MONTRÉAL - Le retour en forme de plusieurs vétérans aurait dû se traduire par un meilleur match de hockey, mercredi soir, à Boston.

Je ne parle pas ici de victoire du Canadien. Bien sûr que non. Les Bruins, comme la grande majorité des clubs de la LNH, sont trop forts pour le Tricolore en cette année misérable.

Je parle simplement d’une meilleure opposition. D’une petite dose d’intensité. D’une toute petite dose de fierté. De quelques étincelles ici et là susceptibles d’appuyer les propos que le gardien Jake Allen a lancés il y a quelques jours – propos que plusieurs de ses coéquipiers ont répété après lui – selon lesquels les joueurs du Canadien devaient établir un but commun afin de sauver ce qu’il reste à sauver de cette saison atroce. Même s’il ne reste pas grand-chose à sauver...

Il faut croire qu’ils n’ont pas encore établi cet objectif commun.

À moins que ce but soit de confirmer à tous ceux et celles qui croient déjà que cette équipe a non seulement perdu tout désir de vaincre, mais qu’elle a décidé de se complaire dans la défaite.

Des 20 joueurs que Dominique Ducharme a envoyés dans la mêlée mercredi soir à Boston, cinq ont disputé un match honnête.

Michael Pezzetta vient en tête de liste. Pas seulement parce qu’il a évité l’odieux d’un cinquième jeu blanc en enfilant le seul but du Tricolore qui a perdu 5-1 en passant. Non! Michael Pezzetta vient en tête de liste parce qu’il est celui qui a travaillé le plus fort. Qui s’est impliqué le plus.

Il faut dire que Pezzetta pas vraiment le choix. Comme il l’a dit dans ses propos d’après-match, il doit «prouver à chacune de ses présences qu’il mérite une place au sein de la formation du Canadien... aussi mauvaise soit-elle. Le dernier bout de phrase est bien sûr de moi et non du plombier qui a été, et de loin, le meilleur joueur du Tricolore mercredi.

Ce qui n’est pas normal. Mais alors là pas du tout.

Comme il n’est pas normal que Pezzetta affiche deux buts sur les 23 tirs qu’il a décochés avec le Canadien alors que Cole Caufield n’en affiche qu’un seul malgré 65 tirs.

On n’a pas vu Caufield du match mercredi à Boston. Victime de la situation moribonde qui prévaut avec le grand club, le petit Américain s’enlise au lieu de se développer. C’est pour cette raison que plusieurs aimeraient le voir prendre de la confiance et de l’expérience à Laval au lieu de prendre des mauvaises habitudes à Montréal.

Mais bon...

Derrière Pezzetta, on doit souligner le travail abattu par Ryan Poehling, Artturi Lehkonen, Laurent Dauphin et Lukas Vejdemo.

À part ça?

Je vais ajouter le nom de Ben Chiarot en dépit le différentiel de moins-2 associé à son nom.

À part ça?

Rien... ou si peu.

Un but, cinq coupables

De tous les exemples de complaisance offerts par les joueurs du Canadien mercredi, et ils ont été nombreux, c’est sur le troisième but du match de Brad Marchand, le quatrième des Bruins, un but enfilé alors que le Canadien évoluait pourtant en attaque massive qu’on l’a le plus remarqué.

Sur ce but, les cinq joueurs du Canadien ont joué du bout du bâton, ont patiné dans le sable, se sont contentés de regarder la parade au lieu d’y participer.

Premier coupable : Jonathan Drouin!

Sentant la soupe chaude et sans doute aussi un ou deux impacts physiques s’en venir alors que deux Bruins fonçaient vers lui le long de la bande, Drouin s’est simplement débarrassé de la rondelle au lieu de tenter de gagner la bataille qui se profilait devant lui.

Brad Marchand accepte le cadeau offert par Drouin et lance la contre-attaque.

Après ce revirement aux allures d’abandon, Drouin a fait pire. Il a patiné tout doucement vers son territoire défensif alors que les Bruins eux y fonçaient à fond la caisse. Pis encore, sur la reprise offerte par la caméra offrant une vue d’ensemble sur la patinoire, on voit clairement que Drouin ne se contente pas seulement de patiner tout doucement, mais qu’en plus il se laisse glisser après avoir donné quelques coups de patin.

Un signe de complaisance dans la défaite? Mettez-en !

Deuxième coupable : Joel Armia!

La première question à se poser est : que diable fait Joel Armia au sein de l’attaque à cinq? Je sais : le Canadien est encore démuni en fait de munitions offensives.

Mais si un gars de quatrième trio, ou de troisième au mieux, a la chance d’évoluer en attaque massive, il doit au moins donner l’impression de justifier sa sélection. Ce qu’Armia n’a pas fait sur ce jeu. Ce qu’Armia n’a pas fait souvent cette année un point c’est tout.

Après la perte de rondelle de Drouin, Armia amorce un repli. Oui il est accroché par Marchand alors qu’il tente de prendre son envol. Oui ça l’a ralenti un brin. Mais pourquoi diable alors abandonne-t-il si vite? Sur la reprise, on voit clairement qu’Armia, comme Drouin, cesse de patiner une fois de retour en zone défensive. Il laisse ainsi Marchand qu’il pourchassait foncer au filet. Et quand il réalise que la rondelle revient dans l’enclave après un très mauvais retour accordé par Samuel Montembeault sur un tir haut de John Moore, il est trop tard. Il a beau donner deux ou trois coups de patin, il n’est plus en mesure d’intervenir parce qu’il s’est lui-même sorti du jeu en cessant de patiner.

Un autre signe de complaisance dans la défaite? Mettez-en!

Devant le filet, Jeff Petry et Chris Wideman, croyant qu’Armia devrait s’occuper de Marchand, sont condamnés à regarder la peste des Bruins compléter son tour du chapeau parce qu’ils sont trop loin pour racheter l’erreur d’Armia.

Christian Dvorak est où sur le jeu? En étant bien attentif sur l’une ou l’autre des reprises, vous finirez par le voir apparaître loin du jeu. Comme un fantôme...

Disons que Dvorak est loin d’avoir pris les moyens pour souligner son retour au jeu de façon positive. Lui et David Savard ont terminé le match avec un différentiel de moins-3. Dvorak n’a rien généré de convaincant. Seule note positive à accoler à son nom : il a disputé 35 des 69 mises en jeu déposées lors du match de mercredi et en a gagné 17.

C’est déjà ça que certains diront, ce n’est pas assez que je réponds.

Vrai que les abandons de Drouin et Armia que l’absence de Dvorak en zone défensive, que les incapacités d’intervenir de Petry et Wideman n’auraient pas été associée à un but si Montembeault avait effectué l’arrêt. Mais un gardien ne peut pas toujours racheter les erreurs de ses coéquipiers. Surtout quand elles sont commises en cascade comme ce fut le cas sur ce but.

Attaque massive encore blanchie

Le but en désavantage numérique marqué par Marchand mercredi a mis en évidence le travail affreux du Canadien en attaque massive cette saison.

Blanchi en cinq occasions mercredi malgré six tirs obtenus, le Canadien n’a pas marqué en attaque massive à ses neuf derniers matchs. Il est 0 en 24 attaques à cinq. Vingt-quatre attaques massives au cours desquelles il a obtenu 36 tirs.

Je sais, il est difficile de tuer un ours avec un couteau à beurre comme disant le regretté Pat Burns.

Mais il faut s’aider un peu me semble. Ce que le Canadien n’a pas fait encore mercredi soir.

La stratégie du «Sling Shot» utilisée par le Canadien et une majorité de clubs dans la LNH d’aujourd’hui a mis en évidence le manque de vigueur du Tricolore.

Le «Sling Shot» comme son nom l’indique, ou lance-pierre si vous préférez, doit permettre aux équipes qui l’utilisent de lancer la rondelle en vitesse vers la zone ennemie pour prendre à contrepied les adversaires.

Mais voilà. Pour créer de la vitesse, il faut que les joueurs patinent. Il faut qu’il soit en mouvement lorsque la rondelle file vers le territoire adverse.

Mercredi soir à Boston, c’est les deux patins ancrés dans la glace du TD Garden que les joueurs du Canadien ont regardé le «Sling Shot» être étiré.

Ce manque d’implication et de vitesse a fait qu’au lieu de propulser la rondelle en zone ennemie afin de créer ne serait-ce qu’un semblant de menace, l’élastique étiré tantôt par Chiarot, tantôt par Petry, tantôt par qui diable avait la chance de le faire leur a cassé au visage au lieu de mettre l’adversaire sur les talons.

Autres exemples de complaisance dans la défaite? Je vous laisse répondre à cette question.

Blanchi en cinq occasions à Boston mercredi, le Canadien n’affiche que trois buts en 60 attaques massives sur la route cette année. Ça donne une efficacité de 5 %. Eh oui ! C’est la pire de la LNH.

Il faut dire que le Canadien est 32e et dernier en attaque massive avec 11 buts en 105 occasions sur les patinoires ennemies et celle du Centre Bell. Ça donne une efficacité bien inefficace de 10,5 %.

Ça n’aide pas...

Entre les lignes

- Victime de 41 tirs – huitième fois cette saison qu’il accorde plus de 40 tirs dans un match – et de 65 tirs décochés par les Bruins, le Canadien a riposté avec seulement 25 tirs cadrés et 37 décochés...

- C’était la troisième fois seulement que le Canadien décochait moins de 40 tirs dans un match cette année. Sans surprise, il a perdu ces trois rencontres : revers de 5-1 à Boston et à Seattle (36 tirs décochés) plus tôt cette saison, revers de 3-2 à Tampa Bay (7 décembre avec 38 tirs décochés)

- Le Canadien est rendu à 21 revers consécutifs (0-21-0-0) cette saison lorsqu’il se retrouve avec un recul de deux buts à combler lors d’un match.

-Le Canadien a accordé le premier but pour une 23e fois en 35 matchs mercredi à Boston. Il n’affiche que deux victoires (2-20-1) en pareille circonstance.

-C’était la quatrième fois cette saison que le Canadien était victime d’un but accordé alors qu’il évoluait en attaque massive. Consolez-vous partisans du Tricolore. Il y a pire alors que les Flyers et les Devils en ont accordé six jusqu’ici. Les Caps, les Kings et les Sharks en ont accordé cinq. Mais disons que les attaques massives de ces cinq formations donnent de meilleurs résultats que celle du Tricolore.

ContentId(3.1400068):LNH : Canadiens 1 - Bruins 5
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