Chaque fois que le Canadien s’absente des séries, cela nous permet d’observer avec plus d’attention ce qui se fait de bien ailleurs. À chaque occasion, on constate à quel point l’équipe du Centre Bell est loin d’une coupe Stanley, malgré tout ce qu’on nous dit.

Le Canadien vient de connaître une saison intéressante. Il est passé de 71 à 96 points au classement. Plusieurs de ses joueurs ont connu la meilleure année de leur carrière. Une saison encourageante, certes, mais qui ne permet quand même pas de voir l’organisation occuper une place parmi l’élite de la ligue avant un bon moment.

Cette intéressante production laisse malgré tout Montréal à quelques lunes d’une 25e coupe Stanley. Elle n’offre pas plus l’assurance de sa présence en séries le printemps prochain. Imaginer que certaines formations déjà postées devant le Tricolore pourraient s’améliorer encore davantage n’offre rien de bien réjouissant.

Les Bruins de Boston, rivaux de toujours de la Flanelle, en seront à leur troisième présence en finale en huit ans. C’est trois fois plus que le Canadien en 25 ans. Au train où vont les choses, pourra-t-on continuer longtemps de parler d’une rivalité de tous les instants entre ces deux villes?

Qui l’eut cru, les Bruins sont en train de gagner des admirateurs au Québec. On est impressionné de tout ce qu’ils ont accompli cette saison et en séries. On admire leur talent et leur ténacité. N’ayons pas peur des mots, ils sont beaux à voir travailler et à voir bûcher pour gagner.

Au cours des dernières années, les Bruins se sont appliqués à remplumer leur banque d’espoirs. Cela a notamment donné Charlie McAvoy, David Pastrnak, Jake DeBrusk, Brandon Carlo et Danton Heinen.

Sur le même plan, pas trop de reproches à adresser à l’administration Bergevin qui a repêché Artturi Lehkonen, Victor Mete, Noah Juulsen, Charles Hudon et Ryan Poehling, sans compter l’utilisation de Mikhail Sergachev et d’Alex Galchenyuk qui ont respectivement servi de monnaie d’échange pour obtenir Jonathan Drouin et Max Domi. Finalement, après la très belle surprise qu’a représentée le talentueux Jesperi Kotkaniemi, le prochain joyau de l’organisation à court terme sera probablement la perle rare acquise dans l’échange de Max Pacioretty, le très doué Nick Suzuki qui continue de s’illustrer au tournoi de la coupe Memorial.

Bergevin devra néanmoins se montrer beaucoup plus imaginatif s’il veut pouvoir offrir un jour une équipe combative, déterminée, coriace et avec autant de joueurs d’impact que celle des Bruins. Boston n’est pas l’équipe d’un seul trio, on l’a remarqué. La contribution des joueurs vient de partout. Quelques instants après la victoire aux dépens de la Caroline, on a demandé au gardien Tuukka Rask ce qui a fait la différence jusqu’ici dans les séries.

« Nous possédons tous les éléments pour gagner, un grand coach et un bon système », a-t-il révélé.

N’allons pas y voir une allusion voilée à l’endroit de l’entraîneur précédent Claude Julien et de son successeur Bruce Cassidy. Par contre, le changement derrière le banc a permis d’instaurer un système convenant davantage à cette organisation, d’apporter des idées nouvelles et d’offrir une voix différente aux joueurs. Pas négligeable comme changement.

Puisqu’il est question de Rask, à moins d’un effondrement de sa part, il deviendra le premier gardien en sept ans à mériter le trophée Conn-Smythe. Malgré tout le brio dont Carey Price est capable, il n’aurait jamais pu être meilleur que Rask l’a été jusqu’ici. Les planètes semblent donc solidement alignées pour les Bruins.

Des messages plusieurs fois entendus

Les nombreux jeunes joueurs qui se greffent à l’organisation du Canadien permettent à Bergevin de lancer périodiquement des messages d’espoir aux fans et à un propriétaire qui lui donne carte blanche, tout en mettant à sa disposition un portefeuille bien garni depuis sept ans, dans l’espoir de pouvoir boire dans la coupe Stanley avant que ses cheveux grisonnent totalement. Et oui, monsieur Molson, à force d’attendre, cela vous arrivera, à vous aussi.

Malgré les belles promesses du directeur général, comment croire logiquement aux chances du Canadien de se battre d’égal à égal avec les meilleurs dans un proche avenir? Montréal n’a pas de Patrice Bergeron, pas de Brad Marchand et pas de Pastrnak. Y a-t-il un McAvoy au Centre Bell? Bergeron est un très grand leader. Depuis 17 ans, il n’a jamais relâché son pied de l’accélérateur. Sur le plan du leadership, le Canadien n’a personne qui lui ressemble. Quand on a sacrifié Sergachev pour acquérir Drouin, c’est un peu ce qu’on recherchait, un jeune chef de file capable d’entraîner le reste de l’équipe dans son sillage.

Dans son bilan de la saison, Bergevin s’est engagé à fournir à Drouin tous les éléments pour réussir l’an prochain. Or, il semble que j’aie mal interprété ses propos, car dans une récente chronique, j’ai demandé pourquoi on ne l’avait pas fait durant la dernière saison si on était si sûr de pouvoir lui venir en aide?

Vérification faite en haut lieu, on m’assure que cela a été fait. On a insisté auprès de lui pour qu’il fréquente plus assidûment le gymnase. On l’a convoqué souvent dans la salle vidéo pour lui faire prendre conscience de ses carences et pour lui répéter ce qu’on attendait vraiment de lui. Parfois, il a fallu insister pour qu’il le fasse. La haute direction admet que c’est un joueur qui nécessite beaucoup d’attention, ce qui n’est pas le genre de comportement qu’on attend d’un chef de file. Au Colorado, on doute fortement que son ex-coéquipier des grands jours à Halifax, Nathan MacKinnon, doive continuellement se faire rappeler ce qu’on attend de lui. Pas plus qu’on a eu à le faire avec Bergeron depuis son arrivée à Boston.

Les succès d’une formation sont souvent rattachés au leadership de ses meilleurs éléments. Qui étaient les meilleurs marqueurs de l’équipe dans les séries quand les Bruins ont remporté leur dernière coupe Stanley en 2011? David Krejci, Bergeron et Marchand, dans l’ordre. Ajouter à ces trois-là l’immense contribution qu’a représentée la tour infernale Zdeno Chara à la ligne bleue.

Leaders un jour, leaders toujours. À la longue, ça finit par ramener une équipe au sommet de la ligue.