Alex Galchenyuk et Lars Eller affichent tous les deux les mêmes objectifs à l’aube du camp d’entraînement du Canadien : obtenir le plus de temps d’utilisation possible de façon à contribuer davantage à la production offensive du Tricolore.

Seule différence, mais grosse différence : Galchenyuk entend assumer plus de responsabilités, peu importe qu’on décide de le muter au centre ou qu’on le confine sur le flanc gauche, où il évolue depuis son arrivée avec le CH il y a deux ans alors qu’Eller entend le faire au centre... et pas ailleurs.

« Je suis un joueur de centre et je suis convaincu que la direction de l’équipe me considère aussi comme un joueur de centre et l’idée de changer de position ou de changer de rôle ne m’a jamais effleuré l’esprit », a insisté Eller lors de son premier point de presse de la saison.

Tout cela est bien beau. Mais avec Tomas Plekanec et Manny Malhotra qui sont bien cantonnés dans leur rôle tout comme David Desharnais – remarquez que le petit québécois pourrait toujours être muté à l’aile – la place d’Eller au centre pourrait être menacée si l’expérience que le Canadien accordera à Galchenyuk de retourner à sa position naturelle de joueur de centre lors du camp d’entraînement est concluante.

Rassuré par le contrat de quatre saisons (14 millions $) qu’il a signé au cours de l’été, Lars Eller refuse de se laisser distraire par les scénarios qui le chassent de la position qu’il considère sienne.

« J’ai appris l’an dernier que les choses changeaient vite au sein d’une formation. Je crois avoir disputé des matchs avec tous les ailiers de l’équipe au cours de la saison avant de piloter le seul trio qui est demeuré intact – en compagnie de Rene Bourque et Brian Gionta – lors des séries. Je suis prêt à jouer avec n’importe qui, au sein de n’importe quel trio, mais je me vois au centre », a plusieurs fois répété Eller.

Bon début, bonne fin

Entre Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher en début de saison dernière et entre Bourque et Gionta en séries éliminatoires, Eller a prouvé qu’il pouvait piloter avec succès un trio offensif avec le Canadien. Le trio des jeunes s’est hissé au rang de premier trio l’automne dernier alors que David Desharnais et Max Pacioretty étaient au neutre. En séries, l’éveil offensif de Rene Bourque en première ronde et l’efficacité habituelle de Gionta ont grandement servi la cause d’Eller.

Après ce début de saison sur les chapeaux de roues – cinq buts et sept points après les cinq premiers matchs et sept buts et 13 points après 20 parties – et avant ses performances impressionnantes en séries – cinq buts et 13 points en 17 matchs – Eller a connu de longs passages à vide en saison régulière. Une séquence d’un but et quatre points en 37 matchs dont une plus noire encore d’une passe en 24 parties a soulevé bien des doutes quant à la vraie valeur d’Eller. Le Danois qui amorce sa cinquième saison à Montréal a d’ailleurs reconnu avoir broyé beaucoup de noir au cours de cette séquence qui minait sa dernière année de contrat.

« Je mentirais de prétendre le contraire, mais c’est maintenant tout oublié. Je n’y penserais même pas si ce n’était de vos questions sur ce sujet », a ironisé Eller.

Galchenyuk prudent

À son troisième camp d’entraînement, Alex Galchenyuk était beaucoup moins tranchant que Lars Eller dans ses réponses aux questions reliées à sa position en début de saison prochaine.

« Je suis encore un jeune joueur dans la LNH. J’ai encore beaucoup à apprendre et je ne considère pas avoir l’expérience pour exiger à quel endroit où je vais jouer », a répondu l’Américain en affichant des sourires nerveux.

Malgré son jeune âge et son manque d’expérience, Galchenyuk a habilement esquivé toute controverse en assurant qu’il jouerait là où on lui demanderait de jouer.

« Je crois avoir acquis beaucoup d’expérience à l’aile au fil des deux dernières saisons. J’ai encore beaucoup à apprendre à cette position. Si on me donne l’occasion de jouer au centre, je travaillerai de la même façon pour offrir les meilleurs résultats possible afin d’aider l’équipe à gagner. »

Quand j’ai demandé à Galchenyuk s’il se sentait en mesure d’aider davantage l’attaque du Canadien au Centre plutôt qu’à l’aile, il a une fois encore évité de se mettre les pieds dans les plats en répondant : «Je peux aider aux deux endroits…»

Son jeune compagnon de trio Brendan Gallagher a été plus loquace quant aux bienfaits que pourrait entraîner une mutation de Galchenyuk au centre de la patinoire.

« Chucky est déjà rapide et explosif à l’aile. Une fois au centre, il aurait davantage d’espace pour entrer en zone ennemie sur la gauche ou la droite. Les équipes adverses s’occuperaient aussi beaucoup plus de lui comme on le voit régulièrement avec les joueurs de centre rapides et dotés de bons tirs. Cette attention accrue accordée à Chucky au centre donnerait beaucoup plus d’espace à ses ailiers et ça, ce serait une bien bonne nouvelle. Mais peu importe que ce soit à l’aile ou au centre, Alex restera un atout important au sein de notre attaque. »

À quoi s’attendre?

Comme il l’a assuré mardi soir à l’Antichambre, le directeur général Marc Bergevin ne craint pas une congestion au centre, car tous les joueurs de centre peuvent évoluer à l’aile alors que ce ne sont pas tous les ailiers qui peuvent assumer les responsabilités d’un joueur de centre.

Surtout que les blessures pourraient dicter le cours des choses plutôt que de donner des maux de tête à l’état-major du Tricolore lors de la prise des décisions finales.

Sans oublier que selon les performances de Galchenyuk au centre et les aléas de la saison de son équipe, Marc Bergevin pourrait décider d’échanger Tomas Plekanec en retour d’un jeune prometteur.

Les prochaines semaines dicteront la suite des choses.

Mais j’ai bien hâte de voir les performances de Galchenyuk. Car s’il est en mesure d’offrir ce dont on le sait déjà capable d’offrir à l’attaque tout en assumant avec succès sa part de responsabilité défensive, l’entraîneur-chef Michel Therrien pourra plus facilement brandir le spectre d’une démotion aux autres joueurs de centre qui devront vite trouver des solutions à leurs ennuis au lieu de s’enliser comme l’ont fait David Desharnais en début de saison et Lars Eller après son début de campagne fulgurant.

Ce qui serait un gros plus pour le Canadien, son coach et les partisans dont le niveau d’impatience n’aurait pas le temps – ou moins de temps – pour fluctuer dangereusement vers le point d’ébullition.