BROSSARD – Les défaites ne sont pas vaines si elles vous conscientisent sur vos travers et vous incitent à les corriger. Ce que deux années de misère avec le Phoenix de Sherbrooke ont fait réaliser à Daniel Audette, c’est qu’au hockey comme partout ailleurs dans la vie, il n’existe aucun substitut au travail.

Audette n’attend pas qu’on lui torde un bras pour l’admettre. Il n’était pas le plus assidu au gymnase à ses premiers pas dans la LHJMQ.

« Quand j’étais fatigué après la pratique, au lieu d’aller m’entraîner, j’allais chez moi pour dormir », offrait-il comme exemple mercredi après une séance d’étirements au camp de perfectionnement du Canadien.

Mais les petites siestes sont devenues moins fréquentes depuis un an dans la vie du petit attaquant et ce n’est pas nécessairement lié au fait que le CH en a fait son choix de cinquième ronde en 2014. Audette explique plutôt qu’après des saisons de 21 et 16 victoires, un réveil collectif s’est opéré à Sherbrooke.

« On était tannés de perdre, affirme-t-il sans détour. Ça allait mal et c’est toujours ça la solution quand ça va mal : il faut que tu travailles plus fort. Ça ne peut qu’amener des bonnes choses. »

Audette raconte qu’à l’initiative du personnel d’entraîneurs mené par Judes Vallée, les joueurs du Phoenix ont commencé à mettre un peu plus de sérieux dans leur préparation. Au classement, les bénéfices ont été instantanés. La formation estrienne a connu la première saison gagnante de sa jeune histoire, s’appropriant même l’avantage de la glace pour le début des séries éliminatoires.

« On avait une équipe plus complète avec deux ou trois lignes capables de faire des points. Nos deux Suisses (Kay Schweri et Tim Wieser) ont été incroyables et Cameron Darcy et David Storto aussi ont vraiment bien joué », observe Audette en distribuant les fleurs.

L’espoir du CH, lui, est sorti de cette saison encourageante avec une éthique de travail renouvelée.

« Je me concentre vraiment à m’entraîner beaucoup et à m’assurer que je fais tout ce que je peux faire. Travailler plus fort que les autres et fournir le petit extra d’effort, c’est ça, ne pas prendre de journée de congé. Je ne peux pas prendre le chemin facile. Si quelqu’un s’entraîne pendant une heure, moi je dois en faire deux. »

Audette a connu un début de saison canon l’automne dernier, amassant 28 points à ses 16 premiers matchs. En octobre, il a réussi deux tours du chapeau et connu une partie de six points contre les Wildcats de Moncton. À ce rythme effréné, il aurait pulvérisé sa production de la saison précédente et, en supposant qu’il aurait évité les blessures, aurait terminé au premier rang des pointeurs de la LHJMQ.

Mais le joueur de centre a ralenti la cadence. Inconstant, il a connu deux séquences de sept matchs et une autre de huit matchs sans trouver le fond du filet. Il a néanmoins terminé la saison avec un nouveau sommet personnel au niveau des buts (29) et a légèrement augmenté sa moyenne de points par match comparativement à sa saison précédente. Les succès de son équipe se sont aussi reflétés dans sa fiche personnelle alors que son différentiel est passé de moins-37 à moins-16.

« Après Noël, la game change un peu, avance-t-il pour justifier sa baisse de régime. Ça commence à ressembler plus aux séries, ça joue plus serré, c’est plus intense. Les pointages étaient plus bas et ça a eu le même effet sur tout le monde dans l’équipe. Mais c’est vrai que j’ai eu un bon début de saison et l’an prochain, je vais essayer de faire en sorte que ça dure plus longtemps. »

Trois mois après l’élimination du Phoenix aux mains des Islanders de Charlottetown, Audette a trouvé un peu difficile de repartir la machine pour son deuxième camp de développement au Complexe sportif Bell.

Encore Daniel Audette

« Je crois que c’était dur pour tout le monde. On a travaillé fort toute la semaine avec les tests physiques et pour le premier match, les gars cherchaient leurs jambes un peu. Mais ça a bien été, c’était du bon calibre. »

Audette est l’un des 22 joueurs repêchés par l’organisation qui tentent de se mettre en valeur cette semaine à Brossard. Les autres sont des invités qui espèrent simplement en faire assez pour améliorer leur sort. « C’est sûr que je me sens plus à l’aise, apprécie-t-il. J’ai une année de plus d’expérience, je sais à quoi m’attendre. »

Et tant qu’à être entouré de confrères qui deviendront peut-être, un jour, ses coéquipiers, Audette en profite pour prendre des notes. Selon lui, il n’y a rien de mieux que d’observer Zachary Fucale pour cultiver de bonnes habitudes.

« C’est un gardien, mais sa préparation est impressionnante. Il fait toutes les petites choses qu’il faut pour être l’un des meilleurs. C’est vraiment un bon exemple à suivre. »