MONTRÉAL – Pendant les quelque 35 minutes qu’a duré son entretien avec les médias montréalais, une tribune qui lui avait été réservée pour discuter du nouveau contrat de six ans qu’il venait de signer avec le Canadien, Brendan Gallagher a gardé sa plus longue réponse pour parler de tout, sauf dudit contrat.  

L’octroi d’un nouveau pacte au vaillant vétéran est venu mettre un point d’exclamation sur une période faste pour le directeur général Marc Bergevin, qui a considérablement changé le visage de son équipe en complétant quatre acquisitions majeures en l’espace d’un mois. 

« Honnêtement, c’est incroyable de voir les ajouts qu’on a été en mesure de faire », s’est exclamé Gallagher qui, pendant 1 minute 58 secondes, a soliloqué sur les nouvelles appréhensions que fera naître la présence de Joel Edmundson chez les attaquants adverses, le rare assemblage d’atouts que peut se vanter de posséder Josh Anderson, la fiabilité de Jake Allen et l’effet positif qu’il aura sur la charge de travail de Carey Price et la touche de marqueur éprouvée de Tyler Toffoli

Gallagher s’est plus tard mordu les doigts d’avoir passé sous silence la prolongation de contrat accordée à Jeff Petry. Il en a parlé pendant une minute de plus. 

Mais rien de tout ça n’était paroles en l’air. Le point, c’est que c’est la somme de ces éléments qui fait en sorte que Gallagher a maintenant en poche un contrat qui lui permettra probablement de terminer sa carrière avec l’équipe qui l’a repêché. 

Le numéro 11 voulait rester avec à Montréal. Il voulait aussi s’assurer d’une sécurité financière jusque tard dans sa carrière. Mais ces deux conditions ne devenaient compatibles que si elles étaient accompagnées de la conviction qu’il ferait partie d’une équipe gagnante, une équipe qui avait les armes pour être compétitive sur une base annuelle. 

À ses yeux, le prolifique automne de Bergevin a réglé la question.

« C’était l’une des plus grosses questions que j’avais et j’ai obtenu mes réponses assez vite, s’est enthousiasmé l’attaquant de 28 ans. [Marc Bergevin] s’est mis au travail très tôt. On aurait dit qu’à chaque jour, je me levais et il y avait une nouvelle concernant notre équipe. Le message qui nous est envoyé était clair et net. Il croit en nous et c’est maintenant à nous de faire le reste du travail. Il n’y a plus d’excuse. Je crois qu’il a fait tout ce qu’il avait à faire de son côté. Il a probablement encore quelques dossiers à régler, mais en date d’aujourd’hui, il est de notre responsabilité de décrocher des résultats. » 

Une pensée pour Danault 

Quand Gallagher se reprend pour dire qu’il reste sûrement quelques « post it » sur le bureau de Bergevin, on se permet de spéculer et d’avancer qu’il avait en tête le cas de son bon ami Phillip Danault. 

Danault et Gallagher se trouvaient il y a quelques jours dans la même situation. Deux jeunes vétérans, membre de ce qui est identifié depuis deux ans comme le premier trio de leur équipe, jouissant d’une réputation enviable à l’échelle de la Ligue. Chacun admissible à l’autonomie complète après la saison 2020-2021, chacun ayant exprimé la volonté d’assurer son avenir plus tôt que tard. 

On a demandé à Bergevin jeudi quelle était la prochaine étape de son plan et si la conclusion d’une entente avec Danault représentait désormais sa nouvelle priorité. 

« Je vais prendre une petite vacance », a-t-il répondu avec le sourire. Sur le ton de la blague, il a ensuite fait comprendre qu’il demeurait à l’écoute, mais qu’il ne ressentait pas la même urgence d’agir avec le doyen de sa ligne de centre qu’avec son meilleur ailier droit. 

« C’est certain que Phillip est un bon joueur pour nous. On va voir ce qui va se passer dans la prochaine saison, mais c’est certain aussi qu’on a de la profondeur. On a repêché un Ryan Poehling, qui est un joueur de centre. Jake Evans est un joueur de centre. De ce côté-là, je pense qu’éventuellement, on va être en bonne position. Mais encore là, on est fier, on est content, mais on va voir ce que l’avenir va apporter. Il y aura des décisions à prendre à tous les niveaux. »

Gallagher, qui a connu des saisons de 33 et 22 buts avec Danault comme joueur de centre, lui a offert un appui beaucoup moins équivoque.

« Phil est un joueur tellement intelligent. On en parle toujours, mais je crois sincèrement que son cerveau demeure un de ses atouts les plus sous-estimés. Il comprend bien ce qui se passe sur la glace et il est très compétitif. Il veut gagner à tout prix. C’est difficile de penser à un autre joueur qui aurait pu être placé dans tous les rôles dans lesquels il a été utilisé. Au niveau personnel, c’est un gars qui m’a apporté énormément au cours des deux dernières années. »
« Je ne pense pas que qui que ce soit puisse remettre en question l’importance de Phil pour cette équipe. » 

L’idée derrière Allen 

Bergevin a commenté pour la première fois sa décision d’octroyer une prolongation de contrat à Jake Allen, à peine un mois et demi après avoir fait son acquisition dans une transaction avec les Blues de St. Louis. Alors que le jeune Cayden Primeau cogne à la porte des grandes ligues, Allen est maintenant lié au Tricolore pour les trois prochaines saisons. 

« C’est certain qu’il y a une stratégie derrière ça, a expliqué Bergevin. On était protégé pour l’expansion avec Michael McNiven, alors ce n’est pas la raison ultime. Mais j’ai regardé les équipes qui perdaient des gardiens l’an prochain et ceux qui auraient peut-être été disponibles. On a regardé ça de près. C’est quoi le prix d’un bon réserviste l’an prochain si on ne ramenait pas Jake? Et si celui qu’on aurait aimé avait été disponible? On a aussi négocié aussi une entente qui nous aidait sur la masse salariale. »

« Avec le calendrier qui sera probablement condensé pour la prochaine saison, et peut-être même la suivante, [...] c’est un risque pour nous qui en valait la peine. »

Bergevin a aussi confirmé le départ de Charles Hudon pour la Suisse en précisant que le Canadien, en lui ayant soumis une offre qualificative au début octobre, conservait ses droits pour une saison.