Jusque-là, le Canadien disputait un autre très bon match de hockey.

Comme il l’a fait plusieurs fois depuis le début de la saison, le Tricolore désarçonnait Tampa avec sa vitesse. Imaginez : le Lightning qui est l’un sinon le meilleur club dans l’Est, un club rapide, voire très rapide, en plus, semblait sur les talons tant il était pris de court par le Canadien qui s’est même offert une avance de 1-0 grâce à un autre but de Max Domi. Un autre but rapide puisqu’il l’a marqué dès la 58e seconde de jeu.

Jusque-là, le Canadien ne se contentait pas de disputer un autre très bon match de hockey. Il dominait la partie comme en témoignaient le score de 1-0 et les dix tirs à sa fiche contre les quatre seulement à celle de ses adversaires.

La pénalité à Nicolas Deslauriers a tout changé.

Officiellement, Steven Stamkos n’a pas marqué le premier but de son équipe en avantage numérique parce que Nicolas Deslauriers sortait du cachot lorsque le capitaine du Lightning a déjoué Carey Price avec un tir de haute qualité décoché sur réception d’une passe de meilleure qualité encore offerte par son complice Nikita Kucherov.

Mais ce but a couronné une attaque massive au cours de laquelle le Lightning a su freiner l’élan initial du Canadien pour prendre le plein contrôle de la période. Le Lightning a retrouvé ses jambes. Il a mis de la pression sur le Canadien. Il a poussé les joueurs du Tricolore à l’erreur et lorsque c’est arrivé, Tampa a su en profiter.

De 1-0 en faveur du Canadien avec une avance de 10-4 au chapitre des tirs au but, le score est passé à 2-1 en faveur du Lightning qui dominaient 18-12 au chapitre des tirs après 20 minutes. C’est donc dire qu’il a dominé 14-2 au cours des 10 dernières minutes du premier tiers.

À 2-1 Tampa, le match était loin d’être fini. Le Canadien a même disputé une très bonne période médiane au cours de laquelle il s’est buté au gardien Andrei Vasilevskiy qui a réalisé quelques gros et très gros arrêts pour protéger l’avance de son équipe. Mais au fil du match, le talent supérieur du Lightning a permis à la meilleure des deux équipes de l’emporter.

Pénalité : oui ou non?

S’il est clair que la pénalité écopée par Nicolas Deslauriers a changé le cours du match, il est beaucoup moins clair d’arriver à une conclusion définitive quant à savoir si la mise en échec du joueur du Canadien méritait vraiment une sanction des officiels.

Nicolas Deslauriers a frappé Ryan McDonagh dans le dos. C’est clair. Mais McDonagh qui venait d’effectuer un dégagement du revers s’est tourné à la dernière seconde devant Deslauriers qui n’a pu changer de direction ou freiné sa course.

C’est du moins mon impression.

D’où la controverse soulevée par la décision des arbitres qui n’ont jamais hésité à lever le bras pour sévir.

Réglons une chose tout de suite : il y a trois, cinq ou dix ans, cette pénalité n’aurait jamais été décernée. Je ne prétends pas que c’est une bonne ou une mauvaise chose, j’étale simplement un fait.

Dans le hockey d’aujourd’hui, c’est une autre chose.

Ce que je sais toutefois, c’est que si Nicolas Deslauriers ne termine pas sa mise en échec sur le jeu en question, il s’attire des remontrances de la part de ses coachs en plus de s’exposer à sauter son tour plus tard dans le match, voire à être rayé de la formation lors des parties subséquentes.

« Si je ne donne pas cette mise en échec, j’ai l’air dans la lune », a d’ailleurs commenté Deslauriers qui a répondu aux questions des journalistes après la rencontre.

« Je dois donner cette mise en échec et je ne crois pas que je méritais une pénalité. C’est un vétéran dans la Ligue. Il savait que je m’en venais le frapper et il s’est tourné. Je sais une chose, c’est que moi je ne me suis jamais tourné alors que j’anticipais une mise en échec. Ce n’est pas la première fois que je suis puni, mais je crois que c’est la première fois que je reçois ce type de punition », a plaidé Nicolas Deslauriers qui, bien malgré lui, a joué un rôle de premier plan dans le dénouement du match de samedi.

Dans le vestiaire du Lightning, Ryan McDonagh avait bien sûr une version différente.

« Oui je me suis tourné, mais je l’ai fait dans la foulée de mon dégagement. Si tu regardes la reprise, il pouvait facilement suivre la rondelle, mais il a plutôt terminé sa course sur moi », a plaidé à son tour le défenseur du Lightning.

Qui a raison? Qui a tort?

Dans la quête de savoir qui a raison et qui a tort dans l’interprétation de la pénalité coûteuse écopée par Deslauriers, la meilleure réponse est venue de la bouche de l’entraîneur-chef du Lightning Jon Cooper

«Il est clair que cette séquence illustre le changement d’attitude que l’on remarque dans la LNH d’aujourd’hui. Ces pénalités n’étaient pas décernées dans le passé. Je regarde ce jeu et je me dis que les arbitres auraient pu aller d’un côté ou de l’autre. Ils sont allés du côté de la précaution, soit du côté ou la Ligue tend à aller dans sa quête de protéger les joueurs et à réduire les risques de blessures», a indiqué Cooper.

C’est vrai que la Ligue tend du côté de la prévention. Mais les joueurs doivent se protéger aussi. Sur un jeu semblable, McDonagh aurait pu minimiser les risques en s’appuyant sur la bande pour encaisser le coup sans même tourner le dos.

Mais bon! C’est mon opinion…

Aux yeux de Jon Cooper, l’attaque massive qui a mené au premier but du Lightning représente certainement un point tournant. Mais les arrêts en début de rencontre de son gardien Andrei Vasilveskiy et surtout le fait que son équipe eut écoulé la première pénalité avec succès sont tout aussi importants.

« On savait à quoi nous attendre du Canadien qui est explosif. Cette équipe l’a démontré dans les huit premières minutes de jeu. Huit minutes au cours desquelles la qualité de leur jeu leur aurait permis de rivaliser avec n’importe quel club de la Ligue. Si le Canadien marque sur le premier avantage numérique c’est soudainement 2-0 et nous affrontons un bien plus gros défi. Le Canadien forme une très bonne équipe. Il est clair que Brendan Gallagher conduit l’autobus et que le reste du club suit. C’est un club jeune, un club dynamique qui joue avec vitesse et fougue. C’est un club qui est et sera difficile à battre toute l’année », a conclu Jon Cooper dont le club reprendra le boulot dès dimanche soir, à Ottawa, contre des Sénateurs éclipsés 9-2 par les Sabres, hier, à Buffalo.

En bref

-      On pourra dénoncer tant qu’on voudra la pénalité décernée à Nicolas Deslauriers et prétendre, avec raison, qu’elle a ouvert la porte à la remontée du Lightning, mais le Canadien a sa part de responsabilité à assumer en ce sens qu’il a été blanchi à chacune des quatre attaques massives qu’il a obtenues. De fait, le Tricolore est sur une séquence difficile de 0 en 15 lors de ses cinq derniers matchs. Il a marqué ses derniers buts en supériorité numérique (2 en 5) le 23 octobre lors de la visite des Flames de Calgary au Centre Bell…

-      Le Canadien a obtenu 35 tirs samedi contre le Lightning. Il a toutefois décoché 42 tirs de plus qui ne se sont jamais rendus au filet du Lightning. 23 ont été bloqués en défensive et 19 ont carrément raté la cible. Les défenseurs ont été responsables de 10 tirs hors cible dont quelques-uns ont été décochés en avantage numérique. Ce qui n’a certainement pas aidé la cause de l’attaque massive du Tricolore…

-      Phillip Danault en encore disputé un fort match samedi. Non seulement son trio a été, et de loin, le meilleur du Tricolore, mais le centre qui offre du jeu très efficace a une fois encore excellé aux cercles des mises en jeu avec 11 duels gagnés sur les 17 qu’il a livrés (65 %)…

-      Steven Stamkos a déjoué Carey Price à deux reprises avec des tirs de qualité qui n’ont pas vraiment donné de chance à Carey Price. Le capitaine du Lightning marquait hier ses troisième et quatrième buts seulement de la saison…

-      Charles Hudon n’a pas disputé un match à la hauteur de celui qu’il a connu jeudi soir contre les Capitals de Washington. Il a toutefois joué de malchance sur le deuxième but alors que la passe soulevée qu’il a tentée en sortie de zone a été interceptée au vol par le vétéran défenseur Anton Stralman qui a ensuite remis à J.T. Miller dont le tir a déjoué Carey Price dans la lucarne. Stralman a récolté trois mentions d’aide samedi ce qui lui a permis de porter son total de la saison à cinq…

-      Mathieu Joseph a célébré sa première visite au Centre Bell contre le Canadien par une victoire. Il est passé près de pouvoir en profiter pour auréoler cette victoire de son premier but en carrière alors qu’il a obtenu une échappée en direction de Carey Price en deuxième période alors qu’il sortait du banc de pénalités. «Dans le feu de l’action, tu n’as pas vraiment le temps de te dire que tu approches de Carey Price. J’ai foncé, j’ai vu une ouverture et j’ai tenté de marquer. Mais une fois de retour au banc, j’ai réalisé que je venais d’avoir une chance de marquer ce premier but contre le gars que je regardais jouer à la télé quand j’étais petit…»

-      J.T. Miller n’est pas un redoutable marqueur comme le sont ses compagnons de trio Steven Stamkos et Nikita Kucherov. Et même s’il a déjoué Carey Price avec un tir des ligues majeures dans la lucarne au-dessus de sa mitaine, le centre du Lightning a assuré que d’aucune façon il n’avait pris le temps de viser la partie supérieure. «J’étais à bout de souffle et prêt à rentrer au banc lorsque Anton a réalisé tout un jeu en interceptant la rondelle au vol. Quand je l’ai eue en ma possession, j’étais au centre de l’enclave, j’ai alors simplement tenté de tirer le plus fort possible en espérant que la rondelle entre. Ma seule stratégie était d’y mettre toute la gomme possible», a indiqué Miller. Comme quoi si certains joueurs tentent de viser dans la partie supérieure lorsqu’ils affrontent le gardien du Canadien, d’autres se contentent de mettre la rondelle au filet et d’espérer…

ContentId(3.1296783):Nicolas Deslauriers : « Il devrait savoir qu'il doit se protéger quand je m'en viens »
bellmedia_rds.AxisVideo
ContentId(3.1296745):Steven Stamkos crée l'égalité en avantage numérique (LNH)
bellmedia_rds.AxisVideo