Le CH avance par en arrière!
Hanté par des lacunes défensives aussi criantes que coûteuses, le Canadien est redevenu le club moribond du début de saison. Un club qui inventait des façons de perdre au lieu de prendre des moyens pour gagner.
Il en a fait la preuve trois fois plutôt qu'une, dimanche, à Anaheim où il a donné le match à des Ducks qui n'en demandaient pas tant.
Après avoir laissé le Canadien marquer une fois en désavantage numérique et une autre en attaque massive pour s'offrir une avance de 2-0 au premier tiers, les Ducks semblaient vraiment prêts à perdre ce match.
Prétendre qu'ils battaient de l'aile ne serait pas suffisant pour illustrer à quel point ils jouaient mal. Ils regardaient les joueurs de Martin St-Louis aller et n'eut été de quelques arrêts de Lukas Dostal, l'avance du Tricolore aurait été plus confortable après les 20 premières minutes de jeu.
Mais bon! De la façon dont les Ducks jouaient, ou ne jouaient pas, cette avance de 2-0 semblait bien suffisante pour permettre au Canadien de stopper à quatre se séquence de défaites consécutives et d'amorcer sa virée en Californie sur une bonne note.
Sauf que...
Dans leurs commentaires défilés après la défaite de 3-2 qu'ils ont finalement encaissée, Martin St-Louis et ses joueurs ont parlé de l'intensité affichée par leurs adversaires lors des 40 dernières minutes de jeu pour expliquer leur cinquième revers de suite (0-4-1).
C'est faux!
Loin de moi l'intention de ridiculiser les Ducks. Mais ce ne sont pas eux qui ont gagné cette partie autant que le Canadien qui l'a perdue.
La nuance est importante.
Car les trois buts marqués par les Ducks sont directement reliés à du jeu lamentable en zone défensive de la part des joueurs du Tricolore.
À de mauvaises prises de décision.
À des couvertures bâclées.
À des manques de communication, des manques de cohésions, des manques d'effort.
À des cadeaux!
Et le pire dans tout ça, c'est que sur chacun des trois buts des Ducks il est facile de pointer un, deux, trois et peut-être quatre responsables tant les joueurs du Tricolore ont laissé leurs adversaires prendre leur territoire d'assaut sans compliquer leur travail ne serait-ce que d'un petit brin.
À toi? À moi? À personne!
Sur le premier, Jake Evans abandonne Alex Killorn en possession de la rondelle le long de la bande. À moins qu'il ait pensé que Joel Armia prendrait la relève.
Première erreur!
Il jette ensuite un coup d'œil vers la pointe et oublie Killorn.
Deuxième erreur!
Surtout que Michael Pezzetta tente de lui faire comprendre qu'il s'occupe déjà de cet arrière. Un arrière qui est pourtant bien moins menaçant que Killorn en passant.
Le vétéran du « West Island » s'avance alors en disant merci aux joueurs du Canadien qui lui donnent un accès direct à Samuel Montembeault vers qui il décoche un tir que Mason McTasvish fait dévier au fond du filet.
Dach qui s'éloigne, Laine qui glisse
Quarante secondes plus tard, David Savard se fait prendre sur les talons à sa ligne bleue. Kirby Dach tente de venir lui prêter main-forte.
Une décision qu'on peut lui reprocher, car il a ainsi laissé l'enclave libre – Jayden Struble était alors très (trop) loin à gauche pour s'occuper de l'enclave – pour se diriger vers Ryan Strome qui ne représentait pas une grande menace alors qu'il longeait la bande en fond de territoire.
Dach se sort du jeu et ouvre la porte à la passe dans l'enclave qui a permis à Frank Vatrano de créer l'égalité.
Il s'attire donc des critiques. Des critiques méritées.
Cela dit, Patrik Laine est plus coupable encore à mes yeux, car il se laisse bêtement glisser au lieu de se replier avec vigueur afin de venir aider son joueur de centre. C'est ce genre de refus de compétitionner qui a contribué à chasser Laine de Winnipeg et de Columbus où ses lacunes défensives ont finalement pesé plus lourd dans la balance que son grand talent de marqueur.
Un autre cadeau à Killorn
En plus d'écoper une pénalité totalement stupide en fin de période médiane, Kirby Dach a encore mal paru sur le but gagnant marqué par Alex Killorn.
À l'image du but qu'il avait préparé en deuxième, Killorn a vu les joueurs du Canadien – Dach, Arber Xhekaj, Christian Dvorak et Alexandre Carrier auraient tous pu mieux joueur sur la séquence – l'inviter à se rendre au but de Montembeault au lieu de s'interposer. Résultat : le vétéran a marqué son 11e de la saison. Et le Canadien a perdu.
Dach et Laine cloués au banc
Si le nom de Patrik Laine ne se retrouve pas sur la liste des coupables pour le but qui a prolongé à cinq la séquence de revers de son équipe, c'est qu'il était alors cloué au banc.
Laine n'a effectué qu'une seule présence en troisième.
Et cette présence n'a pas eu lieu en fin de rencontre après que Montembeault eût été rappelé au banc à la faveur d'un sixième attaquant.
Laine et Dach sont restés au banc alors que le Canadien avait pourtant grand besoin d'un but pour niveler les chances et tenter de faire oublier les cafouillages défensifs en gagnant en prolongation ou en tirs de barrage.
St-Louis a plutôt fait appel aux Dvorak, Armia, Alex Newhook, Evans et Brendan Gallagher pour entourer les Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky. Une décision qui livrait un message clair.
« Je trouvais qu'ils ne nous apportaient rien de bon aux deux bouts de la patinoire », a indiqué un entraîneur-chef qui semblait bien plus déçu qu'en colère après la rencontre.
Glissade au classement
Il y a de quoi être déçu, cela dit.
Car les cafouillages défensifs qui ont coûté le match dimanche et les ratées des dernières rencontres ont effacé tout ce que le Canadien avait fait de bien et de bon depuis les Fêtes.
Tenez!
Le 2 février dernier, au lendemain d'une victoire – non méritée, mais victoire quand même – de 3-2 aux dépens du Lightning de Tampa Bay, victoire qui prolongeait à 13-3-1 sa meilleure séquence de la saison et l'une des meilleures de la LNH à ce moment, le Canadien occupait la deuxième des deux réservées aux clubs repêchés en séries.
C'était la frénésie autour du Centre Bell.
Le Tricolore (52 points) était sur un pied d'égalité avec les Sénateurs d'Ottawa et les Bruins de Boston.
Il avait un point d'avance sur les Blue Jackets de Columbus, deux sur les Rangers, cinq sur les Red Wings et sept sur les Islanders.
Tout allait bien. Très bien. Trop bien?
Cinq revers plus tard, le Canadien est non seulement chassé des séries, mais a glissé au septième et avant-dernier rang de la division atlantique, au 13e de l'association Est.
Il accuse maintenant un recul de sept points derrière Ottawa, de six, derrière Columbus et Detroit, de cinq, derrière Tampa et Boston, de deux et un derrière les Islanders et les Rangers.
Tout un revirement!
On peut donc facilement comprendre St-Louis d'être déçu. Surtout que le mélange de patience affiché par le coach et d'enseignement prodigué à ses joueurs semblait être venu à bout des mauvaises habitudes défensives qui minaient les succès du club.
Des mauvaises habitudes qui reviennent au grand galop...
C'est décevant, oui, mais ce n'est pas la fin du monde. Car en inventant des manières de perdre tout autant que dans leur façon de contribuer aux victoires, les joueurs du Canadien, Dach et Laine en tête, permettent à l'état-major d'accumuler des informations cruciales qui aideront à répondre à toutes les questions et incertitudes qu'ils soulèvent.
Des réponses qui aideront l'état-major à prendre les meilleures décisions possibles lorsque viendra le temps de déterminer qui garder et qui laisser partir afin de compléter la construction d'un club solide. Un club qui pourra compter sur des joueurs capables de prendre beaucoup plus souvent les bons moyens pour gagner plutôt que d'inventer des manières de perdre.
Je l'ai déjà écrit, je l'écris à nouveau et l'écrirai aussi souvent qu'il le faudra : en 2024-2025, il est plus important de répondre aux questions et de clarifier les incertitudes que d'accéder aux séries.