SUNRISE – En racontant une anecdote, Marc Bergevin a résumé l’état d’esprit au sein de son équipe à la suite de la sélection du défenseur Noah Juulsen au 26e rang de la première ronde du repêchage 2015.

Cherchant la meilleure façon de résumer la satisfaction d’avoir mis la main sur ce projet de 18 ans de six pieds deux pouces et 174 livres, Bergevin a trouvé un autre moyen de faire rire l’audience avec cette déclaration.

« La meilleure chose que je peux vous dire, c’est que notre dépisteur qui l’a vu jouer le plus souvent m’a mentionné qu’il allait dormir comme un bébé parce qu’on venait de choisir Juulsen, un joueur qu’il est confiant de voir dans notre équipe prochainement », a confié l’homme au style flamboyant.

Depuis son entrée en poste à la direction du Canadien, Bergevin et ses spécialistes du repêchage avaient jeté leur dévolu sur trois attaquants avec leurs choix de première ronde en Alex Galchenyuk, Michael McCarron et Nikita Scherbak.

Le DG du Tricolore ressentait donc le besoin d’ajouter de la profondeur en défense et il avait insisté sur cet objectif depuis quelques mois auprès de Trevor Timmins et ses recruteurs.

« Les défenseurs sont très importants dans le hockey d’aujourd’hui et on était très fier qu’il soit encore disponible au 26e rang », a convenu Bergevin qui était entouré sur la scène de Michel Therrien, Geoff Molson, les deux dépisteurs de l'ouest canadien (Alvin Backus et Elmer Benning) ainsi que Timmins et son fils pour accueillir Juulsen.

Répertorié au 22e rang des patineurs de l’Amérique du Nord par la Centrale de recrutement de la LNH, Juulsen était comblé d’avoir entendu son nom résonner à ce moment dans le domicile des Panthers.

« C’est incroyable comme sensation, je n’oublierai jamais le fait que j’ai choisi en première ronde. C’est un peu une surprise », a avoué celui qui était accompagné de ses parents, ses deux frères, sa sœur ainsi que sa copine.

Ce travail en amont du Canadien a mené à la sélection de ce défenseur droitier des Silvertips d’Everett. Les amateurs les plus aguerris auront remarqué qu’il s’agit de la formation de Nikita Scherbak. Bergevin n’a pas caché que Juulsen a bénéficié du suivi accordé à Scherbak par son club.

« Martin Lapointe et Rob Ramage exercent le rôle de développer nos jeunes et ils ont vu Juulsen évoluer. Ce n’est pas leur première fonction, mais ça nous donnait des opinions de plus pour l’évaluer », a-t-il décrit.  

En tant que bon ami de Scherbak, Juulsen était conscient de la situation et il a su en profiter.  

« Je pense que ceci a grandement aidé, mais on me disait que plusieurs autres personnes me surveillaient aussi », a insisté l’athlète posé et certainement moins volubile que Scherbak.  

En début de saison, le nouveau membre du Tricolore était davantage perçu comme un espoir de deuxième ou troisième ronde, mais il a connu une progression convaincante notamment au plan offensif (9 buts, 43 aides) sous les ordres d’un entraîneur qui a fait ses preuves.

« Kevin Constantine est un ancien entraîneur de la LNH, il a un bon système en place avec son équipe », a relaté le directeur général pour expliquer l’assurance défensive de son nouveau protégé.

Tout de même, Bergevin et ses acolytes présents à la table de l’équipe au BB&T Center de Sunrise ont évalué les options jusqu’à la dernière minute pour procéder à une transaction. Le Canadien n’aurait pas détesté reculer de quelques échelons pour ajouter un choix supplémentaire à sa mince banque de cinq.

Quelques discussions ont atteint un certain niveau de prospection, mais rien ne s’est concrétisé. Voilà pourquoi le Canadien a prononcé le nom de ce joueur aux origines danoises au 26e échelon avec une grande confiance. D’après les dires de Bergevin, aucune hésitation n’était perceptible à la table alors que Juulsen représentait le choix désiré.

« C’était lui qu’on voulait. Des équipes sont venues me voir après notre choix pour me dire que nous avons opté pour un très bon joueur », a témoigné le gestionnaire montréalais.  

Au fil des derniers jours, Bergevin avait volontairement préparé un peu le terrain lors de ses points de presse. Il avait mentionné à quelques occasions que sa tendance vers les défenseurs ne voulait pas dire qu’il voulait bâtir une équipe défensive. Selon lui, des défenseurs de qualité sont essentiels dans le hockey d’aujourd’hui pour orchestrer les attaques.

D’ailleurs, Bergevin a reçu comme rapport de ses grands voyageurs que Juulsen cadre à merveille avec le prototype des défenseurs recherchés en 2015. Grâce à son patinage fluide et sa vision, il pourrait se comparer à un mélange de Kevin Bieksa et Jeff Petry.

L’intérêt du Canadien envers Juulsen était tel que Bergevin l’avait rencontré vendredi matin pour le questionner sur quelques aspects.

Maintenant, la suite reposera dans la progression de cet athlète qui ne semble pas très nerveux au premier contact. Généralement, les défenseurs nécessitent plus de temps pour arriver au sommet de leur art.

« La progression varie selon tous les joueurs. C’est un bon patineur, avec beaucoup de caractère et un grand sens de la compétition. Je crois que ces joueurs trouvent un moyen de connaître du succès », a exprimé Bergevin.

Le travail du Canadien et des 29 autres équipes se poursuivra samedi dès 10h. Pour le moment, Montréal ne possède pas de tour de parole en deuxième et quatrième ronde.

Par ailleurs, Bergevin a profité de son premier droit de parole pour remercier Dale Tallon, son homologue des Panthers, qui lui avait ouvert les portes de ce milieu quand il occupait ce poste avec les Blackhawks de Chicago.

« C’était important pour moi de le faire puisqu’on était devant ses partisans. Je crois vraiment que je ne serais pas ici sans lui. Ça prend toujours quelqu’un pour te donner ta première chance. J’espère qu’il a apprécié parce que ça venait du cœur », a conclu avec reconnaissance.