BOSTON – Curieux comment des manchettes exagérées peuvent soulever une tempête là où il n’y en a pas. Là où il ne devrait pas y en avoir. Déjà émotive, la série opposant le Canadien aux Bruins a pris une autre proportion hier alors qu’on a fait dire aux jeunes défenseurs Torey Krug et Dougie Hamilton par le biais de manchettes qu’ils avaient décelé une faille dans le style de Carey Price.

L’ennui, et il est de taille, c’est que Krug et Hamilton n’ont jamais dit ça. Vrai que six des sept buts des Bruins aux dépens de Price l’ont été dans la partie supérieure. Mais quand les collègues ont posé des questions afin de savoir s’il s’agissait là d’une stratégie bien établie, les deux défenseurs ont répondu par la négative.

Torey Krug a même souligné que tous les buts des Bruins lors du prochain match – s’ils en marquent bien sûr – pourraient l’être dans la partie inférieure tant le scénario relevé lors des deux premiers matchs tenait plus d’un concours de circonstances que d’une stratégie établie.

Pourquoi les Bruins ont surtout marqué dans la partie supérieure lors des deux premiers matchs?

« C’est un excellent gardien qui couvre toute la partie inférieure même lors de ses déplacements. Nous n’avons d’autre choix que de viser haut si nous voulons avoir une chance de le déjouer », a dit Krug dimanche.

Dougie Hamilton avait une autre raison bien logique, mais beaucoup moins flamboyante que la théorie de la faille découverte, à offrir. « À cause de la présence de nos attaquants et de ses défenseurs devant le but, Carey Price est obligé de se pencher pour voir. Ça ouvre la partie supérieure. On tente simplement de profiter de cette situation. »

Est-ce ça la faille de Carey Price? Vraiment? Car ce qui est vrai pour Price dans cette circonstance l’est pour tous les autres gardiens de la LNH, de la Ligue américaine ou d’une quelconque ligue de garage.

Parler de faille découverte est donc nettement exagéré. Mais bon. On est en séries. Il faut donc s’attendre à quelques débordements du genre sur la patinoire, dans les bars sportifs et sur les galeries de presse...

Mais c’est dommage.

Car en étirant à la limite du responsable des propos pourtant innocents livrés par deux jeunes défenseurs qui analysaient candidement l’allure des deux premiers matchs, on les poussera à sortir la langue de bois et à défiler des banalités inutiles à l’avenir.

Lundi à Boston, quelques collègues cherchaient, eux aussi, une façon de lancer artificiellement un brin de controverse.

Insistant sur le fait que les joueurs du Canadien ont la réputation de plonger au moindre impact et que les arbitres sont favorables au Tricolore dans le cadre de matchs disputés au Centre Bell – ce sont les collègues de Boston qui disent ça et pas moi – un collègue de la télé s’est pointé devant Milan Lucic et Tuukka Rask pour leur demander comment ils entendaient résister à cette situation. Il a fait le même manège devant Claude Julien.

À l’image de leur entraîneur-chef, Lucic et Rask ont évité le piège et éludant la question. Bonne idée. Il sera intéressant de voir s’il mettra des mots dans leurs bouches au lieu de se contenter des réponses qu’il a reçues. Ou d’interpréter des propos pour en faire une manchette flamboyante, certes, mais qui ne reflète pas les propos recueillis.

Mais bon : on est en séries...

Hymne national

Justement parce qu’on est en séries et que le Tout-Boston a été échaudé avec le tourbillon de critiques qui a secoué la ville après les propos racistes à l’endroit de P.K. Subban, jeudi et vendredi dernier, ce serait une bonne idée de respecter l’hymne national américain mardi et jeudi.

De un, c’est l’hymne national du capitaine Brian Gionta et de Max Pacioretty. De deux, il est certain que les collègues de Boston n’attendent qu’une occasion pour s’offrir une douce revanche après avoir tenté de défendre leur ville et les vrais partisans des Bruins qui n’auraient pas dû être éclaboussés par les propos haineux de la semaine dernière.

Aux partisans de jouer

Dans son rôle de joueur de soutien qui soulève son équipe à coups de mise en échec et de bagarres le long des rampes ou de bagarres tout court, Shawn Thornton carbure à l’enthousiasme affiché par les partisans des Bruins.

Samedi, lorsque lui et ses coéquipiers ont amorcé leur remontée, les partisans entassés dans le Garden ont joué un grand rôle en survoltant les Bruins tout en rendant plus nerveux le Canadien.

« Ça se sent sur la patinoire, sur le banc. Quand tu profites de l’appui de tes partisans comme c’était le cas samedi, on dirait que tu sens que le prochain but s’en vient. Que le momentum change. Qu’il te favorise. Quand tu es de l’autre côté, quand c’est toi qui visite et que l’adversaire remonte, que la foule se met de la partie, c’est évident que ça te rend plus nerveux. C’est arrivé samedi. Et ça pourrait arriver aussi à Montréal si les rôles sont inversés », a commenté le robuste joueur de quatrième trio.

Bien qu’il sache déjà que la foule du Centre Bell sera bruyante et hostile à l’endroit des Bruins, Thornton n’a pu s’empêcher de sourire lorsque je lui ai demandé s’il avait hâte malgré tout aux matchs de mardi et jeudi.

« Mets-en que j’ai hâte. J’adore jouer à Montréal. Oui la foule est bruyante et intimidante, mais ça m’allume, ça me motive. Je carbure à ce genre d’énergie. Que ce soit ici au Garden, à Montréal ou ailleurs dans la LNH », a ajouté le joueur de quatrième trio.

Bien qu’il considère le Garden comme un endroit hostile à quiconque y pose les patins, Shawn Thornton reconnaît que le Centre Belle et le United Center à Chicago le sont tout autant. Peut-être plus.

« Les partisans sont déjà très bruyants, mais en plus  ce sont les deux plus gros amphithéâtres de la Ligue. Il y a 3000 ou 4000 personnes de plus que n’importe où ailleurs. Quand je jouais à Chicago, le building était vide. Ça ne nous donnait aucun avantage. Mais aujourd’hui, c’est vraiment emballant de jouer là quand les choses vont bien pour toi. Mais quand ce sont les Hawks qui contrôlent, la foule les aide à contrôler davantage le jeu. C’est comme ça à Montréal aussi. D’où l’importance de bien amorcer la rencontre et d’éviter à tout prix d’offrir au Canadien la chance d’amorcer une remontée. Car l’effet boule de neige pourrait se faire sentir. Et quand cet effet commence, tu veux qu’il soit en ta faveur et non contre toi », a poursuivi Thornton.

Inégalité en troisième

En matière de remontée, le Canadien a bien plus à craindre les Bruins que les Bruins ont à craindre le Tricolore. Car depuis le début des séries, les Bruins ont marqué six buts en première période, trois en deuxième, mais 12 au dernier tiers en plus d’un dernier en prolongation.

Très solide au cours des 40 premières minutes de jeu – deux buts accordés en première et trois en période médiane – le Canadien en a concédé 13 en troisième période, dont deux dans un filet désert.

Les hommes de Michel Therrien sont toutefois constants en offensives comme le confirment les six, sept et huit buts inscrits lors des premier, deuxième et troisième tiers en plus des deux buts enfilés en prolongation par Dale Weise et P.K. Subban. Les Bruins en ont accordé, trois, cinq et quatre dans chacune des trois périodes.

À l’entraînement lundi matin, les Bruins affichaient les mêmes trios que lors du match numéro deux. Daniel Paillé évoluait à l’aile gauche au sein du troisième trio à la place de Justin Florek. Le Québécois Jordan Caron semblait en voie de maintenir sa place au sein du quatrième trio avec Shawn Thornton et Gregory Campbell. S’il reçoit le feu vert de Claude Julien, Caron disputera son premier match de séries au Centre Bell en carrière. Une expérience dont il souhaite pouvoir profiter dès mardi.