BROSSARD – Ne soyez pas surpris si le prochain directeur général du Canadien est un agent de joueurs, un ancien joueur ou un dirigeant avec peu d’expérience. Jeff Gorton, le vice-président exécutif aux opérations hockey, l’a répété durant son premier point de presse avec le club montréalais : il veut évaluer des options moins communes pour le compléter. 

« Je veux m’attarder à trouver quelqu’un qui a un regard différent. J’ai été dans le hockey toute ma vie donc ça pourrait être un agent, un ancien joueur, mais quelqu’un avec un autre parcours que le mien. J’ai lu quelques noms qui ont été mentionnés et j’ai reçu des appels, mais je veux prendre plus de temps avant de me faire une opinion. On va trouver la meilleure personne », a décrit le nouveau dirigeant du CH.

Jeff Gorton veut être patient

Invité une autre fois à parler des critères recherchés pour le directeur général qui complètera le duo, il a exposé ceci. 

« Quelqu’un avec de bonnes connaissances hockey et qui sait comment notre business fonctionne. Je veux regarder tous les candidats et choisir le meilleur selon ce qu’ils ont. Peut-être que ce sera une personne sans une tonne d’expérience, je vais regarder à l’extérieur des chemins battus (outside the box) pour trouver un candidat qui va me compléter. » 

On ne vous fera pas languir plus longtemps. Voici ce qu’il pense de Patrick Roy et de son message plus que limpide sur son intérêt. 

« Premièrement, j’ai une tonne de respect pour lui et ce qu’il a accompli au hockey. Je sais qu’il est une personne émotive et qu’il dit toujours ce qu’il pense. Je ne veux pas me répéter, mais je ne fais qu’arriver avec l’équipe. On va regarder toutes les options qui peuvent être un fit, je ne vais pas écarter personne. J’ai entendu les propos de Patrick et je connais beaucoup de personnes qui le connaissent bien », a d’abord mentionné Gorton qui jouit d'une enviable réputation dans les sphères du hockey.

Mais pourrait-il travailler avec une telle personnalité ? 

« Je n’ai peur de rien, on veut engager la personne qui pourra nous aider à gagner et compléter mes forces », a ajouté l’homme aux réponses directes. 

« Pour l’instant, je n’ai pas choisi les personnes auxquelles je voulais parler. Je vais en discuter avec Geoff (Molson, le président), mais je ne veux pas m’engager envers personne ou écarter d’autres candidats. Les gens peuvent m’appeler s’ils le veulent », a poursuivi Gorton. 

Depuis son embauche, on a discuté avec des joueurs, des agents et des recruteurs dans la LNH. De manière pratiquement unanime, ils jugent que le directeur général n’aura qu’un petit mot à dire. Sous le couvert de l’anonymat, ils ont même parlé d’un pion. 

« Je dirais non. On va engager un DG qui aura un mot à dire. Je ne voudrais pas être un directeur général si je n’avais pas les pouvoirs de ce poste », a-t-il réagi avec conviction. 

« J’ai été directeur général et, quand j’ai discuté avec Geoff, c’était important que le directeur général puisse communiquer directement avec notre président et qu’il puisse prendre des décisions. Les gens qui me connaissent savent que je n’ai pas un gros ego, je ne me soucie pas des titres, je veux simplement être un dirigeant de hockey », a enchaîné Gorton. 

Gorton affirme même voir d’un bon œil de travailler avec un partenaire qui ne sera pas d’accord avec lui. 

« C’est encore mieux que ce soit ainsi. On va justement chercher une personne avec des avis différents. Tous ceux qui ont été dans un bureau pour discuter de hockey savent que ça argumente fort avec quelques mots pas très jolis. Mais, au final, tu prends la meilleure décision pour l’équipe et tu vis avec les choix », a mentionné le vice-président. 

Gorton a d’ailleurs saisi l’occasion d’expliquer que c’était rendu la norme, à travers la LNH, de procéder aux décisions en groupe. 

« On voit des systèmes à deux dirigeants à Boston et à Toronto notamment. Le directeur général a besoin d’autorité pour prendre des décisions. Avec mon expérience, je crois que je serai un bon atout pour cette personne. Peu d’équipes prennent des décisions à une personne, on veut bâtir ce tandem », a souligné l’ancien des Bruins (directeur du recrutement, directeur général adjoint et directeur général par intérim) et des Rangers (dépisteur, directeur du personnel des joueurs, directeur général adjoint et directeur général). 

Allons-y de trois précisions intéressantes. Gorton a souligné, à la fin de son point de presse, qu’il ne s’attend pas à embaucher le prochain directeur général avant Noël et que l’entraîneur-chef Dominique Ducharme n’a pas à s’inquiéter pour son emploi cette saison. Quant au prochain directeur du recrutement, il ne pouvait pas immédiatement proposer de date pour son embauche.

Et ajoutons que Gorton a commencé le tout en lisant, plutôt bien, quelques phrases en français et il a promis d’investir les efforts pour progresser. 

Pénible de voir un chandail lancé sur la glace

Jeudi soir, Gorton a assisté à son tout premier match et il a vu cette scène forte du partisan qui a lancé son chandail du Canadien sur la patinoire. Pour bien comprendre le désarroi actuel, c’était difficile de trouver un exemple plus concret. 

« C’est dur à voir, ça n’aidera pas la situation, mais on ne peut pas contrôler le tout. Ma première pensée va aux joueurs, ceux qui travaillent de leur mieux. On sait que le Canadien traverse une période difficile, c’est comme si l’équipe avait été frappée par une tempête avec tout ce qui s’abat sur elle et la COVID-19 qui revient dans le portrait. Dès notre arrivée au Centre Bell, on peut sentir que l’énergie n’est pas élevée. J’espère pouvoir relancer les choses », a exposé Gorton. 

Plus d'accent sur les statistiques avancées et une reconstruction en vue ? 

Pour y arriver, il devra élaborer le plan à privilégier, mais il doit avoir un portrait plus juste du club pour le détailler. On sait que Gorton excelle d’abord dans le recrutement et le développement. Il désire également que son équipe soit rapide et talentueuse. Sa priorité sera donc de se rapprocher des entraîneurs, des joueurs et des dépisteurs pour en apprendre davantage. 

Patrick Roy ne doit pas se faire trop d'illusions

Ce qu’il sait déjà, c’est que l’accent sera plus grand sur les statistiques avancées. 

« On a besoin de moderniser ce côté. Je crois à ce volet et je veux bâtir une équipe qui s’y attardera. Quant au développement de nos joueurs, l’équipe mise sur quelques ressources qui font du bon travail, mais il faut en ajouter », a-t-il insisté. 

Après avoir creusé en profondeur, Gorton devra trancher si le club entame une reconstruction comme celle qu’il avait décrétée, ouvertement, avec les Rangers. S’il choisit cette option, il promet d’être transparent avec les partisans.

Gorton a été attiré par ce poste à Montréal en partie en raison de l’histoire du club. D’ailleurs, il affirme bien comprendre la sensibilité des partisans envers les joueurs locaux.  

« À Boston, on a toujours eu des joueurs de la région. À New York, on a été chanceux de pouvoir ajouter Adam Fox à notre équipe. C’est important et je le comprends dans ce marché », a dit Gorton. 

Il promet de mieux encadrer les espoirs qui se grefferont au club. 

« On doit les aider à travers ce processus. C’est important d’être en contact avec eux très régulièrement, de voir comment ils peuvent s’améliorer à tous les niveaux. Chaque équipe peut faire un meilleur travail avec les jeunes pour qu’ils deviennent de meilleurs professionnels. C’est un environnement avec une pression élevée », a reconnu Gorton. 

Le dirigeant d’expérience a grandi en tant que partisan des Bruins. Il se souvient que plusieurs objets avaient été lancés dans son domicile familial quand le Canadien avait éliminé les Bruins en 1979. Évidemment, c’était étrange pour lui de se joindre au Tricolore 

« Quand je venais à Montréal avec les Bruins, je pouvais tout de suite comprendre que c’était spécial que ce soit pour les anciens ou l’histoire du club. Qui ne voudrait pas faire partie de cette organisation ? », a-t-il lancé. 

ContentId(3.1398498):Pierre LeBrun : Si le Canadien avait voulu Patrick Roy, il aurait le poste de Jeff Gorton (Hockey 360)
bellmedia_rds.AxisVideo
Des efforts en français de Jeff Gorton
Le DG doit-il absolument parler français?
Recrutement et développement : des forces de Gorton