PALM BEACH – Kent Hughes est devenu directeur général du Canadien car il était enchanté par le défi de pouvoir laisser son empreinte sur l’organisation. Dans son nouveau rôle, il désire bâtir un environnement axé autour du plaisir et du respect. 

Même s’il était plus que bien préparé pour effectuer la transition d’agent de joueurs à directeur général, Hughes a avoué qu’il avait choisi l’approche logique pour sa première participation à la réunion des directeurs généraux. 

« Quand t’es nouveau, tu écoutes plus que tu parles », a-t-il ciblé avec le sourire. 

C’était sage de sa part d’agir ainsi. Par contre, Hughes a plusieurs choses intéressantes à raconter et ses nouveaux homologues auront tout intérêt à l’écouter au cours des prochains mois et prochaines années. 

Bien sûr, il y a son expertise du côté business de la profession. Il n’y a aucun doute que ses confrères pourront découvrir des notions fascinantes en pigeant dans son bagage d’agent. Mais c’est surtout vrai par rapport à sa vision humaine de son poste. 

On l’a encore compris quand l’auteur de ses lignes a voulu savoir quels seraient ses chevaux de bataille dans sa nouvelle profession. Autrement dit, comment souhaitait-il laisser sa marque comme directeur général ?

« J’espère établir une culture, une atmosphère dans laquelle les gens seront inclus. Que ce soit le fun d’aller à l’aréna et travailler. C’est évident que les joueurs composent avec beaucoup de pression et les entraîneurs aussi. Je ne crois pas qu’on devrait leur imposer plus de pression que l’environnement le fait déjà », a exprimé Hughes qui a tiré des leçons des nombreuses conversations avec les joueurs qui ont été ses clients.  

L’approche de Hughes rejoint celle du propriétaire Geoff Molson qui est sensible à propos de l’enjeu de la santé mentale. 

« On veut que les joueurs sachent qu’ils font partie d’une famille. Et je ne veux pas le dire uniquement pour le dire. Même Geoff, sans nous le mentionner, je sais qu’il a appelé (Artturi) Lehkonen et (Brett) Kulak. Il prend le temps d’appeler tous les joueurs échangés. Je ne suis pas certain que ça se fait partout dans la LNH. Le côté humain est important », a prononcé Hughes avec une mise en contexte très concrète. 

« Je regarde les joueurs et, même s’ils sont dans la LNH depuis trois ou quatre ans, ils ont l’âge de mon fils », a-t-il noté en voulant démontrer que les jeunes de cet âge ont besoin d’un environnement sain pour s’épanouir. 

L’embauche de Martin St-Louis est venu appuyer les valeurs de Hughes. Ça ne fait aucun doute que les joueurs se plaisent à jouer sous ses ordres, comme si le plaisir était revenu malgré les embûches à surmonter.  

« Il leur donne de la confiance, il a de l’empathie. Il ressent des émotions pour ses joueurs. Il savait que Ben (Chiarot) partirait. Mais quand Kulak et Lehkonen sont partis, on voyait qu’il était déçu, il avait déjà établi une relation avec eux. Les joueurs sentent ça », a exposé le DG. 

Là où la glace est mince, c’est lorsque le directeur général finit par trop s’attacher à certains de ses joueurs. Lorsque ça se produit, de mauvais contrats – trop longs ou trop coûteux – sont attribués et ça pénalise l’organisation. Autant Brendan Gallagher a rendu de précieux services au Canadien, autant son contrat actuel pèse lourd. 

Hughes ne semble pas trop inquiet de ce danger qui le guette. 

« Oui et non. Quand t’as une relation avec des joueurs, tu es capable d’expliquer ton raisonnement dans une négociation. Au final, on doit respecter un plafond salarial et il faut trouver une manière d’avoir une équipe qui peut gagner et pas pour une seule année. Quand on communique bien, je suis à l’aise de conserver mon point de vue dans une négociation », a répondu le dirigeant. 

Parlant de communication, les 32 directeurs généraux de la LNH ont discuté d’un sujet crucial lundi. Sheldon Kennedy, qui a vécu l’horreur d’être agressé sexuellement par son entraîneur Graham James au niveau junior, est venu sensibiliser les dirigeants à favoriser un contexte qui éliminera les abus et l’intimidation.  

La LNH n’est pas reconnue pour bouger rapidement, mais le dossier des Blackhawks de Chicago et Kyle Beach force les équipes à mieux agir. Si des progrès ont été effectués dans la réduction des bagarres et les coups salauds entre les joueurs, cette étape doit être la prochaine. 

« Ce sujet m’a fait réfléchir à ce que l’on fait à Montréal et ce qu’on doit faire de plus. Pour être certain que tout le monde soit à l’aise », a visé Hughes. 

Mardi, le directeur général du Canadien poursuivra cette « expérience d’apprentissage » avec la deuxième journée de réunion. Dans son parcours d’agent, il avait un vaste aperçu des préoccupations des directeurs généraux, mais il découvre d’autres facettes qui les interpellent.