Alex Galchenyuk est en train de sauver la fin de saison du Canadien et la sienne du même coup.

Non! Le jeune attaquant, aussi flamboyant soit-il en ce moment, ne sera pas en mesure de propulser le Tricolore en séries. Mais à le voir aller depuis que l’état-major a accru ses responsabilités offensives, il est facile de croire qu’il contribuera à le faire l’an prochain. Si, bien sûr, l’état-major mise de la même façon sur ses aptitudes et habilités en lui offrant le temps d’utilisation de qualité dont il profite maintenant. Et si, bien sûr, il joue avec la même détermination qui l’habite présentement et qu’il conserve sa touche qui lui permet de transformer ses occasions de marquer en buts.

Ça fait beaucoup de si. Je sais. Mais avec ce que Galchenyuk nous offre en fait de performances – et je ne parle pas seulement ici des résultats –, il y a de quoi être optimiste.

Alex Galchenyuk a marqué deux buts lundi soir dont celui qui a propulsé le Canadien vers une victoire ô combien surprenante de 4-3 en prolongation aux dépens des Stars de Dallas. Des Stars qui devront être pas mal plus incisifs en séries s’ils veulent se donner une mince chance de simplement franchir la première ronde.

C’était sa deuxième partie de suite de deux buts. Sa troisième lors des quatre derniers matchs. Sa quatrième lors des sept dernières parties. Sa cinquième lors des 12 dernières rencontres et sa sixième cette saison.

Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je commence à y prendre goût.

Quand Galchenyuk s’est présenté sur la patinoire à titre de première étoile, il a reçu un accueil triomphal. Je sais : les partisans accordent toujours ce genre d’accueil à leur héros du moment. Mais j’ai vraiment l’impression que l’éveil de Galchenyuk sert de baume sur toutes les plaies vives qui minent le Canadien et ses partisans depuis le début de la grande débâcle en décembre dernier.

Non seulement a-t-il marqué deux buts, mais Galchenyuk a contribué à l’autre but enfilé par son trio. Un but de Max Pacioretty qui a fait dévier un tir de la pointe d’Andrei Markov. Cette passe était sa première depuis le début de sa poussée impressionnante de 11 buts enfilés lors des 12 derniers matchs.

Comme si ces deux buts et trois points n’étaient déjà pas suffisants, Galchenyuk a orchestré quelques belles poussées qui se sont soldées par de bonnes occasions de marquer pour lui ou ses deux ailiers.

Temps d’utilisation abondant et de qualité

Une telle production attise la campagne menée par plusieurs amateurs qui voient enfin, en Galchenyuk, le gros centre du premier trio qu’ils anticipaient lorsque le Canadien l’a repêché au troisième rang de la cuvée de 2012.

J’ai encore tendance à croire que Galchenyuk sera plus à l’aise à l’aile qu’au centre. La manière dont il marque depuis deux semaines en dépit de sa mutation au centre milite d’ailleurs en faveur de cette prétention.

Mais peu importe l’endroit où il se place et se placera lors des mises en jeu, c’est ce qui se passera une fois la rondelle sur la glace qui m’importe et m’importera le plus dans l’évaluation du rendement de Galchenyuk.

Que ce soit à titre de centre ou d’ailier, il me semble évident maintenant que le jeune qui est en train de devenir grand doit être parmi les attaquants les plus utilisés du Tricolore.

De fait, ça ne devrait plus faire de doute.

Therrien ne regrette rien

Quand je regarde Galchenyuk aller, je me demande si le Canadien ne regrette pas un brin ou deux d’avoir trop attendu pour lui donner la glace dont il semble avoir besoin pour déployer tout son talent. De l’avoir gardé dans l’ombre de coéquipiers moins talentueux et/ou productifs alors que Galchenyuk s’est souvent (trop) retrouvé tout juste devant les membres du quatrième trio en fait de temps d’utilisation. Que ce soit en minutes ou en qualité.

« Je ne regrette rien », a répondu Michel Therrien lorsque je lui ai posé la question après la rencontre.

« Alex n’est pas le même joueur qu’il était en début de saison. Il joue avec beaucoup plus de confiance depuis un mois. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de retenter l’expérience au centre, car il avait retrouvé son aplomb à l’aile. Il est maintenant important pour lui de garder le même rythme. De ne pas jouer sur les talons. De maintenir son rendement. D’être dominant offensivement. Alex (Galchenyuk) a connu des succès par séquences dans le passé. Il doit apprendre à maintenir cette séquence », a poursuivi l’entraîneur-chef du Canadien qui a aussi parlé de l’importance de ne pas « dépersonnalisé » son ou ses joueurs.

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L’état-major du Canadien – la directive venait du directeur général Marc Bergevin – a adopté une politique rigide en matière de temps d’utilisation pour assurer le meilleur développement possible de Galchenyuk.

C’était sans l’ombre d’un doute louable. Même que c’était certainement la bonne façon de faire. Mais après quatre ans, il est temps maintenant de « libérer » Galchenyuk. Ça se sent. Ça se voit. Ça ne veut pas dire de le laisser aller à l’épouvante et de mettre de côté les responsabilités qu’il doit assumer tout en tentant de mousser sa production offensive.

Comme on le fait lorsqu’on se demande si c’est l’œuf qui est venu avant la poule ou le contraire, il est permis de se demander si Galchenyuk offre des performances si flamboyantes parce qu’on lui donne l’occasion de le faire ou si on lui offre maintenant plus de temps d’utilisation et du temps de qualité parce qu’il joue mieux, bien, voire très bien?

« C’est une excellente question, a d’abord reconnu Michel Therrien avant d’ajouter : les performances dictent l’utilisation. »

« Je dois donner crédit à mes coéquipiers »

J’ai tendance à être d’accord avec l’entraîneur-chef du Canadien sur ce point. Du temps d’utilisation de qualité ça ne doit pas tomber du ciel. Tu l’obtiens à la sueur de ton front. En fonction de l’effort déployé et des résultats obtenus.

Lors des deux matchs au cours desquels ils ont été réunis – je crois que c’était Dale Weise qui jouait avec eux alors que Brendan Gallagher se remettait des fractures à sa main droite –, Max Pacioretty et Alex Galchenyuk n’avaient rien cassé. Michel Therrien a même souligné après la rencontre de mardi qu’ils n’avaient pas même obtenu une seule occasion de marquer. Disons que les choses ont changé. Et pour le mieux.

Si les performances de Galchenyuk dictent son utilisation future, ça veut donc dire qu’il devrait encore jouer beaucoup jeudi contre Buffalo. Il s’agit là d’une très bonne nouvelle pour Galchenyuk, pour le Canadien et pour ses partisans.

Même pour ceux qui tiennent à voir le club perdre pour maximiser ses chances d’obtenir la sélection la plus élevée au prochain repêchage? Pour tous les partisans.

Car si le Canadien profite de cette fin de saison misérable pour enfin déterminer la niche qu’occupera Alex Galchenyuk pour les trois, cinq, sept prochaines années, ce sera une très grande victoire. Une victoire qui aidera à dicter les mesures à prendre pour vraiment faire du Canadien un club capable d’aspirer aux grands honneurs et non simplement un club qui peut aspirer aux séries. Avec ou sans Carey Price devant le filet.

30 Min. Chrono - est-ce que le CH a trouvé son premier centre?