Au lendemain du match atroce qu’il a disputé vendredi soir, à Ottawa, le Canadien s’est bien repris au Centre Bell samedi.

Bien au-delà du score final de 2-1 en leur faveur, les joueurs du Tricolore ont joué avec plus de conviction et de cohésion que la veille. En fait, ils se sont donné la peine de jouer.

C’est un bon début, on en conviendra tous.

Même Ryan Poehling a été un brin meilleur qu’il ne l’avait été vendredi et lors des autres matchs qu’il a disputés.

Ça vous donne une idée de l’allure du match.

Bon! On est loin de performances convaincantes anticipées à l’ouverture du camp, performances qui devaient lui permettre de faire le saut une fois pour toutes avec le grand club. Surtout que Poehling s’est encore faire prendre hors position et à contre-pied à quelques reprises en zone défensive ce qui est périlleux pour un centre de quatrième trio. Qu’il a encore semblé se contenter de peu à chacune de ses présences plutôt que de se donner à fond comme on s’attendrait qu’un gars à l’avenir incertain le fasse chaque fois qu’il saute sur la glace.

Mais Poehling a été meilleur. Comme le reste de l’équipe.

Jeff Petry a affiché la forme qui l’aidera à prendre les bouchées doubles en l’absence de Shea Weber. Il a orchestré des attaques. Il a distribué la rondelle comme il en est capable. Il a appuyé l’attaque. Il a décoché six tirs. Alexander Romanov, qui évoluait à sa gauche, s’est inspiré de Petry et a disputé son meilleur match du calendrier préparatoire jusqu’ici.

Toujours à la ligne bleue, Arber Xhekaj a continué d’impressionner. Il a multiplié les bonnes présences et se fait tellement remarquer de façon positive qu’il ne faudrait pas se surprendre que Marc Bergevin lui offre un contrat au cours des prochains jours. Voire des prochaines heures.

Ce réveil collectif a sonné au moment de l’entrée en scène de Brendan Gallagher qui disputait son premier match préparatoire samedi face aux Sénateurs venus d’Ottawa.

Simple coïncidence? Preuve irréfutable que l’effet Gallagher aura encore autant de mordant cette année dans le cadre de sa dixième saison avec le Tricolore?

Vous connaissez déjà l’admiration que je voue à ce joueur. Vous ne serez donc pas surpris que j’opte pour la deuxième des deux affirmations.

Un joueur, plusieurs défis

Gallagher évoluait samedi à la droite de Nick Suzuki au sein d’un trio complété par Tyler Toffoli.

Sans se défoncer comme il le fera à compter du 13 octobre alors que le Canadien amorcera, à Toronto, face aux Leafs, sa saison 2021-2022, Gallagher s’est assuré de donner le rythme et d’obliger ses compagnons de trio et le reste de l’équipe de le suivre.

Gallagher a marqué le premier but des siens. Suzuki a marqué l’autre. Toffoli a récolté une passe. En 21 présences totalisant à peine 15 minutes de temps d’utilisation, Gallagher a décoché cinq tirs, touché la cible trois fois, s’est impliqué dans le jeu comme il nous a tous habitués à le voir faire depuis qu’il défend les couleurs du Tricolore et a obtenu la première étoile de la rencontre.

Une première étoile qui se voulait peut-être un brin un cadeau de bienvenue, car Petry l’aurait davantage méritée à mes yeux.

Mais bon!

Tout ça pour dire que Gallagher a fait honneur à la décision de l’état-major de lui offrir « la place » déjà octroyée par plusieurs à Cole Caufield au sein de ce qui pourrait être le « premier » trio du Tricolore.

Est-ce que Caufield reprendra sa place devant Gallagher dès qu’il sera remis de la blessure qui l’a contraint à rater le match de samedi? Est-ce que le vétéran devrait plutôt être récompensé forçant ainsi la recrue à glisser plus bas au sein de la formation?

Considérant que Dominique Ducharme a regroupé Jonathan Drouin et Josh Anderson autour de Christian Dvorak, est-ce que Gallagher pourrait subir l’affront d’évoluer avec Joel Armia et Jake Evans au sein d’un « troisième » trio si on garde Caufield au sein du « premier »?

Pourquoi s’en faire avec de telles considérations?

Parce que l’an dernier, le spectre d’être confiné dans un rôle de troisième centre derrière les jeunes Suzuki et Jesperi Kotkaniemi a fait monter la moutarde au nez de Phillip Danault. Le Québécois a clairement souligné qu’il voyait d’un mauvais œil une telle rétrogradation qu’il interprétait comme un confinement à relever des défis défensifs.

Ce scénario ne s’est finalement pas concrétisé en raison des incapacités de Kotkaniemi à assumer sur une base régulière et avec succès un rôle de deuxième centre. Mais le spectre d’être étiqueté « troisième centre » a certainement contribué à la décision de Danault de tourner le dos au Tricolore, à lorgner le marché des joueurs autonomes et à finalement accepter l’offre des Kings de Los Angeles.

Gallagher pourrait-il réagir de la même façon s’il devait interpréter un changement d’affection comme une rétrogradation et non une promotion?

« Je jouerai là où on me demandera de jouer et ce serait très mal me connaître que croire que je pourrais être froissé par le mandat qu’on me donnera. Peu importe où je joue, peu importe avec qui je joue, je sais que j’aurai ma part de temps d’utilisation de qualité et que j’aurai ma part de responsabilités à assumer. »

Ducharme multipliera l’effet Gallagher

Avec les blessures nombreuses qui compliquent l’élaboration de ses trios et le fait qu’il ne lui reste que deux matchs préparatoires pour terminer ses expériences, Ducharme ne sait pas encore avec qui Gallagher amorcera la saison.

En fait il le sait peut-être, mais il n’a pas confirmé ses intentions.

L’entraîneur-chef a toutefois convenu que sa philosophie consistait bien plus à demander à des vétérans comme Gallagher de relever des défis pour le bien de l’équipe que de simplement les récompenser en leur accordant des privilèges d’évoluer au sein de trios plus en vue.

Il a aussi assuré qu’il n’anticipait pas le début d’un commencement d’une forme de mécontentement de la part de Gallagher selon le mandat qui lui sera donné.

« Brendan ne connaît qu’une façon de jouer. Il se donne toujours à fond, peu importe avec qui il joue. Peu importe le moment où il est sur la glace. Cette façon de jouer rend les autres honnêtes dans leur niveau d’implication. Je ne sais pas encore avec qui Brendan amorcera la saison, mais je sais qu’il jouera avec tout le monde au cours de l’année et qu’il remplira une multitude de rôles. Je sais aussi que Brendan n’est pas le genre de gars à se plaindre du rôle qu’on lui donne. Il joue pour l’équipe. Il a les succès du groupe à cœur et est prêt à faire ce qui lui est demandé pour aider l’équipe à atteindre ses objectifs. Je ne crains pas la moindre réaction négative de sa part », a assuré le coach du Canadien après la victoire de samedi.

Alors où aboutira Gallagher?

Avec Suzuki et Toffoli histoire d’obliger Caufield à se démener dans des rôles moins en vue afin de convaincre tout le monde du bien-fondé de le hisser dès sa première saison complète au sein du premier trio?

Avec Armia et Evans?

Au sein d’un même trio que Mike Hoffman lorsqu’il sera remis de la blessure qui retardera son début de saison afin d’aider le nouveau venu à respecter – le plus possible – les plans des matchs dictés par les coachs?

Avec Drouin et Anderson si le Canadien se voit à un moment donné dans l’obligation de muter le Québécois au centre afin de solidifier une ligne centrale qui semble fragile à 10 jours de l’ouverture de la saison?

Les réponses tomberont bien assez vite.

Et plus il y aura de réponses, plus il y aura de formes positives « d’effets Gallagher ». S’il reste en santé lui aussi bien entendu!

Samuel Montembeault à la rescousse

Le spectre d’une absence prolongée de Carey Price et des performances décevantes, il faut le reconnaître, de Cayden Primeau depuis le début du camp d’entraînement ont poussé le Canadien à réclamer le gardien québécois Samuel Montembeault samedi.

Soumis au ballottage par les Panthers de la Floride, Montembeault compte 24 matchs d’expérience dans la LNH.

Fort de cette expérience, Montembeault se retrouve, du moins à mes yeux, devant Primeau à titre de troisième gardien de l’organisation. Un poste que le vétéran Kevin Poulin (31 ans) pourrait s’approprier selon la qualité de ses performances avec le Rocket dans la Ligue américaine.

Envoyé devant la cage du Tricolore quelques heures après l’acquisition de Montembeault, Primeau a connu sa meilleure sortie du camp. Il a stoppé 19 des 20 tirs des Sénateurs et ne pouvait absolument rien sur le but de Tim Stützle qui a fait dévier un tir de la pointe pour lancer Ottawa en avant 1-0 dans le match.

Cette performance de Primeau n’a rien à voir avec l’acquisition d’un nouveau gardien. « Je n’ai aucun contrôle sur les décisions de l’état-major. Chaque fois que j’ai la chance de disputer un match de la LNH, je suis motivé. C’était la même chose ce soir. Je vois cette arrivée d’un nouveau gardien comme un moyen de renforcer notre groupe et d’apporter plus de compétition à l’interne », a assuré Primeau.

« Avec la blessure à Carey c’est bon d’avoir plus d’options. On a toujours aimé ce gardien qui, à 24 ans, est encore jeune. On aime son potentiel et il donnera de la profondeur à l’équipe à cette position », a indiqué Ducharme.

Entre les lignes

Si Poehling a disputé un meilleur match samedi on peut en dire autant de ses ailiers Alex Belzile et Jesse Ylönen. Ce dernier a raté un but vide après une très belle passe acheminée par Belzile...

Si la quantité et la qualité des efforts déployés sur la patinoire étaient suffisants pour accéder à la LNH, Belzile serait avec le Canadien depuis longtemps. À 30 ans, le Québécois pourrait profiter des blessures qui minent plusieurs attaquants pour amorcer la saison à Montréal. À mes yeux, il est devant Poehling et tous les autres joueurs du Rockets qui visent toujours la LNH...

Les arrières Brett Kulak et Gianni Fairbrother ont abattu du bon boulot samedi contre Ottawa...

Victime de moins de pression soumise par l’adversaire en zone défensive et incapable de se frayer un chemin jusqu’au but en première, Chris Wideman a donné des signes plus encourageants que vendredi contre son ancienne équipe...

Le Canadien a procédé à sept retraits après le match de samedi : le gardien Michael McNiven et les attaquants Jean-Sébastien Dea, Laurent Dauphin et Brandon Baddock prendront la direction de Laval à moins qu’ils soient réclamés au ballottage d’ici midi lundi. Jean-Christophe Beaudin, Tobie Bisson et Corey Schueneman prendront aussi le métro pour faire le trajet entre le Centre Bell et la Place Bell à l’extrémité nord de la ligne orange du Métro de Montréal...

Bon dimanche!