Soyons objectifs et disons les vraies choses, il n’y a pas grand-monde qui aurait anticipé un tel retour du Canadien de Montréal dans la série les opposant aux Maple Leafs de Toronto.

À l’exception des purs passionnés, personne ne croyait que le CH serait en mesure de forcer la tenue d’un 7e et ultime match dans cette confrontation.

 

Tirant de l’arrière 3-1 il y a à peine quelques jours, avec au passage une humiliante défaite de 4-0 à domicile lors du match no 4, la troupe de Dominique Ducharme était déjà éliminée aux yeux de plusieurs partisans qui croyaient que les fameuses carottes étaient déjà cuites et prêtes à être consommées.

 

Critiqué de toutes parts en raison d’un rendement qui manquait de constance, d’un jeu sans cohésion et d’un choix de personnel parfois fort discutable, le CH se faisait pratiquement lapider sur la place publique avant même le bilan final de la saison.

En évitant de répéter tout ce qui a été dit dans ces moments de grande déception pour plusieurs, revenons dans le contexte actuel et apprécions le moment présent. Reconnaissons surtout que malgré certaines défaillances chez les Maple Leafs de Toronto, la Sainte-Flanelle a fait preuve d’un grand caractère et d’une belle détermination pour revenir dans cette série.

 

Disons que le joueur franchise, Carey Price, a décidé de répondre présent, et de quelle façon! Grâce à ses performances sportives, l’homme masqué du Tricolore a inspiré la plus grande confiance à ses coéquipiers et il leur a insufflé cette dose d’énergie nécessaire pour amorcer le revirement de situation.

 

Auteur d’un leadership silencieux, Price a assurément entraîné les jeunes et moins jeunes à se surpasser dans les moments critiques, tout en réussissant lui-même à se libérer du regard extérieur et des critiques qui fusaient à son endroit au cours de la saison régulière.

 

Il faut d’ailleurs reconnaître que nous sommes actuellement témoins d’un excellent duel de gardien de but entre Price et Jack Campbell (à l’exception du match no 5 pour celui-ci). Qui aura le dessus dans le match no 7? Sans surprise, l’aspect mental y sera pour beaucoup!

 

Personnellement, je tiens à lever mon chapeau à Ducharme et sa troupe. Le fait de s’associer ainsi aux difficultés des derniers jours et d’accepter ce grand test d’adversité mérite certainement d’être souligné, particulièrement dans ce marché de hockey qui carbure à l’émotivité et qui ne pardonne tout simplement pas.

 

Ducharme a su trouver une belle combinaison entre les jeunes talentueux et audacieux qui veulent devancer les échéanciers et les vétérans qui ont encore de l’énergie dans le réservoir. Ce choc des générations représentait fort possiblement une menace éventuelle au sein du vestiaire, mais ce n’est pas ce qu’on voit présentement sur la glace.
 

Comme quoi il n’est jamais trop tard pour bien agir vers un but commun, là où il n’est pas toujours facile de s’oublier comme personne pour le bien de la collectivité.
 

Maintenant, à l’aube de ce match ultime, la Sainte-Flanelle doit demeurer concentrée sur ce qu’elle peut contrôler, c’est-à-dire sa performance sportive et faire abstraction de tout le reste.

 

Un premier tour sans grande surprise

 

Le premier tour des séries éliminatoires est déjà chose du passé (sauf pour Montréal et Toronto), et voilà que la deuxième ronde des séries s’est déjà mise en branle au cours de la fin de semaine, dans cette saison hors du commun! Qui aurait cru qu’on en serait là aujourd’hui?

 

Somme toute, la première ronde nous a donné droit à du hockey des plus intéressant en raison de certaines rivalités, et surtout de la relation amour-haine qui s’est développée en cours de saison entre certaines de ces équipes. Le calendrier condensé, avec un grand nombre d’affrontements face aux mêmes rivaux, a eu pour effet de créer de nouvelles rivalités et d’en raviver d’autres.

 

Déceptions et frustrations chez certaines formations, beaux accomplissements et continuité chez certaines autres. La parité d’aujourd’hui laisse très peu de marge de manœuvre, là où le souci du détail est très important et où le moindre relâchement ou excès de confiance ne pardonne tout simplement pas!

 

Or, bien objectivement, nous n’avons pas assisté à de grandes surprises dans ce premier tour de piste. Regardons ça de plus près.

 

Tampa Bay c. Floride

 

De voir le Lightning de Tampa Bay prendre avantage sur une des équipes cendrillon de la dernière saison, les Panthers de la Floride, a été tout simplement un rappel l’ordre qu’il faut apprendre de la défaite avant de devenir d’éventuels prétendants aux grands honneurs.

 

Nikita KucherovC’est exactement ce qu’a vécu la formation de Jon Cooper avant de remporter le Saint-Graal l’an dernier. Aujourd’hui champion en titre, le Lightning a la confiance nécessaire pour aller jusqu’au bout. De plus, les Bolts ont profité du retour de Nikita Kucherov, lui qui a raté toute la saison en raison d’une opération – pas mal quand même!

 

Du côté des Panthers, la plus grande déception est sans contredit la performance de Sergei Bobrovsky devant le filet. Après une saison des plus ordinaires, le vétéran gardien de but a tout simplement, et de façon lamentable, échoué dans sa tentative de se racheter en séries éliminatoires. Il a présenté une moyenne de 5,33 et un médiocre taux d’efficacité de ,841, de quoi donner de sévères ulcères d’estomac au propriétaire Vincent Viola.

 

Boston c. Washington

 

Que dire des Bruins de Boston, qui se sont débarrassés des Capitals de Washington en cinq rencontres? Il faut sérieusement lever notre chapeau au directeur général Don Sweeney qui a eu la main heureuse avec les acquisitions de Taylor Hall et de Mike Reilly à la date limite des transactions, tout ça sans avoir nécessairement eu à payer très cher. Ces deux joueurs ajoutent une profondeur très importante au sein de la formation.

 

Bravo aussi à Bruce Cassidy, qui dirige cette formation de main de maître, lui qui en est à sa 5e saison derrière le banc des Bruins. Sans oublier le trio Marchand-Bergeron-Pastrnak, qui est incroyable dans les grandes occasions et les moments de forte chaleur.

 

David PastrnakDu côté des Capitals de Washington, il s’agit d’une grande déception – une autre qui s’ajoute à la longue liste. Plusieurs questions demeurent sans réponse, tant au niveau de la surface glacée qu’à l’extérieur de celle-ci. On semble continuellement prendre des pas de recul depuis la conquête de la coupe Stanley en 2018.

 

Une réalité qui porte à croire que de sérieux changements se pointent à l’horizon d’ici les prochaines semaines, question de profiter de ces quelques saisons restantes (probablement deux) dans la fenêtre d’opportunité avant de procéder à une certaine forme de reconstruction pour le bien organisationnel.

 

Davantage dans un costume de pompier que d’entraîneur-chef, lui qui a eu plusieurs feux à éteindre en cours de saison, Peter Laviolette aura appris à la dure à sa première saison derrière le banc des Caps. L’attitude et le comportement de certains de ses protégés se devront d’être adressés!

 

New York c. Pittsburgh
 

Les Islanders de New York auront servi une belle leçon de hockey aux Penguins de Pittsburgh.  Rodée au quart de tour et nourrie par une belle profondeur, la formation de Barry Trotz joue du hockey structuré et discipliné, et demeure continuellement à l’intérieur de ses limites.

 

Les Islanders ne se sont pas laissés intimider par le fait que leurs adversaires de la Pennsylvanie avaient terminé au premier échelon de la division Est de la LNH, et ce, contre toute attente. Trotz a préparé et dirigé son équipe on ne peut plus parfaitement.

 

Chez les Penguins, eux qui ont connu une saison régulière impressionnante avec une fiche de 37-16-3 (77 points) et une fiche à domicile encore plus impressionnante de 22-4-2, il s’agit également d’une déception.

 

Contrairement à la saison régulière, la formation de Mike Sullivan a été beaucoup moins efficace collectivement dans le jeu sans la rondelle et au niveau des responsabilités défensives. La brigade défensive a été capable du meilleur comme du pire à l’intérieur d’un même match et le manque de constance devant le filet aura représenté le pire ennemi de cette franchise qui sera aussi confrontée à l’heure des choix dans les prochains mois. Le directeur général, Ron Hextall, aura de sérieuses réflexions à faire dans un avenir rapproché.

 

Winnipeg c. Edmonton 
 

Pendant qu’ils profitent d’un repos salutaire dans l’attente de leurs prochains adversaires, les Jets de Winnipeg auront causé peut-être la plus belle « surprise » de cette première ronde. Après avoir connu une fin de saison très brouillonne, l’équipe de Paul Maurice n’aura fait qu’une bouchée des Oilers d’Edmonton, et ce, malgré que trois des quatre matchs ont nécessité la prolongation.

 

Au sommet de son art, Connor Hellebuyck a été un élément clé de la victoire des siens, avec une moyenne de 1,60 et un taux d’efficacité ,950. Il a réussi à retrouver ses repères face aux ennemis jurés, les Oilers, qui lui avaient pourtant mené la vie dure durant la saison régulière.

 

Kyle ConnorPour les Oilers, il s’agit d’un xième échec dans cette danse du printemps, mais celui-ci a été particulièrement brutal. Confrontée à ses propres démons, la formation albertaine semble toujours être à la recherche des chainons manquants pour remédier une fois pour toutes à cette incapacité à livrer la marchandise le moment venu.

 

Le directeur général, Ken Holland, aura lui aussi quelques gros dossiers à gérer durant la saison morte.  Il sera intéressant de voir ce qui arrivera avec les joueurs autonomes sans compensation comme Ryan Nugent-Hopkins, Adam Larsson, Tyson Barrie et Mike Smith. Certains de ces noms font déjà saliver certains collègues ailleurs dans la ligue, donc parions que Holland sera occupé dans les prochaines semaines.

 

Ce ne sera pas une mince tâche pour ce doyen et cet homme de hockey des plus respectés à travers le circuit. Une réalité qui devrait bien servir dans le contexte actuel, question d’éviter la panique de l’intérieur.

 

St. Louis c. Colorado

 

Étiquetée comme favorite par plusieurs du milieu pour remporter les grands honneurs, l’Avalanche du Colorado a tout simplement fait la démonstration qu’il s’agissait là d’une formation en mission. Avec 20 buts marqués contre sept buts alloués, la troupe de Jared Bednar n’aura laissé aucune chance aux Blues de Saint-Louis dans cette série inégale à la base, et ce, malgré les propos optimistes de Ryan O’Reilly avant le début des hostilités.

 

Les Blues ont dû se rendre à l’évidence qu’ils ne pouvaient tout simplement pas rivaliser et compétitionner face à cette redoutable machine aux grandes ambitions.

 

À l’exception de cet autre écart de conduite et de ce geste inutile de l’attaquant Nazem Kadri, l’Avalanche a disputé une série quasi parfaite. Cette équipe est à prendre au sérieux, elle qui sera cependant rudement mise à l’épreuve dans la prochaine série face aux Golden Knights de Vegas. Il pourrait s’agir là d’une finale avant la grande finale.


Minnesota c. Vegas

 

Cette série n’aura pas été de tout repos pour la troupe de Peter DeBoer. Or, ce duel face au Wild du Minnesota pourrait bien servir la cause des Golden Knights qui sont peut-être aujourd’hui mieux outillés pour faire face à l’Avalanche, sur l’aspect mental du moins. Au niveau de la fraîcheur, on repassera, car le Colorado, frais et dispo, a clairement l’avantage de ce côté.

 

Le Wild, bien équilibré, expérimenté et bénéficiant des performances plus qu’honnêtes du gardien de but Cam Talbot (moyenne de 2,45 et taux d’efficacité de ,923, avec 2 jeux blancs) aura poussé les Golden Knights à bout. Les hommes de Dean Evason auront forcé Vegas à sortir de sa zone de confort et puiser au fond de ses ressources pour remporter cette série. D’ailleurs, quelle série de hockey ce fût!

 

Nashville c. Caroline
 

Fidèles à leurs habitudes depuis l’entrée en poste de l’entraîneur-chef Rod Brind’Amour, les Hurricanes de la Caroline auront réussi à s’imposer dans la série les opposant aux Predators de Nashville. Résilience, détermination et fougue auront été au rendez-vous.

 

Sebastian AhoLes Hurricanes, un peu comme les Canadiens, nous ont présenté un beau mélange entre jeunes et moins jeunes. Même si quatre des six parties ont nécessité la prolongation (deux matchs de chaque côté), la formation de la Caroline du Nord aura été la meilleure équipe grâce aux talents et habilités offensives de ses meilleurs joueurs. L’effort collectif et l’enthousiasme bien senti à l’intérieur de ce vestiaire ont également été des éléments clés pour cette formation chez qui le mot « équipe » prend tout son sens.

 

Entretemps, chez les Preds, il faut souligner le brio du jeune gardien de 26 ans Juuse Sarros, qui a réussi à prouver qu’il était prêt à prendre la succession officielle du vétéran Pekka Rinne pour les années futures. Rinne, un choix de 8e ronde (258e au total) lors de la séance de sélection de 2004, en aura donné beaucoup à cette concession au fil du temps, autant dans les bonnes que les moins bonnes années de cette franchise, mais il est venu le temps pour lui de céder sa place!