Le duel s’annonçait inégal : de retour au Centre Bell après une absence de 12 jours, dans une situation de deux matchs en deux soirs, de trois en quatre, contre un adversaire qui se devait d’être meilleur et qui ne pouvait perdre pour maintenir sa place dans la course aux séries, les chances du Canadien semblaient bien minces.

 

De fait, on s’attendait à ce qu’Alexander Radulov se paye une traite à son retour à Montréal où les partisans du Tricolore s’ennuient encore de lui à mourir. On s’attendait que Tyler Seguin, Jamie Benn et John Klingberg profitent d’une petite soirée facile pour gonfler leurs statistiques offensives.

 

Mais voilà : en disputant un vrai match de hockey, en patinant avec intensité, en fonçant avec intensité, en se battant avec intensité le long des bandes et dans les zones payantes, en forçant pour vrai et non seulement en forçant du visage pour donner l’impression de le faire, le Canadien a battu un club qui devrait être bien meilleur que lui. Mais qui était loin de l’être mardi soir.

 

Où était ce club en première période lundi à Columbus. Où était cette équipe la semaine dernière lorsque le Canadien s’est transformé en fantôme lors de ses escales au New Jersey et dans le Sud de la Floride?

 

C’est à n’y rien comprendre.

 

Claude Julien a livré un message bien simple à ses joueurs avant le match contre Dallas. Il leur a expliqué qu’après leur long voyage, dans le cadre de séquences de deux matchs en deux soirs et de trois en quatre, la fatigue seule ne serait pas un bon baromètre pour évaluer leur performance.

 

« Je leur ai dit que s’ils ne ressentaient pas de douleurs après la partie c’est qu’ils n’auraient pas travaillé suffisamment. Après le match qu’ils viennent de disputer, je suis convaincu que les gars ont mal parce qu’ils ont vraiment travaillé. Ils ont vraiment tout donné », a indiqué Claude Julien.

 

Comme entraîneur-chef, il doit être fâchant, déplaisant, frustrant de voir que l’équipe aussi moche des derniers matchs soit en mesure d’offrir une performance comme celle de mardi face aux Stars.

 

«Il faut comprendre où on se trouve. Nous avons plein de jeunes joueurs qui sont en apprentissage. Peut-être qu’en raison des erreurs que nous commettons que plusieurs n’arrivent pas à voir l’effort et le travail qui est accompli. Mais moi je le vois. J’accorde bien plus d’importance aux aspects positifs qu’aux aspects négatifs de nos matchs. On n’est pas rendu où on devra être l’an prochain. Mais on s’en va vers la bonne direction. Regardez le match d’hier (lundi) à Columbus. La première période nous a fait très mal. Mais on a beaucoup mieux joué en deuxième et on a dominé la troisième. Le caractère que nous avons affiché en troisième période a mis la table au match de ce soir», a analysé Claude Julien.

 

Je veux bien.

 

Mais un match comme celui de mardi, un match au cours duquel le Canadien offre une bonne dose d’optimisme à des partisans qui en manquent cruellement depuis le mois d’octobre dernier, rend les insuccès en cascades des derniers mois plus difficiles encore à accepter.

 

Mais bon, quand on dit que le sport est une science bien inexacte – en fait ce n’est pas une science du tout – c’est sans doute de ça dont on parle...

 

Mes observations sur la victoire de 4-2 du Canadien, sa 26e cette saison et 17e au Centre Bell :

  1. Gallagher et Byron énergisent Drouin
  2. Andrew Shaw : c’est inquiétant
  3. Quand Deslauriers sonne la charge
  4. Quel but de Scherbak
  5. Ah! Les Dieux du hockey
  6. Une défaite de trop pour les Stars

Chiffre du match : 93,4 – Non! Ce n’est pas la fréquence d’une nouvelle station de radio sportive à Montréal. C’est tout simplement l’efficacité affichée par Antti Niemi depuis qu’il défend la cage du Canadien. Une efficacité qui grimpe à 94,3 % si l’on tient compte seulement des matchs au terme desquels le vétéran a été le gardien de décision. En 11 décisions, Antti Niemi n’a subi que deux revers en temps réglementaire comme le confirme son dossier de 5-2-4.

 

Je sais que vous êtes nombreux à croire que Charlie Lindgren est assuré du poste d’adjoint à Carey Price l’an prochain. Mais bien qu’il ait un contrat de trois saisons en poche, un contrat l’assurant d’un salaire de la LNH en prime, Lindgren n’aura pas à être soumis au ballottage l’an prochain si le Canadien décide de lui confier le filet du Rocket à Laval.

 

Et comme Lindgren est loin d’afficher le même rendement que Niemi depuis son deuxième rappel, je maintiens ma position selon laquelle le Canadien devrait – permettez-moi d’ajouter impérativement – s’assurer de mettre Niemi sous contrat afin de le garder comme police d’assurance. Car pour le moment, Lindgren n’a rien fait de plus que les Budaj, Tokarski, Condon et Scrivens qui ont donné l’impression de pouvoir épauler Price sans jamais vraiment y arriver…

 

Gallagher et Byron énergisent Drouin

 

Quand Jonathan Drouin se donne la peine de jouer au hockey, il prouve à chacune des présences qu’il effectue qu’il est en mesure d’être tout un joueur de hockey.

 

Drouin a du talent à revendre. Il semble toutefois avoir besoin d’une surdose d’énergie pour le faire fonctionner à plein régime. Cette surdose, Paul Byron et Brendan Gallagher lui offrent gratuitement avec les résultats positifs qui viennent avec. Lundi, contre Columbus, on a eu une idée de ce que ce trio pouvait offrir. Mardi, contre Dallas, on en a eu la confirmation.

 

Jonathan Drouin a récolté deux passes mardi. Deux passes primaires sur les buts d’Artturi Lehkonen et de Brendan Gallagher qui est maintenant rendu à 26 buts cette saison.

 

Contrairement aux matchs au New Jersey et dans le Sud de la Floride alors qu’il attendait d’être poussé par le vent pour avancer sur la patinoire, Drouin a suivi l’exemple donné par ses compagnons de trio. Le bon exemple est-il besoin d’ajouter.

 

Il a patiné, il a travaillé pas seulement en zone ennemie, mais aussi dans son territoire. À un point tel que c’est Drouin en personne que Claude Julien a envoyé au cercle des mises en jeu (deux fois plutôt qu’une) en fin de rencontre alors que le Tricolore se défendait à trois contre six. Drouin a gagné la première mise en jeu aux dépens de Jason Spezza. Ce n’est pas rien. Il a perdu la deuxième, mais il a quand même terminé sa soirée de travail avec 14 duels gagnés sur les 22 disputés pour une efficacité de 64%.

 

Si Drouin jouait tous les soirs comme il l’a fait hier, il serait louangé et non critiqué soir après soir. Même les soirs où ses statistiques offensives seraient plus timides.

 

Car les partisans, comme les journalistes, voient clair. Et ils sont en mesure de reconnaître et respecter le travail sans simplement se laisser berner par des statistiques qui cachent parfois des gros défauts...

 

Je demeure convaincu que c’est à l’aile et non au centre de Jonathan Drouin rendra ses meilleurs services au Canadien. Mais d’ici à ce que Marc Bergevin puisse trouver un vrai centre pour le déloger du premier trio, qu’on s’assure de laisser Gallagher et Byron « énergiser » Drouin.

 

Car ça donne des résultats...

 

Andrew Shaw : c’est inquiétant

 

A-t-on assisté au dernier match de hockey en carrière d’Andrew Shaw?

 

C’est la question que je me suis posée lorsque je l’ai vu se mettre K.-O. en assénant une solide mise en échec à Greg Pateryn. Shaw a bien planifié son coup. Il a barré la route à son ancien coéquipier alors qu’il approchait de la ligne bleue pour quitter son territoire. L’impact a été violent. Les deux casques se sont touchés. Pateryn s’est retrouvé sur le dos. Mais Shaw aussi. À la reprise, on voit clairement que Shaw est inconscient avant même de tomber sur la glace.

 

Pateryn ne s’est pas fait d’amis en frappant Shaw qui était alors en bien vilaine position. En détresse même. Mais il est clair que ces deux coups étaient une réaction instinctive à la mise en échec qu’il venait d’encaisser. Il a d’ailleurs convenu après la rencontre avoir cessé dès qu’il s’est rendu compte de l’état de Shaw.

 

Ce n’est pas la première fois que Shaw est victime d’une commotion cérébrale. Car oui, on peut prétendre que Shaw a été victime d’une commotion. Ce n’est pas la deuxième fois non plus. Ni la troisième. Joueur intense sur la patinoire, toujours en quête d’une mise en échec à assener, Shaw a essuyé plusieurs commotions. Il s’en est d’ailleurs infligé une dans des circonstances presque identiques en frappant un joueur des Rangers de New York au centre de la patinoire.

 

Quand un joueur est « fragilisé » par les commotions répétées au point de ne pouvoir encaisser les contrecoups d’un impact dont il est lui-même responsable, ça devient inquiétant. Non! Très inquiétant.

 

On verra ce que le Canadien offrira en guise de bilan médical, s’il décide d’en offrir un.

 

Mais d’ici là, je crois qu’il est tout à fait normal d’afficher une grande inquiétude quant à l’état de santé d’Andrew Shaw. Et je parle de l’homme ici, pas même du joueur de hockey…

 

Quand Deslauriers sonne la charge

 

La blessure subie par Andrew Shaw a mis en évidence la quantité de mises en échec distribuées au Centre Bell mardi soir.

 

À ce chapitre, Nicolas Deslauriers a sonné la charge en assénant 11 des 40 mises en échec distribuées par les joueurs du Canadien. Onze mises en échec dans un même match, ça représente un record personnel pour Deslauriers. « Je me demande à combien je me serais rendu si je n’avais pas passé sept minutes au banc des pénalités », s’est permis de souligner Deslauriers qui a été chassé en raison d’une bagarre qu’il a livrée après avoir asséné l’une de ses nombreuses mises en échec.

 

« C’était le genre de match pour ça. Je veux être impliqué physiquement à chaque présence, mais tu ne peux pas chercher les mises en échec tout le temps. Parfois, les occasions se présentent d’elles-mêmes et c’était le cas ce soir. »

 

En plus de donner le ton physiquement, Deslauriers a offert du hockey de qualité au sein du quatrième trio.

 

Brett Lernout avec neuf, Jacob De La Rose avec sept et Noah Juulsen avec cinq, ont suivi la cadence donnée par Deslauriers.

 

Il ne faudrait pas oublier non plus Charles Hudon qui a fait preuve de combativité en tenant tête à Brett Ritchie au point de donner l’impression qu’il allait jeter les gants devant lui en guise de réprimande pour la mise en échec par derrière servie par le joueur des Stars au défenseur Noah Juulsen.

 

Hudon a bien fait de s’abstenir, laissant le vétéran Karl Alzner aller au front pour la cause de l’équipe…

 

Quel but de Scherbak!

 

Nikita Scherbak a du talent. C’est clair. Il l’a prouvé en marquant le plus beau but de la soirée mardi. Un but magnifique qu’il a marqué en sortant Kari Lehtonen de ses jambières avec une feinte aussi belle que celle qui devait de lui permettre de contourner Dan Hamhuis comme un cône.

 

Des jeux comme celui qui a mené au troisième but de la saison de Scherbak, j’aimerais en voir plus souvent. Pour ça, il faudrait le voir plus souvent sur la patinoire. Mais pour voir Scherbak plus souvent sur la patinoire et non sur la galerie de presse, il doit convaincre ses patrons en offrant un effort constant.

 

Un cas de poule et d’œuf et du débat à savoir si c’est la poule ou l’œuf qui est venu en premier.

 

« Je suis bien conscient que ce n’est pas juste avec des buts, mais avec mon implication que je vais prouver que je peux assumer une place au sein de la formation et jouer tous les matchs. Je me sens bien. Je suis en forme. Je suis confiant. Mais j’ai encore des choses à prouver et je vais prendre les moyens pour y arriver », a indiqué le jeune qui frappe à la porte du vestiaire une fois encore.

 

En espérant que cette fois ce sera la bonne. Car ce gars-là a les mains, la vitesse, la vision et le talent pour faire oublier bien des soirées de misères aux partisans…

 

Les Dieux du hockey

 

Dans le sport, comme dans la vie, il y a des choses bien difficiles à comprendre. Des choses qu’il faut même parfois ne pas tenter de comprendre tant elles sont incompréhensibles.

 

Des exemples :

 

Artturi Lehkonen s’est fait voler un but certain, lundi soir, à Columbus alors que le défenseur Zach Werenski qui ne regardait même pas le jeu a stoppé avec le revers de la lame de son bâton une rondelle que le Finlandais poussait dans une cage déserte.

 

Mardi, contre les Stars, Lehkonen a décoché un bon tir sur une poussée du Canadien en fin de première période. Mais un tir que son compatriote Lehtonen a laissé passer alors qu’il aurait dû effectuer un arrêt de routine.

 

Artturi Lehkonen a récidivé en début de deuxième période en poussant une rondelle qui a glissé son le gardien des Stars alors que neuf fois sur 10 la rondelle se serait emprisonnée sous ses jambières.

 

Pourquoi? Il ne faut pas chercher à comprendre...

 

Un autre exemple : lamentable en désavantage numérique cette saison, le Canadien a accordé un but aux Stars dès leur premier avantage numérique du match. C’était le septième match de suite au cours duquel le Canadien accordait un but en désavantage numérique. Au cours de cette triste séquence, il en a accordé un affreux total de 10.

 

En fin de match, alors que Brett Lernout et Byron Froese se sont succédé au banc des pénalités et que le gardien Kari Lehtonen a été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant, le Canadien s’est défendu à trois contre six pendant les 73 dernières secondes du match.

 

Le Tricolore aurait alors cédé qu’on aurait compris.

 

Mais non! Il a repoussé toutes les attaques des Stars.

 

En prime : limité à un petit but à ses 18 derniers avantages numériques, le Canadien a marqué trois fois en supériorités numériques contre les Stars.

 

Quand je vous dis qu’il faut parfois ne pas trop chercher à comprendre...

 

Une défaite de trop pour les Stars

 

Dans le camp des Stars on savait que le match face au Canadien était crucial. Qu’il était périlleux de le perdre.

 

Pourquoi alors avoir joué une partie aussi brouillonne en écopant autant de pénalité et en laissant le Canadien, un club prêt à ses faire battre, dicter le ton au lieu de l’encaisser?

 

Les Stars ne pouvaient échapper le match de mardi à Montréal.

 

Déjà qu’ils en arrachent sur la route – ils ont maintenant une fiche de 14-16-3 loin de Dallas – les Stars croiseront les Leafs à Toronto dès ce soir. Ils disputeront huit de leurs 12 prochaines parties sur la route et seront à San Jose, Anaheim et Los Angeles pour disputer leurs trois derniers matchs de la saison régulière.

 

Parce qu’ils ne comptent que sur un trio, un très bon trio, mais un seul trio quand même, parce que John Klingberg, aussi bon soit-il, est bien seul à la ligne bleue des Stars, j’ai bien l’impression qu’ils ont joué avec le feu en perdant contre le Canadien au Centre Bell et qu’ils viennent de miner leurs chances d’être des prochaines séries.

 

La course dans l’Ouest est tellement serrée qu’il est périlleux de gaspiller des points comme les Stars l’ont fait hier. Surtout avec un calendrier difficile comme celui qui les attend.

 

On verra.