MONTRÉAL - Comme plusieurs, je n’accordais aucune chance au Canadien d’éliminer les Flyers en première ronde. Je me disais que Carey allait voler une partie ou à tout le moins avoir un très gros mot à dire dans cette victoire et que ses coéquipiers, en travaillant fort et bien, l’aideraient à peut-être en gagner une deuxième.

 

Le Canadien a fait bien mieux que ça alors qu’il sort grandi et gagnant de sa série face aux Flyers. Du moins à mes yeux.

 

Je sais! Je sais! Le Tricolore se réveille quand même en vacances au lendemain de cette défaite de 3-2 qui permet aux Flyers de se sauver avec la série qu’ils ont remportée en six matchs.

 

J’insiste malgré tout sur le fait que le Canadien a fait bien plus que simplement gagner deux parties. Car au-delà l’issue de la série, le Canadien a rivalisé avec un adversaire plus fort que lui. Oui, les Flyers forment une meilleure équipe de hockey que le Canadien. Même si ce n’a pas toujours été évident au fil des six matchs.

 

Dans le match décisif, c’est d’ailleurs le Canadien et non les Flyers qui a le mieux joué. C’est lui qui a dicté le jeu. C’est lui qui a pris les moyens pour gagner alors que les Flyers se sont concentrés à prendre des moyens pour éviter de perdre.

 

Plus opportunistes que le Canadien, beaucoup plus en fait, les Flyers ont marqué trois buts sur les 12 tirs qu’ils ont générés à cinq contre cinq. Ils en ont obtenu 17 au total. Et ce n’est pas comme s’ils avaient multiplié les tirs hors cible ou que les joueurs du Canadien s’étaient transformés en muraille de protection devant leur gardien. Car au total, les Flyers ont décoché 35 tirs. C’est deux seulement de plus que le nombre de tirs que Carter Hart a affrontés. C’est surtout 36 de moins que le nombre de tirs que le Canadien a tentés (71) au cours de cette partie qu’il aurait pu gagner.

 

J’ajouterais même qu’il aurait dû gagner. Surtout qu’il a fait tout ça en dépit l’absence de sa bougie d’allumage Brendan Gallagher qui devait composer avec les contrecoups de la fracture à la mâchoire que lui a infligée Matt Niskanen en lui assénant un double-échec au visage en fin de match mercredi.

 

Car avec l’effort déployé pour éviter de se laisser décourager par les deux buts rapides des Flyers en début de rencontre, pour l’effort maintenu pour répliquer illico au troisième but des Flyers au lieu de s’apitoyer sur leur sort, l’effort obtenu en fin de rencontre en puisant dans des réserves qui étaient déjà à sec, le Canadien méritait vraiment de pousser la série à la limite des sept parties.

 

Et qui sait : peut-être qu’une fois plongé dans l’incertitude d’un septième match, c’est le Canadien et non les Flyers qui aurait été propulsé en deuxième ronde au lieu de se retrouver en vacances.

 

On ne le saura jamais. Et ce n’est pas important. Du moins pas vraiment.

 

Les grandes confirmations de Suzuki et KK

 

Au-delà l’élimination aux mains des Flyers, le Canadien a prouvé qu’il est déjà meilleur que l’équipe qui croupissait au 24e rang du classement général il y a cinq mois. Que l’équipe qui aurait raté les séries n’eut été de l’interruption forcée de la saison en raison de la Covid-19 et du fait que Gary Bettman avait besoin de 24 équipes pour mettre sur pied son plan de relance.

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Cette série face aux Flyers a permis à tout le monde de réaliser que Nick Suzuki est déjà en mesure d’assumer le rôle de premier centre du Canadien. Cette série et la précédente face aux Penguins ont surtout permis à Suzuki lui-même – et à ses coéquipiers – de se convaincre que ce poste était maintenant à lui.

 

Cette série a aussi permis à tout le monde de dissiper les gros nuages menaçants qui flottaient au-dessus de la tête de Jesperi Kotkaniemi lorsque le Canadien a fait son entrée dans la bulle à Toronto.

 

Qui sera le centre numéro un? Qui sera le centre numéro deux? Je m’en balance pas mal. Car KK et Suzuki ont non seulement affiché les qualités nécessaires pour remplir l’un ou l’autre de ces rôles, ils ont affiché la confiance nécessaire pour assumer autant de responsabilités. 

ContentId(3.1371813):Canadiens : Nick Suzuki n'a pas besoin d'angle (hockey)
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Ils ont été bons avec la rondelle comme le confirment les buts qu’ils ont marqués et ceux qu’ils ont orchestrés. Ils ont été bons sans la rondelle. Ils ont été solides physiquement et on a même vu Suzuki se démener efficacement en désavantage numérique en interceptant des passes; en bloquant des tirs.

 

Suzuki et Kotkaniemi ont peut-être pris Crosby, Malkin et les Penguins et leur coach Mike Sullivan par surprise en ronde de qualification. Mais en première ronde, contre les Flyers, ils étaient attendus et ont malgré tout tenu tête aux Giroux, Couturier, Hayes et compagnie.

 

Je ne sais pas pour vous, mais ils m’ont offert tous les arguments que j’attendais avant de les confirmer dans les rôles de premier et deuxième centre dès l’an prochain. Et ça c’est une grande victoire après avoir passé tant d’années à se demander qui diable allait avoir à pallier l’absence d’un vrai premier centre chez le Canadien.

 

Une très grande victoire en fait.

 

Cela devrait non seulement atténuer la déception des partisans qui s’étaient remis à croire aux chances de leurs favoris, mais carrément effacer cette déception.

 

Les performances de Suzuki et Kotkaniemi étaient mes seules vraies préoccupations dans cette série. Les deux jeunes m’ont non seulement rassuré, mais ils m’incitent à voir l’avenir rapproché du Canadien avec bien plus d’optimisme que j’en avais.

 

Pas question de parler de la coupe Stanley. Et il sera encore difficile d’accéder aux séries la saison prochaine, peu importe quand elle commencera et combien de matchs elle comportera.

 

Mais avec ce que Suzuki, Kotkaniemi et le reste de l’équipe ont prouvé en surprenant d’abord les Penguins et en donnant bien plus de troubles qu’anticipé aux Flyers, on devra ajouter le nom du Canadien à la liste des équipes qui ont des chances réelles d’accéder aux séries et non simplement des chances théoriques…

 

Des Flyers peu convaincants

 

Si le Canadien a balayé du revers de la main bien des doutes à son égard en raison de ses performances face aux Flyers, on doit ajouter d’un même souffle que les Flyers ont soulevé plus de doutes et de questions à leur égard en ayant à trimer aussi dur qu’ils ont dû trimer pour venir à bout du Canadien.

 

«On a eu exactement le genre de série qu’on attendait», a répliqué Alain Vigneault quand je lui ai demandé si, au-delà la victoire de son équipe, le Canadien lui avait donné plus que sueurs froides que prévu.

 

«Le Canadien compte sur le meilleur gardien de la Ligue. Ses quatre premiers défenseurs forment un groupe aussi solide que ceux de tous les bons clubs. La défensive est impliquée. Le Canadien a du talent, de la vitesse, il joue du hockey solide. On s’attendait à affronter une grosse opposition, on l’a eue», a ajouté l’entraîneur-chef des Flyers qui s’est aussi assuré de souligner que le Canadien n’était pas le seul club jeune et inexpérimenté dans cette série.

 

«On parle beaucoup du Canadien qui est jeune, mais on est une équipe en progression nous aussi. Cinq de nos défenseurs en sont à une première expérience en séries dans la LNH. Franchement, notre groupe s’est vraiment très bien comporté. C’était une série difficile. Il y avait beaucoup d’émotion sur la glace. Je crois que l’animosité opposant les deux clubs était évidente. Mais au-delà de tout ça, je suis content que nous ayons pu présenter aux partisans des Flyers et aux amateurs de hockey de Montréal et du Québec du bon hockey. Ça nous a permis de penser à autre chose qu’à la Covid-19 pendant un moment», a conclu Vigneault.

 

Le moment se prolongera pour les Flyers. Ils croiseront maintenant les Islanders en deuxième ronde. Des performances offensives nettement en deçà des attentes et les difficultés rencontrées contre un club de 24e place au classement général risquent toutefois de faire fluctuer à la baisse les prédictions favorisant Philadelphie au détriment de New York.

 

«Nous n’avons pas mal joué contre Montréal, mais nous n’avons certainement pas joué à notre plein potentiel», a reconnu Kevin Hayes qui a marqué son premier but des séries dans la victoire qui a permis d’éliminer le Canadien.

 

«Cela dit, nous nous fichons bien de la façon dont nous avons gagné. C’est toujours difficile de signer quatre victoires pour passer à une ronde subséquente. L’important est d’avoir su puiser dans nos ressources afin de trouver une façon de gagner. Et c’est ce qu’on a fait. Il est maintenant temps de tourner la page sur ce qu’on vient d’accomplir et de nous tourner vers nos prochains adversaires. Il est clair à mes yeux que nous affronterons un adversaire différent contre qui nous devrons jouer d’une manière différente. Nous avons gagné une série et c’est plaisant de se retrouver dans une position gagnante, mais il nous reste encore bien des étapes à franchir avant de nous rendre jusqu’au bout», de conclure Hayes.

 

Hart-Price : quand l’élève rencontre le maître

 

La série Islanders-Flyers opposera deux entraîneurs-chef – Barry Trotz et Alain Vigneault qui aiment tous les deux offrir une grosse opposition en défensive à ses adversaires plutôt que de se lancer à l’attaque toutes voiles dehors.

 

Chassé du match deux par le Canadien et presque chassé une deuxième fois lors du match cinq, Carter Hart a démontré qu’il pouvait surmonter avec succès l’affront d’avoir été rappelé au banc.

 

Toujours calme, Carter Hart a préféré profiter de la traditionnelle poignée de main pour passer quelques secondes avec Carey Price, son idole de jeunesse, plutôt que de triompher devant le club qu’il venait d’éliminer.

 

«C’était vraiment spécial de me retrouver devant Carey (Price) au centre de la patinoire. Il m’a félicité en me disant que j’avais disputé une grande série et il m’a assuré qu’il regarderait les matchs de la prochaine ronde. Ce fut vraiment un moment spécial pour moi», a conclu Carter Hart.

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