Depuis le 9 février, le Canadien de Montréal traverse une période creuse, n’ayant remporté que trois de ses neuf dernières parties. Cette panne sèche ne pouvait pas arriver à un pire moment, le Tricolore étant au plus fort de la lutte pour une place en séries éliminatoires. Peut-être que la victoire convaincante face aux Red Wings de Detroit saura relancer l’équipe.

À Montréal, les performances de la Sainte-Flanelle polarisent. La dernière rencontre fait foi de tout et les amateurs peuvent facilement pointer un joueur lorsque le club connait des ratés.

Le plus récent élu chez le Tricolore est Shea Weber. Il est vrai que le pilier à la défensive chez le CH traverse une période difficile, à l’image de l’équipe. En neuf rencontres depuis le 9 février, Weber n’a amassé que trois passes et présente un différentiel de moins-5. Ces performances ont même poussé certains médias à spéculer quant à savoir si Weber joue en dépit d’une blessure.

Si le Canadien veut se qualifier en séries, ses meilleurs éléments devront sonner la charge. Le capitaine doit faire partie intégrante de la solution et c’est pour ce motif qu’il s’attire présentement la foudre de certains amateurs. Ces critiques sont-elles méritées?
Shea Weber

À la lumière des statistiques avancées, la principale raison aux récents insuccès de Weber serait son nombre de revirements dans son propre territoire. Depuis le 9 février 2019, son taux de revirements commis en zone défensive est passé de 11,8 % à 16,8 %. Cela se traduit par approximativement 1,5 revirement supplémentaire pour chaque tranche de 20 minutes de jeu.

Évidemment, les revirements commis en territoire défensif sont bien souvent coûteux. Non seulement l’équipe coupable d’une telle bourde est prise à contre-pied, le club profitant alors de pareille offrande se trouve fréquemment en excellente posture pour décocher un tir depuis l’enclave.

Les revirements commis en zone défensive mènent régulièrement à des chances de marquer pour l’adversaire. Certes, Weber perd plus souvent le disque depuis quelques semaines, mais est-il juste de le blâmer ou occupe-t-il tout simplement la mauvaise chaise?

Depuis le 9 février, Weber orchestre un nombre beaucoup plus important de sorties de zone. Lorsqu’il est sur la glace, c’est souvent le capitaine, et non son partenaire à la ligne bleue, qui organise le jeu de transition. Or, Weber n’a jamais été reconnu comme étant un défenseur excellant au moment d’orchestrer les relances offensives, même que c’est plutôt l’une de ses faiblesses.

Shea Weber

Pour un même temps d’utilisation, depuis qu’il enfile l’uniforme tricolore, Weber n’a jamais orchestré autant de sorties de zone que cette saison. Puisque le Canadien ne compte pas dans son effectif un autre défenseur de premier plan, qui lui excellerait pour orchestrer les sorties de zone, c’est par défaut que Weber doit s’acquitter de cette tâche.

Il est facile de lancer des pierres à Weber pour son nombre de revirements, mais la réalité est plutôt que l’état-major du club n’a pas su l’entourer adéquatement. Le fait que Weber change constamment de partenaire défensif s’avère d’ailleurs un constat d’échec à cet égard. Espérons que son association à Jordie Benn sera fructueuse d’ici la fin de la campagne.

Globalement, le rendement de Weber cette saison est en deçà de ses performances habituelles. Il est beaucoup moins efficace au moment de contrer les entrées de zone des adversaires et son nombre de rondelles libres récupérées proportionnellement à son temps de glace est en chute libre, ce qui pourrait être un indice fort inquiétant voulant qu’il ait grandement perdu de sa mobilité. Or, il faut prendre ces données avec un grain de sel.

Il ne faut pas oublier que Weber n’a disputé sa première rencontre que le 27 novembre et qu’il a conséquemment manqué deux mois d’activités. Il est parfaitement normal qu’un joueur ait besoin du temps pour retrouver son synchronisme après une absence prolongée.

C’est exactement ce qui se produit avec Weber, alors qu’il contre une proportion bien plus importante des entrées de zone de ses adversaires et récupère davantage de rondelles libres depuis le 9 février, et ce même si son rendement général n’a pas été optimal au cours de cette période.

Shea Weber est un joueur exceptionnel et le Canadien est choyé de compter en ses rangs sur un hockeyeur d’un tel calibre. Au-delà de son expérience et de son leadership, le capitaine peut faire changer à lui seul l’issue d’une rencontre avec un lancer frappé.

Pour pleinement profiter des habiletés de Weber, le Canadien doit trouver une façon de le libérer sur l’avantage numérique et le jumeler à un défenseur de premier plan qui lui sera complémentaire. Le Tricolore doit placer son meilleur arrière dans des conditions gagnantes, autrement il ne faut pas se surprendre qu’il connaisse quelques ratés.