Le passage de Mike Ribeiro à Montréal ne s’est peut-être pas déroulé parfaitement, mais le Québécois aurait aimé ne jamais quitter le Canadien et aurait voulu terminer sa carrière en bleu-blanc-rouge.

C’est ce qu’il a révélé au cours de la baladodiffusion « La poche bleue » des anciens du Canadien Guillaume Latendresse et Maxim Lapierre.

S’il ne cache pas que le vestiaire du CH était divisé lors de son passage, le talentueux joueur de centre assure qu’il n’a jamais voulu quitter Montréal et affirme que l’échange qui l’a envoyé à Dallas pour Janne Niinimaa l’a pris par surprise.

« L’été avant de me faire échanger, Bob Gainey m’avait amené dans le bureau et m’avait dit : "Il y a beaucoup de rumeurs d’échange, mais ne t’inquiète pas, on ne t’échangera pas. Prépare-toi pour la saison". Je me suis donc préparé comme tel et on avait un match hors-concours et à moitié habillé, on m’a appelé dans le bureau et on m’a dit que j’étais échangé à Dallas », se remémore-t-il.

Ribeiro vivait également une relation houleuse avec le capitaine de l’époque, Saku Koivu. Selon lui, les priorités du Finlandais n’étaient pas toujours les bonnes.

« Je n’avais pas une belle relation avec Saku Koivu. Je le regardais jouer depuis que j’étais jeune et je croyais qu’il allait m’aider à m’intégrer. Je n’ai jamais été bien avec Saku dans la chambre. Je savais qu’il ne m’aimait pas. Quand on gagnait et qu’il n’avait pas de point, il n’était pas content, mais quand on perdait et qu’il avait un but et une passe, il était content. Je ne comprenais pas comment il était. Pour moi, quand tu es capitaine du Canadien de Montréal, ce n’est pas important qui fait les points. Ce que tu veux ce sont les victoires. »

Si cette relation lui a certainement nui pour faire sa place au sein de l’organisation, Ribeiro croit que ce sont ses habitudes de fêtard qui l’ont finalement poussé vers la porte de sortie, même s’il n’a jamais eu cette confirmation.

« J’essaie souvent de penser pourquoi on m’a échangé. Je me dis souvent que c’était sûrement car je sortais un peu trop. Je ne sais pas la vraie raison. J’ai eu ma première bonne saison à 23 ans avant le lock-out. Après le lock-out on n’avait plus le droit d’accrocher et ça m’a pris un an à m’ajuster. Je ne m’attendais pas à être échangé. Je crois que si on m’avait utilisé différemment à mes premières saisons j’aurais produit plus rapidement. Encore aujourd’hui j’essaie de savoir la vraie raison et la seule à laquelle je peux penser, c’est que je sortais peut-être un peu trop à Montréal et qu’ils ne voulaient pas ça dans l’équipe. »

À Dallas, le centre d’origine portugaise a connu l’éclosion de tout son talent. Une situation qui aurait pu survenir plus tôt selon lui si les Canadiens l’avaient mieux utilisé en début de carrière.

« J’ai grandi à Montréal. Quand j’étais jeune le rêve que j’avais c’était de gagner la 25e Coupe Stanley à Montréal. Quand j’ai commencé ma carrière, c’était gros. Je suis encore un peu déçu de comment on m’a utilisé. Je jouais junior, on me faisait jouer 25 minutes et dans la LNH, je jouais sur la quatrième ligne et on me disait que je devais produire. C’est impossible. Si on m’avait utilisé différemment, j’aurais commencé ma carrière plus rapidement. La production que j’ai eue à Dallas, je l’aurais eue plus rapidement. »

Malgré sa carrière trop courte au sein du Tricolore, Ribeiro aurait aimé enfiler de nouveau l'uniforme avant d’accrocher ses patins, une opportunité que le Canadien ne lui a jamais offerte, affirme-t-il.

« J’ai adoré mon passage à Dallas. C’est la place où j’ai le plus aimé jouer à  l’exception de Montréal. Tu ne peux pas comparer Montréal. Je serais resté ici toute ma carrière. À la fin de ma carrière, j’ai essayé [de revenir]. Je textais Shea Weber pour lui dire : "Hey, vous avez besoin d’un gars sur l’avantage numérique!", mais ça n’a pas passé malheureusement. Je crois que sur l’échange Weber-Subban, Nashville a essayé de m’envoyer ici, mais quelqu’un dans l’organisation du Canadien a dit "non". Ils avaient peur de la légende qui revient à Montréal », a admis le sympathique Montréalais en riant.

Un mot sur Lafrenière

Ribeiro n’a pas pu vivre son passage montréalais comme il l’aurait voulu, mais il croit tout de même qu’un Québécois comme Alexis Lafrenière s’épanouirait à Montréal.

« Montréal c’est Montréal, si tu as grandi ici, c’est une chance de jouer pour le Canadien de Montréal. J’espère que les médias le laisseraient jouer, avoir des hauts et des bas. Dans le junior tout le monde t’aime, mais dans la LNH dès que tu as un mauvais match, on veut t’échanger. Il faut le supporter, surtout un jeune Québécois », relativise l’ancien numéro 71.

« Dans le junior, tu peux marquer 200 buts. La LNH ce n’est pas la même affaire. Le plus important c’est comment tu te fais utiliser. Quand j’ai commencé ma carrière, je jouais avec Gino Odjick et Jim Cummins. Je jouais quatre minutes et trois de celles-ci étaient des bagarres. Il faut l’aider. »