MONTRÉAL – C’était peut-être la pression des derniers jours qui tombait. C’était peut-être l’ivresse que peut procurer le sentiment du devoir accompli. Ou c’était peut-être simplement que Marc Bergevin aime vraiment, mais vraiment Brendan Gallagher. 

Le directeur général du Canadien a dû retenir ses larmes à quelques reprises jeudi en commentant la mise sous contrat, annoncée la veille, de son fougueux attaquant. 

« Gally, pour moi, c’est quelqu’un de spécial », a mentionné Bergevin, la voix tremblante et les yeux humides, au début d’un long et généreux point de presse.

« Dans une équipe, tu as des joueurs qui sont "low maintenance" et tu as des joueurs qui sont "no maintenance". Avec Gally, c’est zéro. En huit ans ici à Montréal, jamais il ne s’est plaint de quoi que ce soit. Et quand ça ne va pas bien, la première personne vers qui il regarde, c’est lui. Ce n’est pas l’instructeur ni ses coéquipiers, ce n’est personne d’autre que Brendan Gallagher. Il n’y en a pas beaucoup de joueurs comme ça. On est chanceux, il n’est pas le seul à Montréal, mais ça a une valeur. »

« Tu ne veux pas être émotif quand tu négocies un contrat, mais c’est certain que moi, depuis ma première journée comme DG à Montréal, je le regarde performer et je suis fier de l’avoir ici. » 

Une conclusion joyeuse à un processus éprouvant

Gallagher, qui dit n'avoir pu entendre les compliments de son patron en direct puisqu'il conduisait pour revenir du gym, s’est empressé de lui renvoyer les fleurs.  

« C’est un respect qui est réciproque, a assuré le nouveau détenteur d’un contrat de six ans d’une valeur de 39 M$. Je ne peux parler de "Berg" sans parler de passion. Chaque fois qu’il nous parle, c’est clair. Il a un seul but et c’est la première chose qu’il m’a dit quand il m’a appelé hier : "Maintenant que ça c’est réglé, c’est le temps de gagner". »

« J’ai énormément d’estime pour tout ce qu’il a fait pour cette équipe et plus particulièrement pour moi. On a tous besoin de cette personne qui nous donnera notre chance. On a commencé en même temps à Montréal, il fait partie de ceux qui m’ont ouvert une porte et j’en serai toujours reconnaissant. » 

La nouvelle de la conclusion d’une entente entre le Canadien et son numéro 11 a été accueillie avec une certaine stupeur à Montréal. C’est que la veille, l’agent de Gallagher, Gerry Johansson, avait confié au journaliste Pierre LeBrun que ses discussions avec Bergevin avaient été rompues. 

« C’était de la mauvaise information que vous aviez reçue », s’est d’abord laconiquement défendu le DG, qui a dit préférer le terme « malentendu » lorsque celui-ci lui a été suggéré quelques minutes plus tard.

« Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais Gerry et moi, on a une bonne relation. On a fait des contrats dans le passé. Des petits pépins sont arrivés, mais on est tous les deux fiers de cette entente. »

« En 8 ans, jamais Gallagher ne s'est plaint »

« Ça a été difficile, pour être honnête, a de son côté admis Gallagher. C’était la première fois, vraiment, depuis que je suis avec cette équipe, que l’idée que j’aurais à prendre une décision à propos de mon avenir m’a traversé l’esprit. Ça a été dur. C’est la seule équipe que j’ai connue, on peut dire que je suis tombé en amour avec tout ce que ça implique et je n’aime pas le changement. Ça ne faisait pas mon affaire. Ça a pu sembler court comme mésentente, de l’extérieur, mais moi ça m’a paru durer une éternité. Ça a fait du bien de recevoir des nouvelles plus positives le lendemain. » 

Un corps fragile

Entre 2017 et 2019, Gallagher a donné au Canadien deux saisons complètes au cours desquelles il a amélioré ses sommets personnels au niveau des buts et des points. C’est notamment au cours de cette période qu’il est officiellement devenu un marqueur de 30 buts – il en a inscrit 31 en 2017-2018 et deux de plus l’année suivante. 

La saison qui vient de se terminer a été plus éprouvante. Une commotion cérébrale lui a fait rater une douzaine de matchs en janvier. En février, il a dû jouer avec une attelle à un genou en raison d’une blessure subie contre les Stars de Dallas. 

À la reprise des activités, en août, Gallagher a été envoyé en vacances prématurément par un double-échec de Matt Niskanen qui lui a fracturé la mâchoire. Au moment de faire le bilan de la saison, il a aussi été révélé qu’il avait joué en dépit d’une blessure à une hanche. 

Gallagher a eu 28 ans en mai, mais l’absence complète de retenue dans son jeu rend les informations fournies par son certificat de naissance trompeuses. Bergevin affirme avoir pris ce facteur en considération avant d’assurer sa présence à Montréal jusqu’en 2027.

« Bergevin et moi sommes passionnés par le Canadien »

« C’est certain que quand tu prolonges le contrat d’un gars pour une période de [six] ans, tu t’attends à ce que certaines choses puissent arriver. Gally connaît juste une façon de jouer. Ce qu’on aime le plus de lui, c’est peut-être ce qui pourrait faire le plus mal sur la durée de son contrat. Mais c’est un risque que personnellement, je suis prêt à assumer. »

« Je travaille très fort entre les saisons pour m’assurer de bien préparer mon corps, a répondu Gallagher lorsque ces doutes lui ont été soulevés. Les blessures que j’ai subies – je me suis fracturé la main en bloquant des lancers, j’ai reçu un bâton sur la mâchoire – je crois que ce sont des blessures que n’importe qui aurait subies. Je vais continuer de jouer de la même façon. Je ne m’inquiète pas des effets que ça pourrait avoir sur mon corps. » 

« Quand j’ai signé mon contrat précédent, on m’a posé les mêmes questions! J’ai passé à travers et je ferai la même chose cette fois pour préparer mon prochain contrat. Ce n’est pas un plan de retraite que je viens de signer! » 

« Les additions à notre équipe sont incroyables! »
« Un revirement de situation qui a duré une éternité! »
Un contrat pour Gallagher, un prêt pour Kotkaniemi