MONTRÉAL - Pas question de trop s’en faire avec le résultat d’un match qui ne compte pas. Après tout, un match préparatoire ça sert à se... préparer.

 

Mais même si on achète le fait que les joueurs du Canadien avaient de la rouille à gratter, qu’ils avaient un second souffle à trouver, une cohésion à installer, il n’en demeure pas moins que le Canadien nous a démontré de mille et une façons, mardi soir, contre les Maple Leafs, pourquoi il aurait raté les séries une troisième année de suite et pour la quatrième fois en cinq ans si Gary Bettman n’avait pas eu besoin de lui pour gonfler à 24 le nombre de clubs nécessaires dans le cadre de la relance de la saison 2019-2020.

 

Maple Leafs 4 - Canadiens 2

On aurait cru qu’après quatre mois de réflexion, les joueurs du Tricolore auraient compris qu’il serait important, crucial même, de forcer leurs adversaires à prendre les moyens nécessaires pour gagner au lieu de les aider à les battre.

 

Mais non!

 

Malgré ces quatre mois de réflexion, les joueurs du Canadien ont, encore hier face aux Leafs, aidé un adversaire déjà pas mal plus fort que lui à l’être bien davantage.

 

Et ça, c’est bien plus inquiétant que le score final.

 

Buts en début de période

 

Un exemple :

 

Le 10 mars dernier, contre les Predators de Nashville, dans le cadre de son dernier match disputé avant que la saison soit stoppée en raison de la COVID-19, le Canadien a permis à Ryan Johansen de marquer dès la 51e seconde de la période médiane.

 

C’était la troisième partie consécutive que le Canadien accordait un but dans les 60 premières secondes d’une période puisqu’il l’avait aussi fait en Floride contre le Lightning et les Panthers les 5 et 7 mars.

 

En complétant la Trifecta contre les Predators, le Canadien accordait un but dans la première minute d’une période dans un 13e match de la saison. Eh oui! Il a perdu ces 13 parties (0-8-5).

 

Il est rendu officieusement à neuf défaites puisque les Leafs ont marqué le premier de leurs quatre buts 33 secondes après la mise en jeu initiale.

 

Ben Chiarot s’est aventuré en zone ennemie pour freiner la sortie de zone des Leafs. Il a été battu de vitesse. Brendan Gallagher qui devait aller le remplacer en défense s’est compromis en attaque au lieu de se replier. Ces deux mauvaises décisions ont ouvert la porte à une descente en surnombre dont John Tavares a su profiter pour permettre à Ilya Mikheyev de lancer les Leafs en avant.

 

En passant, le Canadien a perdu 23 des 33 matchs (10-20-2-1) au cours desquels il a concédé le premier but de la rencontre à ses adversaires.

 

Il est rendu à 24!

 

Buts accordés lors d’attaques massives

 

Un autre exemple :

 

Déjà que son attaque massive est loin de faire trembler ses adversaires – Nick Suzuki a toutefois orchestré un très beau jeu qui a permis à Tomas Tatar de marquer en avantage numérique mardi soir – le Canadien a accordé pas un, mais deux buts aux Leafs alors qu’ils jouaient pourtant à court d’un homme.

 

Seule bonne nouvelle pour le CH et ses partisans, c’était la première fois cette année que l’attaque massive était victime de deux buts dans une même rencontre. Mais c’est quand même arrivé cinq fois en une occasion cette année. Et chaque fois, le Canadien (0-4-1) a perdu.

 

Buts accordés en fin de période

 

Encore un exemple :

 

Comme s’il n’était déjà pas assez généreux en buts accordés en début de période et en buts accordés lorsqu’il évolue en supériorité numérique, le Canadien sait aussi se montrer généreux en fin de période.

 

Dix-neuf fois déjà cette année, il a accordé un but dans les 60 dernières secondes d’une période. Il a perdu 13 fois (7-12-1). Ces buts ont donc été moins coûteux que ceux en début de période. Mais quand même : quand tu peines à marquer des buts comme le Canadien peine à le faire, tu n’as pas le droit d’être aussi généreux que la troupe de Claude Julien l’a été contre Toronto.

 

Même si le résultat ne compte pas, la manière dont ce résultat a été obtenu compte elle.

 

Personne n’est meilleur que Weise?

 

Parlant de peiner à marquer des buts, Dale Weise aurait pu forcer la main de l’état-major à lui faire une place à la gauche de Max Domi et Jordan Weal samedi contre lors du début de la série contre les Penguins.

 

Mais en marquant le but ouvert comme il l’a fait alors que le Canadien avait encore des chances de revenir de l’arrière, Weise a donné plus de munitions – et nous en avons déjà un arsenal imposant – à ceux qui se demandent pourquoi diable on lui fait une place au sein du quatrième trio.

 

Si aucun des espoirs du Canadien ne peut chasser ce joueur gentil, dévoué et certainement bon dans le vestiaire, mais qui n’a plus sa place dans la LNH depuis des années, ça se mettra vite à sentir le désespoir dans l’entourage du Canadien.

 

Mais il y a plus inquiétant que le score final et toutes les mauvaises habitudes mises en évidence plus haut.

 

Ce qui est le plus inquiétant pour le Canadien et ses partisans à l’aube de la série trois de cinq qui opposera le Tricolore aux Penguins, dès samedi, c’est que Carey Price a été victime de quatre buts alors qu’on ne peut rien lui reprocher devant son filet. Même qu’il a réalisé quelques très solides arrêts sans lesquels les Leafs ne se seraient pas contentés de doubler le nombre de buts marqués par le Canadien. Ils l’auraient au moins triplé!

 

Ça vous donne une idée du défi qui se dresse devant le Tricolore...

 

KK et Suzuki : performances intéressantes

 

Claude Julien et Phillip Danault ont convenu qu’il n’y avait pas grand positif à tirer du match face aux Leafs si ce n’est qu’il aura permis d’huiler un brin un engrenage qui en avait grand besoin.

 

Cela dit, j’ai bien aimé quelques séquences intéressantes de Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi. Pas question ici de crier au génie, car l’un et l’autre ont connu leur part de difficultés en zones défensive et neutre lorsqu’ils étaient marqués de façon serrée.

 

Mais l’un et l’autre ont orchestré de belles sorties de zone et acheminé de belles passes à leurs ailiers. Il en faudra plus, beaucoup plus, pour rivaliser avec Crosby, Malkin et compagnie, mais c’était intéressant de voir leur imagination et leur talent donner des résultats positifs.

 

Je n’aime pas voir Max Domi «perdu» au sein d’un quatrième trio. Cela dit, Claude Julien l’a beaucoup plus utilisé que Jesperi Kotkaniemi démontrant que ce n’est pas le numéro du trio associé à ton nom qui compte, mais le temps d’utilisation que tu obtiens.

 

Cela dit, je veux bien que Claude Julien tente de mieux étendre son talent offensif afin de compter sur des trios les plus équilibrés possible. Mais il me semble quand même que Domi pourrait être plus utile si on lui donnait des joueurs susceptibles de l’aider à justement être plus utile.

 

Attendons. J’ai l’impression que ça pourrait arriver rapidement une fois la série face aux Penguins amorcée.

 

À la ligne bleue, on savait que le troisième duo serait vulnérable. En regardant aller Mete, Ouellet et Fleury qui luttent pour s’installer dans les postes cinq et six, il semble évident que ce troisième duo sera plus vulnérable encore. Et il n’est pas acquis que ce duo le serait moins si on faisait appel à Juulsen, Oloffsson, voire Folin.

 

Vraiment dommage que Romanov ne puisse pas jouer!

 

Il reste trois jours au Canadien pour s’entraîner et prendre les moyens pour éviter de sombrer dans les mauvaises habitudes qui ont contribué à sa défaite de mardi contre Toronto et à toutes ces défaites qui auraient contribué à le chasser des séries encore cette année.

 

Il en a grand besoin!

 

 

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