CHICAGO - Lorsque le Canadien a repêché le gardien Cayden Primeau, en septième ronde, son père Keith n’a pas pu s’empêcher de repenser à la soirée qu’il avait vécue, au Forum de Montréal, lors du dernier match de Patrick Roy avec l’organisation montréalaise.

« J’étais dans l’équipe adverse quand Patrick Roy a décidé qu’il ne reviendrait pas dans l’uniforme du Canadien. Je ne lui ai pas encore raconté cette histoire et je crois que je vais attendre un peu pour le faire », a confié, en souriant, Primeau qui avait récolté une mention d’aide pour les Red Wings de Detroit dans ce massacre de 11 à 1.

Son fils n’était pas encore né quand cet épisode regrettable est survenu, mais le gardien de 17 ans sait déjà que le marché de Montréal constitue un environnement exigeant, mais gratifiant, et particulièrement à sa position.

« Je suis content de ne pas être à sa place », a réagi Primeau en souriant. « Il comprend cette réalité et ça tombe bien puisqu’il n’est pas du style à s’emporter. Il sera capable d’absorber cette pression, mais il est loin d’être rendu à la destination finale, ça va prendre du temps. »

« Il doit avant tout apprécier ce défi parce que les récompenses sont encore plus grandes », a d’ailleurs ajouté le paternel comme conseil à lui refiler face à cet enjeu.

La connexion avec le Canadien et cette soirée particulière ne s’arrête pas là. Le directeur général, Marc Bergevin, et le directeur du développement des joueurs, Martin Lapointe, jouaient également pour les Wings à cette époque. Primeau n’aurait jamais imaginé que Bergevin, ce coéquipier reconnu pour son humour, allait repêcher son fils plus de 20 ans plus tard.

« Non, pas du tout et surtout pas de sa part », a répliqué le père en le taquinant. « Martin m’a déjà texté pour me féliciter. Quant à Marc, il accomplit un bon travail et je pense que l’équipe sera très contente de ce choix surtout en considérant où ils l’ont obtenu. »

Parlant de ce rang, Cayden Primeau a prétendu qu’il n’était pas tant nerveux même si les cases n’étaient plus très nombreuses à combler lorsque le CH l’a sélectionné après avoir acquis ce choix via une transaction. Au final, il a été le 21e et dernier gardien choisi et le 10e en provenance de l’Amérique du Nord. Il était pourtant classé en tant que septième espoir des gardiens du continent américain.

« J’avais essayé de ne pas me fixer d’attentes donc je n’étais pas tant nerveux, mais quand même un peu. Il faut dire qu’on a travaillé toute l’année en espérant entendre son nom à cet événement. Je suis énormément excité de la conclusion », a mentionné le cerbère qui a hâte d’observer Carey Price de près.

« C’est émotif comme moment. On savait que Montréal avait un certain intérêt. C’est un rêve qui se réalise, on ne pourrait pas être plus heureux », a décrit son père qui n’aurait pas raté ce rendez-vous.

Maintenant âgé de 45 ans, Primeau a confié que l’expérience du repêchage en tant que père s’avère encore plus intense.

« L’excitation et l’anticipation atteignent des niveaux encore plus élevés. Quand tu es assis et que les rondes passent, il devient de plus en plus nerveux et c’est difficile. Mais le résultat final est la partie la plus importante et il est en extase », a-t-il confié.

Comment a-t-il pu devenir un gardien?

Plusieurs fils sont parvenus à suivre l’exemple de leur père pour atteindre la LNH au fil des ans. Cependant, c’est moins fréquent de voir le fils d’un attaquant se faire repêcher en tant que gardien. Ça devient encore plus étonnant quand l’oncle de Cayden, Wayne Primeau, était aussi un jouer d’attaque.

ContentId(3.1236307):Repêchage LNH : Cayden Primeau, fils de Keith Primeau. repêché par le Canadien
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Alors, qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’il se dirige vers cette position.

« Je ne sais pas trop, quand j’étais jeune, j’ai accroché vers cette position et ce bâton. Je ne me suis jamais tanné », a répondu Cayden après avoir été amusé par la question.

Son père ne met pas de masque lorsqu’on lui soumet le même questionnement.

« C’est une longue histoire, mais dans le fond c’était la position à laquelle il voulait jouer dès la première journée. Je voulais qu’il continue à jouer donc je l’ai laissé poursuivre à cette position malgré ce que j’en pensais », a exposé l’auteur de 619 points en 909 matchs réguliers dans la LNH.  

Sans surprise, Cayden s’est assuré de profiter de l’expertise de Keith. Il s’est amusé à bloquer ses lancers à plusieurs reprises. 

« À un certain point, il trouvait que mes lancers étaient trop puissants, mais je dois maintenant faire venir des jeunes sur la patinoire pour lancer contre lui parce que mon tir n’est plus assez fort… », a confié Primeau en exagérant sûrement un peu la note.

Avec son physique de six pieds deux pouces et 186 livres, l’athlète de 17 ans aurait pu se tailler une place hâtivement dans la LNH comme attaquant ou défenseur. Cependant, la route demeure plus longue pour les gardiens qui doivent développer leur arsenal technique.

« Il s’en ira à l’Université Northwestern et c’était le plan qui avait été prévu. Je suis parmi ceux qui croient que les gardiens sont meilleurs vers 22 ou 23 ans. On n’a jamais voulu le précipiter dans son développement et on veut qu’il soit prêt à avoir un impact quand il arrivera à Montréal », a proposé celui qui a porté les couleurs des Red Wings, des Whalers, des Hurricanes et des Flyers entre 1990 et 2005.

La fierté dans le visage du paternel était aussi frappante que les coups d’épaule qu’ils pouvaient distribuer durant sa carrière. Son fils l’impressionne déjà par son parcours, mais aussi pour une qualité plus rare pour sa génération. 

« Au lieu de passer beaucoup de temps sur les jeux vidéos, il était plutôt du style à analyser des vidéos de gardiens. C’est un student of the game », a vanté son père en précisant qu’il s’inspire principalement de Pekka Rinne.