À l’exception des membres de la famille de Marc-Édouard Vlasic, des dizaines de jeunes hockeyeurs du West Island venus encourager le défenseur des Sharks et du détracteur de Max Pacioretty, qui a passé la partie à scander le nom du capitaine tout en l’injuriant à tue-tête pour être certain que ses insultes lancées du haut des gradins se rendent au niveau de la patinoire, les autres amateurs de hockey venus appuyer le Canadien sont repartis bien malheureux du Centre Bell.

 

Les longs silences qui ont marqué le match et les huées lancées alors que l’exode massif s’est amorcé tôt en troisième période témoignaient de la lassitude des fans du CH.

 

J’ajouterais bien le gagnant du tirage moitié-moitié qui est parti avec quelque chose comme 18 000 $ dans ses poches à la liste des rares heureux qui ont quitté le Centre Bell après le match, mais avec tout ce qui va mal et très mal chez le Canadien en ce moment, je ne serais pas le moindrement surpris que l’amateur qui s’est enrichi mardi soir portait un chandail des Sharks et non du Tricolore lorsqu’il est allé réclamé son prix.

 

Eh oui! Le Canadien a perdu. Il a encore perdu.

 

Il a perdu 4-1 aux mains des Sharks de San Jose. Des Sharks qui ont le numéro du Canadien comme en témoigne cette troisième victoire de suite à Montréal et les 11 gains consécutifs signés à San Jose.

 

Et une fois encore, c’est l’attaque anémique du Canadien qui est en cause.

 

Après avoir bousillé trois attaques massives en première période, le Canadien a eu besoin d’une séquence de 65 secondes à cinq contre trois pour finalement marquer.

 

Bravo!

 

Ce but attendu depuis plus de deux matchs – le filet d’Andrew Shaw a mis un terme à une séquence sans but de 132 :27, ce qui équivaut à plus de deux matchs de suite avec prolongations en primes – a ramené le Canadien dans le match en fin de deuxième période. Mais voilà, Joe Morrow, déjà en grande partie responsable du deuxième but des Sharks, a aussitôt écopé une pénalité qui a permis à San Jose de reprendre les devants par deux buts (3-1) dix secondes avant la fin de la période médiane.

 

C’est pas beau ça!

 

Si j’avais été à la place de Claude Julien, j’aurais cloué Morrow sur le banc en troisième. En fait non, il n’aurait pas été de ma formation tout simplement, mais bon, c’est une autre histoire. Mais en dépit sa responsabilité sur les deux buts des Sharks, Morrow a été plus occupé en troisième période (6:35) que lors des deux premiers engagements.

 

Le Canadien s’est donc contenté d’un tout petit but pour la cinquième fois de suite. Pas besoin de vous dire que le Canadien a perdu ces cinq matchs, car vous le savez déjà. Ou vous vous en doutez pas mal.

 

Ça fait tellement dur que les joueurs ont décidé de tenir une réunion après la partie. Ils auraient peut-être dû en tenir une avant le match aussi, mais bon...

 

Mon collègue Éric Leblanc a fait le tour du vestiaire après la réunion et je vous invite à lire les commentaires des joueurs dans le texte qu’il a écrit après la rencontre.

 

Pourquoi je ne suis pas allé voir et écouter les joueurs du Tricolore? Parce que je suis tanné d’entendre les mêmes réponses, peu importe les questions qui sont posées.

 

J’ai hâte de voir des résultats.

 

Et quand je parle de résultats, je ne parle pas nécessairement de buts. Je parle de conviction. Je parle de sorties de zone rapides, précises, incisives. Je parle de sorties de zone qui se développent en zone neutre et qui se concrétisent en zone ennemie par des poussées qui se rendent au filet adverse. Pas juste par des tirs de loin qui aident à bien faire paraître les gardiens adverses, je parle d’attaques qui permettent de faire reculer les défenseurs, d’étourdir les gardiens ne serait-ce qu’un peu, et d’obtenir des retours susceptibles de se transformer en but.

 

ContentId(3.1258933):LNH: Sharks 4 - Canadiens 1 (Hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

Des attaques de ce type, le Canadien n’en crée pas assez pour marquer. Donc pas assez pour gagner.

 

Inversement, ses adversaires les multiplient avec comme résultats probants qu’ils marquent des buts et qu’ils signent des victoires.

 

En passant, à ceux qui seraient tentés de décrier la sortie de Carey Price parce qu’il a été victime de quatre buts, je vous rétorque tout de go que sans sa performance, de match, il n’y aurait jamais eu. Ok! Il n’y en a pas eu non plus, mais disons que sans les arrêts de Price – ou d’un autre gardien qui aurait joué aussi bien à sa place – le Canadien aurait perdu par cinq, six ou sept buts...

 

J’aimerais vous dire que le meilleur est à venir. Ce qui est sans doute vrai. Mais comme me l’a fait remarquer un collègue qui a vécu les années tristes et noires des Nordiques – et les Fans des Bleus se souviennent que c’était pire encore à Québec – 31 points en 1989-1990 : « le problème c’est que le pire n’est peut-être pas encore arrivé… »

 

Misère!

 

Mes observations reliées à 20e défaite en temps réglementaire du Canadien en 40 matchs…

  1. Claude Julien dirige pour gagner
  2. À quand les retours de Weber et Mete
  3. La bonne étoile de Vlasic
  4. Pacioretty joue de malchance
  5. Deslauriers honoré…

Chiffre du match : 15 - En plus de se contenter de marquer quatre petits buts en cinq matchs, le Canadien s’est contenté de marquer une seule fois en cinq parties – ça fait bien 15 périodes en effet – à cinq contre cinq. Il est aussi rendu à 10 périodes de suite sans but à forces égales. Vous direz que le Canadien joue rarement à forces égales avec ses adversaires et je comprendrai votre désarroi. Mais quand même, on va admettre que ça fait dur en Simonac!

 

Claude Julien dirige pour gagner

 

Claude Julien a convenu que son équipe était étouffée par la frustration. Une frustration qui mine le niveau de combativité nécessaire pour gagner. Une frustration qui mine aussi la prise de décisions : « Nos mauvaises décisions autant en défensive qu’à l’attaque nous coûtent des buts et nous coûtent des matchs. Pour gagner, il faut que tout le groupe soit au diapason, peu importe le système qui est exigé. En ce moment, les gars se découragent rapidement. On est fragile. On n’a pas de confiance. Ça prendra une victoire bientôt pour reprendre confiance », a lancé l’entraîneur-chef du Canadien en ajoutant que le calendrier n’annonçait rien de bon.

 

Et c’est vrai.

 

Aux prises avec une série de cinq revers de suite, le Canadien recevra jeudi le Lightning de Tampa Bay jeudi. Dimanche, ce sera au tour des Canucks de Vancouver. Le 13 janvier, au retour du congé statutaire d’une semaine, les Bruins, les Islanders, les Bruins encore, les Capitals et les Bruins une troisième fois croiseront le Canadien...

 

Ayoye!

 

Avec un tel calendrier et les chances d’accéder aux séries qui rétrécissent un peu plus chaque jour, ne serait-il pas temps de tirer un trait sur la deuxième moitié de la saison pour se concentrer tout de suite sur les années à venir?

 

« Je dirige en fonction du prochain match. Je tente de trouver des solutions pour aider le club à gagner les matchs qui s’en viennent tant que je ne recevrai pas de message différent », a indiqué Claude Julien après le match.

 

Le message différent viendra du directeur général Marc Bergevin ou de son patron, président et propriétaire Geoff Molson.

 

La question n’est plus de savoir si un tel message viendra, mais bien quand il viendra…

 

À quand les retours de Weber et Mete?

 

Avec un club inerte à l’attaque, perméable en défense et miné à l’os au chapitre de la confiance, Claude Julien et Carey Price bénéficieraient grandement d’un retour au jeu de Shea Weber.

 

J’ajouterais même le nom de Victor Mete à l’équation même s’il est très malhonnête de demander à un junior de 19 ans de venir en aide à des prétendus joueurs de la LNH.

 

Il semble bien qu’on doive faire une croix sur Weber au moins jusqu’au premier des trois matchs rapides contre les Bruins le 13 janvier.

 

« Je n’ai pas de réponse précise à offrir quant à un éventuel retour de Shea. Il n’a pas encore patiné avec nous. Ça veut dire qu’il sera difficile, mais pas impossible, de le voir en uniforme lors de nos deux prochains matchs. Il est blessé et nous tenons à lui donner tout le temps nécessaire pour guérir cette blessure une fois pour toutes afin qu’elle ne vienne plus l’ennuyer après », a indiqué Claude Julien qui a aussi lancé « deux ou trois semaines » en guise de possibilité de durée d’absence.

 

Rien d’encourageant donc!

 

Quant à Mete – il n’a pas disputé le match de quart de finale mardi à Buffalo en raison d’une légère blessure – il est avec Équipe Canada junior au moins jusqu’à vendredi.

 

On peut s’attendre à ce qu’il rejoigne ensuite le Canadien. Pour jouer avec le grand club? Ça, ce n’est pas clair.

 

Oui Mete pourrait reprendre sa place à la ligne bleue et compléter la saison avec le Canadien. Mais est-ce la meilleure solution dans son cas?

 

Peut-être pas.

 

S’il est acquis que Mete reviendra à Montréal après la compétition qui se déroule à Buffalo, le défenseur de 19 ans pourrait ne faire que passer et être retourné à son club junior – Knights de London – pour y terminer l’année dans des circonstances meilleures que celles qu’il retrouvera à Montréal.

 

Une fois cédé aux Knights, Mete pourrait être sélectionné pour défendre les couleurs du Canada au tournoi de hockey des Jeux olympiques de Pyeongchang, en Corée du Sud.

 

Si le Canadien doit se passer de Weber encore quelques matchs et que le Canadien se retrouve officiellement éliminé de la course aux séries – il l’est déjà pas mal on en conviendra tous – il me semble que pour le bien de Mete, l’aventure olympique et la fin de son stage junior dans la gloire d’une éventuelle coupe Memorial seraient des plus que l’état-major du Tricolore devrait faire vivre à son jeune défenseur d’avenir.

 

La bonne étoile de Vlasic

 

Marc-Édouard Vlasic était tout sourire dans le vestiaire des Sharks après un match au cours duquel il a joué un rôle de premier plan en défense, il a marqué un but et récolté la première étoile. Une première étoile qu’il est venu célébrer en saluant la foule et les amateurs qui l’ont ovationné.

 

« Je crois qu’il y avait une centaine de fans juste pour moi ce soir », a lancé le défenseur pour qui jouer à Montréal est toujours un plaisir.

 

Surtout que le Canadien a moussé le plaisir des Sharks en offrant bien peu d’opposition.

 

« Je ne suis pas d’accord, a d’abord lancé l’ancien des Remparts de Québec. On a donné trois attaques massives au Canadien en première période. C’est beaucoup. C’est trop même. On a fait du très gros travail pour les empêcher de marquer. Quand les choses vont mal comme c’est le cas pour le Canadien en ce moment, tu dois éviter de leur donner des chances pour sortir du trou. Si le Canadien avait marqué une ou deux fois en première, les choses auraient été bien différentes. Mais en tuant les pénalités comme on l’a fait, et on est très bons pour le faire – les Sharks étaient deuxièmes dans la LNH avant le match avec une efficacité de 85,5 % à court d’un homme – on a enlevé le momentum au Canadien. Les gars se sont découragés et le reste du match a été plus facile », a ensuite convenu Vlasic.

 

Sur son but, le 4e de la saison, Vlasic qui est reconnu pour la grande qualité de son jeu défensif, s’est porté à l’attaque. Il a battu de vitesse Joe Morrow qui a cessé de patiner sur son repli ce qui a permis au Québécois de pousser un retour accordé par Carey Price dans le filet.

 

« J’espère que vous avez apprécié ma vitesse. Je n’ai pas vu Morrow ralentir. De toute façon je fonçais à la planche et il ne m’aurait pas rattrapé », a conclu Vlasic en riant.

 

Pacioretty joue de malchance

 

Max Pacioretty a prolongé ses séquences noires de 13 matchs de suite sans but et d’un filet à ses 22 derniers matchs.

 

Ça commence à être très lourd à porter. Comme les critiques qui accompagnent cette disette.

 

On peut reprocher bien des choses à Pacioretty, mais si le capitaine n’a pas marqué encore hier, ce n’est pas faute d’avoir essayé.

 

Pacioretty a décoché 12 tirs mardi. Sept ont touché la cible. Deux ou trois ont donné de bonnes occasions de marquer. Il a aussi offert de belles passes en zone payante à ses compagnons de jeu.

 

Mais ça n’a rien donné. Encore.

 

Sur sa meilleure occasion, Pacioretty n’a pas été en mesure d’obtenir de tir. C’est survenu en première période alors que Charles Hudon lui a offert une échappée avec une belle passe en zone neutre.

 

Pacioretty a foncé. Mais derrière lui, Brent Burns a démontré qu’il n’avait pas remporté le dernier trophée Norris simplement pour ses qualités offensives.

 

Avec une belle accélération, Burns a rejoint Pacioretty et lui a soutiré la rondelle avant que le capitaine n’ait le temps de décocher un tir.

 

« J’ai été très chanceux », a lancé Burns entre deux bouchées du deuxième des trois hot-dogs qu’il s’est offert après le match dans le vestiaire des visiteurs au Centre Bell.

 

« J’étais battu initialement, mais Pacioretty est gaucher. Pour tirer, il a dû ramener la rondelle de mon côté ce qui m’a permis de harponner la rondelle. S’il avait été droitier, il aurait le champ libre, car j’étais battu », a candidement analysé Burns.

 

Mince consolation pour Pacioretty, mais consolation quand même.

 

Sauf que ça prendra un but du capitaine à un moment donné...

 

Deslauriers honoré

 

Quoi dire sur l’élection de Nicolas Deslauriers à titre de récipiendaire de la coupe Molson pour le moins de décembre? Un honneur offert à un joueur de quatrième trio, aussi valeureux soit-il, qui a été rayé de la formation lors du dernier match du mois de décembre en passant...

 

Que cette sélection illustre à merveille le ridicule de saison que connaît le Canadien depuis le mois d’octobre. En fait non, depuis le début du calendrier préparatoire.

 

Pas question ici d’enlever un milligramme du mérite qui revient à Deslauriers pour la fougue, la conviction et l’acharnement qu’il déploie sur la patinoire. Mais plusieurs de ses coéquipiers, les Pacioretty, Drouin, Galchenyuk pour ne nommer que ceux-là devraient avoir honte d’avoir été battus dans cette course aux trois étoiles par un joueur qui est loin, très loin, d’être une étoile.

 

Mais bon...