BROSSARD – Pendant longtemps, le Canadien a dû partager l’affection de Lukas Vejdemo. « J’ai toujours aimé Montréal, mais j’avais d’autres équipes favorites, comme les Rangers et aussi Detroit », confessait lundi le timide Suédois.

Mais Vejdemo ne possédait qu’une seule tuque à l’effigie d’une équipe de la Ligue nationale... et le hasard a voulu que ce soit la bonne. Quelques heures après avoir appris, grâce à la magie de l’Internet, qu’il avait été sélectionné au troisième tour du repêchage de la LNH, le longiligne attaquant a publié sur les médias sociaux une photo de lui arborant fièrement son couvre-chef à pompon aux nuances tricolores de bleu, de blanc et de rouge.

« Je suivais le repêchage sur mon ordinateur, à la maison, et quand j’ai vu mon nom apparaître à côté de celui du Canadien, j’ai trouvé ça vraiment cool », racontait Vejdemo au terme de la deuxième journée du camp de perfectionnement du CH, qui se déroule jusqu’à jeudi au Complexe sportif Bell de Brossard.

Trevor Timmins peinait à contenir son enthousiasme après être parvenu à mettre la main sur ce qu’il semblait considérer comme le secret le mieux gardé de Stockholm. À entendre l’expérimenté détecteur de talent, le Canadien, qui ne détenait pas de choix de deuxième ronde en 2015, venait de frapper un coup de circuit avec l’acquisition de celui qu’il décrivait comme « un solide patineur, un attaquant polyvalent capable de générer de l’attaque » avec le 87e choix de l’encan.

Pourtant, le principal intéressé affirme qu’il ne piaffait pas nécessairement d’impatience avant de connaître les détenteurs de ses droits chez les pros. « Mon agent m’avait dit qu’il pensait que je serais choisi en troisième ou quatrième ronde. Ça s’est donc passé comme je m’en attendais », admet-il d’un ton calme.

D’un point de vue plus global, par contre, la patience de Vejdemo a été mise à rude épreuve. Le prometteur joueur de centre aurait en fait dû être repêché en 2014, avec les autres jeunes de son âge, mais une sérieuse blessure aux côtes et une bataille avec la mononucléose l’ont empêché de déployer ses atouts assez souvent pour attirer le regard des recruteurs. « Une année perdue », conclut-il aujourd’hui sans ressentiment apparent.

Cette année, par contre, Vejdemo a rattrapé le temps perdu en amassant 48 points en seulement 34 matchs et a remporté le titre de joueur par excellence de la ligue junior élite de son pays.

« L’année dernière, je ne m’attendais pas à être repêché parce qu’aucune équipe n’avait vraiment démontré son intérêt. Si je compare, cette année j’ai dû parler avec environ vingt équipes. Je savais que mon tour finirait par arriver. »

Au moins deux ans en Suède

Il ne faut pas s’attendre à ce que Vejdemo emprunte la même voie que son compatriote Jacob De La Rose, qui avait pris la décision de s’exiler à 19 ans pour accélérer son apprentissage. Enrôlé pour les deux prochaines saisons avec l’équipe de Djurgarden, en Ligue élite suédoise, l’attaquant de 6 pieds 2 pouces n’a pas l’intention de venir jouer en Amérique du Nord avant d’avoir honoré son contrat.

Son prochain objectif sera donc de se tailler une place permanente avec le grand club, qui lui a donné un bref avant-goût de trois parties la saison dernière. Selon lui, le pari n’est pas gagné d’avance.

« Je crois qu’il y a 17 attaquants sous contrat et je serai le plus jeune parmi ceux qui batailleront pour un poste. Ça sera difficile, mais je crois que si je fais les choses correctement, mes chances sont bonnes », détaille celui qui serait transféré en deuxième division si la compétition s’avérait trop corsée.

« La première année, je ne crois pas qu’on me donnera un grand rôle au sein de l’équipe, poursuit-il avec optimisme. J’aurai peut-être quelques occasions de me faire valoir, mais mon but serait surtout d’accéder aux deux premiers trios et d’évoluer sur le jeu de puissance à ma deuxième année. »

Avant tout ça, Vejdemo aura la chance de faire ses preuves devant l’état-major de la sélection nationale des moins de 20 ans. D’abord écarté de la liste des participants en vue d’une compétition amicale qui opposera la Suède à la Finlande et aux États-Unis au début du mois d’août à Lake Placid, l’espoir du Canadien affirme, tout sourire, qu’il a finalement reçu son invitation.

« C’est ma dernière année d’admissibilité et jouer au Mondial junior, c’est l’un des buts que je me suis fixés pour la prochaine saison. »

Il n’existe rien de plus fort que l’appel de la patrie. Mais dans sa propre cour, du moins, le Canadien n’a plus à se soucier de la compétition. Le cœur de Lukas Vejdemo est à Montréal et nulle part ailleurs.