemps dernier face aux Rangers de New York. Des fans qui doivent aussi porter le blâme associé au fait qu’une équipe qui est passée à un but d’une place en finale de la coupe Stanley soit obligée d’étendre des bâches noires afin de cacher des sièges vides au balcon.

 

Le Centre Canadian Tire a beau être très loin du centre-ville, et même trop loin, ça n’explique pas tout.

 

Cela dit, Melnyk donne surtout l’impression de chercher une façon de faire monter les enchères pour vendre son équipe à un prix fort.

 

En raison de son parcours tortueux en affaires et du fait qu’il soit un des proprios les plus nébuleux de la LNH, je serais très surpris qu’Eugene Melnyk puisse trouver un ou des associés assez « courageux » pour partager avec lui leurs millions $.

 

Mais il y a des hommes d’affaires qui regardent les Sénateurs aller et qui, pour un prix juste et non artificiellement gonflé par un proprio qui est rendu au fond de ses réserves, seraient prêts à acheter les Sénateurs et à les relancer.

 

Ottawa ne sera jamais un gros marché dans la LNH. Mais cette ville peut être un bon marché quand même. D’ailleurs les projets présentés l’an dernier pour ceinturer un nouvel amphithéâtre sur les Plaines Lebreton, à un tir des poignets des centres-villes d’Ottawa et de Hull, mettaient l’accent sur la dite relance des Sénateurs.

 

Le projet présenté par le groupe d’Eugene Melnyk a été favorisé. Le fait qu’il soit proprio des Sens explique en grande partie ce choix.

 

Ça n’enlève toutefois rien de rien à la valeur du projet présenté par le groupe formé entre autres d’André Desmarais et Guy Laliberté. Les deux hommes peuvent avaler financièrement Melnyk sans même avoir à prendre une gorgée d’eau pour faire passer la pilule. Mais ils n’ont pas l’intention de gaspiller leur fric pour autant.

 

Une fois les menaces passées, Melnyk devra mettre de l’argent sur la table pour lancer le projet de relocalisation vers le centre-ville. Il devra aussi payer Erik Karlsson.

 

Mais voilà : a-t-il vraiment les moyens de se payer l’un et l’autre? Ou même de se payer l’un ou l’autre?

 

Ce n’est pas clair. Loin de là même.

 

S’il n’a pas ou plus les moyens d’assumer la responsabilité financière associée au fait d’être proprio des Sens, Eugene Melnyk a simplement à demander un prix juste pour son club et des hommes plus riches, plus allumés et plus respectueux des amateurs de hockey de la capitale prendront la relève. Et vite à part ça…

 

Les Sénateurs pourraient-ils se retrouver à Québec?

 

Une fois tous les recours épuisés à Ottawa, pourquoi pas? De fait, il serait certainement plus facile de convaincre la LNH de déménager les Sens à Québec que d’y déménager les Coyotes, les Islanders ou les Panthers.

 

Mais ce serait encore une solution de dernier recours qui forcerait Québec et ses fans à encaisser les contrecoups d’un long processus qui pourrait les laisser sur leur appétit une fois encore...

 

Mario Lemieux honoré

 

Plusieurs faits saillants aussi électrisants les uns que les autres ont marqué les premiers 100 ans de la LNH. Aux yeux des amateurs qui ont pris la peine de voter, les cinq buts marqués par Mario Lemieux le 31 décembre 1988 représentent le plus sensationnel de tous ces exploits.

 

Il faut dire que ce soir de réveillon du Nouvel An, Lemieux n’a pas seulement marqué cinq buts aux dépens des Devils du New Jersey. Il a marqué cinq buts différents : un à cinq contre cinq, un en avantage numérique, un à court d’un homme, un autre sur un tir de pénalité et un dernier dans un filet désert.

 

Ce que Lemieux a accompli ce 31 décembre, plusieurs joueurs ne peuvent y arriver dans une saison, voire dans une carrière complète.

 

L’an dernier, Connor McDavid et Brad Marchand sont les deux seuls joueurs de la LNH à avoir réussi le même exploit que Mario Lemieux en 1988. Mais ils ont eu besoin de la saison pour le faire et non d’un seul match.

 

Marchand a enfilé 27 de ses 39 buts à forces égales. Il a marqué neuf fois en avantage numérique, trois fois en désavantage, quatre fois dans un filet désert et une fois sur un tir de pénalité.

 

McDavid a marqué 26 fois à forces égales. Il a ajouté trois buts lors d’attaques massives et un en désavantage. Il a marqué trois fois dans un filet désert et une fois en tir de pénalité.

 

Lors d’un point de presse tenu pendant le match Canadien-Sénateurs, Lemieux a indiqué avoir appris de la bouche d’un journaliste, après la rencontre, la nature de l’exploit qu’il venait de réaliser.

 

Interrogé sur la sortie et les menaces brandies par Eugene Melnyk vendredi, le propriétaire des Penguins lui a suggéré d’être patient, d’afficher la même patience que Lemieux et ses partenaires ont affichée à Pittsburgh ont ils ont dû attendre pendant plus de sept ans le dénouement heureux du dossier qui a mené à la construction de leur nouvel amphithéâtre.

 

Remarquez qu’au-delà la patience, Lemieux et ses associés ont eux aussi brandi la possibilité de quitter Pittsburgh à quelques reprises lors du processus.

 

Ce doit être de bonne guerre...