BROSSARD, Qc – Une panoplie de joueurs du Canadien ont connu une saison très intéressante à commencer par la dizaine de patineurs qui ont réussi leur campagne la plus productive de leur carrière. Dans ce lot, l’année de Victor Mete est le récit d’une histoire encore plus particulière.
 
La deuxième saison de Mete dans le chandail du Canadien a été tout sauf un long fleuve tranquille. Pour ceux qui l’auraient oublié, Mete a dû s’astreindre à un passage de sept parties avec le Rocket de Laval, le club-école du Tricolore.
 
Chez n’importe quel athlète, un tel traitement peut provoquer des réactions totalement différentes. À 20 ans, cette décision peut freiner le développement d’un joueur. Sans que la décision hockey ne soit mauvaise, un jeune joueur peut tomber dans l’incertitude et prendre du temps pour retrouver son aplomb.
 
Heureusement, c’est plutôt le scénario inverse qui s’est produit. Mete a capté l’essence du message et des enseignements prodigués à Laval par Joël Bouchard et ses adjoints. Ce détour vers le nord est devenu salutaire pour Mete qui a fini par s’établir comme le partenaire de Shea Weber, un statut qui ne lui appartient pas pour autant à long terme.

 « Je trouve que sa saison a été très bonne, il était un joueur différent quand il est revenu de Laval. Il avait plus de confiance, il avait joué dans toutes les situations avec eux en compilant de grosses minutes. Son court passage à Laval lui a rapporté des dividendes et je suis convaincu qu’il pense la même chose. Il a gagné en expérience, il a joué sur le jeu de puissance et infériorité numérique. Tout ça l’a aidé dans son développement. Il patine tellement bien si bien que tu peux accomplir de belles choses quand tu es confiant. Je ne crois pas qu’il était un mauvais joueur avant ça, mais ce passage lui a souri », a analysé le vétéran Jeff Petry.
 
Mete, qui a amassé 13 aides en 71 matchs, n’est pas du style à avoir la grosse tête. Son humilité lui permet de reconnaître que les dirigeants du Canadien ont agi judicieusement avec lui.
 
« C’était une bonne expérience, je crois que c’était opportun quand c’est arrivé. On m’avait dit que le temps de pratique était limité avec le Canadien et ils voulaient que je travaille sur certains éléments précis. J’ai pu le faire et je pense que ça m’a aidé. Ça m’a permis de revenir ici en force. J’ai été confronté à des joueurs imposants à Laval, ça m’a vraiment servi », a déclaré le défenseur gaucher.
 
Au final, le choix de quatrième ronde du Canadien en 2016 a adoré son année.  
 
« Ça s’est bien passé, tout le monde avait du plaisir et c’est facile de suivre l’élan dans un contexte comme celui-ci. En ayant joué beaucoup de minutes, ça m’a grandement aidé et je sais mieux à quoi m’attendre pour la saison prochaine. J’espère être placé dans la même position, c’était vraiment plaisant pour moi », a convenu Mete.
 
C’est là que l’unanimité n’existe pas. Ils sont nombreux à croire que Marc Bergevin serait mieux avisé de trouver un partenaire plus étoffé pour compléter Shea Weber. Invité à dire si Mete l’avait convaincu qu’il pouvait camper ce rôle à temps plein, Bergevin s’est gardé une petite gêne.  

« Il m’a convaincu qu’il est un joueur de la LNH, on voyait qu’il est de plus en plus confortable par ses discussions avec Shea, sa facilité à transporter la rondelle, son support de l’attaque. Il a fait beaucoup de pas vers l’avant », a évalué le DG.
 
« Le seul point faible sur Mete, c’est qu’il n’est pas un gros joueur, mais les joueurs parfaits n’existent pas. Il est rapide, il utilise bien son bâton et on lui avait demandé de fermer les options plus rapidement quand il est allé à Laval », a ajouté Bergevin qui s’est dit fier de ce joueur qui est revenu changé avec l’influence de Joël Bouchard.
 
Le principal intéressé se voit tout de même, sans surprise, comme un défenseur du top-2.  
 
« Oui, je l’ai fait depuis deux saisons. Si je peux continuer de faire ce que je fais tout en continuant de progresser, je crois que je peux me développer en un très bon joueur, un gars du premier trio », a répondu Mete.
 
Weber a senti que le duo avait évolué dans la bonne direction durant cette saison.
 
« Je trouve que c’était bien particulièrement dans le dernier droit alors que les choses progressaient et ça devenait plus facile au niveau de la chimie. On  commençait à être plus habitués à jouer ensemble au point de savoir ce qu’il allait faire comme prochain jeu. Il est évidemment un bon jeune et un joueur qui continuera de progresser », a statué le capitaine.
 
L’autre volet qui a retenu l’attention dans la saison de Mete, c’est qu’il a tout fait offensivement sauf marquer son premier but dans la LNH. Les dieux du hockey ont failli le récompenser avec le but décisif dans le tout dernier match de la saison, mais il a été incapable d’enfiler l’aiguille.
 
« Ça arrive dans la LNH, il n’est pas le premier joueur à devoir passer par une telle période. Quand le premier va rentrer, ça se produira bien plus souvent ensuite, ça va débloquer », a dit Jordie Benn – qui souhaite ardemment revenir avec le Canadien - sur un ton d’encouragement.
 
Afin que Benn dise vrai, Mete réalise qu’il doit améliorer quelques aspects de son  jeu.  
 
« Mon lancer, devenir plus costaud pour mieux défendre mon territoire contre les gros joueurs et aussi lire d’une façon plus précise le jeu notamment en zone offensive. Il faut que je puisse arriver comme un joueur sur une autre vague », a énuméré Mete avec lucidité.
 
Ce n’est rien d’anormal, un vétéran comme Petry est loin d’avoir fini de progresser.
 
« Il y a un an, ma réunion de fin d’année tournait autour de devenir plus constant. Je me suis attardé là-dessus durant l’été. Je savais aussi que Shea serait absent, je me suis assuré d’être fin prêt pour le début d’année. Mon niveau de jeu a progressé en jouant un peu moins de minutes », a conclu Petry qui a totalisé 13 buts et 33 aides pour 46 points (un sommet personnel) en 82 matchs.