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MONTRÉAL - Ça apprendra au Canadien de revêtir les couleurs des Nordiques!

 

Je veux bien croire que le bleu fait partie du Tricolore et que le Canadien est aussi connu sous le vocable de bleu-blanc-rouge. Mais le bleu restera toujours la couleur de l’ennemi de Québec.

 

Et même si cet ennemi s’est exilé au Colorado il a déjà 27 ans, j’aime bien l’idée que les fantômes des Nordiques aient décidé de venir mettre le trouble au Centre Bell, jeudi soir, comme ils l’ont fait si souvent dans le passé dans le Forum.

 

Pourquoi aller chercher un coupable à l’autre bout de la 20? Parce qu’il faut bien en trouver un pour expliquer les déboires du Canadien face aux Sénateurs jeudi soir.

 

Comment diable une équipe aussi bonne que le Canadien a pu se faire battre par une équipe aussi mauvaise que les Sénateurs? Comment diable un club qui venait de perdre ses neuf derniers, dont huit en temps réglementaire, dont cinq alors qu’il avait été incapable de marquer plus de deux buts, un club bon dernier dans la division canadienne et bon dernier dans la LNH au grand complet a pu surprendre l’équipe trônant tout en haut de la division?

 

À défaut de pouvoir imputer cette désagréable surprise à la Covid, il faut bien trouver autre chose non? Et comme Bob Gainey a déjà imposé que son équipe ne porte plus l’uniforme qui transformait ses joueurs en poteaux de barbier parce que cet uniforme attirait la poisse – un mélange de défaites et de blessure – et gâchait les célébrations du centenaire, l’uniforme rappelant l’ennemi de Québec semble tout désigné pour porter l’odieux de la défaite.

 

Sauf que les Nordiques ou le bleu de l’uniforme rétro du Canadien qui permet de les faire revivre le temps d’une partie n’ont rien à voir dans l’explication du revers gênant que le Canadien a encaissé.

 

Que non!

 

Le Canadien a perdu jeudi soir pour la toute simple raison qu’il a pris les Sénateurs d’Ottawa à la légère. Qu’une fois en avant 1-0, il s’est dit que le match serait aussi facile qu’il le croyait. Que cette avance permettait illico de balayer du revers de la main les avertissements lancés par un entraîneur-chef qui savait très bien qu’une surprise, aussi désagréable soit-elle, pourrait sauter au visage de son équipe si elle se rendait coupable d’un excès de confiance et d’un déficit d’effort qui en découlerait.

 

Et c’est ce qui est arrivé.

 

Les Sénateurs ne sont pas meilleurs que le Canadien. Loin de là. Ils ont de bons jeunes joueurs, De très bons jeunes même. Mais les Sénateurs ne sont pas meilleurs que le Canadien.

 

Mais ce sont eux qui le mieux joué jeudi. Avec les résultats qu’on connaît. Une victoire de 3-2 des «Sens» ou un revers de 3-2 du Canadien selon l’angle que vous adoptez.

 

Les Sens ont pourtant aidé le CH

 

Le pire dans tout ça, c’est que même en jouant mollement le Canadien aurait pu gagner ce match. Avec un recul de deux buts à combler, le Canadien s’est fait offrir une attaque massive en milieu de deuxième après que Nick Paul eut décidé de sauter dans le dos d’Alexander Romanov qui venait d’envoyer Thomas Chabot les quatre fers en l’air à l’aide d’une solide, mais légale, mise en échec.

Mieux que ça, le Canadien s’est fait offrir une séquence de 20 secondes à cinq contre trois par Connor Brown qui a décidé de dégager la rondelle avec sa main comme s’il tentait de retirer un coureur au marbre après avoir effectué un attrapé au champ centre. Fermer la main sur la balle au baseball s’est permis. Mais au hockey, fermer la main sur la rondelle ne l’est pas!

 

Les Sénateurs auraient voulu faire exprès pour rappeler aux joueurs du Canadien que ce sont eux qui devaient gagner hier et non les adversaires venus d’Ottawa qu’ils n’auraient pas fait mieux.

 

Mais le Canadien n’a pas su en profiter : des mauvaises passes, des mauvais tirs, des mauvaises décisions avec la rondelle et même des hors-jeu avec un homme en plus sur la glace. Tout ça pour expliquer les quatre attaques massives consécutives bousillées par le Tricolore... ou les faux Bleus si vous me permettez l’analogie.

 

D’ailleurs, j’aurais pu titrer cette chronique : Quand les faux Bleus font fausse note! En fait, j’aurais peut-être dû!

 

Anyway!

 

Les Sénateurs étaient tellement déstabilisés de se voir en avant par deux buts en fin de rencontre qu’ils se sont mis à frissonner. Non! Ils ont carrément figé.

 

Malgré cette avance qui semblait alors bien suffisante, malgré une pénalité de quatre minutes écopées par Ben Chiarot pour avoir porté son bâton au visage de Brady Tkachuk, malgré le fait que pour une rare fois cette saison, le gardien Matt Murray semblait en mesure d’effectuer des arrêts au lieu de faire cadeau de mauvais buts aux adversaires, les cinq patineurs qui auraient normalement dû profiter de la supériorité numérique pour mettre le match hors de portée se sont plutôt repliés en défensive. Pis encore, ils se sont tous retrouvés sur les talons.

 

Et ce qui devait arriver est arrivé! Josh Anderson a marqué un but qui a soudainement ramené le Canadien à un but de pousser en prolongation un match qu’il méritait totalement de perdre.

 

Avec 89 secondes à faire, je crois vraiment que le Canadien serait arrivé à niveler les chances, voire à prendre les devants, n’eût été la pénalité – une décision très sévère de l’arbitre Brad Meier aux dépens de Tomas Tatar – imposée au Canadien avec 25 secondes à faire au dernier tiers.

 

Une victoire qui fait du bien
 

Mais bon! Le Canadien ne méritait pas de gagner. Pas du tout. Et les Sénateurs, qui ont mieux joué, qui ont mieux patiné, qui ont surtout mieux et plus travaillé que le Canadien, méritaient la victoire. Ne serait-ce que pour panser les plaies accumulées au fil des neuf dernières défaites.

 

« Ça fait du bien à tout le monde d’avoir gagné ce soir. Ça aide à rester positif. Car neuf défaites, ça te rattrape. Ça casse les jambes », a indiqué l’excellent Thomas Chabot après le match.

 

«Le voyage de 14 jours a été long et difficile. On était vraiment dans une léthargie. Au moins, il finit bien. Ça nous servira de tremplin pour être prêt à affronter le Canadien à nouveau samedi», que le futur capitaine a conclu.

 

Loin de moi l’intention de « casser » à nouveau les jambes de Chabot et de ses coéquipiers, mais si le Canadien perd deux fois de suite contre Ottawa, ce ne sera plus juste une erreur de parcours, ou une malédiction attribuable aux vrais Bleus qui jouaient à l’autre bout de la 20.

 

Ce sera tout simplement un non-sens.

 

Le Canadien ne gagnera pas tous ses matchs. Bien sûr que non.

 

Mais s’il est normal de diviser les honneurs des matchs contre Calgary, Toronto et les autres clubs avec qui il se battra jusqu’à la fin de la saison – ou devrait à tout le moins – afin d’obtenir la meilleure place possible en séries passe toujours. Gaspiller des points contre une équipe qui ne devrait pas te battre à moins que tu ne lui donnes la chance de te battre, comme le Canadien l’a fait jeudi, ne l’est pas du tout.

 

Entre les lignes
 

  • Nick Suzuki a connu, jeudi, un premier match vraiment difficile cette saison. Il a été haché finement aux cercles de mises en jeu – quatre duels gagnés en 15 livrés – et n’affichait pas la fluidité qui le caractérise autant dans le coup de patin que dans le maniement de la rondelle. Un mauvais match dans le système il faut croire. Comme plusieurs autres joueurs de son camp...
     
  • Carey Price a accordé trois buts sur les 22 tirs décochés par les Sénateurs. Rien pour améliorer des statistiques qui sont loin d’être éloquentes en ce début de saison. Sans être complètement à blâmer sur les buts, Price était loin d’afficher une grande combativité devant son filet...
     
  • De retour au sein de la formation après une visite d’un match sur la galerie de presse, Alexander Romanov a été très actif sur la patinoire. En 25 présences totalisant plus de 20 minutes d’utilisation, il a affiché sa confiance et son aisance habituelle sur la glace. Il a précipité quelques passes qui ont ensuite raté les cibles visées. Il s’est aussi fait prendre à contrepieds en troisième période en prenant une chance à la ligne bleue adverse – le Canadien tirait alors de l’arrière 3-1 et il fallait tenter de secouer les choses un brin ou deux – mais dans l’ensemble, Romanov a prouvé qu’il est bien meilleur que Victor Mete et Brett Kulak...
     
  • Tim Stützle a disputé un match solide à sa première escale au Centre Bell. Il a marqué le but qui a permis aux Sens de prendre les devants 2-1 avec 21 secondes à faire en première période; il avait préparé le but qui avait permis à Thomas Chabot de niveler les chances 21 secondes plus tôt. Il a aussi participé au but gagnant enfilé en milieu de période médiane. Pas mal pour un petit gars de 18 ans fraîchement débarqué de son Allemagne natale. « Je me sens plus à l’aise d’un match à l’autre, d’une présence à une autre. C’est vraiment plaisant de savourer cette victoire qui a couronné un très solide effort d’équipe », a indiqué Stutzle.
     
  • Malgré ses 18 ans et le fait qu’il ne disputait que son huitième match en carrière, Tim Stützle était sur la patinoire en fin de rencontre alors que son équipe ne menait que part un but. «Il sera avec nous pour des années et il devra jouer dans ce genre de situation. Il était notre meilleur joueur sur la glace ce soir, alors j’étais aussi bien lui donner l’occasion d’apprendre sur le tas le plus vite possible», a indiqué l’entraîneurchef D.J. Smith après le match...
     
  • «Nous étions quand même en avantage numérique. La menace était moins grande», a nuancé la recrue qui a doublé sa production offensive avec son but et les deux passes obtenus aux dépens du Canadien...
     
  • Thomas Chabot a enfilé son premier but en carrière au Centre Bell jeudi. De fait, c’était son tout premier en 11 matchs face au Canadien. « Normalement, j’aurais eu plein de parents et d’amis dans les gradins pour assister à ce but. Malgré les circonstances actuelles, ça demeure spécial d’avoir marqué ici et contre le club que je suivais quand j’étais petit... »
     
  • Chabot a aussi levé son chapeau à l’endroit d’Alexander Romanov pour la mise en échec qu’il lui a assénée en milieu de deuxième période. «Il m’a pincé solidement dans la poitrine. Il m’a bien eu. C’est un gars physique et il faudra se méfier. J’étais toutefois content de voir que mes coéquipiers sont venus à ma rescousse», a commenté le défenseur québécois...
     
  • Shea Weber a reçu des mains de ses coéquipiers Brendan Gallagher et Paul Byron le bâton d’argent commémorant ses 1000 matchs disputés dans la LNH. Cette cérémonie à laquelle ont aussi pris part l’épouse du capitaine et leurs trois enfants s’est déroulée sans le faste habituellement associé à l’envergure de l’événement. En raison de la Covid, aucun représentant de la LNH ou ancien de l’organisation ne sont venus donner de l’éclat à la cérémonie « confinée » dans un coin de la patinoire et non au centre comme cela aurait été le cas dans des conditions normales...
     
  • Les deux équipes se croiseront à nouveau samedi après-midi à 13 h au Centre Canadian Tire d’Ottawa...