Le Canadien aurait pu prendre les devants par un, deux ou trois buts lors de la première période du premier match de la série l’opposant au Lightning. Il ne l’a pas fait. Et il a encaissé un revers de 2-1 en deuxième période de prolongation.

Le Canadien aurait également pu prendre les devants par un, deux ou trois buts en première période du deuxième match contre Tampa tant il a bien amorcé cette partie. Il ne l’a pas fait. Et il a encore perdu. Nul besoin de prolongation toutefois dans cette deuxième partie, car le Canadien s’est fait planter 6-2 dans un match qui a une fois encore permis de constater la très grande timidité de l’attaque du Tricolore.

Bien amorcer les parties c’est bien. Marquer le premier but – ce que le Canadien a fait pour la deuxième fois seulement depuis le début des séries (huit matchs) – c’est bien aussi. Mais gaspiller très souvent, trop souvent, les occasions que ces bons débuts de rencontres génèrent, c’est très mauvais. Ça use. Ça blesse. Ça mine le moral et la confiance des troupes et des partisans.

Cela fait aussi fluctuer dangereusement à la hausse le niveau de frustration de l’équipe. On en a d’ailleurs eu une belle preuve dimanche soir alors que le Canadien et son indiscipline collective ont fait cadeau du deuxième match de la série qui l’oppose au Lightning. Et comme Tampa profite maintenant d’une avance de 2-0 alors que la série se poursuivra mercredi et jeudi, en Floride, il a peut-être aussi fait cadeau de la série.

On le saura bien assez vite.

Débordement de frustration

Ce qu’on sait déjà, parce que ça sautait aux yeux dimanche soir, c’est que le niveau de frustration des joueurs du Canadien à l’égard du Lightning est finalement venu à bout de toutes les digues qui, jusque-là, la contenaient à défaut de le contrôler.

Ce débordement de frustration est d’ailleurs entièrement responsable de la débandade de dimanche. Car on parle bel et bien ici de débandade puisqu’avant de perdre la tête et de donner le match au Lightning, le Canadien jouait un très bon match de hockey. Rapides, agressifs, premiers sur les rondelles, les joueurs de Michel Therrien dominaient complètement leurs adversaires… et la partie. Totalement en fait.

Pénalités = sale pétrin

Au lieu de profiter de ce premier but dont Jeff Petry a fait cadeau à son équipe pour secouer davantage le Lightning qui était prêt à perdre dimanche soir – il avait déjà atteint son objectif de diviser les honneurs des deux premiers matchs au Centre Bell – le Canadien s’est mis dans le pétrin. Dans un sale pétrin en écopant pénalité après pénalité.

Brandon Prust est le premier coupable. Sachant qu’il était déjà épinglé pour une pénalité aux dépens de Braydon Coburn, Prust a mouché le défenseur du Lightning trois, quatre cinq fois afin de le pousser à réagir et à l’accompagner au cachot. Coburn qui a fait preuve d’une géante dose de discipline, n’a pas mordu.

ContentId(3.1133243):« L'arbitre m'a insulté tout le match »
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Je ne sais pas ce que l’arbitre a vraiment dit à Brandon Prust pendant qu’il l’escortait jusqu’au banc des pénalités. Je ne sais pas ce que Prust a répliqué non plus. Mais comme c’est l’arbitre qui a le sifflet et que c’est à lui que revenait la dernière décision, Prust a écopé deux minutes de plus pour conduite antisportive.

Pas brillant!

Si Brandon Prust n’avait pas dirigé toute l’attention reliée à cette pénalité et surtout aux propos qu’il met dans la bouche de l’arbitre qui l’aurait traité de tous les noms en plus de saupoudrer quelques sacres et autres mots interdits par les bonnes manières, on ne parlerait pas de ces deux mineures que Prust méritait pleinement.

En fait oui on en parlerait. Mais on le ferait pour saluer le travail exceptionnel abattu au cours de ces quatre minutes par Plekanec, Pacioretty, Mitchell et tous les autres joueurs qui ont complètement muselé l’attaque massive du Lightning.

Mais parce que Prust a dit ce qu’il a dit – en passant ses propos tenus dans le vestiaire et ceux qu’il a proférés à Braydon Coburn et/ou aux officiels en fin de rencontre avant d’être chassé du match sans oublier le fait qu’il ait lancé une pièce d’équipement (son coude) sur le banc du Lightning avant que Stamkos ne le donne en cadeau à des fans derrière le banc devraient lui valoir une amende – c’est de cet incident dont on parle.

Filppula : point tournant

Si Brandon Prust n’a pas été brillant dans la gestion de ses émotions en première période et en fin de match, ses deux premières pénalités n’ont pas coulé son équipe.

Celle de P.K. Subban écopée moins de cinq minutes plus tard l’a été elle. Elle a même été très coûteuse. P.K. a asséné un double-échec derrière la tête de Ryan Callahan devant le but du Tricolore. Il n’a pas donné le choix à l’arbitre de sévir à ses dépens.

« Ils sont frustrés »

Je veux bien croire que le Lightning avait été limité jusque-là à deux buts en 36 attaques à cinq, mais quand même. Le Lightning devait bien débloquer un moment donné. Et ce moment est arrivé pendant la pénalité de Subban alors que Valtteri Filppula a complété un très bel échange en déjouant Carey Price avec un bon tir.

Ce but a fait mal au Canadien. Très mal. Marqué avec 24 secondes à faire au premier tiers, ce but a privé le Canadien d’une avance méritée au premier entracte. Au lieu de savourer cette avance et de se préparer avec confiance en vue des 20 prochaines minutes, le Canadien s’est remis à douter de ses moyens face au Lightning. Face à Ben Bishop.

L’effet Alka Seltzer

Le Canadien a perdu son avance après la pénalité écopée par P.K. Subban. Il a perdu le match, ou à-peu-près, lorsque Steven Stamkos a finalement secoué sa guigne en période médiane.

Incapable d’acheter un but depuis le début des séries – il n’avait pas marqué en séries depuis le premier match de la série l’opposant au Canadien le printemps dernier soit une séquence de 11 matchs – Stamkos s’est faufilé derrière Markov pour ensuite déjouer Carey Price sur sa gauche à l’aide d’une feinte magnifique.

Je ne sais pas si les rumeurs selon lesquelles Stamkos ne peut tirer à sa guise en raison d’une blessure au poignet sont fondées ou non. Mais sur ce but, le capitaine du Lightning a démontré qu’il a encore les mains et les poignets assez agiles et solides pour mystifier le meilleur gardien au monde. C’est rassurant pour Tampa. C’est très inquiétant pour le Canadien.

C’est après ce but que le Tricolore a perdu la tête. Et qu’il a vraiment perdu le match.

Tom Gilbert a été chassé alors que les deux clubs évoluaient à quatre contre quatre, Nikita Kucherov a marqué 14 secondes plus tard.

Jeff Petry a été chassé avec 63 secondes à faire à la deuxième période, Victor Hedman a marqué avec 14 secondes encore au cadran.

Torrey Mitchell a été chassé pour avoir bousculé le gardien en début de troisième période, Nikita Kucherov, encore lui, a marqué 27 secondes après le début de l’attaque à cinq du Lightning.

Si je sais bien compter, le Lightning a donc profité de l’indiscipline du Canadien pour marquer quatre buts de suite en avantage numérique. Quatre buts enfilés après des échanges aussi rapides que précis de rondelle. Des passes qui, une fois complétées, donnaient tout le temps voulu à celui qui héritait de la rondelle de décocher un bon tir en direction du filet du Canadien avant même que Carey Price n’ai eu le temps de compléter son déplacement.

C’est avec des passes rapides et incisives comme celles échangées par les joueurs du Lightning qu’une attaque devient massive et non passive comme c’est trop souvent le cas du Canadien quand il joue avec un homme en plus sur la patinoire.

Le Canadien en avait déjà plein les patins contre Tampa et Ben Bishop qui semble imbattable quand il joue contre le Tricolore. Imaginez la proportion que prendra maintenant le défi de revenir de l’arrière d’un déficit de 0-2 si en plus de Bishop à un bout de la patinoire, le Canadien doit, à l’autre bout, composer avec un Steven Stamkos qui retrouve sa touche et une attaque à cinq qui devient redoutable à l’autre bout.

Ces deux éveils ont d’ailleurs eu un effet «Alka Seltzer» dans l’estomac de l’entraîneur-chef du Lightning Jon Cooper qui n’en demandait pas tant.

Et c’est Michel Therrien qui aura bien besoin maintenant d’une potion magique pour contrer les brûlements d’estomac que l’indiscipline de son équipe lui provoquera si elle aide Stamkos et l’attaque massive du Lightning à se retrouver.

Les fans du Canadien ont vilipendé les arbitres
toutes ces pénalités étaient méritées. Pleinement. Elles étaient claires, nettes et précises et ne donnaient pas même la possibilité aux arbitres d’en laisser passer une pour équilibrer les choses.

Réalités en face

On pourra crucifier les arbitres tant qu’on le voudra. On pourra crier à l’injustice. On pourra même pointer Carey Price du doigt comme l’ont fait quelques fans en raison des six buts qu’il a concédés alors qu’il ne pouvait rien faire, rien de rien, sur quatre ou cinq de ces buts.

On pourra attirer toute l’attention après les revers comme l’a fait Brandon Prust dimanche soir et comme l’avait fait aussi Michel Therrien après le premier revers en étalant sa frustration en marge d’un hors jeu raté qui a conduit au but de la victoire, il faudra commencer à voir la réalité en face.

Ça ne changera rien aux réalités qui minent le Canadien.

Le Canadien qui n’a marqué que deux buts hier soir. Deux buts venus de la lame des bâtons des défenseurs Jeff Petry et Tom Gilbert et non des Subban, Markov ou des six attaquants de tête du Canadien.

Le Canadien n’a marqué que trois buts en deux matchs contre le Lightning. Et encore, son but enfilé vendredi soir a été le fruit d’un cadeau offert à Max Pacioretty.

De fait, depuis les sept buts marqués par le Canadien aux dépens d’Andrew Hammond, le gardien des Sénateurs qui a fait cadeau de trois, voire quatre de ces sept buts au Tricolore, la bande de Michel Therrien a marqué deux buts ou moins à ses six derniers matchs. Il s’est contenté d’un grand, ou bien petit, total de huit buts lors de ces six matchs.

Et l’attaque massive n’a fait mouche qu’une fois en 26 occasions si on ajoute les trois supériorités numériques bousillées dimanche soir.

Est-ce que le Canadien peut se remettre de sa défaite de dimanche ? De ses deux premiers revers ? Du fait qu’il a maintenant perdu huit fois en ligne cette année aux mains des joueurs du Lightning et surtout en se frottant aux jambières du gardien Ben Bishop ?

Bien sûr que oui il le peut.

Mais il devra d’abord reprendre le contrôle de ses émotions négatives. Ce qui est plus facile à écrire qu’à faire. Il devra aussi se mettre à marquer des buts tout en évitant de ne pas en accorder. Ou à en accorder moins qu’il ne le fait dimanche. Ce qui est aussi bien plus facile à écrire qu’à faire.

Mais s’il ne le fait pas, le Canadien sera balayé de cette série, comme il a balayé le Lightning l’an dernier, et comme il avait été balayé en 2004.

Mais bon ! Attendons avant de sauter trop vite aux conclusions. Car c’est toujours quand on le croyait sur le point de s’effondrer pour vrai que le Canadien surprenait tout le monde en se relevant et en retrouvant le chemin de la victoire.

Ça semble peu probable, je sais, mais attendons.

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