Il y avait une pression écrasante sur toute l’organisation du Canadien à la veille d’un simple match de fin d’octobre contre les Panthers de la Floride, une équipe connaissant un départ tout aussi décevant que la troupe de Claude Julien.

La grogne du public était lourde à supporter, surtout pour l’architecte de ce fiasco, Marc Bergevin. Une défaite de plus et il n’aurait pu sortir de la maison pour aller faire son épicerie. Ce qui ne veut pas dire qu’il peut se permettre de dormir à poings fermés jusqu’à ce que son équipe se mesure aux Kings de Los Angeles demain soir.

Les sources d’inquiétude étaient nombreuses avant ce match d’une extrême importance. Carey Price allait-il enfin sortir le Canadien d’embarras en redevenant lui-même? La réponse nous a été offerte très tôt quand il a réussi un arrêt du tonnerre après 10 secondes de jeu et quand il a privé les Panthers de deux buts durant les trois premières minutes. S’il avait flanché, il y a fort à parier que ses coéquipiers se seraient écroulés à nouveau. Leur manque de caractère dans ce genre de situation avait été démontré en plusieurs occasions jusque là.

On s’inquiétait également du comportement de Max Pacioretty, totalement inerte depuis quelques matchs. Il s’est enfin justifié grâce à son deuxième but de la saison.

Par moments, on était prêt à échanger Alex Galchenyuk pour une douzaine de bâtons. Non seulement a-t-il mis fin à sa léthargie, mais il s’est montré énergique au sein d’un quatrième trio complété par les recrues Scherbak et McCarron.

Finalement, on ne voyait pas le jour où l’attaque anémique du Canadien sortirait de sa torpeur. Contre toute attente, elle a explosé pour cinq buts, dont trois en une minute et 35 secondes durant une deuxième période au cours de laquelle les Panthers ont suffisamment manqué de discipline pour faire profiter le Canadien de quatre supériorités numériques consécutives qui ont produit deux buts.

Il y a sûrement des inconditionnels du Tricolore qui s’imaginent que tous les problèmes sont maintenant réglés. Les joueurs du Canadien ont travaillé pour une rare fois avec énergie et enthousiasme, mais avaient-ils vraiment le choix? Une autre défaite aurait transformé le Centre Bell en une boîte à huer et aurait rendu l’air irrespirable dans le vestiaire.

Pour relancer l’équipe, il n’y avait rien comme la visite des Panthers. Un seul point sépare maintenant les deux formations au classement. Dans cette bataille des moins bons, le Canadien a su profiter de sa situation. Si le calendrier avait prévu la venue des Kings de Los Angeles avant celle des Panthers, au lieu de vivre d’espoir, on serait probablement en train d’échanger la moitié de l’équipe.

Claude Julien profitera-t-il de la tenue de Galchenyuk dans ce match et du but qu’il a obtenu pour le replacer dans un contexte pouvant lui permettre de revenir dans un meilleur d’esprit contre les Kings? On est déçu de sa tenue générale cette saison et avec raison. On est très insatisfait de son début de carrière malgré le contrat ronflant qu’on lui a accordé au cours de l’été et qu’il ne méritait pas, disons-le. Néanmoins, quand on analyse son rendement depuis ses débuts, c’est loin d’être catastrophique.

Aussi productif que Huberdeau

Il n’existe pas un meilleur point de comparaison que celui qu’on pourrait établir entre Galchenyuk et Jonathan Huberdeau, des Panthers, puisque les deux jeunes ont été choisis au troisième rang du repêchage de la Ligue nationale, Huberdeau en 2011 et Galchenyuk, un an plus tard. Huberdeau a passé quatre ans dans les rangs juniors et le joueur du Canadien deux saisons seulement. Ils en sont tous les deux à leur sixième saison dans la ligue. Huberdeau a remporté le trophée Calder et connu une saison de 20 buts. Galchenyuk revendique des saisons de 30 et de 20 buts. Or, Huberdeau est considéré comme un élément indispensable chez les Panthers alors que le statut de Galchenyuk est toujours aussi nébuleux à Montréal. Pourtant, les deux joueurs sont à égalité au total des points, soit 206. Galchenyuk a marqué 90 buts contre 71 pour Huberdeau.

La plus grande différence se situe au niveau de l’attitude des deux jeunes âgés de 24 et 23 ans. Huberdeau joue avec entrain et se comporte comme un leader tandis que Galchenyuk est un pur-sang qui a besoin d’être fouetté pour avancer. Cependant, le simple fait que les deux joueurs soient actuellement nez à nez au niveau de la production devrait inciter Marc Bergevin à agir avec beaucoup de prudence dans ses pourparlers de transactions.

Si Galchenyuk est toujours à Montréal, c’est parce qu’il n’a actuellement aucune valeur marchande dans la Ligue nationale. Qui sait, à plus ou moins long terme, c’est peut-être ce qui empêchera Bergevin de commettre une bévue qui permettrait à son gros attaquant d’aller se faire justice ailleurs.

Un joueur qui se traîne les savates et qui ne souffre d’aucune comparaison avec Huberdeau sur le plan des statistiques est doté d’un talent certain. Faudrait pas qu’on se morde les doigts encore une fois en échangeant un athlète capable de faire mal paraître l’organisation sous d’autres cieux.

Galchenyuk a des problèmes hors glace, c’est bien connu. Il a peut-être davantage besoin d’une aide psychologique que d’un plan de match. Or, le Canadien n’est pas l’organisation la plus habile à fournir ce type d’aide. Dans le passé, on a souvent lancé rapidement la serviette avec de jeunes joueurs. Si on ne l’a pas fait encore avec cet athlète troublé, ce n’est sûrement pas parce qu’on n’a pas tenté le coup.