MONTRÉAL – Sans que ce soit les plus beaux, Charles Hudon a trouvé les mots les plus clairs pour résumer le désarroi qui frappe le Canadien présentement.

 

Interrogé sur la frustration qui a atteint un niveau inégalé au sein du club cette saison, Hudon y est allé de cette réponse éloquente.

 

« On est des humains et vous êtes des humains. L’expression est mal placée, mais ça fait juste ch... de voir tout ça. Je m’excuse pour le mot, mais c’est ça », a laissé tomber Hudon sans s’imposer de filtre. 

 

Ce qui ajoute à ce sentiment désagréable, c’est qu’il y a une différence entre perdre des matchs en jouant avec le couteau entre les dents et s’incliner en manquant de conviction comme ce fut le cas face aux Sharks. Comment peut-on expliquer que ce niveau de compétition ait été bas alors que les équipes renouaient avec ses partisans en plus de vouloir freiner une série de quatre revers.

 

 

« Il n’y a pas de réponse à ça, les coachs ne peuvent pas changer ça. Ce ne sont pas eux qui enfilent les patins et qui sautent sur la patinoire. Il faut s’organiser en tant que famille, mettre tous les égos de côté et se regrouper. On doit se replacer ensemble et il ne faut pas que personne se sépare de la famille », a souhaité Hudon.

 

Le capitaine Max Pacioretty a été le premier à utiliser ces mots devant les médias. Dès qu’il a ouvert la bouche, il a blâmé le niveau de compétition de sa troupe.

 

« On ne veut pas être reconnus comme ça. C’est vraiment frustrant de s’éloigner de notre identité basée sur le travail et la vitesse. On ne peut pas leur donner autant de chances en surnombre. Oui, on veut que nos défenseurs appuient l’attaque et prennent des risques, mais il faut les soutenir et on n’a pas vu ça dans ce match », a déploré le numéro 67.

 

Les propos de Pacioretty allaient dans le même sens que ceux de Claude Julien qui a sûrement eu besoin de quelques minutes pour décompresser.

 

« On a alloué plusieurs surnombres aux Sharks. Pourtant, on avait parlé avant le match de leur attaque à quatre joueurs et qu’il fallait se replacer rapidement. Mais on n’a pas assez bien fait à ce sujet. Il faut accepter les responsabilités et le blâme », a notamment pointé Julien parmi les failles de son équipe dans cette partie.

 

Un confrère a aussi demandé à Julien de donner son avis sur le niveau de compétition insuffisant. Est-ce un problème généralisé ou concerne-t-il surtout quelques joueurs?

 

Une autre performance désolante

« Peu importe, pour gagner, il faut que tout le groupe ait un niveau de compétition élevé. Il faut que tout le groupe soit sur la même longueur d’onde. Quand on exécute bien, notre système de jeu nous a donné du succès. Mais des décisions prises sur la patinoire coûtent des buts.

 

« Avec toute la frustration, des joueurs se découragent rapidement. On est dans une situation quand même assez fragile, il faut trouver le moyen de gagner un match pour reprendre la confiance. Ça va prendre un gros effort de toute l’équipe et il faut que ça arrive bientôt », a répondu Julien sans vouloir blâmer certains joueurs publiquement.

 

Depuis son arrivée à Montréal lors de la saison 2008-2009, Pacioretty a vécu des creux collectifs et il veut à tout prix s’extirper des sables mouvants actuels.

 

« Les joueurs qui sont passés par là savent à quel point ça peut être misérable, on est des humains, on ne veut pas fâcher les partisans et on joue avec de la fierté. La seule façon de s’en sortir, c’est de travailler ensemble. On l’a déjà vécu, on ne veut pas revivre ça », a-t-il soumis.

 

Julien a-t-il jeté l’éponge?

 

La question devient de plus en plus légitime considérant que le Canadien a franchi le plateau des 40 matchs et que l’objectif des séries éliminatoires apparaît utopique.

 

« Mon approche, c’est d’essayer de régler le problème actuel et de gagner des matchs. Tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas pris de décision comme organisation, c’est ce que je vais faire. Je vais essayer de replacer l’équipe sur la bonne voie », a réagi Julien.

 

On peut présumer que des discussions ou des réflexions intéressantes auront lieu au sein de l’état-major du Canadien à ce sujet. De plus, de nombreux recruteurs risquent de venir épier les ressources du Tricolore pour évaluer des possibilités de transactions.

 

Si le nom de Pacioretty reviendra souvent dans les rumeurs, Charles Hudon, lui, veut s’assurer d’aider l’équipe de son mieux. Laissé de côté dernièrement, il entend devenir essentiel dans la formation montréalaise.

 

« On m’a retranché il n’y a pas longtemps et je voulais m’assurer que ça ne se reproduise pas. Je souhaitais revenir avec beaucoup de hargne. Je veux procurer de l’intensité donc en récupérant des rondelles », a exprimé Hudon qui préférait parler des solutions à trouver en équipe dans une période aussi trouble.

 

De son côté, Phillip Danault a donné un bref aperçu des propos tenus lors de la discussion entre joueurs après cette autre défaite.

 

« Il faut que l'on se regroupe et il ne doit pas manquer de maillon. Il faut rester dans le bateau et il ne faut pas que personne ne débarque. Il faut traverser ça ensemble », a-t-il mentionné.

 

Le gaucher de 24 ans ne croit pas que certains joueurs aient déjà déserté le bateau.

« Non, mais il ne faut pas qu'on embarque dans le plan. Ça fait quelques matchs que l'on perd et c'est facile de se détacher. C'est important de rester regroupé et d'aller dans le même sens. »

Cette réponse explique la présence de la plupart des joueurs pour répondre aux questions des journalistes.

« Tout le monde veut parler et assumer une partie du blâme. Il y  a des leaders qui se lèvent et ils veulent être là pour les gars », a conclu Danault.