BROSSARD – Marc Bergevin l’a raconté en toute candeur : il aurait rêvé s’il avait pensé que la mer serait toujours calme dans l’entourage du Canadien quand il a accepté le poste de directeur général.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tempête a frappé fort au cours des dernières semaines et plusieurs directeurs généraux auraient sans doute éprouvé un virulent mal de mer dans ce contexte.

Mais Bergevin était au courant de la réalité montréalaise et il croit encore qu’il peut s’en sortir avec les éléments à sa disposition même si Carey Price n’est pas prêt à venir le secourir.

« C’est correct et je l’assume vraiment. Encore là, toutes les responsabilités reposent sur moi et personne d’autre. Si ça ne fonctionne pas, c’est la faute de Marc Bergevin et de personne d’autre », a-t-il déclaré avec conviction.

En tant que capitaine de bateau, Bergevin doit également se poser des questions sur son travail de meneur. Dans cette voie, il a profité de l’occasion pour mentionner qu’il ne lésinait pas les efforts.

« Je ne veux pas être une victime. Je me regarde dans le miroir tous les matins et je fais tout ce que je peux pour améliorer l’équipe. Je n’ai pas de regret là-dessus. Je travaille constamment, je fais des appels, I care », a-t-il confirmé avec quelques traits tirés au visage.

« Honnêtement je n’ai rien à me reprocher. Il n’y a pas une transaction qui est passée que je me suis dit que j’avais manqué le bateau. Je n’ai aucun regret parce que je fais tout en mon possible », a exposé Bergevin.

Therrien, un partenaire de guerre idéal

Quand on se retrouve coincé dans une mer agitée comme Bergevin présentement, on souhaite si possible être entouré de complices de caractère.

Dans ce sens, le grand patron du Canadien s’est dit enchanté de pouvoir se démener en compagnie de Michel Therrien dont il a décrit les principales qualités, celles que l’on découvre dans la tourmente. 

« Michel assume ses responsabilités, il possède un très bon pouls de l’équipe. Il existe une expression anglophone pour le décrire « foxhole guy ». Si tu veux quelqu’un à tes côtés dans les tranchées à la guerre, c’est lui. C’est un bon être humain, un excellent instructeur, il communique bien avec ses joueurs, il sait comment les rendre meilleurs et il travaille à fort à tous les jours », a vanté Bergevin à propos de son homme de confiance.

Le hic, c’est que la perte prolongée de Price pourrait se comparer à une blessure qui s’est aggravée au fil du temps. Mais l’effet s’est fait sentir au niveau mental comme l’a admis Bergevin après quelques matchs qui n’ont pas tourné en la faveur du Tricolore sans le numéro 31.

« Ça affecte le mental de l’équipe et ça donne un petit plus à nos adversaires qui savent qu’ils n’ont pas à l’affronter. C’est un peu comme quand tu t’en vas à Washington et qu’Ovechkin n’est pas là », a comparé Bergevin.

Rendu à ce point, le directeur général a jugé bon point d’aller discuter avec ses protégés une autre fois. À ses yeux, il n’est pas trop tard pour renverser la vapeur à condition de revenir à une mentalité gagnante.

« Notre confiance a commencé à être ébranlée et quand vous jouez pour ne pas commettre d’erreurs, c’est là que ça se produit. Quand vous jouez pour ne pas perdre, c’est là que vous perdez. C’est le message que j’ai livré aux joueurs : ne jouez pas avec la crainte de perdre, mais pour gagner », a proposé Bergevin qui a vécu des situations semblables à son époque de joueur.

Même si ce phénomène des vagues qui finissent par miner le moral ne lui est pas inconnu, Bergevin a avoué qu’il ne s’attendait pas à voir son équipe plonger dans un tel trou sans Price.

« Est-ce que j’aurais pensé que nous aurions autant piqué du nez, non? Ce n’est pas une excuse, c’est un fait. Si tu perds le meilleur joueur de la LNH sans croire que tu seras affecté, ce n’est pas la réalité. Mais je crois toujours en ce groupe sans Carey.  Mike (Condon) et Ben (Scrivens) font de leur mieux, mais ils ne sont pas Carey Price et on doit trouver une manière de gagner sans lui », a convenu le DG.

Le cas particulier de Galchenyuk

En plus de la longue absence de Price, l’attaque du Canadien traverse une horrible séquence. Dans un contexte aussi épeurant, une contribution explosive d’Alex Galchenyuk aurait été plus que bienvenue.

L’attaquant qui fêtera son 22e anniversaire le 12 février a démontré quelques signes encourageants, mais il a grandement manqué de constance. Afin de lui permettre d’éclore, plusieurs amateurs aimeraient qu’on lui confie le poste de centre numéro un sur un trio complété par Max Pacioretty et Brendan Gallagher.

Dernièrement, il a plutôt été déplacé à l’aile de David Desharnais et Bergevin comprend le geste de son entraîneur.

« Michel essaie de trouver des solutions. C’est pour ça qu’il a été bougé à l’aile et ça ne veut pas dire qu’il ne reviendra pas au centre. Alex a connu des hauts et des bas cette saison, mais c’est la réalité d’un jeune joueur. Il n’a que 21 ans et je le vois progresser », a maintenu Bergevin.

La saison de Galchenyuk a également été marquée par l’incident dans lequel il a été mêlé à l’extérieur du cadre sportif. Bergevin est venu expliquer pourquoi il n’a pas été sanctionné.

« Il s’est placé dans une situation très difficile et je l’ai rencontré par la suite pour discuter de manière franche et honnête. Il connaît exactement mes attentes. Dans un milieu professionnel, il y a des choses que tu ne peux pas te permettre. J’espère qu’il a très bien compris et je crois que c’est le cas », a dévoilé Bergevin en citant la contribution de Martin Lapointe et Rob Ramage pour encadrer les jeunes de l’organisation.