MONTRÉAL – Brendan Gallagher est un joueur important chez le Canadien.

 

Il n’est pas aussi important aux succès du Canadien que l’est depuis toujours et le sera encore pour quelques années Carey Price. Mais il est important quand même.

 

Avec sa fougue, sa témérité et le fait qu’il a su maximiser un talent loin d’être débordant comme en témoignent ses deux saisons de 30 buts et d’autres qui se seraient ajoutées n’eut été de blessures qui l’ont miné, Gallagher est à mes yeux et aux yeux de plusieurs l’âme de l’attaque.

 

Il est peut-être même l’âme de l’équipe.

 

Derrière le capitaine Shea Weber et Carey Price, Gallagher occupe un rôle de premier plan au sein du groupe de leaders de l’équipe. Il donne le ton sur la glace et est capable de donner le ton également dans le vestiaire.


C’est pour toutes ces raisons, pour ses 173 buts marqués et 334 points récoltés, ses 312 minutes passées au banc des pénalités et le différentiel de plus 58 qu’il a su maintenir dans le cadre des 547 matchs qu’il a disputés depuis le début de sa carrière, que Gallagher – repêché en cinquième ronde (157e sélection) en 2010 est-il besoin de le rappeler – sera bientôt l’attaquant le mieux payé de l’équipe.

 

De fait, c’est pour tout ce qu’il a accompli jusqu’ici et parce qu’il espère que l’âme de son attaque maintiendra cette cadence pour le reste de sa carrière que Marc Bergevin a indiqué, dans une entrevue accordée au RDS.ca il y a deux semaines, qu’il souhaitait faire de Gallagher son attaquant le mieux payé, et qu’il entendait lui offrir un contrat à longue, voire à très longue durée.

 

Comme bien des partisans du Canadien et plus particulière des « fans » de cette bougie d’allumage du Tricolore, je suis convaincu que Gallagher mérite amplement d’être l’attaquant le mieux payé du Club.

 

Je suis même d’accord pour que l’état-major se montre généreux en années. Peut-être même trop généreux considérant le fait que Gallagher, de la façon dont il joue, pourrait raccourcir lui-même sa carrière en refusant de s’économiser sur la patinoire.

 

C’est cet abandon total qui a fait de lui le joueur qu’il est. C’est cet abandon qui lui permettra de demeurer le joueur important qu’il est devenu au fil des ans.

 

Pas question de doubler son salaire

 

Tout ça est bien beau. Aux sens propre et figuré.

 

Mais alors que le clan Gallagher, par le biais de son agent Gerry Johannson, indique que les négociations avec le Canadien sont dans une impasse, il sera important de quantifier la valeur du guerrier.

 

J’insiste une fois encore sur le fait qu’il mérite d’être l’attaquant le mieux payé. Et que oui, le Canadien pourrait prendre le risque de lui offrir un contrat de huit ans soit la limite permise par la convention collective de la LNH.

 

Mais attention!

 

Ça ne veut pas dire pour autant que Gallagher mérite de doubler le salaire de 3,75 millions $ qu’il encaissera la saison prochaine dans le cadre de la dernière année du contrat de six ans qu’il a signé en novembre 2014.

 

Malgré tout ce que je pense de bien et de bon de Gallagher, je ne vois pas comment il pourrait réclamer beaucoup plus que 6 millions $ par saison. Surtout dans le cadre d’un contrat à très long terme.

 

Jonathan Drouin et Josh Anderson sont, pour le moment, les deux attaquants les mieux payés du Canadien. Ils touchent 5,5 millions $ par année. Drouin est sous contrat pour encore trois saisons. Acquis des Blue Jackets en retour de Max Domi, le nouveau venu Anderson vient de signer un pacte de sept ans.

 

Ajoutez à l’équation le fait que Tyler Toffoli représente un très bon coup autant sur le plan hockey que sur le plan financier avec un contrat de quatre d’une valeur totale de 17 millions $.

 

Ces trois contrats doivent servir de baromètres sur le plan financier.

 

Et c’est parce que Marc Bergevin a été très généreux en années avec Anderson – j’ai l’impression que c’était une façon pour le Canadien de démontrer à Domi à quel point le club était heureux de l’avoir remplacé – que je serais prêt à me rendre à huit pour Gallagher. Un gars qui donne sans compter au Canadien depuis le début de sa carrière. Sans oublier que le Canadien aimerait le garder au sein de son vestiaire du début à la fin de sa carrière.

 

Peu importe la durée du contrat, le magot que je placerais dans l’enveloppe offerte à l’ailier droit de 28 ans serait sensiblement le même.

 

Je n’aurais aucun problème – c’est facile à écrire, car ce n’est pas mon argent – d’offrir à Gallagher un contrat de six ans l’assurant d’un salaire de 6,666 millions $ en moyenne par année (40 millions $). Pour un contrat de sept ans, je baisserais sa moyenne à 6,25 millions $ annuellement – valeur de 43,75 millions $. Si j’acceptais de me rendre à huit ans, je lui garantirais un salaire moyen annuel de 5,75 millions $ pour des gains totaux de 46 millions $.

 

Dans ces trois scénarios, Gallagher serait, pour l’instant et jusqu’à ce que Nick Suzuki et/ou Jesperi Kotkaniemi deviennent les fers de lance à l’offensive, l’attaquant le mieux payé du Canadien.

 

Vrai qu’il perdrait des millions $ dans ces septième et huitièmes saisons. Mais s’il doit les jouer sur une jambe rendu là ou pire que le Tricolore doit racheter son contrat parce qu’il n’a plus d’énergie pour lui permettre d’être le joueur qu’on aime tant aujourd’hui, l’équation sera plus facile à effectuer pour l’équipe.

 

Vers l’autonomie complète?

 

Quarante, près de quarante-quatre ou quarante-six millions de beaux dollars ce n’est pas rien. Même avec les impôts du Canada et du Québec. Même après les retenues en fiducie de la LNH. Même après la portion à verser à l’agent.

 

Surtout que Gallagher, comme tous ses coéquipiers, est payé en dollars US, mais dépense en dollars canadiens. Du moins, à Montréal...

 

Bon! C’est peut-être moins, voire beaucoup moins, que les objectifs que se sont fixés Gallagher et son agent. Mais c’est un total qui me semble juste pour le joueur et pour l’équipe.

 

Cela dit, je ne sais pas même si le Canadien serait prêt à lui offrir de tels contrats. Car Marc Bergevin, comme Gerry Johannson, refuse de négocier sur la place publique. Et c’est très bien comme ça.

 

Cela dit, Marc Bergevin s’est permis une remarque lourde de conséquences mardi après-midi alors qu’il commentait l’embauche de Tyler Toffoli et le travail abattu depuis l’élimination de son équipe.

 

« Il y a des joueurs qui devront faire des sacrifices pour demeurer à Montréal », que le DG a lancé alors qu’il a mis sur patins une équipe qui semble prête à gagner. Ou du moins plus en mesure de le faire que par les années passées.

 

Une remarque dirigée directement à l’endroit de Brendan Gallagher. Une remarque qui devrait aussi atteindre Phillip Danault qui se retrouvera dans la même situation au cours des prochains mois alors que les deux joueurs pourront profiter de leur autonomie complète à l’ouverture du marché des joueurs autonomes l’an prochain. S’ils ne se sont pas entendus avec le Tricolore d’ici là.

 

Est-ce que Gallagher et Danault pourraient obtenir plus à titre de joueurs autonomes?

 

C’est une très bonne question.

 

Les Canucks de Vancouver, où Gallagher vit quand il n’est pas à Montréal, pourraient sans doute d’intéresser à lui pour pousser les Elias Pettersson et autres sensationnels jeunes joueurs de talent qui foisonnent au sein de leur formation à se dépasser.

 

Mais accepteraient-ils vraiment de se rendre à 7 millions $ par saison?

 

Je suis loin d’en être convaincu.

 

Est-ce que Phillip Danault peut vraiment s’attendre à toucher 6 millions $ par saison ailleurs qu’à Montréal?

 

Au-delà toutes les qualités de Danault, et elles sont nombreuses, je suis loin d’en être convaincu.

 

Vaudeville à éviter

 

Il semble clair que les négociations entre les clans Gallagher et Danault – j’exclus Tomas Tatar de l’équation pour le moment, car si les deux premiers s’entendent avec le Tricolore, Tatar défendra les couleurs d’une autre équipe l’an prochain – seront difficiles.

 

C'est normal. Les deux joueurs négocient les contrats les plus importants de leur carrière. Le Canadien a maintenant des paramètres financiers plus serrés à respecter puisqu’il flirte dangereusement avec le plafond actuel et sait que les Suzuki, KK et autres Romanov passeront un jour à la banque également. En plus, les conséquences de la pandémie obligeront les clubs à composer avec un plafond qui stagnera pour les deux ou trois – peut-être plus – saisons.

 

Rien pour faciliter les négos.

 

Le Canadien et les agents des deux joueurs – j’ajouterais les médias également – doivent toutefois prendre tous les moyens pour éviter que ces négociations, aussi difficiles soient-elles, ne virent au vaudeville.

 

Quand les négociations sont au centre de l’attention sur une base presque quotidienne, on lance ici une journée qu’elles vont mal, très mal le lendemain, qu’elles sont rompues le surlendemain, mais qu’elles ont repris quatre jours plus tard.

 

Tout ça devient vite navrant. C’est pour les côtes d’écoute, c’est bon pour les prises de becs sur les médias sociaux et les tribunes téléphoniques, mais ça demeure contre-productif.

 

J’espère que le Canadien profitera du reste de la saison morte pour trimer dur avec les agents des deux joueurs afin de s’entendre sur des prolongations de contrat.

 

Car avec les améliorations apportées à l’équipe, le Canadien devrait, pour la première fois depuis longtemps, avoir des chances réelles de se battre pour une place en séries. Ce serait bête de bousiller ces chances, surtout qu’on est loin de parler d’une garantie d’y accéder ici, avec de la bisbille contractuelle qui minerait – c’est toujours le cas – les performances des joueurs concernés et la ligne directrice de l’équipe.

 

Cela dit, il me semble qu’en établissant les valeurs justes et équitables de Brendan Gallagher et de Phillip Danault il serait facile – ou à peu près – de régler ces deux dossiers.

 

Je sais! C’est plus facile à dire ou à écrire qu’à faire. Mais il me semble quand même que des solutions intéressantes pour les joueurs et pour l’équipe sont à portée de main. Encore faut-il être prêt à étirer le bras pour saisir le stylo, écrire des gros chiffres en dollars et en années en caractères gras et signer ensuite au bas du contrat.

 

On verra!