Il n'y a pas de sport où l'esprit de corps prime plus qu'au hockey. Le succès au baseball réside dans la somme des talents. Au basketball, un joueur peut faire la différence à lui seul. Au football, où l'aspect collectif est primordial, on ne se soucie que de son travail, sa propre tâche afin d'exécuter un tracé défini. Au hockey, c'est une succession d'actions et de réactions qui créent chaque jeu. La lecture du jeu et l'action imprévisible précédente dictent ensemble l'étendue de la prochaine mission à remplir. Et tout ça, en utilisant un moyen de transport différent!!!

L'esprit d'équipe est un terme galvaudé à mon avis. En fait, c'est un concept perçu de la mauvaise façon par plusieurs. Il ne s'agit pas de discours inspirants et de soupers de groupe ici. Pas au niveau professionnel. Le front commun serait une présentation plus juste. Et le tout débute autour d'une cause unique, d'un plan commun que rien ne saurait chambardé. Même l'adversité.

La façon la plus facile pour moi d'illustrer le principe me replonge dans ces titres difficilement arrachés au cours de ma carrière.

En 1997, au Championnat mondial junior, personne ne nous voyait champions. Nous avons dû passer par les quarts de finale pour se faire justice à la première année de cette formule. Pour battre les Russes, il aura fallu écouler une pénalité majeure en fin de deuxième période avant de revenir de l'arrière pour l'emporter. C'était ma deuxième année avec Équipe Canada et de réunir 22 adolescents d'un océan à l'autre ne représentait pas l'exemple idéal d'uniformité, mais l'objectif commun y prenait tout son sens.

Lors de la conquête de la coupe Calder, je ne me suis greffé au groupe que lors du troisième tour des séries, à la suite de ma carrière junior, mais jamais je ne me suis senti exclu d'un groupe qui a surmonté un déficit de trois matchs contre un en finale d'association avant de remporter la coupe sur la patinoire adverse.

En 2004, de réunir des joueurs d'impact de chaque formation éliminée des séries de la LNH pour qu'ils acceptent un nouveau rôle pour gagner l'or en République tchèque était tout un défi, et ce, après avoir perdu l'entraîneur-chef, hospitalisé quelques heures avant le début de la compétition.

Le meilleur exemple remonte à mes jours avec la meilleure équipe dont j'ai fait partie dans la LNH. Le vestiaire de l'Avalanche du Colorado ressemblait à celui d'un match des étoiles en 1999-2000. Avec Raymond Bourque fraîchement arrivé, les attentes ne faisaient aucun doute. Comprenant la situation, non seulement ai-je été témoin des plus grandes démonstrations de leadership de ma vie, mais j'y ai aussi appris que personne ne serait soit plus important que l'équipe, soit laissé pour compte. Et quand des joueurs comme Joe Sakic, Dave Andreychuk, Raymond Bourque et Patrick Roy s'incluent dans ce groupe, c'est vous dire à quel point le message est entendu clairement.

C'est pourquoi les gestes de la direction et des joueurs des Canadiens depuis le début de cette campagne m'encouragent. Les excès ne seront pas tolérés et les moyens nécessaires seront pris pour purger les distractions nuisant au bien commun. Le temps de jeu sera attribué à ceux qui le méritent le plus en fonction de la performance du moment. Et les valeurs intrinsèques du groupe semblent refléter un désir d'oubli de soi au profit du succès collectif.

Il reste un bon bout de chemin avant que ce groupe moribond et terne il y a à peine un an soit optimal, mais tout semble pointer dans la bonne direction.