Le Canadien de Montréal et les Flyers de Philadelphie suivent des parcours bien différents. Avec leur victoire de 5-3, les Flyers poursuivent leur ascension au classement afin d’atteindre les séries éliminatoires qu’ils ont ratées l’an dernier et trois fois au cours des cinq dernières saisons. Quant au Canadien, il a stoppé à deux sa plus récente série de victoires et repris sa glissade vers son exclusion des séries.

 

Une exclusion qui est maintenant souhaitée par une très grande majorité de partisans qui tiennent à voir leur équipe mettre le plus de chances possible de son côté afin de gagner la loto Rasmus Dahlin lors du prochain repêchage. Le gros lot de la loto-Dahlin ne devrait pas être aussi percutant que l’ont été les gros lots de loto Austin Matthews, Connor McDavid, John Tavares, Steven Stamkos, Patrick Kane ou Sidney Crosby. Mais si Rasmus Dahlin atteint le niveau d’excellence de son compatriote Victor Hedman, le club gagnant repartira du repêchage les poches pleines.

 

Mais attention! S’il n’arrive pas à mettre la main sur le gros lot, le Canadien saura-t-il profiter de l’occasion pour repartir avec le « 5/6 avec extra » ou se contentera-t-il d’une participation gratuite?

 

Personne ne le sait.

 

À défaut de pouvoir garantir que les défaites qui se multiplient serviront bel et bien la cause de l’équipe et qu’elles assureront une reconstruction plus rapide et plus solide – ou d’une rénovation pour mettre son club aux goûts du jour si vous n’aimez pas le mot reconstruction – le Canadien devrait suivre l’exemple des Rangers de New York et mettre ses partisans dans le coup.

 

Remarquez que parce que les Rangers ont été les premiers à faire ouvertement appel à la patience et à la compréhension de leurs partisans, le Canadien donnerait l’impression de bêtement copier un rival qui a eu plus de courage que lui. Un autre exemple pour appuyer le fait que la jadis Sainte Flanelle n’est plus une des organisations phares de la LNH, mais bien une simple organisation parmi les autres. Ou pire, une organisation qui surfe sur son histoire et ses succès d’un passé qui commence à être lointain.

 

Même s’ils ont gagné la coupe Stanley plus récemment que le Canadien (1993 vs 1994), même s’ils ont atteint la grande finale il y a quatre ans, qu’ils ont gagné 11 rondes de séries contre seulement six pour Montréal depuis le lock-out qui a annulé la saison 2004-2005, qu’ils ont éliminé le Canadien en première rondelle l’an dernier et qu’ils sont plus près d’une place en séries encore ce matin que ne l’est le Canadien, les Rangers ont indiqué à leurs partisans que le temps était venu de prendre des décisions importantes, difficiles et lourdes de conséquences.

 

Conscients qu’ils peuvent peut-être se battre pour une place en séries, mais qu’une fois en séries ils n’ont pas les munitions pour se rendre aux grands honneurs, les Rangers vont laisser partir des joueurs avec lesquels ils ne peuvent pas gagner la coupe, pour les remplacer par des plus jeunes avec qui ils tenteront d’y arriver.

 

Ça ne veut pas dire qu’ils réussiront. C’est vrai. Surtout que les Rangers, comme le Canadien, ne comptent pas sur une relève solide au sein de leur club-école. De fait, cette relève semble même être moins solide à Hartford qu’elle ne l’est à Laval. Ça vous donne une idée du carré de sable de lequel les Blue Shirts patinent.

 

Mais bien qu’ils soient un de six clubs originaux de la LNH, bien qu’ils soient la concession la plus riche de la LNH, bien qu’ils évoluent au centre du plus gros marché de la LNH, les Rangers ont décidé de jouer franc-jeu avec leurs fans.

 

Pourquoi diable le Canadien ne pourrait pas faire la même chose? Parce qu’il a peur du mot reconstruction? Qu’il utilise un synonyme alors. Vrai qu’avec le bon Carey Price devant le filet, avec un Shea Weber en forme et en santé à la ligne bleue et un Max Pacioretty capable de viser les 40 buts en une saison, le Canadien peut espérer effectuer un renversement de situation rapide. Ou plus rapide que ce qui attend les Rangers.

 

Mais si le Canadien tarde trop à enfin se trouver un vrai premier centre et peut-être même un vrai deuxième, si le Canadien tarde trop à colmater les nombreuses brèches qui minent sa brigade défensive, les Price, Weber et Pacioretty s’il n’a pas quitté Montréal d’ici là ne seront plus en mesure d’assumer les rôles de fer-de-lance qu’ils doivent remplir pour que le Canadien sorte de sa torpeur. De sa médiocrité.

 

D’où les décisions cruciales qui attendent le Canadien... comme les Rangers.

 

Échanger Tomas Plekanec qui en est à sa dernière année de contrat c’est facile. Donner un des trop nombreux défenseurs numéro 6 qui composent la brigade du Canadien, c’est facile. Mais ça ne rapportera pas grand-chose. Pas assez pour changer l’ADN d’une équipe qui a besoin de bien plus qu’une petite injection de botox ici ou là pour se redonner un look de jeune premier.

 

Quoi faire avec Pacioretty? Avec Galchenyuk? Avec Shea Weber? Voire avec Carey Price puisque tous les scénarios devraient être à tout le moins analysés à défaut d’être exécutés.

 

Ça, c’est beaucoup plus difficile.

 

C’est ce que les Rangers sont en train de faire alors que même le nom de leur capitaine Ryan McDonagh est mentionné dans l’un ou l’autre des scénarios élaborés pour refaire des Rangers un club qui aspire à la coupe Stanley et non seulement aux séries.

 

Au point où ils en sont rendus en matière de découragement, je me demande si les partisans du Canadien ne seraient pas heureux de faire équipe avec l’état-major de leur équipe si le propriétaire de l’équipe leur dévoilait le plan de relance de son club, de leur club, pour qu’ils puissent comprendre ce qui s’en vient. Pour qu’ils puissent suivre le processus comme on suit une carte routière, noter les améliorations au fil des étapes parcourues et voir si l’équipe s’approche de sa destination finale.

 

On verra.

 

Mais quand on entend l’entraîneur-chef du Canadien souligner que les joueurs de son équipe n’ont pas été assez bons pour rivaliser avec un adversaire dont les joueurs ont été meilleurs, il me semble qu’il est temps de changer les effectifs... et non les coachs.

 

Et il est clair à mes yeux qu’un tel chambardement, aussi nécessaire soit-il, sera plus facile à faire avec la complicité des partisans qu’en les gardant dans le noir ou en les implorant de patienter béatement.

 

Mes observations sur la défaite aux mains des Flyers.

  1. Encore des mauvais débuts de périodes
  2. Price : un ou deux arrêts de plus
  3. Galchenyuk et Drouin bientôt à moins-30
  4. Gallagher bientôt 20 buts
  5. Quels retours de Giroux et Voracek

Chiffre du match : 12 – les Flyers ont prolongé à 12 leur série de matchs à domicile consécutifs avec au moins un point (11-0-1) aux dépens du Canadien. Il faut remonter au 2 avril 2010 pour relever la dernière victoire en temps réglementaire du Tricolore au Wells Fargo Center…

 

Encore des mauvais débuts de périodes

 

Le Canadien n’a pas été affreusement mauvais à Philadelphie. Il n’a simplement pas été assez bon. Et quand un club n’est juste pas assez bon pour rivaliser avec ses adversaires, il doit impérativement minimiser les bourdes.

 

Ce que le Canadien n’a pas fait hier encore.

 

Le Canadien a bousillé ses chances de victoires en accordant non seulement des buts rapides en début de deuxième et troisième périodes, mais aussi en ouvrant la porte à une autre réplique rapide d’un adversaire.

 

Les Flyers ont marqué dès la 42e seconde de jeu en période médiane. Ils ont aussi lors de la 27e seconde de la troisième période pour reprendre les devants 3-2 et ont doublé leur avance dès la 88e seconde du dernier tiers.

 

Lorsque le Canadien a nivelé les chances 1-1 avec un but en désavantage numérique – un but de Lehkonen, son 5e de la saison – en milieu de période médiane, les Flyers ont repris les devants 28 secondes plus tard.

 

On appelle ça se tirer dans le pied. Genre!

 

Si ça n’arrivait qu’une fois de temps en temps on pourrait comprendre.

 

Mais voilà.

 

Avec les mauvais débuts de périodes de jeudi à Philadelphie, le Canadien est rendu à 52 buts accordés (en 34 matchs) dans les cinq premières minutes d’une période. Sa fiche dans ces 34 matchs? 9-21-4.

 

Avec les deux buts accordés lors de la première minute d’une période, le Canadien est rendu à 11 buts accordés dans les 60 premières secondes d’une période. Un exploit survenu dans neuf rencontres avec un résultat de trois victoires et six revers, tous en temps réglementaire.

 

Non seulement le Canadien a bien mal entrepris les deuxième et troisième tiers mardi, à Philadelphie, mais il a très mal entrepris la majorité des séquences de jeu en se contentant de gagner seulement 20 des 57 mises en jeu disputées. Soit une efficacité collective de 35 %.

 

Pour la première fois de la saison, aucun joueur du Canadien n’a affiché une efficacité personnelle supérieure à 43 %.

 

Quand tu donnes la rondelle à l’adversaire 37 fois sur 57 mises en jeu et que tu lui offres trois buts dans les 90 premières secondes d’une période, tu es loin de t’offrir des chances de gagner…

 

Price : un ou deux arrêts de plus

 

Quand une équipe passe la majeure partie d’un match sur les talons et non sur la pointe des pieds, ça complique le travail d’un gardien. On l’a encore vu hier alors que Carey Price a été victime de quatre buts sur 27 tirs.

 

On va se le dire, ce n’est pas une bonne moyenne. Encore moins une bonne efficacité.

 

Mais bien que Carey Price ait réalisé quelques gros arrêts au cours du premier tiers et d’autres en cours de partie, il avait bien raison de souligner qu’ils se devaient d’en effectuer quelques-uns de plus pour aider la cause de son équipe.

 

Pas question ici de faire reposer le blâme de la défaite sur les jambières de Carey Price. Ce serait exagéré et injuste.

 

Mais Price se devait de contrôler la rondelle qu’il a échappée après son arrêt aux dépens de Shayne Gostisbehere. Parce qu’une fois la rondelle derrière lui, ses défenseurs n’ont rien pu faire pour empêcher Travis Konecny de marquer. Oui, Froese, Schlemko ou Mete auraient pu aider la cause de leur gardien, mais Price se devait de contrôler cette rondelle pour éviter un deuxième but rapide en début de troisième période.

 

Price ne pouvait rien sur le premier alors que la rondelle tirée par Jakub Voracek l’a atteint sur le masque avant de dévier sur la barre transversale et de toucher le fond du filet. Mais le deuxième but, celui qui a fait très mal, il se devait de l’éviter.

 

Galchenyuk et Drouin bientôt à moins-30

 

Si Carey Price a admis qu’il se devait d’effectuer plus d’arrêts, il serait à peu près temps que Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk prennent des moyens pour aider la cause de leur équipe.

 

À l’attaque oui, mais aussi en défensive.

 

Galchenyuk et Drouin ont récolté des passes sur le but marqué par Brendan Gallagher en fin de match. Un but à six contre quatre alors que Carey Price avait retraité au banc pendant une attaque massive du Canadien.

 

Pendant que Gallagher se battait pour une position devant le filet des Flyers, Drouin et Galchenyuk n’avaient pas en raison du peu de couverture des Flyers.

 

Quand ils n’ont pas d’opposition, les deux jeunes talentueux trouvent le moyen de briller. Ils ont d’ailleurs récolté leur 20e passe de la saison sur le but de Gallagher.

 

Grand bien leur fasse. Mais les deux petits gars ont malgré tout terminé leur soirée avec un différentiel de moins-3 à leur fiche.

 

Pas grave que leurs défenseurs plaideront.

 

Ça commence à être grave que je réplique tout de go. Car avec des différentiels de moins-28 et moins-27 Galchenyuk et Drouin sont les deux pires attaquants de la LNH au grand complet au chapitre des différentiels.

 

Moins-28 et moins-27 c’est frette en simonac! Mais s’ils continuent sur leur lancée, en jouant mollement comme ils le font en zone neutre, en se rendant coupables de revirements bêtes qu’ils ne tentent même pas de corriger avec des replis défensifs hargneux et efficaces, Galchenyuk et Drouin vont atteindre la barre des moins-30. Ce ne sera plus seulement frette, mais glacial!

 

Gallagher : bientôt 20 buts

 

Dans le merdier au sein duquel le Canadien est en train de s’enliser, on peut toujours compter sur Brendan Gallagher pour au moins donner le ton en matière d’effort et d’implication.

 

Encore jeudi, c’est le trio de Tomas Plekanec – avec Gallagher et Artturi Lehkonen qui a connu les meilleurs moments offensifs en première. Et c’est le quatrième trio qui a marqué le seul but du Tricolore à forces égales.

 

Qu’on fait les meilleurs joueurs du Canadien? Ils sont restés dans l’ombre des meilleurs joueurs des Flyers. Avec le résultat qu’on connaît…

 

Gallagher affiche 19 buts. C’est trois de plus que Max Pacioretty qui est deuxième. Et le plus beau dans l’histoire de Gallagher c’est qu’il occupe la première place malgré le fait qu’on lui ait préféré bien des joueurs en fait de temps d’utilisation et de temps d’utilisation de qualité au sein de l’attaque massive.

 

Venu en relève d’Andrew Shaw au sein de la première vague depuis que Shaw s’est blessé, Gallagher sait en profiter.

 

Mais contrairement à trop de joueurs du Canadien, et des bien meilleurs que lui, du moins en théorie, Gallagher n’attend pas que les buts et les points viennent à lui, il va les chercher là où ils sont : devant les filets adverses.

 

Quels retours de Giroux et Voracek

 

Parlant des meilleurs des Flyers qui ont été meilleurs que les meilleurs du Canadien, quels beaux retours sont en train de réaliser Claude Giroux et Jakub Voracek.

 

Limité à 58 points en 82 matchs l’an dernier, considéré par plusieurs comme étant sur la pente descendante, Claude Giroux affiche 16 buts et 61 points après seulement 54 parties. Ses 61 points sont le sixième plus haut total jusqu’ici dans la LNH. Jakub Voracek a lui aussi déjà dépassé sa production de l’an dernier : 61 points en 82 matchs. De fait, les 11 buts et 63 points que revendique Voracek l’assurent pour l’instant du 5e rang des meilleurs marqueurs de la LNH derrière Conner McDavid et devant Evgeni Malkin.

 

Ce qui est vrai pour Giroux et Voracek l’est également pour le défenseur Shayne Gostisbehere. Fort des trois passes récoltées aux dépens du Canadien jeudi, le jeune arrière de 24 ans a éclipsé sa récolte de l’an dernier (39 points, dont 7 buts en 76 parties) avec ses 40 points (10 buts) en 50 matchs. Son différentiel de plus-7 tranche avec le moins-21 qu’il a traîné l’an dernier. Au rythme actuel, Gostisbehere n’aura aucune difficulté à éclipser son excellente saison recrue alors qu’il avait marqué 17 buts et récolté 46 points en 64 matchs.