Il serait dangereux, voire périlleux, de croire que les 10 buts marqués aux dépens des Red Wings et la victoire facile de 10-1 contre Detroit propulsent d’un coup le Canadien au rang de club susceptible d’accéder aux grands honneurs.

 

Mais cette cinquième victoire de suite confirme que le Canadien a tourné le coin sans prendre le fossé. Bon! Il a dangereusement glissé sur l’accotement. De fait, il aurait carrément pu se retrouver dans le clos en perdant samedi dernier contre les Sabres de Buffalo dans le cadre du retour de Carey Price.

 

Le Canadien a finalement battu les Sabres. Facilement. Il a ensuite battu les Blue Jackets, les Sénateurs et les Red Wings coup sur coup. Bravo! Comme le veut l’un des clichés du sport, le Canadien a tourné le coin.

 

Les 24 buts marqués lors de ces quatre matchs, surtout les 10 enfilés samedi aideront à mousser les statistiques personnelles. Tout comme les six buts accordés au cours de la même séquence. Cette avalanche de buts marqués combinée à l’étanchéité toute fraîche de la défensive aidera surtout à mousser la confiance des hommes de Claude Julien.

 

Fort de cette confiance retrouvée au fil d’un calendrier favorable – pas question ici de minimiser les victoires du Canadien, car il y a trois semaines encore, il peinait contre tous les clubs de la LNH – le Tricolore devra maintenant prouver qu’il est aussi en mesure de rivaliser avec de grosses équipes.

 

Avec les visites des Blues mardi, des Flames jeudi et des Oilers samedi, le Canadien aura l’occasion de confirmer que ses récentes performances sont autant le fruit des efforts soutenus de ses joueurs que du manque d’ardeur de ses adversaires.

 

Non! Le Canadien n’aura pas à battre St.Louis, Calgary et Edmonton pour me convaincre de le prendre au sérieux. Mais il aura à offrir des performances soutenues, à garder confiance, à maintenir le rythme quand les choses iront moins bien, à puiser dans ses ressources au lieu de profiter du laxisme d’un adversaire prêt à être vaincu, pour prouver à tout le monde qu’il est aussi capable de gagner quand c’est difficile de le faire.

 

C’est son prochain défi. Car pour maintenir sa progression, sa troisième place chèrement acquise et résister aux Bruins et aux Sénateurs qui ont toujours quatre matchs en mains, le Canadien devra surprendre des gros clubs et éviter de gaspiller des points contre des adversaires plus vulnérables.

 

  1. Trois fois passera pour Byron
  2. Galchenyuk : Une première sans tapis rouge
  3. Vivement les deux pour un!
  4. Joueurs de soutien récompensés
  5. Gallagher joueur du mois

 

Chiffre du match : 22 – C’était la première fois en 22 ans que les Red Wings faisaient escale à Montréal un 2 décembre. À défaut de faire oublier le revers de 11-1 encaissé aux mains des Wings, au Forum, le 2 décembre 1995, revers qui avait sonné le glas de la carrière de Patrick Roy qui est passé quelques jours plus tard de Montréal à Denver, la victoire de 10-1 aura servi de douce revanche. Cela dit, c’était la 5e fois samedi – fiche de 5-1-1 – que le Canadien battait les Red Wings lors des sept visites à Montréal qui ont suivi le match «historique» du 2 décembre 1995. Parce qu’ils ont partagé le fardeau associé à cette défaite gênante, Petr Mrazek et Jimmy Howard ne réclameront pas une transaction sur-le-champ comme l’avait fait Patrick Roy en 1995. Mais Ken Holland pourrait bien se mettre à sérieusement songer congédier son entraîneur-chef Jeff Blashill qui vient d’encaisser sept revers de suite. Comme un DG attend souvent des conditions favorables avant de remplacer son coach, le fait que les Blues et les Jets soient les prochains adversaires aidera peut-être la cause de Blashill. Ou pas!

 

Trois fois passera pour Byron

 

Paul Byron a surpris le monde du hockey avec ses 22 buts l’an dernier. Il a surpris samedi les Red Wings en réalisant son premier tour du chapeau en carrière.

 

Les 22 buts de l’an dernier ont récompensé la persévérance affichée par Byron qui a trimé dur pour se faire une place dans la LNH. Ses trois buts de samedi – surtout les deux premiers, car le troisième a été le résultat d’un cadeau de Jimmy Howard – ont une fois encore auréolé sa vitesse et sa combativité. Byron s’est fait offrir une longue échappée sur son premier but. Sur son deuxième, il s’est offert cette échappée en semant trois joueurs des Red Wings.

 

Avec ses trois buts de samedi, Byron est maintenant deuxième buteur du Canadien avec neuf buts. Un de plus que Max Pacioretty.

 

Plus important encore que son nombre de buts, c’est son efficacité qui a été moussée samedi. Car Byron a marqué ses neuf buts en 45 tirs seulement cette saison. Ce qui lui donne un 20 % d’efficacité. C’est énorme. Brendan Gallagher est deuxième à ce chapitre chez le Canadien avec 13 buts en 87 tirs, soit 14,9 % d’efficacité. Ce qui est très bon.

 

Je suis de ceux qui croient peu aux chances de Byron d’égaler sa production de l’an dernier. Ses trois buts de samedi le placent sur une tendance qui le conduirait à 27 buts. Si cette tendance se maintient, «Ti-Paul» comme le surnomme son ancien coach et plus ardent partisan Bob Hartley fera ce qu’il fait de mieux depuis qu’il est dans le hockey : faire mentir ceux qui doutent de lui.

 

On peut ajouter à cela qu’il permettra à Marc Bergevin de redorer son blason pour l’avoir réclamé au ballottage où les Flames de Calgary l’avaient largué croyant que Byron n’avait pas sa place au sein de leur organisation et qu’il n’y avait plus de place dans la LNH pour lui...

 

Seul bémol associé au premier tour du chapeau de Byron en carrière, une seule casquette a été tirée sur la patinoire. Je ne blâme pas ici les partisans qui paient le gros prix pour leurs billets, pour manger et boire, et pour s’acheter des souvenirs. Et c’est vrai qu’au prix que sont vendues les casquettes au Centre Bell c’est un pensez-y bien avant de la lancer en guise de célébration.

 

Mais quand même...

 

Il y a eu autant de pieuvre lancée sur la glace en guise de dérision – comment le partisan des Wings ou du Canadien a pu passer plus de deux périodes avec une pieuvre cachée sous ses vêtements? – que de casquette envoyée pour célébrer le premier tour du chapeau de Byron. J’espère que Michel Lacroix – l’annonceur maison – lui a au moins gardé la rondelle officielle du but…

 

Galchenyuk : Une première sans tapis rouge

 

Les soirées de première s’amorcent normalement sur un tapis rouge et sous des projecteurs. Celle qu’Alex Galchenyuk s’est offerte samedi s’est déroulée loin du tapis rouge et loin des projecteurs. Avec une grande efficacité oui, mais sans éclat, Galchenyuk s’est fait complice de quatre de dix buts du Canadien. Et après huit matchs de trois points depuis le début de sa carrière, c’était, oui, sa première sortie de quatre points au cours d’une même rencontre.

 

Le fait que Galchenyuk ait récolté quatre points dans la discrétion totale est une bonne nouvelle. Du moins c’est mon avis. Car cela démontre qu’il a peut-être compris qu’il est parfois – souvent même – préférable d’y aller pour un petit jeu simple à la faveur d’un coéquipier que d’y aller pour le grand jeu spectaculaire qui retient trop souvent l’attention parce qu’il s’est terminé en queue de poisson.

 

Galchenyuk s’est fait complice des trois buts de Byron et de celui de Charles Hudon en attaque massive. Les quatre fois, il a lu efficacement le jeu et vite réalisé que Byron et Hudon étaient en meilleures postures que lui de faire avancer la poussée du Tricolore.

 

On sait déjà qu’il peut marquer à l’aide de son tir redoutable. Mais si en plus Galchenyuk devient plus sage dans sa lecture des jeux et dans les décisions qui en découlent, il remontera grandement sa cote auprès de l’état-major de l’équipe. Ce qui devrait améliorer son temps de jeu. Soudainement, la roue se mettra à tourner de son bord...

 

Vivement les deux pour un!

 

Le terrible début de saison du Canadien a mis au grand jour des tas de lacunes. Loin de se contenter de perdre honorablement, cette équipe inventait de nouvelles façons de perdre. Une de ces façons consistait à accorder deux buts en 60 secondes ou moins à ses adversaires.

 

Vous l’avez oublié? Pourtant : le Canadien a accordé deux buts en moins d’une minute neuf fois déjà cette saison, dont deux fois dans le match d’il y a deux semaines contre les Leafs. Match que le Canadien a perdu 6-0. De fait, le Canadien a perdu les huit parties (0-8) au cours desquelles il a accordé ces doublés.

 

Samedi contre Detroit, le Canadien a amorcé le match avec deux buts en 32 secondes. C’était la deuxième fois en deux matchs que le Canadien jouait ce vilain tour aux Red Wings. Les deux fois, ils ne s’en sont pas remis. Le Canadien a aussi fait le même coup aux Panthers de la Floride le 24 octobre.

 

Les trois fois qu’il s’est offert des deux pour un, le Canadien a gagné.

 

En prime samedi, le Canadien a amorcé les trois périodes avec des buts rapides. Je veux croire qu’il n’affrontait que Detroit, mais c’est tout de même une très bonne habitude à prendre.

 

Joueurs de soutien récompensés

 

Invité à l’Antichambre après la victoire de 3-0 aux dépens des Sabres de Buffalo, samedi dernier, Nicolas Deslauriers affirmait qu’il pouvait donner plus au Canadien qu’une simple présence physique au sein du quatrième trio.

 

Il l’a prouvé samedi en marquant un but, un beau, et en récoltant deux passes, dont une magnifique qui a permis à Jacob de la Rose de marquer son premier but de la saison. En fait, son premier en 50 matchs dans l’uniforme du Canadien.

 

Comme Deslauriers, de la Rose a récolté trois points. Idem pour Daniel Carr avec son but et ses deux mentions d’aide. Byron Froese a obtenu deux passes dans le festival offensif du Tricolore.

 

Un festival qui a permis à ces joueurs de soutien d’obtenir quelques points en guise de récompenses pour le travail abattu dans le cadre des rôles pas évidents qu’ils doivent remplir.

 

C’est peut-être ce qui a fait le plus mal aux Red Wings samedi soir. En plus de se faire poivrer 10 buts, les Wings ont été battus par des joueurs de soutien du Canadien et non par les vedettes. Pas surprenant que le capitaine Henrik Zetterberg ait déclaré après la défaite qu’il s’agissait « du pire affront qu’il avait encaissé en 20 ans de carrière dans le hockey. »

 

Exception faite de Brendan Gallagher qui s’élève peut-être au rang de vedette, Byron, Hudon (un but une passe), Shaw, Deslauriers, Carr, de la Rose et Jordie Benn qui a lui aussi marqué, peuvent difficilement être qualifiés de vedettes offensives.

 

Ah oui : le seul attaquant du Canadien à avoir été blanchi de la feuille de pointage samedi est Max Pacioretty. Les défenseurs Petry, Alzner et Schlemko ont été les trois autres joueurs blanchis face aux Wings. Les détracteurs du capitaine diront qu’il a une fois encore brillé par son absence et qu’il n’a pas même su profiter des faiblesses des Wings pour mousser sa fiche. Les partisans de Pacioretty le défendront en disant qu’il a gardé ses buts pour des moments plus importants dans le cadre de matchs plus serrés…

 

Gallagher : monsieur novembre

 

Brendan Gallagher a remporté la coupe Molson pour le mois de novembre. Il était seul en lice. Avec le retour en forme et en force de Carey Price, il est bien probable que le gardien reprendra « son » trophée en décembre, mais ça n’enlèvera rien au mérite de la bougie d’allumage de l’attaque du Canadien. Ou du Canadien tout court. Je vous laisse décider.

 

Invité à l’Antichambre après la rencontre, Gallagher a esquissé une moue de stupéfaction lorsqu’on lui a fait remarquer qu’il partageait le 5e rang – avec 14 autres joueurs, mais quand même – des buteurs de la LNH avec ses 13 buts.

 

« Tu me l’apprends. Je ne regarde jamais mes statistiques personnelles ou celles des autres. Je sais quand je joue bien, je sais quand je joue mal. Et c’est ce qui compte pour moi. Car je sais que lorsque je joue comme je suis capable et comme je dois le faire les résultats sont là », a indiqué Gallagher qui assure faire la même chose avec la position du Canadien au classement.

 

« J’ai toujours une idée d’où nous nous retrouvons, mais je ne vais pas analyser le classement pour savoir combien de clubs nous devancent ou combien nous poussent dans le dos et combien de matchs ils ont en mains. Quand les choses étaient difficiles en début de saison, il fallait garder confiance. Et pour garder confiance, tu travailles fort, tu regardes tes coéquipiers, tu te motives. Tu ne regardes pas le classement. Maintenant que nous avons un certain succès, il ne faut pas aller regarder le classement en croyant que tout ira bien. On doit garder la même attitude. La même éthique de travail. Je n’avais pas besoin de regarder le classement pour savoir que nous n’étions pas aussi mauvais que les gens le disaient et que nos résultats le démontraient en début de saison. Je n’ai pas besoin du classement pour savoir que nous ne sommes pas aujourd’hui aussi bons que certaines personnes le diront. On doit garder la tête froide et demeurer confiants en toutes circonstances. C’est ma façon d’analyser le hockey », a ajouté Gallagher.

 

Quand j’ai fait remarquer à Gallagher qu’il était le meilleur marqueur de l’équipe, que Paul Byron le suivait, qu’Andrew Shaw jouait du gros hockey, que ses compagnons de trio Tomas Plekanec et Charles Hudon l’épaulaient avec brio et tous ces joueurs étaient considérés de petits joueurs autour de la LNH, la petite peste du CH a souri.

 

« C’est la nouvelle Ligue nationale. Mais en même temps, cela prouve que peu importe ta taille tu dois simplement prendre les moyens pour gagner tes batailles. Mon père qui a joué un rôle important dans mon développement m’a toujours répété, et je l’ai cru, qu’il fallait que j’utilise ma petite taille à mon avantage. Il y a des choses que je peux faire qu’un joueur de gros gabarit ne peut pas faire. Ma taille est donc un atout. Pourvu que je déploie l’énergie nécessaire pour en profiter. Gagner des batailles n’est pas l’affaire de la taille d’un joueur, mais des efforts qu’il met pour les gagner. Et tous les joueurs que tu viens de mentionner travaillent très fort et très bien pour profiter de leur taille et gagner des batailles. »

 

Le Canadien est en congé dimanche.

 

Il reprendra le boulot lundi en vue des matchs difficiles de mardi, jeudi et samedi contre St. Louis, Calgary et Edmonton.

 

Après Shea Weber qui a fait son retour samedi, il sera intéressant de voir si Jonathan Drouin – sa blessure qu’on disait mineure lui a fait rater un deuxième match de suite samedi – sera en mesure de reprendre sa place au sein de la formation mardi.