*L'intégralité de l'entrevue de Chantal Machabée avec Geoff Molson sera disponible en début d'après-midi.

Geoff Molson a encore bien frais en mémoire l’une des principales leçons tirées de sa première année à titre de propriétaire du Canadien de Montréal. C’était le 23 avril 2010. Son équipe tirait alors de l’arrière 1-3 dans sa série de premier tour contre les Capitals de Washington lorsqu’il est débarqué dans le bureau de son président, Pierre Boivin.

 

Molson ouvert à un coup d'éclat

« Si on perd ce soir, qu’est-ce qu’on fait? »

Cette question, Molson s’est vite promis de ne plus jamais se la poser. Menés par le brio de son gardien Jaroslav Halak, les Montréalais ont ce soir-là vaincu les Capitals 2-1, pour finalement les éliminer deux matchs plus tard, en route vers un improbable parcours jusqu’en finale de l’Est.

« Il faut toujours penser à la victoire », a raisonné le grand patron dans une entrevue offerte à notre collègue Chantal Machabée presque 10 ans jour pour jour après avoir fait l’acquisition du club.

Cette philosophie, Molson ne compte pas y déroger. Surtout pas maintenant. Si les cinq premières années de son règne ont été marquées par quatre participations aux séries, les cinq dernières ont été bien moins productives avec seulement deux qualifications.

« Au début, l’équipe que j’ai achetée, c’était une équipe avec laquelle je devais vivre, parce que je n’avais pas fait de changements. Cette équipe a très bien performé (sic) dans la première année, mais pas très bien dans la deuxième année, alors on a fait des ajustements et on a traversé une période au cours de laquelle il y avait de très bons jeunes joueurs au sein de l’équipe : P.K. Subban, Max Pacioretty, Alex Galchenyuk, Brendan Gallagher et évidemment Carey Price devant le filet. On a connu du succès, mais on n’a pas gagné avec ce groupe et après cinq ou six ans à peu près, il a fallu se regarder dans le miroir et se demander : "Avec ce groupe, est-ce qu’on va gagner?" »

Subban, Galchenyuk et Pacioretty, entre autres, ont depuis été sacrifiés au profit d’un virage jeunesse plus que prometteur aux yeux de Molson.

« On se relance dans un autre cinq ans avec une jeune équipe qui a beaucoup de potentiel. »

La seule limite : le plafond

À ce groupe de joueurs pourraient bien sûr se greffer les Ryan Poehling et Nick Suzuki, notamment, mais aussi et surtout des joueurs autonomes puisque l’équipe dispose pour l’instant d’une marge de manœuvre projetée de 11,7 millions $ sous le plafond salarial selon le site spécialisé CapFriendly.com.

« La seule limite pour [le directeur général] Marc Bergevin c’est le plafond salarial, note Molson. On se parle 2-3 fois par jour pendant le mois de juin et je sais ce qu’il veut accomplir. Mais la limite c’est le plafond salarial et si on trouve un joueur qui va nous aider à avoir une meilleure équipe, on va aller le chercher. »

Reste à savoir si les millions de dollars suffiront à convaincre les candidats visés d’enfiler les couleurs du CH l’an prochain en dépit des désavantages fiscaux.

« Ça n’aide pas, ça nuit c’est sûr, convient Molson. Mais quand un joueur prend sa décision, parmi les facteurs déterminants il y a aussi si l’équipe est sur la bonne voie et s’il y a un bon poste pour le joueur visé au sein de l’équipe. Après ça, c’est une décision financière aussi. Ça joue un rôle, c’est sûr. »

N’empêche, Molson est convaincu que contrairement à la croyance populaire, les joueurs autonomes de la LNH ne fuient pas Montréal comme la peste.

« Ça, je n’y crois pas du tout. Je pense qu’il y a beaucoup de joueurs qui aimeraient bien jouer ici. Dès qu’ils arrivent, ils adorent ça parce que c’est une organisation qui prend soin de ses joueurs. Quand des joueurs nous quittent et que je leur parle après, ils me disent : "Ma meilleure expérience c’est quand je jouais à Montréal". »

Quiconque acceptera de faire ses valises pour Montréal, il se joindra à la fois prometteuse et tissée serrée, promet Molson. Une donnée qui n’est justement pas étrangère selon lui à la récente conquête de la coupe Stanley par les Blues de St Louis.

« C’est une ÉQUIPE, les Blues. Je pense qu’à la  mi-saison en janvier, il y a quelque chose qui s’est passé et qui les a rassemblés. Il n’y a pas de super vedettes au sein de cette équipe. C’est juste une équipe qui a très bien joué ensemble et j’ai décelé ça dans notre équipe aussi. C’est un groupe de joueurs qui ont bien joué ensemble, qui s’aiment et qui se sont amusés. Alors on va bâtir sur ça et l’année prochaine et on ne sait jamais.

« J’espère qu’un jour, nous allons amener la fierté d’une coupe aux fans des Canadiens de Montréal. »