Le Canadien de Montréal ne cesse de nous surprendre cette saison. Non seulement le Tricolore est en excellente posture pour se qualifier en séries éliminatoires, mais il tient également tête aux meilleures formations de la LNH. Après n’avoir fait qu’une seule bouchée des Jets de Winnipeg, la Sainte-Flanelle a livré une rude bataille aux Maple Leafs de Toronto avant de s’incliner en prolongation.

Pourtant, Montréal avait connu une année 2017-2018 désastreuse, a échangé en Max Pacioretty son meilleur franc-tireur des dernières saisons et Shea Weber a manqué une bonne partie du calendrier. Le Canadien ne devrait pas être en voie de participer à la danse printanière et il faut lever notre chapeau à l’entraîneur-chef, Claude Julien, qui est en mesure de soutirer le meilleur de ses éléments.

Un exemple probant à cet égard est qu’il a récemment su identifier avec brio les partenaires de jeu idéals pour Jonathan Drouin : Brendan Gallagher et Phillip Danault. Depuis le 3 février 2019, ces trois joueurs ont récolté 21 points en quatre parties.

Certes, la première ligne ne pourra pas maintenir un tel rendement offensif sur une longue période de temps, mais il ne faut pas se surprendre du succès de cette unité, car ces hockeyeurs sont extrêmement complémentaires.

La fougue de Gallagher devant le filet

Brendan Gallagher est présentement le meilleur marqueur de l’équipe avec 22 buts et cette production offensive s’explique essentiellement par sa présence acharnée devant le filet adverse. C’est simple, aussitôt que le Canadien bourdonne en zone adverse, le numéro 11 va se poster devant la cage pour voiler la vue de gardien, dévier des tirs et récupérer des retours.

Il en résulte que proportionnellement à un même temps d’utilisation à égalité numérique, Gallagher vient au premier rang chez le Tricolore quant au nombre de tirs cadrés depuis l’enclave et au nombre de passes captées dans l’enclave. Il se hisse également au troisième rang pour le nombre de retours de lancers récupérés.

Ces statistiques font foi de l’efficacité de Gallagher devant le filet, ce qui a eu une incidence directe sur le rendement de Jonathan Drouin.

Le jeu de Drouin métamorphosé

Le talent offensif du Québécois est indéniable et il est un fabricant de jeux hors pair. En évoluant aux côtés de Gallagher, Drouin a toujours un coéquipier positionné dans l’enclave. Ainsi, depuis qu’il est flanqué de Gallagher, le nombre de passes complétées dans l’enclave par Drouin a plus que doublé pour un même temps d’utilisation à forces égales.

Seuls les meilleurs passeurs, tels que Drouin, sont capables d’alimenter avec régularité leurs coéquipiers dans l’enclave, car la couverture défensive y est beaucoup plus hermétique. Ces séquences de jeux mènent souvent à des chances de marquer en or, alors que le tireur bénéficie d’un angle de tir optimal et que le gardien doit effectuer un déplacement latéral explosif.

C’est d’ailleurs sur une telle séquence de jeu que Brendan Gallagher a trompé la vigilance de Frederik Andersen samedi soir.

De plus, lorsqu’un joueur est constamment positionné dans l’enclave, c’est contagieux. Quand un joueur voit l’un de ses coéquipiers se sacrifier pour décocher un tir depuis la zone payante, il n’a pas le choix de faire de même.

Évoluer avec Gallagher fait également en sorte que Drouin décoche un nombre beaucoup plus important de tirs depuis l’enclave. Au sein de cette unité, Drouin est le joueur désigné pour transporter le disque en zone neutre, ce qui lui permet de pénétrer en zone adverse avec rapidité et de déborder les défenseurs avant d’attaquer le filet.

L'apport défensif de Danault

Le fait d’évoluer avec Phillip Danault, le meilleur attaquant défensif du Canadien, offre également une plus grande latitude à Jonathan Drouin. Dans son territoire défensif, Drouin n’a pas à être aussi assidu puisqu’il sait que le joueur de centre saura réparer les pots cassés.

Pour un même temps d’utilisation à égalité numérique, Danault vient au premier rang chez les avants du Canadien pour les jeux défensifs, les rondelles récupérées en zone défensive et les passes complétées depuis sa zone défensive. Bref, il excelle au moment de contrer les menaces adverses et d’orchestrer les sorties de territoire.

Ainsi, la présence de Danault compense bien souvent les lacunes défensives de Drouin qui peut alors se concentrer sur son jeu en possession du disque et laisser parler son talent.

Jonathan Drouin est extrêmement talentueux, mais son éthique de travail est loin d’être irréprochable. En le flaquant de deux travailleurs obstinés, Claude Julien le force à élever son jeu d’un cran et à fournir un effort supplémentaire, d’où les récents succès de cette unité.