En attendant qu’il puisse aider son équipe par le biais d’une transaction importante, une transaction qui s’impose toujours, Marc Bergevin a fait ce qu’il devait faire pour calmer la tempête qui secoue le Canadien : le directeur général a pris la parole et a clairement indiqué que le boulot de Michel Therrien n’était pas en question. Que son coach était là pour rester.

Ça n’assure pas le Canadien d’une victoire samedi à Toronto. Ça n’assure pas non plus des victoires contre Columbus lundi et mardi prochain. Ça n’assure même pas le Canadien d’une place en séries.

Mais cette sortie permettra au moins de freiner les discussions sur le congédiement du coach. Des discussions qui autrement n’auraient fait que prendre de l’ampleur à chaque revers du Tricolore.

Et comme le Canadien devra se passer des services de Carey Price encore au moins trois semaines, peut-être même un mois, il est facile de prévoir que le Tricolore connaîtra encore son lot d’insuccès, son lot de revers. Ce faisant, il lui sera encore plus difficile de freiner sa glissade au classement. Plus difficile encore de résister aux ascensions de ses adversaires.

Mais au moins, le coach sera fixé sur son avenir. Les joueurs sauront qu’ils n’auront pas sa tête, ce qui devrait aider la cause et de Michel Therrien, et de l’équipe.

Car au-delà des « bons mots » de Max Pacioretty à l’endroit de l’équipe d’entraîneurs au grand complet après le revers de mardi aux mains des Bruins de Boston, il va s’en dire que quelques joueurs – et c’est toujours comme ça, dans n’importe quel club, et même quand les choses sont au beau fixe et non dans une grisaille comme celle qui assombri le ciel du Canadien – ne partagent pas entièrement les propos de leur capitaine. Maintenant que Marc Bergevin a pris la parole, ils sauront qu’un changement qu’ils souhaitent peut-être ne surviendra pas – du moins en cours de saison – s’ils se contentent de demi-mesures et que l’équipe continue de perdre comme elle le fait.

La sortie de Bergevin ne calmera pas les ardeurs des partisans qui réclament toujours et à hauts cris la tête de l’entraîneur-chef. Mais au moins, ces partisans crieront dans le vide.

Michel Therrien pourra donc travailler comme il le fait toujours et réfléchir aux solutions à envisager au lieu de craindre de perdre son travail.

Transactions nécessaires 

La sortie de Marc Bergevin ne change toutefois rien quant aux changements qui doivent être apportés. Des changements que le DG doit effectuer en améliorant la qualité de l’équipe qu’il confie à Michel Therrien.

À ce titre, le directeur général a pris le blâme lors de son point de presse. Il a pris le blâme en marge de l’absence d'un coup fumant qui permettrait de donner au Canadien le gros joueur de centre ou de renflouer un flanc droit très faible à l’attaque.

Marc Bergevin assure n’avoir aucun regret associé au fait d’avoir levé le nez sur une transaction qui aurait pu contribuer à relancer son équipe.

« Je n'ai pas de regret »

« Je travaille, je fais des appels tous les jours, je discute, j’analyse. Mais je ne paniquerai pas. Je ne compléterai pas une transaction qui mettrait l’avenir de l’équipe en péril », a quelques fois répété le grand patron du CH.

Un patron qui en plus d’être confronté aux insuccès de son club sur la glace a dû composer avec des situations pas évidentes hors patinoire. « Je savais que les choses ne seraient pas toujours faciles – il a peut-être dit "tranquilles" – quand j’ai accepté la job. »

Parce que Marc Bergevin implore la patience, la patience à l’endroit de son coach, la patience à l’égard d’une transaction qui ne vient pas, la patience à l’égard du développement d’Alex Galchenyuk et de quelques autres jeunes de l’organisation qui tardent à répondre aux attentes, on n’a d’autre choix que de la lui accorder.

À lui maintenant d’en profiter.

Car si les prochains mois démontrent que cette patience à l’endroit de Michel Therrien n’a rien donné, qu’une trop grande confiance à l’endroit de certains joueurs l’a empêché de conclure des transactions qui auraient été souhaitables pour son équipe et que le club rate les séries après un début de saison qui a ravivé des espoirs – espoirs démesurés à mes yeux, mais bon... – de coupe Stanley, c’est lui qui devra payer.

Michel Therrien doit s’ajuster

D’ici à ce que Marc Bergevin trouve une façon de compléter une transaction qui fera son affaire et qui le convaincra qu’elle aidera le Canadien à long terme, autant sur la patinoire que sur l’échelle salariale de son club, il faudra que Michel Therrien trouve le moyen de s’adapter. La perte de Carey Price et le manque de confiance que cette absence entraîne sur le reste de l’équipe obligent le coach à revoir ses stratégies. Ses structures.

Le Canadien gagnait en début de saison parce que ses sorties de zone étaient rapides et précises. Parce que ses attaques étaient soutenues. Parce que les défenses adverses, souvent prises au dépourvu par les arrivées en masses et rapides des attaquants du Canadien, offraient non seulement des tirs au but, mais des occasions de marquer en prime. Même que souvent, ces occasions étaient très bonnes ce qui a ouvert la porte à la production massive de près de quatre buts par matchs lors des neuf victoires de suite en début de saison.

Le Canadien méritait-il vraiment ces neuf gains consécutifs? Non. Il aurait facilement pu prendre une, deux, trois, voire quatre de ces parties n’eût été des performances de Carey Price ici et aussi, et surtout, des quelque quatre buts par matchs qui offraient au Tricolore un bon coussin.

Plus encore que Carey Price, la rapidité d’exécution qui prenait match après match les autres clubs par surprise a contribué à l’excellent début de saison. Car en dépit la première perte de Carey Price, en dépit l’inexpérience de Mike Condon qui faisait à l’époque un travail solide, le Canadien a prolongé son excellent début de saison sur une période de 26 rencontres. Car le 1er décembre dernier, le Canadien n’affichait que quatre revers en temps réglementaire (19-4-3) en 26 rencontres.

Mettez-en que c’était bon. Très bon. Exceptionnel. Et aussi un peu surprenant.

Les autres équipes se sont ajustées. On a mis de plus en plus de pression sur la défense du Canadien afin de ralentir les sorties de zone. De les rendre moins efficaces.

La qualité de l’échec avant des adversaires du Canadien combinée à la perte de Carey Price qui ne pouvait donner un coup de main à ses défenseurs avec la qualité de sa gestion de la rondelle autour de son filet a non seulement fait fluctuer à la baisse la l’efficacité des relances du Tricolore. Elle a fait monter en flèche les revirements.

Des revirements qui se sont transformés vite, très vite, en buts accordés aux adversaires.

« Galchenyuk sait exactement mes attentes »

Et comme les attaquants ne pouvaient plus profiter de l’effet de surprise et de surnombre pour maximiser ses poussées vers les filets adverses, le Canadien s’est mis à simplement tirer au but. Oui il a tiré souvent. Mais trop souvent, ces tirs n’avaient pas de mordant. Ou pas assez pour permettre aux Dale Weise, Torrey Mitchell et autres Thomas Fleischmann de maintenir le rythme offensif endiablé qu’ils soutenaient en début d’année.

D’où le fait qu’après avoir encaissé seulement quatre revers en temps réglementaire à ses 26 premiers matchs, le Canadien affiche aujourd’hui seulement quatre victoires (4-16-1) à ses 21 dernières parties.

Méchant contraste. Triste contraste en fait.

Ça n’explique pas pourquoi les Pacioretty, Plekanec, Desharnais et autres prétendus canons de l’attaque du Tricolore se sont alors tus également.

Ça l’explique un peu oui.

Car dès le moment où les membres du premier trio sont redevenus les seules réelles menaces offensives du Canadien, les adversaires ont maximisé leur surveillance au point de réussir à les éteindre.

C’est là où Michel Therrien et ses adjoints doivent maintenant entrer en scène. C’est à eux de modifier le système de jeu qui était si efficace en début de saison afin de trouver une façon d’établir des stratégies mieux adaptées au Canadien amputé qu’il est de son meilleur joueur, de son leader, de son catalyseur.

Surtout que de la façon dont les choses vont présentement avec la réadaptation de Carey Price, le Canadien pourra-t-il vraiment compter sur lui cette saison?

La réponse déterminera les chances réelles du Canadien d’accéder aux séries ou de s’inscrire à la loto Auston Matthews.