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RÉSULTATS

Les forces et faiblesses de Michael Matheson

Sidney Crosby et Michael Matheson Sidney Crosby et Michael Matheson - PC
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COLLABORATION SPÉCIALE SPORTLOGIQ

Après des semaines, voire des mois de spéculations, Kent Hughes a finalement honoré la demande d'échange de Jeff Petry, l'envoyant aux Penguins de Pittsburgh en compagnie de Ryan Poehling. En retour, le CH a mis la main sur le défenseur québécois Mike Matheson et un choix de 4e tour lors du prochain repêchage.

Poehling n'avait plus sa place dans l'échiquier de centre du CH après l'acquisition de Kirby Dach, mais le coeur de la transaction est clairement les deux défenseurs impliqués.

Une question de trajectoire

Pour Kent Hughes, la priorité est le succès à long terme de l'organisation et non les solutions à court terme. Est-ce que Jeff Petry aura une meilleure saison que Matheson l'an prochain? Fort probablement. Il retrouve son rôle idéal sur la 2e paire, derrière un défenseur d'élite en Kristopher Letang. Il jouera également pour une formation qui tente de tout faire pour remporter une autre Coupe Stanley avant que Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Letang ne tirent leurs révérences. Il aura donc beaucoup plus de support qu'avec le CH, où il a dû remplir de rôle de numéro un après la simili-retraite de Shea Weber et ce, sans son partenaire habituel en Joel Edmundson.

Mais l'an prochain n'est pas la priorité pour Hughes. Petry aura 35 ans en décembre. À cet âge, chaque saison vient avec des questions et ce n'est qu'une question de temps avant que les performances ne chutent drastiquement. Avec Matheson, Hughes a un atout qui a nettement plus de chances d'offrir une valeur positive pour les quatre années restantes à son contrat, qui se terminera quand il aura 32 ans.

Il se joint au Canadien après la meilleure saison de sa carrière. Le natif de Pointe-Claire a établi des sommets personnels en buts (11), mentions d'aides (20), points (31), et même en différentiel (+12) l'an dernier en Pennsylvanie. Quitter la Floride semble lui avoir fait énormément de bien. Les défenseurs prennent souvent plus de temps à se développer et, ironiquement, Jeff Petry est l'exemple parfait.

L'ancien du CH a quatre saisons de 40 points à sa fiche, toutes obtenues à partir de l'âge de 30 ans. À 28 ans, Kent Hughes croit que Matheson ne fait qu'entrer dans les meilleures saisons de sa carrière, où expérience et maturité physique se balancent.

L'organisation fait clairement confiance à Martin St-Louis et son habileté à extraire le maximum de sa formation. S'il est capable d'aider Matheson à continuer sa trajectoire montante commencée à Pittsburgh, son contrat d'un peu moins de 5 millions $ pourrait rapidement devenir une aubaine ou du moins être une valeur raisonnable, que ce soit pour le Canadien ou sur le marché des transactions.

Acquérir un vétéran prêt à jouer immédiatement permet aussi au CH de ne pas pousser ses espoirs trop vite. L'échange d'Alex Romanov prouve que l'organisation a confiance à son futur à la ligne bleue, mais donner trop de responsabilités trop vite aux jeunes comme Kaiden Guhle, Justin Barron, Jordan Harris et autres pourrait nuire à leur développement. C'est un marathon, pas un sprint, et Hughes le comprend très bien.

Qu'est-ce que Matheson apporte au Canadien?

Un ancien choix de premier tour, Matheson apporte un solide coup de patin à la défensive du CH. Il n'est évidemment pas un Cale Makar ou un Quinn Hughes, mais il est capable d'être dynamique avec la rondelle et en transition, quelque chose qui manque cruellement à la ligne bleue du Tricolore, surtout sans Jeff Petry.

Il aime aussi chercher la longue passe en sortie de zone pour relancer l'attaque rapidement. Il est un de seulement 44 défenseurs à compléter au moins deux longues passes par match (passes venant de la zone défensive complétées au-delà de la ligne rouge centrale).

En attaque, Matheson n'hésite pas à décocher lorsqu'une opportunité de tir se présente à lui. Ses 11 buts l'an dernier, tous marqués à forces égales, le placent à égalité au 16e rang chez les défenseurs du circuit Bettman. Avec le manque d'options offensives à la ligne bleue autre que Chris Wideman, un spécialiste de l'attaque massive, Matheson pourrait voir de l'action régulière sur l'une des deux vagues d'avantage numérique. Il ne serait pas surprenant de voir sa moyenne de 0:43 par match sur l'attaque à cinq grimper par nécessité à Montréal.

Défensivement, son meilleur atout est de loin son bâton actif. Il est tout juste en dehors du top-10 en rondelles harponnées par match et est également habile pour couper les lignes de passes adverses, forçant plusieurs revirements. Il est agressif contre les poussées offensives adverses et aime attaquer le porteur de la rondelle en zone neutre avant qu'il puisse tenter une entrée de zone, se classant 4e en jeux défensifs en territoire central, ce qui s'aligne avec le plan du CH d'être moins passif contre les poussées adverses.

Cette agressivité peut lui coûter, par contre, si le joueur qu'il couvre résiste à la pression initiale. Sur les 231 défenseurs qualifiés, Matheson est un de seulement 30 joueurs qui n'ont pas repoussé au moins 40% des entrées de zone tentées de son côté de la glace. Il devra également travailler à limiter les erreurs après avoir affiché un taux de revirement de 15.7% l'an dernier, ce qui le classe 174e à la position.

Un peu plus de jeu physique de sa part le long des bandes ne ferait pas de tort non plus. Il se classe en dehors du top-100 en batailles 1 contre 1 remportées pour les rondelles libres malgré ses 6'2” et 188 livres. Il a tout de même distribué près de 100 coups d'épaules l'an dernier, 97 pour être exact, 87e chez les défenseurs. Il a aussi montré qu'il n'a pas peur de laisser tomber les gants lors de son duel contre Tanner Jeannot après une lourde mise en échec sur Letang.

Avec la grande majorité des équipes qui ont de la difficulté à rester sous le plafond salarial, Hughes a pris son temps pour trouver une offre à son goût. Résultat, le CH n'a pas eu besoin de retenir de l'argent sur le contrat de Petry et a reçu un joueur qui peut aider dans l'immédiat et qui a la chance de gagner en valeur au cours des prochaines années. Il a également pu sauver un peu plus d'un million $ sous le plafond salarial, ce qui lui a permis de mettre sous contrat Rem Pitlick.

Dans un marché où Max Pacioretty a été échangé pour essentiellement rien et où les Coyotes ont reçu plusieurs choix au repêchage pour prendre en charge les 3,2 millions $ de Zack Kassian, Kent Hughes s'en est plutôt bien tiré pour un joueur de 34 ans qui a demandé à être échangé et a un salaire de 6,25 millions $ pour trois autres saisons.