MONTRÉAL - Le risque après une victoire facile comme celle de jeudi dernier aux dépens du Wild était de voir les joueurs du Canadien se croire meilleurs qu’ils ne le sont en réalité.

 

De croire qu’il pourrait prendre les choses aisées et gagner quand même. Surtout qu’ils débarquaient à St Louis à peine une semaine après avoir battu les champions en titre de la coupe Stanley 6-3.

 

Le Canadien a eu un match relativement facile samedi à St Louis. J’en conviens. Mais ce n’est pas parce que les Blues lui ont donné les deux points sans se battre, mais bien parce que ses joueurs ont disputé une grosse partie.

 

ContentId(3.1343231):LNH : Canadiens 5 - Blues 2
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Une grosse partie qui s’est traduite par une grosse victoire.

 

Je sais : Jake Allen a coulé son équipe en faisant dévier dans son propre filet un dégagement banal de Brendan Gallagher qui visait bien plus le coin de la patinoire que le coin du filet lorsqu’il a tiré tout bonnement vers le territoire des Blues.

 

En passant, ce but de Gallagher lui a permis de s’approcher à deux secondes du record – partagé par Claude Provost (Canadien) en 1957-1958, Denis Savard (Chicago) en 1985-1986, et James Van Riemsdyk (Toronto) en 2013-2014 – pour les buts marqués les plus rapidement en début de période dans l’histoire de la LNH.

 

Vrai que ce but a miné les Blues.

 

Surtout qu’au premier tiers, les champions en titre semblaient vraiment avoir l’intention de venger leur revers de la semaine dernière. Ils avaient tiré 11 fois sur la cage défendue par Carey Price qui les avaient limités à un but alors qu’ils auraient pu en marquer au moins un de plus, peut-être deux, voire trois.

 

Ce que Price a fait à son bout de patinoire, Allen a été incapable de l’accomplir à l’autre bout. Son seul arrêt difficile, Allen l’a réalisé aux dépens de Jonathan Drouin en fin de rencontre. Pour le reste, il n’a pas su bien appuyer ses coéquipiers.

 

Mais le Canadien a fait bien plus que profiter de la bévue monumentale de Jake Allen. Il a joué avec intensité, avec vitesse, il a bien orchestré ses attaques, il a une fois encore fait mouche en attaque massive et les coéquipiers de Carey Price se sont bien occupés des retours que leur gardien a accordés sur les nombreux tirs de qualités de Blues.

 

Tenez : malgré le score tout à l’avantage du Tricolore, les Blues ont dominé les tirs (34-25) et plus encore les tirs tentés (51-34). Vous avez bien lu : le Canadien a tenté autant de tirs que les Blues en ont cadrés sur la cage de Price. Ça vous donne une idée de la qualité de la soirée de travail du gardien du Tricolore.

 

Bien qu’elles étaient moins nombreuses que celles des Blues, les frappes du Canadien étaient dangereuses. Elles complétaient de belles poussées. À part, bien sûr, de celle de Gallagher…

 

Attaque massive active et enfin productive

 

Pour la première fois de la saison, l’attaque massive du Canadien a fait mouche deux fois.

 

Jordan Weal a asséché, du moins pour un moment, la cascade de questions liées à sa présence en avantage numérique en marquant le premier but du match lors de la première supériorité du Canadien.

 

Vrai que Weal n’a pas la réputation de ses coéquipiers des deux premiers trios. Mais il est efficace, travaillant, bagarreur et tire de la droite.

 

Le but de Weal ajouté à celui que Jonathan Drouin  permet au Canadien de frappé deux en cinq samedi. Ça lui en donne huit en 31 occasions après huit matchs et une efficacité de 25.8 %. Soit près du double de l’efficacité de 13,1 % que le Tricolore a maintenu la saison dernière.

 

Je sais, il est tôt pour s’emballer.

 

Mais plus encore que l’efficacité de 25,8 %, c’est le fait que le Canadien ait marqué au moins un but en avantage numérique dans sept de ses huit matchs qui est le plus encourageant. On voit souvent des équipes – pas seulement le Canadien – y aller de séquences sensationnelles pendant quelques matchs, suivies de passages à vide pendant plusieurs parties.

 

Une réalité qui fausse les statistiques associées uniquement à l’efficacité. En marquant aussi régulièrement – même si ce n’est qu’une fois par match – le Canadien mousse ses chances de victoire. Surtout que les buts inscrits en A-N jusqu’ici ont eu des impacts importants sur le cours des rencontres.

 

Jonathan Drouin a porté le score à 3-1 moins de quatre minutes après que Gallagher eut surpris tout le monde – à commencer par lui-même – avec son filet bizarre en début de période médiane.

 

À 3-1, on a senti les Blues perdre confiance et se mettre à jouer avec beaucoup moins de conviction.

 

Quand Kotkaniemi se tient debout

 

Comme plusieurs, j’ai souligné et dénoncé le fait que Jesperi Kotkaniemi se retrouvait bien trop souvent les quatre fers en l’air sur la patinoire. Qu’au moindre contact avec un adversaire, et même de lui-même lors de pertes d’équilibres, il se ramassait cul par-dessus tête.

 

Pas facile, difficile même, de maximiser la vision phénoménale dont il profite et ses mains magiques pour décocher des tirs ou distribuer des passes lorsque tu passes trop de temps à tomber et à te relever alors que les autres patinent autour de toi.

 

Samedi, à St Louis, Kotkaniemi s’est tenu debout. Sur une longue séquence en période médiane, il a pu contrôler le jeu et alimenter ses coéquipiers parce qu’il est demeuré debout dans le coin à la gauche de Jake Allen et a gardé possession et contrôle de la rondelle en dépit la couverture étroite et le contact qu’il a essuyé.

 

Une plus grande solidité sur ses patins lui vaudra une plus grande confiance affichée par les entraîneurs. Une confiance qui se traduira par plus de présences sur la patinoire et du temps de qualité en avantage numérique.

 

Quand un joueur a le talent qui habite KK, on veut le voir plus souvent en avantage numérique. On veut le voir réaliser plus souvent le genre de passe qu’il a servie à Drouin pour marquer le troisième but du Canadien samedi. Son troisième de la saison.

 

Il ne reste à Kotkaniemi d’apprendre à gagner plus de mises en jeu afin de prolonger ses présences et celles de ses compagnons de trio. Parce qu’il en arrache – 5 en 11, samedi – et qu’il n’a gagné que 28 des 72 mises en jeu qu’il a disputées cette saison (38,9 %), Kotkaniemi et ses partenaires de jeu sont souvent rappelés rapidement au banc afin d’éviter que le jeune centre ne dispute des mises en jeu en zone défensive.

 

Ça explique en partie le mince temps d’utilisation de Jonathan Drouin qui a été le joueur le moins occupé du CH hier avec une utilisation de 12 min 45 s.

 

Suzuki motive le 4e trio

 

On dit souvent que les recrues, surtout les vedettes en devenir, devraient être confiées aux meilleurs joueurs d’une équipe afin de faciliter leur transition dans la LNH et maximiser leurs chances de réussite.

 

Nick Suzuki est en train de prouver le contraire.

 

Bien qu’il évoluait en compagnie de Nate Thompson et Nick Cousins samedi, Suzuki a démontré ses qualités de marqueur en se trouvant une niche dans l’enclave et en décochant un très bon tir sur une passe refilée par son joueur de centre.

 

Thompson et Cousins ont fait du très bon boulot sur cette séquence. De fait, ils ont disputé encore hier un match solide. Mais s’ils arrivent à mettre en valeur leur jeune coéquipier et que ce dernier en profite pour offrir une production souhaitée bien qu’un brin inattendue du 4e trio, les vétérans verront leur travail plus reconnu et le plus jeune maximisera ses chances de demeurer avec le grand club.

 

Une situation gagnante pour lui, ses compagnons de trio, le CH au grand complet et surtout les partisans qui ne demandent pas mieux que de voir des jeunes prendre le contrôle de leur équipe…

 

En bref

 

  • Avec ses 32 arrêts aux dépens des Blues, Carey Price n’a pas seulement signé sa quatrième victoire de la saison, il a aussi atteint le plateau des 325 victoires en carrière dans la LNH. Il vient de devancer Sean Burke au 27e rang des gardiens comptant le plus de victoires dans l’histoire du circuit. Sa prochaine cible : Harry Lumley qui occupe le 26e rang avec 330 victoires…

 

  • Loin de moi l’intention de chercher des puces là où il n’y en a pas. Surtout après une belle victoire comme celle du Canadien à St Louis samedi. Mais il est nécessaire, du moins, je crois, de souligner les mauvaises performances répétées de Paul Byron et l’indiscipline de Tomas Tatar qui a écopé une autre pénalité mineure samedi. Sa sixième de la saison. C’est trop. Quant à Byron, non seulement sa production est timide (une passe en huit matchs), mais il n’affiche pas la vitesse et la combativité qu’on lui connaît et qui lui ont permis de franchir le plateau des 20 buts deux fois avec le Canadien et de marquer 15 buts en 56 matchs l’an dernier…

 

  • Joel Armia a quitté l’échauffement samedi en raison d’une blessure mineure au bas du corps. Jordan Weal l’a remplacé au pied levé. Armia pourrait revenir au jeu dès dimanche au Minnesota. S’il est en mesure de reprendre son poste, peut-être qu’il faudra se tourner vers Byron et non Weal ou Cousins et encore moins Suzuki, pour lui faire une place…

 

  • Le Canadien a donc balayé les Blues de St Louis avec des victoires de 6-3 et 5-2. C’est la première fois depuis la saison 2014-2015 que le Tricolore gagne coup sur coup aux dépens des Blues. Les deux seuls joueurs de l’édition actuelle du Canadien qui avaient pris part au balayage de 14-15 sont Carey Price et Brendan Gallagher…

 

  • N’oubliez pas que le match de dimanche face au Wild est à 17 h sur les ondes de RDS.