Maintenant que la déception d’une deuxième exclusion consécutive des séries et d’un troisième printemps hâtif en quatre ans s’est un brin estompée, la pire chose que Marc Bergevin pourrait faire serait de conclure que son équipe actuelle lui donnera, l’an prochain, le point qui lui a manqué pour prolonger sa saison.

Oui, quelques buts de plus en attaque massive, oui quelques matchs de meilleure qualité de la part de Drouin, quelques buts de moins accordés par Price en début de saison et moins de matchs gaspillés par Niemi en deuxième moitié de saison auraient aidé le Canadien à accéder aux séries.

Bilan : point de presse complet de Marc Bergevin

Mais de simplement se fier aux effectifs actuels et à la progression normale anticipée d’ici l’an prochain pour aller chercher le ou les points manquants serait périlleux.

Ce serait même suicidaire pour un directeur général qui pourrait difficilement rater les séries une troisième année de suite sans sérieusement mettre son avenir à la tête de l’équipe en péril. Car dans la LNH d’aujourd’hui, une équipe qui fait du sur place est une équipe qui régresse.

Dans son point de presse de fin de saison mardi, Marc Bergevin a convenu qu’il prendrait les moyens pour améliorer son équipe au cours des prochains mois.

Mais il a aussi affiché une grande confiance en son club en prétendant que la même équipe sera meilleure l’an prochain. «Dans notre business, il n’y a jamais rien de garanti. Nous partirons au même point que tout le monde l’automne prochain. Et je répète que nous avons l’intention d’améliorer l’équipe, mais avec le même groupe on serait en avance sur ce qu’on a fait cette année. On fait juste commencer. C’est le message que j’ai lancé aux joueurs aujourd’hui et c’est le message qu’ils m’ont lancé eux aussi», a insisté le DG du Tricolore.

La course sera plus serrée l’an prochain

Peu importe les moyens que prendra Bergevin, il devra améliorer son équipe, car la course très serrée de cette année le sera sans l’ombre d’un doute davantage encore l’an prochain.

Regardons devant et derrière le Canadien : les Panthers de la Floride viennent de se donner un vrai coach qui les guidera vers les séries en attente d’un gardien de premier plan pour l’aider. Le Lightning, les Bruins et les Maple Leafs devraient occuper encore l’an prochain les trois premières places dans la division atlantique.

Ajoutez à tout ça le fait que les Flyers de Philadelphie compteront sur un gardien numéro un dès octobre au lieu d’en faire défiler huit devant leur filet, que les Hurricanes de la Caroline sont en pleine ascension que les Blue Jackets formeront encore une bonne équipe l’an prochain et que les autres clubs de bas de classement voudront eux aussi grimper de quelques rangs et vous avez d’autres indications que même la dernière place réservée au deuxième club repêché sera chaudement disputée.

D’où l’importance de non seulement éviter de faire du sur place, mais surtout de faire des pieds et des mains pour améliorer une équipe qui s’est déjà pas mal améliorée en effectuant un bond de 25 points au classement cette année.

Qui succédera à Domi et Tatar?

Marc Bergevin a été très actif l’été dernier. Il a aussi été très efficace. Pas juste au cours de la saison morte, mais aussi en saison régulière alors qu’il a amélioré son équipe avec des transactions mineures oui, mais qui ont donné de bons résultats.

Il a remplacé Alex Galchenyuk et Max Pacioretty par Max Domi, Tomas Tatar et Nick Suzuki qui se joindra à l’organisation l’an prochain.

Il a fait de la place à Jesperi Kotkaniemi qui a été bon l’an prochain et qui devrait être meilleur l’an prochain alors que Ryan Poehling lui soufflera dans le dos. Sans oublier Nick Suzuki qui pourrait peut-être le faire.

Brett Kulak, Jordan Weal, Nate Thompson et Christian Folin sont arrivés et ont fait du Canadien une meilleure équipe en remplissant des rôles que ceux qu’ils ont remplacés n’arrivaient pas à combler.

Après cette série de bons coups, Marc Bergevin doit maintenant donner un grand coup. Il doit trouver une façon de réaliser le coup d’éclat qui permettra à son équipe de mettre la main sur le gars qui saura faire la différence dans les matchs serrés. Celui qui marquera les gros buts dans les gros matchs. Les gros buts qui ont trop souvent manqué cette année encore.

Ce genre de grand coup est difficile à donner.

C’est clair.

Voilà pourquoi Marc Bergevin a toujours dit, avec raison, qu’une telle transaction est bien difficile à conclure dans la vraie vie.

Mais au fil des 60 transactions conclues depuis qu’il est en poste, Bergevin a eu gain de cause plus souvent qu’il a perdu. La 61e ou l’une de celles qui suivront devra être la plus grosse. La plus payante.

Le repêchage est sa solution de prédilection.

Mais à défaut de pouvoir repêcher Jack Hughes, le Canadien ne peut se permettre d’attendre deux ou trois ans pour permettre au prochain premier choix, à Jesperi Kotkaniemi, Ryan Poehling ou Nick Suzuki de se développer et de faire du Canadien un club non seulement en mesure de se battre pour une place en séries, mais d’y connaître du succès et de reluquer une coupe Stanley.

Avec Carey Price qui est au sommet de son art et Shea Weber dont les performances péricliteront au fil des prochaines années, le futur du Canadien est maintenant.

Ça laisse quoi comme options?

Joueurs autonomes sans restriction

Ça laisse le marché des joueurs autonomes. Et pas seulement celui réservé aux joueurs autonomes sans restriction.

À moins qu’ils ne s’entendent avec leur club d’ici là, des Artemi Panarin, Matt Duchene, Jeff Skinner, Anders Lee, Brock Nelson, Ryan Dzingel, Gustav Nyquist, tous âgés de moins de 30 ans, seront disponibles. Et ils pourraient intéresser le Canadien.

Dans les plus vieux, Joe Pavelski, même à 33 ans, pourrait aider le Canadien. Mats Zuccarello (30 ans) pourrait aussi être intéressant.

Si un de ces joueurs intéresse le Canadien, Marc Bergevin doit être prêt à le payer et à le payer cher et il doit s’assurer de ne pas rater son coup parce qu’il aura ce joueur sur les bras encore longtemps.

Bergevin a payé cher cette année et paiera encore l’an prochain – à moins de racheter son contrat – l’erreur d’avoir payé trop cher pour trop longtemps le vétéran défenseur Karl Alzner.

C’est du côté des joueurs autonomes avec restriction que je vois la possibilité du Canadien de frapper son meilleur coup. De frapper un coup de circuit. Peut-être même un grand chelem.

Oui cette procédure est coûteuse.

Car en plus de payer très cher en millions $ le joueur convoité, le club qui fait son acquisition doit aussi être prêt à payer très cher en choix aux repêchages offerts à son ancien club en guise de compensations.

Les compensations sont reliées à la moyenne salariale qui sert de ponction sous le plafond salarial. Fait à noter, cette moyenne sera comptabilisée sur une durée maximale de cinq ans. Ce qui veut dire que si le Canadien et un nouveau joueur potentiel s’entendaient sur les paramètres d’un contrat de sept ans, son salaire moyen serait établi sur une période de cinq ans. Ce qui ferait fluctuer à la hausse la valeur de son contrat.

Les compensations à verser sont les suivantes telles qu’établies par nos amis du site CapFriendly.com.

Salaire moyen – compensations

  • 10 148 303 $ et plus = 4 choix de 1re ronde
  • 8 118 642 $ à 10 148 302 $ = 2 choix de 1re, 1 choix de 2e ronde, 1 choix de 3e ronde
  • 6 088 981 $ à 8 118 641 $ = 1 choix de 1re, de 2e et de 3es rondes
  • 4 059 323 $ à 6 088 981 $ = 1 choix de 1re, 1 choix de 3es rondes
  • 2 029 660 $ à 4 059 322 $ = un choix de 2e ronde
  • 1 339 576 $ à 2 029 660 $ = un choix de 3e ronde
  • Moins de 1 339 576 $ = aucune compensation

Il est important d’ajouter que tous les choix à verser en guise de compensation doivent être des choix propres aux équipes qui présentent les offres en question.

Comme vous le voyez, les compensations peuvent vraiment être salées. D’où l’importance de ne pas rater son coup si on décide d’y avoir recours.

Les compensations seraient dans le cas d’une embauche de joueur comme Brayden Point (Tampa), Mitchel Marner (Toronto), Mikko Rantanen (Colorado), Timo Meier (San Jose), Sebastian Aho (Caroline), William Karlsson (Vegas), Brock Boeser (Vancouver), Matthew Tkachuk (Calgary) ou Patrick Laine (Winnipeg) pour ne nommer que ceux-là.

Bon! Il est très peu probable que l’un ou l’autre de ces joueurs potentiellement autonomes le soient encore le 26 juin prochain lorsque les équipes pourront commencer à faire miroiter des millions aux yeux de ceux susceptibles de profiter de l’autonomie en juillet prochain.

Mais s’ils le sont, Marc Bergevin devrait sérieusement voir cette procédure comme l’échelle qui permettrait au Canadien de grimper le plus rapidement en séries et s’y installer pour vrai.

Et ce faisant, le Canadien ou tout autre club qui utiliserait cette avenue, obligeraient ses adversaires à égaler les offres – les clubs ont sept jours après le premier juillet pour niveler l’offre hostile présentée à son ou ses joueurs – et peut-être ainsi à l’obliger de larguer d’autres joueurs pour respecter le plafond salarial.

Derrière ces joueurs de premier plan, des gars comme Kyle Connor (Winnipeg), Kasperi Kapanen (Toronto) ou Pavel Buchnevich (New York Rangers) représenteraient aussi de belles et judicieuses embauches. Surtout que les compensations à verser pour les embaucher seraient moins salées.

«Cette procédure est disponible, nous le savons. Nous l’avons d’ailleurs déjà envisagé et il est très possible qu’on étudie cette option encore cette année. Mais je ne peux en faire la garantie», a indiqué Marc Bergevin en ajoutant avoir toujours été agressif à l’endroit des joueurs qui l’intéressaient vraiment.

«On a souvent été dans le coup pour mettre sous contrat des joueurs autonomes. Mais on se battait avec plusieurs équipes et les joueurs ont le loisir de choisir où ils veulent jouer. La ville, les distances pour les voyages et les considérations familiales dictent souvent les choix de ces joueurs. Pas juste le club et les joueurs en place», a poursuivi le directeur général du Tricolore.

À cet effet, Carey Price a lancé un message très clair à l’état-major lorsqu’il a indiqué que sa fenêtre d’opportunité pour se rendre à la coupe Stanley se refermerait un moment donné.

Une indication nette que le gardien considère, comme moi et plusieurs partisans d’ailleurs, que le futur du Canadien c’est maintenant! Ou dès l’an prochain si vous préférez.

Un défenseur et un nouvel adjoint pour Price

Dans la liste de joueurs autonomes libres comme l’air ou avec compensations que je vous ai proposée, j’ai volontairement omis d’ajouter les noms de défenseurs.

ContentId(3.1316160):Bilan Canadiens 2018-2019 : qui sera le second de Carey Price l'an prochain? (LNH)
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Mais le Canadien a aussi besoin de renfort à la ligne bleue afin de trouver un vrai partenaire à offrir à Shea Weber. Afin de solidifier une brigade qui a fait du gros travail cette année, mais qui, à plusieurs égards, a joué au-dessus des attentes.

Devant le filet? Le successeur à Antti Niemi à qui le CH a dit merci et bonne chance pour l’avenir mardi sera facile à trouver.

C’est le marqueur capable de faire la différence dans les gros matchs et le défenseur qui complètera Shea Weber qui seront plus difficiles à trouver.

J’insiste encore : je ne vois pas comment le Canadien peut se permettre d’attendre le développement de ses meilleurs espoirs. Les grosses transactions sont très difficiles à conclure. D’où ma prétention selon laquelle le marché des joueurs autonomes, qu’ils soient avec ou sans compensation, offrira peut-être LA solution la plus payante pour le Tricolore.

Le sentier des offres hostiles n’a pas souvent été emprunté au fil des dernières saisons.

Je le sais.

Même que parfois une petite odeur de collusion flotte en guise d’explications au fait que les équipes se gardent bien de se faire des ennemis autour de la LNH.

Vrai que les clubs affichent peut-être un brin ou deux de retenue. Mais au fil des dernières saisons, les candidats suscitant assez d’intérêt aux quatre coins de la LNH pour inciter des équipes à présenter des offres hostiles au risque de se faire des ennemis étaient plutôt rares.

Cette année, ils pourraient être nombreux. Pas seulement en raison de la grande qualité des attaquants et défenseurs qui pourraient être disponibles, mais aussi en raison du fait que plusieurs équipes ont déjà le nez collé au plafond ce qui pourrait compliquer leur travail s’ils tiennent à égaler les offres pour conserver leurs joueurs.

À suivre...