Ce ne sont pas une opération à cœur ouvert et une autre pour procéder à l’ablation d’une portion de son poumon droit qui changeront Guy Lafleur.

Invité à dévoiler le logo officiel du prochain repêchage qui se déroulera à Montréal en juin prochain, le Démon Blond, fidèle à ses habitudes, s’est pointé au Centre Bell avant tout le monde lundi. «J’avais tellement hâte que je crois que je suis arrivé à midi. J’étais toujours le premier dans le vestiaire au Forum lorsque je jouais et j’ai respecté la tradition aujourd’hui», a lancé la légende du Tricolore croisée dans le salon des anciens, quelques minutes avant la cérémonie protocolaire à laquelle il s’est plié volontiers en compagnie d’Alexis Lafrenière et d’autres espoirs de la LHJMQ.

Guy Lafleur prend du mieux

Sourire aux lèvres, le souffle un peu court, mais la poignée de main toujours aussi solide, Guy Lafleur semblait comblé de pouvoir enfin reprendre son rôle d’ambassadeur du Tricolore.

«Je suis vraiment content de pouvoir sortir et de reprendre des activités. Les derniers mois ont été longs et difficiles avec les deux opérations, mais j’ai reçu des soins remarquables de la part de tout le personnel médical qui s’est occupé de moi au CHUM. Ça s’améliore lentement, mais je prends des forces tous les jours. Je me sens plus en forme chaque jour. J’ai même commencé à passer ma souffleuse. Avec toute la neige qui est tombée, je n’ai pas bien le choix. Mais pas question de me servir d’une pelle. Du moins pour le moment», raconte Lafleur en riant.

Pas le temps d’avoir peur

S’il a retrouvé le sourire, Lafleur est bien conscient qu’il revient de loin. De très loin en fait. De tellement loin qu’il n’a pas vraiment eu le temps d’avoir peur.

«Benoit Coutu, mon cardiologue, est un ami depuis longtemps. Quand je suis allé le voir parce que je ne me sentais pas bien, il m’a dit d’appeler ma femme parce que je ne ressortais pas de l’hôpital. J’avais toutes les artères bloquées. J’ai été pris de court. Je ne peux pas te dire que j’ai eu peur parce que tout est alors allé trop vite», explique Lafleur qui s’est rapidement retrouvé en salle d’opération.

«Benoit Coutu m’a référé aux chirurgiens cardiaques Nicolas Noiseux et Simon Maltais. Deux bons gars de Québec et des amateurs de hockey en plus. Ils ont effectué quatre pontages et ont réussi à débloquer la cinquième artère. Quand je suis arrivé en salle d’opération, je n’avais qu’une crainte : je tenais à me réveiller et je me souviens de l’avoir bien dit avant d’être endormi.»

Du cœur au poumon

Au-delà tout le travail délicat effectué pour remodeler son cœur, Guy Lafleur n’était pas au bout de ses peines. Loin de là. Les examens effectués ont permis de déceler une tache sur l’un de ses poumons. Fumeur invétéré – il fumait entre les périodes alors qu’il dominait le CH et la LNH au grand complet – le Démon Blond était miné par un cancer au poumon.

Opéré au cœur le 26 septembre, il est retourné sous le bistouri le 28 novembre alors que le chirurgien Pasquale Ferraro a procédé à l’ablation du lobe supérieur de son poumon droit.

«Quand j’ai reçu les informations reliées à la tache sur le poumon, j’ai contacté le docteur Mulder – David Mulder a supervisé les soins médicaux des joueurs du Canadien pendant des années – pour avoir son avis. Il fallait aller vite. On n’a même pas effectué de biopsie. Et quand il a su que c’était le chirurgien Ferraro qui s’occuperait de mon poumon, il m’a dit d’y aller le plus vite possible. Cette opération a été plus difficile encore que la première. Mais je suis de retour sur mes jambes et prêt à reprendre mes activités», a assuré celui qui a immortalisé le chandail numéro 10 qui flotte au plafond du Centre Bell depuis le 16 février 1985.

Guy Lafleur a bien sûr arrêté de fumer. «C’est fini pour toujours. Pas question de recommencer, je te l’assure.» Mais il espère reprendre le plus d’activités possible à titre d’ambassadeur du Canadien. Il lorgne même la possibilité de retourner derrière le banc des anciens Canadiens qui font des tournées aux quatre coins du Québec et du Canada.

«Je vais commencer par reprendre mes forces et m’assurer que tout va bien. Mais si je continue sur ma lancée, je ne dis pas non à un retour avec les anciens. J’avais poussé la machine au maximum de ses capacités. Je vais donc prendre les choses étape par étape. Mais j’espère reprendre une vie aussi normale que celle dont je profitais avant.»