MONTRÉAL -Marc Bergevin affiche une confiance évidente à l’aube de la saison 2021.

«Nous sommes à prendre au sérieux. On va sauter sur la glace pour gagner et on pourra répliquer aux façons de jouer de tous nos adversaires», que le directeur général du Tricolore a lancé dimanche dans le cadre de l’ouverture du camp d’entraînement.

Je sais! Il est un brin tôt pour triompher.

Après tout, ses joueurs donneront les premiers coups de patin du camp d’entraînement lundi matin. Ils amorceront ensuite un calendrier difficile de 56 matchs disputés en 116 jours le 13 janvier à Toronto. Avec les blessures potentielles, les léthargies plus ou moins longues qui minent souvent des saisons qui s’annonçaient fructueuses et un certain virus qui est loin d’accepter d’être mis K.-O., il serait périlleux de planifier tout de suite un 25e défilé de la coupe Stanley dans les rues de Montréal.

Mais quand même.

Fort des acquisitions qu’il a multipliées au fil des derniers mois, des acquisitions qui lui ont vraiment permis de renforcer son équipe, Bergevin a toutes les raisons du monde d’afficher de la confiance.

Oui! C’est sur la glace que ça se jouera, mais si toutes les équipes canadiennes jouent à leur plein potentiel, le Tricolore a autant de chances d’atteindre le carré d’as que ses meilleurs rivaux de division.

Obligation de résultat

Comme je l’ai écrit il y a quelques semaines, les séries ne sont plus un simple objectif le Canadien. Elles représentent une obligation.

C’est d’ailleurs sur les épaules de l’entraîneur-chef Claude Julien que reposera le gros de la pression de faire gagner cette équipe. Une équipe à son image. Une équipe qui s’est débarrassée de Max Domi qui était devenu un problème sur la glace et dans le vestiaire. Une équipe qui demeure rapide, mais qui a aussi ajouté du poids sur les ailes et à la ligne bleue. Une équipe qui s’est donnée plus de «mains» pour marquer des buts qui ne venaient pas assez souvent dans un passé encore récent. Une équipe qui a offert un adjoint de qualité à Carey Price avec un Jake Allen qui saura réduire – c’est le souhait de l’état-major – les mauvais buts accordés trop souvent lorsque le numéro est en congé ou pis encore blessé.

Bergevin ne cache pas ses attentes

Contrairement à Claude Julien qui jouera le tout pour le tout cette année alors qu’il devra trouver le moyen de faire gagner un club qui devrait gagner souvent, Marc Bergevin est loin de jouer son poste cette année.

Coussin salarial protégé

Après avoir étiré dangereusement la patience des partisans, des journalistes, de certains de ses joueurs et peut-être un peu celle de son patron Geoff Molson en refusant de «gaspiller» des millions pour atteindre le plafond salarial au fil des dernières années, Marc Bergevin s’est finalement rendu à la limite de ce que la Ligue lui permet de dépasser.

Il la dépasse même un peu.

Ce qui l’obligera à jongler avec ses joueurs et leurs contrats pour mettre la meilleure équipe possible sur la patinoire tous les soirs tout en respectant le plafond.

Je vous invite à parcourir ma chronique précédente  afin de vous livrer à l’exercice, pas évident de composer la formation régulière du Canadien, une formation qui ne pourra compter plus de 21 joueurs, et de l’équipe de réserve qui comptera entre trois et six joueurs.

Mais au-delà de ce présent qui donnera des maux de tête quotidiens à Marc Bergevin et son adjoint responsable du respect du plafond salarial John Sedgwick, un gars qui sera aussi utile – ou à peu près – aux succès du Canadien cette année que Carey Price, Shea Weber et Brendan Gallagher, le directeur général du Canadien n’a pas hypothéqué l’avenir de son équipe.

Et ça, c’est vraiment son plus grand coup depuis son arrivée à Montréal. Devant les acquisitions des Phillip Danault, Jeff Petry et autres bonnes et très bonnes transactions qu’il a conclues et embauches qu’il a effectuées.

Présent amélioré, avenir protégé

D’ailleurs, le directeur général du Canadien a affiché un brin ou deux d’impatience une seule fois lors de son long point de presse dimanche. Il l’a fait lorsque le collègue Martin McGuire qui décrit les matchs du Tricolore à la radio a demandé à Bergevin ce qui l’avait incité à aller «All In» cette année.

Une question qui était tout à fait appropriée cela dit. Une question qui a d’ailleurs permis au directeur général du Canadien d’offrir une réponse qu’il semblait avoir bien hâte de lancer :

«Quand un joueur de cartes décide d’y aller «All In», il mise tout ce qu’il a devant lui pour aller gagner. On n’a pas fait ça! Oui on a amélioré notre équipe. Mais on a gardé tous nos jeunes espoirs. On a gardé tous nos choix au repêchage. Quand des équipes décident d’aller «All In» à la date limite des transactions, elles sacrifient de jeunes joueurs, des espoirs et des choix au repêchage. On n’a pas eu à faire ça parce qu’on s’était gardé de la place sous le plafond salarial au fil des dernières années», que Bergevin a plaidé dimanche lors de son point de presse qui lançait officiellement la saison.

Que l’on soit tout à fait d’accord, un peu moins, ou pas du tout avec la gestion que Bergevin a faite du plafond au fil des dernières années, il est impératif de lui donner raison sur ce dernier point.

Car il est vrai que la plus grande force du Canadien au fil des saisons décevantes qu’il a connues sur la patinoire depuis quatre ans n’était pas Carey Price ou ses coéquipiers. C’était la marge de manœuvre sous le plafond que le DG protégeait jalousement.

Une marge qu’il a continué à protéger même si cela ouvrait la porte à bien des exécutions publiques au fil desquelles plusieurs ont réclamé haut et fort son congédiement.

À l’aube de sa neuvième saison à la tête du Canadien – il est devenu le 17e directeur général du Tricolore en mai 2012 – Marc Bergevin semble sur le point de voir sa patience être récompensée.

Plus encore, il n’a jamais semblé aussi solidement en contrôle de son équipe qu’il l’est présentement.

Avec un présent plus qu’intéressant et un avenir qui l’est tout autant, peut-être même plus alors que nombreux espoirs de premier plan donnent vraiment l’impression qu’ils viendront rejoindre les Suzuki, Kotkaniemi et Romanov au fil des prochaines années, non seulement Bergevin a su balayer du revers de la main les critiques et appels à son congédiement, mais il ne serait pas surprenant que son règne se prolonge au-delà la saison 2020-2021, la dernière associée à son contrat actuel.

Bon! Il sera plus facile d’obtenir une telle récompense si le Canadien transforme les améliorations que Bergevin a apportées en points au classement et en victoires attendues depuis trop longtemps une fois en séries éliminatoires.

Mais d’ici là, le directeur général du Canadien mérite tout de même que les partisans reconnaissent que sa patience était justifiée. Et qu’elle mérite peut-être aussi d’être récompensée.